[09/10] Le Fil Rouge

[D520]

L'Alsace

Présentée comme une formalité par le président Julien Fournier, l’audition des nouveaux dirigeants du RCS par la DNCG (1) hier matin ne l’a à l’évidence pas été. Le gendarme financier de la Ligue de Football Professionnel a mis sa décision en délibéré jusqu’au 6 janvier. Première conséquence : Jean-Pierre Papin ne viendra sûrement pas.

Le football professionnel va bientôt pouvoir emprunter à l’armée son surnom de « grande muette ». Toute la journée d’hier, les principaux acteurs du dossier de reprise du Racing sont restés sourds aux appels téléphoniques et, donc, muets.

À 11 h, pour la 2 e fois en quinze jours, la DNCG a reçu les nouveaux dirigeants du RCS : l’actionnaire majoritaire Alain Fontenla et le président Julien Fournier. La première audience s’était déroulée sans encombre pour l’ancien propriétaire Philippe Ginestet. Celle de ce mardi, présentée par J. Fournier « comme un processus normal lors de la cession d’un club », n’est visiblement pas passée comme une lettre à la poste.

Dès 14 h 30, le service de presse de la LFP indiquait par la voix suave d’une secrétaire que l’instance du foot pro ne communiquerait pas sur l’audition du club strasbourgeois et qu’elle lui laissait le soin de le faire s’il le désirait. La Ligue fut ainsi la première à se réfugier dans le mutisme, mais le fit savoir. Les dirigeants alsaciens l’imitèrent ensuite, sans prévenir qui que ce soit. C’est sans doute ce qu’ils appelleront une communication - ou plutôt une non-communication - maîtrisée.

Leur silence sera au contraire perçu comme un assourdissant bruit de plus dans une indescriptible cacophonie. Depuis bientôt quinze jours et la cession du club par Philippe Ginestet à Roman Loban, M. Jafar, Jafar Hilali et finalement Alain Fontenla - tout le monde s’y perd - cette supposée communication maîtrisée confine au pathétique. À une première semaine marquée par une piteuse valse hésitation autour du nom du repreneur en succède une autre tout aussi lamentable, avec un entraîneur en principe démis de ses fonctions jeudi dernier, mais toujours en place (Pascal Janin), et un autre, annoncé samedi sur le site internet du club et toujours en Gironde dans l’attente d’un feu vert (Jean-Pierre Papin).

Julien Fournier pris au piège ?

Ce feu vert, JPP ne l’aura sûrement jamais. On sait désormais pourquoi. Malgré le silence radio observé hier par toutes les parties, l’information a fini par transpirer : la DNCG a mis sa décision en délibéré jusqu’au 6 janvier. Sur les motifs qui l’ont conduit à s’accorder ce délai de réflexion, rien n’a filtré. Mais on peut supposer qu’ils tournent autour de deux axes : soit Alain Fontenla n’a pas fourni la caution nécessaire pour garantir le déficit prévisionnel de 5 millions d’euros pour 2009-2010 ; soit le gendarme financier de la LFP compte diligenter une enquête sur l’origine des fonds.

Dans les deux cas de figure, l’affaire ne sent pas bon. Cet épisode semble donner raison à tous les sceptiques qui ont dénoncé les conditions du processus de vente.

Autre élément lourd de sens : depuis sa nomination le 4 décembre, Julien Fournier avait toujours fini par répondre aux sollicitations de la presse, même tardivement. Hier, il a rompu avec cette habitude. On l’imagine aisément gêné aux entournures par la tournure des événements. S’estime-t-il pris dans un piège qu’il a involontairement contribué à tendre ? En l’absence d’explications officielles, on se gardera bien de se perdre en conjectures.

Mais une chose est sûre : si la mise en délibéré au 6 janvier est officialisée ces prochaines heures, Jean-Pierre Papin, qui avait lié son arrivée à la décision de la DNCG, ne viendra pas au Racing. Pourquoi s’embarquerait-il dans le flou pas très artistique qui règne au RCS depuis deux semaines ?

À deux jours d’un match capital contre Guingamp (20 h 30 à la Meinau), un Pascal Janin aussi désorienté que son équipe (voir ci-contre) est donc toujours à bord d’un navire dont on ne sait plus très bien qui le commande. Depuis hier, le spectre d’un repreneur fantôme hante un vaisseau alsacien qui menace de couler.

Stéphane Godin

[urotsukidogi]

Euh c'est quoi les divisions en dessous du national? On peut être rétrogradé administrativement avant la fin du championnat?

[lolo]

Non.

