[Ex] Jean Moog

Vos impressions sur les anciens et actuels joueurs de l'effectif
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argueti
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[Ex] Jean Moog

Message par argueti »

DNA a écrit :L’an II de Jean

Il y a un peu plus d’un an, Jean Moog, formé au RC Strasbourg, passé également par le Karlsruhe SC l’espace de quelques mois avant de revenir au Racing en 2009/2010, avait tiré un trait définitif sur ses rêves de football professionnel. Depuis, il s’est rendu indispensable au SC Schiltigheim comme au sein de l’entreprise familiale de charpentes.

Dans la vie, on ne choisit pas forcément son chemin. Celui de Jean Moog était pourtant tracé. Le foot, il l’avait dans ses pieds, dans sa tête et occupait son temps depuis ses plus jeunes années, quand il s’amusait du côté de La Wantzenau. La chose avait pris plus d’ampleur quand il avait vite rejoint le RC Strasbourg. Et puis, il arrive un jour où les portes, à peine entrouvertes, se referment dans un claquement sourd.

Une seule devise : « travail, travail et encore travail »

Un bruit sec, presque définitif, pour vous signifier que le chemin s’arrête là, qu’il faudra prendre un itinéraire bis, pas forcément moins passionnant, pour construire sa vie. Alors, celui qui avait grandi avec pour seule devise « travail, travail et encore travail », comme il la souffle dans un demi-sourire, avait tourné le dos à tout ça, son seul Bac STG avec mention en poche. Il n’était pas allé loin. Pour le football, José Guerra l’avait accueilli à bras ouverts au SC Schiltigheim. Question boulot, Simon, son père et chef d’entreprise de quelque 40 salariés, l’avait happé.

« C’est une chance qu’il m’accompagne dans ma vie professionnelle. Pendant six ans encore, il va me former et m’aider à devenir quelqu’un, à prendre sa suite un jour aussi. » Depuis plus de douze mois, il apprend au milieu des ouvriers de l’entreprise son nouveau métier : charpentier. « On réalise tout ce qui touche au bois », dit-il sobrement.

Il se lève tous les matins à six heures, travaille jusqu’à dix-neuf heures avant de filer au foot de nombreuses fois dans la semaine : il porte, court, scie, coupe, égalise, se familiarise avec les marteaux, scies et équerres, apprend désormais à gérer un chantier. « C’est physique, et ça me plaît de plus en plus. Je pense qu’il m’est impossible de m’imaginer rester assis sur une chaise devant un ordinateur toute la journée. J’ai besoin de me dépenser. Mais j’admire les gens qui font ça durant 40 ans, j’en serais incapable. » Dans quelques années, il prendra la suite de son père, sera un peu moins présent sur les chantiers. Lui dont l’emploi du temps n’était pas franchement surchargé lorsqu’il était seulement footballeur a changé de rythme.

« Il faut gérer tout ça. Il y a parfois des moments où je suis cuit… comme maintenant. On est en pleine préparation physique avec le Sporting. Ma journée est simple à décrire : je cours tout le temps et je dors. Heureusement, ma compagne, Mylène, me chouchoute à la maison », rigole Jean Moog. Allez, on s’engage sur le terrain du football. Et signer au SC Schiltigheim lui est apparu comme une évidence.

« C’est du football amateur, mais avec des exigences. Sur le plan des structures et de l’encadrement, ça s’apparente au monde professionnel. Et c’est ce que je voulais. Tu t’entraînes dans un but précis, pas seulement pour boire une bière après, explique-t-il avec amusement. Il n’y a que comme ça que j’ai le sourire quand je viens m’entraîner. J’ai 23 ans, je me donne encore sept saisons pour vivre des choses riches grâce au ballon. Après, le métier et la vie familiale prendront le dessus. »

Auteur d’une excellente saison 2010/2011 comme défenseur central, il était resté sur sa faim en juin dernier. « Je n’ai pas véritablement de regrets car nous avons trop souvent gaspillé les chances offertes. Et Sarre-Union a amplement mérité sa montée. Ses joueurs ont été réalistes, ont su gagner des points à droite et à gauche. On ne peut que les saluer. Nous n’avons pas su être assez réguliers et décisifs lors des dernières journées. »

« Je veux jouer en CFA la saison prochaine »

Alors, le jeune homme n’y va pas par quatre chemins pour exprimer ses souhaits quant à la saison qui s’ouvre. « Il faut être ambitieux. Donc, personnellement, je veux jouer en CFA la saison prochaine. On a l’effectif pour. À nous d’être concentrés. Et puis, il y a la Coupe de France. Je l’ai découverte la saison passée et elle me donne des frissons », ponctue-t-il, l’appétit se devinant jusque sur son visage. Pour l’instant, fidèle à son caractère, il joue les dépanneurs sur le côté droit de la défense sans broncher. « Je joue là où on m’estime le plus utile. » Dans quelque temps, il devrait retrouver sa place au cœur de la défense ou au milieu du terrain. Ici ou ailleurs, il donnera tout. Il partagera « une vitamine avec Romain Bertoli » avant le coup d’envoi d’un match. Et comme son emploi du temps est surchargé, il ne perdra pas de… temps sur la pelouse. Il voudra gagner, encore et toujours. Pour prouver que son chemin est le bon, et sa vie bien charpentée…

Jean-Christophe Pasqua
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Its_me
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Re: [Ex] Jean Moog

Message par Its_me »

DNA a écrit :Le passé revu de Moog

Il est l’un des nombreux Schilikois à avoir porté le maillot du Racing, celui qui en est aussi parti le plus récemment, celui enfin qui est passé tout près d’une carrière professionnelle. Mais, à 24 ans, et vingt mois après avoir intégré le SC Schiltigheim, Jean Moog est un homme en cours d’accomplissement.

