Foot365 a écrit :Frank Leboeuf vit à Los Angeles mais n'a pas pu trouver de club en MLS. Il était prêt à jouer gratis. Alors il tente de créer son équipe malgré les difficultés inhérentes à la structure du soccer.
Frank Leboeuf, vous avez participé récemment au jubilé de Sonny Anderson, dans un stade en fête : ça fait du bien de retrouver ce genre d'ambiance ?
Je joue un petit peu avec mes copains à Los Angeles. Ce match pour Sonny était peut-être un de mes derniers matchs. C'était un plaisir, malgré les neuf heures de décalage. Pour Sonny, j'aurais fait le tour de la terre. C'était un plaisir de jouer devant 31 000 spectateurs. Au Qatar, avec Sonny, on a été voisin pendant une année et on s'est bien éclaté, même s'il n'a jamais su faire de golf ni de wake-board (rires). Je lui souhaite maintenant d'avoir plein d'objectifs, parce que quand on n'en a plus, on meurt. Ç'a été un gros problème pour moi pendant un an. J'ai beaucoup souffert. Je suis parti aux Etats-Unis, où je ne faisais rien et on s'aperçoit vite qu'on a besoin de travailler. Quand on travaille, on veut des vacances, et quand on est en vacances, on veut travailler…
Malgré le changement de continent, le football est-il toujours votre passion ?
Oui. Il y a le foot et d'autres choses. Mais le football a toujours été ma passion : je joue pour un petit club où on n'a pas de vestiaire, pas de douche et pourtant on s'éclate. C'est la passion, l'essence pure de mes rêves d'enfant. Je souffre aussi un peu car j'ai un problème de ménisque. Je devrais peut-être me faire opérer. Mais bon, je courrai jusqu'au bout.
Parlons du football aux USA, ou plutôt du soccer. Peut-il vraiment se développer dans les prochains mois ?
Je suis plein d'espoir pour le football américain. Je ne pense pas que Beckham puisse apporter grand-chose, si ce n'est un élan populaire et un élan médiatique. Les qualités de Beckham ne permettront pas au football américain de se développer : ce n'est pas un Zidane ou un Ronaldo. A part quelques coup-francs, il ne va rien apporter. Par contre, je pense qu'il y a quelque chose à faire. Mais à un moment donné, il faudra revoir totalement le système, notamment au niveau de la formation. Ça risque d'être long, dur, mais s'ils en ont vraiment envie, ils pourront le faire. Les businessmen se sont aperçus qu'il y avait de l'argent à se faire. On a le nerf de la guerre : l'argent. Après, aura-t-on les idées ? Je ne suis pas sûr que les Américains puissent comprendre ce qu'est le soccer. C'est une religion. Eux le comprennent comme un business.
« 30 millions de gamins jouent »
Dès cette année, des joueurs issus de centres de formation français, mais qui n'ont pas pu trouver de club de L1 ou L2 tentent leur chance en MLS. Pensez-vous que c'est une bonne chose ?
C'est un encouragement car ces joueurs-là montrent comment on se prépare. Comment on est vraiment un joueur professionnel par rapport aux joueurs locaux qui, le jour des matchs, vont bouffer au Mc Donald's parce que les clubs leurs filent 50 dollars pour aller manger. Ils ne s'occupent pas de la nutrition. Ces joueurs français arrivent une heure avant l'entraînement, ils montrent aux Américains comment ça fonctionne. Ça leur donne une idée. Après, est-ce qu'ils vont vouloir s'appuyer sur cette image pour leur progression ?
Comment sont formés les jeunes qui accèdent à la MLS ?
Les universités gèrent toute la formation des jeunes Américains. Le football passe en dernière position. Ceux qui jouent au soccer sont ceux qui n'ont réussi ni dans le basket, ni dans le football US, ni dans le baseball. Ils cherchent une bourse et quand ils en trouvent une en soccer, ils se retrouvent là . On fonctionne à l'envers. D'ailleurs, le football est un sport de riches. Quand je veux trouver un club pour mon fils, je ne trouve pas. Alors ça me coûte 200 dollars par mois pour qu'il joue. En France, ça va coûter la licence. Klinsmann avait essayé, en tant que sélectionneur, de tout révolutionner et tout régenter, et bien sûr, les instances fédérales n'ont pas voulu car ils s'en mettent plein les poches.
On sent qu'avec les communautés italiennes ou surtout mexicaines implantées aux Etats-Unis, il y a une base humaine qui pourrait aider au développement du soccer…
Il y a 30 millions de gamins qui jouent aux Etats-Unis alors qu'on n'a que deux ou trois millions de licenciés en France. Bon, ils sont en tout 250 millions alors que nous sommes 65 millions de Français. Mais ça montre qu'il y a un pourcentage énorme de pratiquants. Des Zidane, je suis sûr qu'il y en a partout, avec tout le respect que j'ai pour Zizou. Il y a des joueurs de qualité. Je suis sûr qu'on peut trouver : mais comme c'est devenu un sport de riches, les Hispaniques, les Afro-américains ou tous les Européens issus de classes sociales difficiles n'arrivent pas à trouver de club. Il faut être obligé de trouver quelqu'un de riche qui paie pour son enfant et qui offre trois bourses…C'est sûr que si on ne prend que les enfants de Beverly Hills, on ne va pas y arriver.
Ça marche à l'envers : la preuve, pour garder les buts américains, les dirigeants sont allés chercher Quentin Westberg, le gardien de Troyes, alors qu'il y a 250 millions d'Américains…
J'en parlais avec Tony Meola, l'ancien gardien américain qui a également joué au foot US. Il a vécu à l'italienne, il fait le même constat. A un moment donné, il faudra arrêter de penser à l'argent. Mais les Américains sont-ils capables de le faire ? Je ne sais pas. J'ai bientôt rendez-vous avec les dirigeants de la MLS. Je veux leur montrer qu'il y a des gens qui ont de la passion. On veut créer un club aux Etats-Unis. On se retrouve confronté à un milliardaire qui veut créer un club pour son fils qui a trente ans. Ça montre la stupidité de la proposition. Si on arrive à montrer notre passion en plus de l'argent de notre pool d'investisseurs… On se retrouve avec plus de 300 millions de dollars. Mais on ne sait pas si on va être accepté. On aimerait créer ce club-là pour créer une histoire dans la MLS. Je sais comment faire, j'ai l'habitude. Les gens qui sont avec moi le savent aussi : mais la MLS va-t-elle accepter ? C'est facile d'avoir un milliardaire. On va voir.
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