Quand un joueur du Racing entame sa journée, Jean Moog a déjà généralement près de quatre heures de travail au compteur.

« Je me lève tous les matins à 6h pour partir au boulot. Quand j’étais au centre de formation, je me réveillais vers 9h pour m’entraîner à 10h30. Depuis vingt mois, j’ai changé de vie. Mais elle me plaît énormément, même si les six premiers mois ont été très difficiles. »

« Je voulais réaliser ma vie, même si le foot devenait annexe »

Sa voix ne trahit aucune jalousie, ni même de la nostalgie. « J’avais passé un deal avec mon père. Si, à 22 ans, je ne jouais pas en Ligue 1 ou en Ligue 2, je tournais la page du football professionnel. Il te place dans un monde parallèle avec seulement trois heures de travail par jour, pas dans la vraie vie. Je ne voulais pas passer mon temps à la rêver en multipliant les essais dans des clubs. Je voulais la réaliser, même si le foot devenait annexe. »

Alors, depuis vingt mois, il a troqué son maillot bleu du Racing pour un autre bleu. Un bleu de travail, de chauffe même, à l’école de son père, Simon, chef d’entreprise des Charpentes Moog. « Il m’avait laissé le choix entre reprendre mes études pour faire du coaching sportif ou intégrer son entreprise, ce que j’ai décidé de faire. Il m’a accueilli à bras ouverts. Je crois qu’il est fier de moi. »

Dans l’atelier ou sur les chantiers, le vocabulaire se résume à un seul verbe, conjugué au présent et au futur. “Travailler.” Et il apprend le métier « de A à Z », avec les ouvriers, pour un jour succéder à son père.

« Je mets la main à la pâte, je me forme. Désormais, je supervise les chantiers, je fais les plans. Comme le Sporting, notre entreprise est familiale, avec 35 employés. »

Mais Jean Moog revient sans peine sur ses années Racing, car elles ont compté. « J’y ai passé dix années, presque la moitié de ma vie. J’y ai vécu des mauvais moments, j’en ai gardé de très bons souvenirs. »

Keller et Guerra, les meilleurs coaches

Il y a surtout rencontré François Keller, celui qui voulait absolument le faire signer un contrat professionnel. « Jean-Marc Furlan d’abord, Pascal Janin ensuite, ne l’ont pas suivi. Alors, il m’a trouvé un essai à Karlsruhe. À mon retour d’Allemagne, il m’a rappelé en me disant qu’il avait besoin de moi. C’est le meilleur coach que j’ai eu au Racing. Il ressemble beaucoup à José (Guerra). Ses discours et ses causeries sont superbes, un peu moins que celles de José. Lui, on sent qu’il est un commercial génial », dit-il en éclatant de rire, en parlant de son coach et… futur beau-père.

Depuis vingt mois, il a donc changé de monde, commence ses journées à 6h, les termine au-delà de 19h pour ensuite aller s’entraîner trois ou quatre fois par semaine.

« Lundi, j’avais un chantier à Bitche. Je suis rentré vers 20h, directement chez moi sans me rendre au stade de l’Aar. J’ai couru 60 minutes, puis j’ai fait 30 minutes de musculation pour être “réglo” avec mes coéquipiers. Autrement, je file à l’entraînement souvent déjà fatigué par ma journée de travail, comme Cédric Hoffmann, mon modèle. C’est dur, mais il y a le match du week-end et l’odeur de la compétition. Ça, j’adore. Parfois, mon père trouve que j’en fais trop », sourit-il.

Et puis, ce samedi, il y a le Racing à la maison pour un match forcément particulier, face à David Ledy, l’ancien coéquipier.

« On ne se fréquente plus. C’est normal, on a pris deux chemins différents. Mes copains sont désormais Schilikois, sourit Jean Moog. On joue contre les pros du CFA 2. Le football est leur seule occupation, il n’est qu’un loisir pour nous. À l’aller, même si on avait eu des occasions, on avait été dominé, eu du mal à tenir le rythme. Le Racing, je ne lui souhaite que le meilleur, mais si on peut l’embêter… »

Samedi, le défenseur central donnera l’exemple. Pour ravir les yeux de son père, de sa compagne, des copains de son entreprise, pour faire honneur à son maillot vert.

Certainement aussi pour montrer à sa maman, trop tôt partie un jour de 2007, qu’il était en train de réaliser tout ce dont elle rêvait pour lui…
"Il n'est pas concevable que Strasbourg, capitale européenne, n'accueille pas l'Euro-2016" (Roland Ries, Jacques Bigot, juillet 2009)
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