[fab]

et ben tout ça n'est guère rassurant, c'est le moins qu'on puisse dire.

je m'etais abstenu de faire trop de commentaires négatifs sur nos repreneurs et les conditions de rachat, histoire de ne pas jouer les cassandre et les "jamais contents".

Le dossier n'etait visiblement pas aussi limpide qu'on a bien voulu le dire, et les financements toujours aussi improbables.

D'ailleurs, on ne sait toujours pas d'ou viennent réellement les sous.

je veux bien que le trading à Londres paye bien, mais de là à disposer de 5 millions minimum à "gaspiller" dans un club....

[EDES]

Il me semble que ce passage devant la DNGC met en lumière le flou de la gestion Ginestet. En fin de saison, Ginestet annonce qu’il veut se retirer. Jacky Kientz se dit intéressé, mais quand il demande un audit financier, bizarrement Ginestet fait volte face. Il re-re-devient président du Racing. Puis en catimini, avec son copain Herzog, il parvient à fourguer l’affaire à de mystérieux investisseurs. Il récupère son argent, ou une partie seulement soit, mais il a ce qu’il voulait.

Je pense que Fournier et Fontenla doivent tomber de haut d’avoir été aussi naifs de s’investir les yeux fermés. Et si c’était Roman Loban qui a senti le coup fourré au dernier moment ! Pour moi ils ont été grugés. Mais c’est vrai qu’il ne s’agit de la part de Ginestet et Herzog que d’une « négligence de trésorerie », c’est ainsi que l’a dit pudiquement la DNGC.
Nous ne sommes pas encore à la fin de l’histoire et il ne m’étonnerait pas qu’un épisode judiciaire fasse partie de cette saga « Racingate »
Et il y en a un qui doit bien rigoler : c’est Gilbert Gress. C’est encore pire que ce qu’il a écrit dans son livre.
C’est la pire période que le Racing ait connu et, malheureusement, ce n’est surement pas fini. La date de l’enterrement n’a pas encore été fixée définitivement.

[Jeter]

c'est pour cela a mon avis que Ginestet voulait vendre le plus rapidement possible !!
il n'avait plus d'argent pour alimenter le compte en banque

[télésupporteur]

3 M€, ce n'est qu'une négligence
alors, quand le racing passera aux affaires sérieuses, vous allez voir ...................... ce que vous allez voir

[fan_racing]

Oui, on verra la Division 5 ou 6.

[Tenor]

Non non, en CFA ou CFA 2 d'offfice

[argueti]

En pleine tempête

Un PDG, Julien Fournier, qui a présenté sa démission, avant de la reprendre ; un entraîneur limogé, Pascal Janin, maintenu jusqu’à Noël ; un successeur pressenti, Jean-Pierre Papin, toujours indécis ; et un actionnaire majoritaire, Alain Fontenla, qui viendra aujourd’hui à Strasbourg tenter de ramener le calme : le RCS est ces jours-ci ballotté comme jamais.

S’ils voulaient occuper le devant de la scène médiatique dès leur arrivée, les repreneurs du Racing ont réussi leur coup. « Avec tout ce qu’on entend, on ne parle pas beaucoup des deux matches déterminants qui nous attendent ce vendredi contre Guingamp (20 h 30 à la Meinau), puis mardi au Havre », en souriait jaune le latéral droit Stéphane Pichot, interprète de ses partenaires, hier.

Sauf si Alain Fontenla, attendu en fin de matinée, dissipe l’épais brouillard qui enveloppe la Meinau depuis une quinzaine et, surtout, la mise en délibéré de la DNCG jusqu’au 6 janvier, il risque d’en être de même jusqu’à la trêve hivernale, voire au-delà.

Avant-hier, le gendarme financier de la Ligue de Football Professionnel a auditionné le businessman. A la lumière de ses explications, jugées insuffisamment convaincantes, elle lui a demandé de consigner au plus vite 3 millions d’euros sur le compte courant du club et de les bloquer jusqu’au 30 juin pour garantir le déficit prévisionnel de 5 millions pour 2009-2010.

Tard mardi, dans un communiqué d’une rare maladresse publié sur le site du RCS, A. Fontenla indiquait « qu’étant donné l’état des comptes financiers laissés par Philippe Ginestet et Jean-Luc Herzog, il a été demandé au nouvel actionnaire de répondre à une négligence de trésorerie » et que « le nécessaire serait fait dans les délais souhaités. »

Cette sortie a provoqué le lendemain une véritable levée de boucliers. Dès le milieu de matinée, le nouveau PDG Julien Fournier a tenu à faire savoir qu’il n’avait « pas été associé à la rédaction » de ce communiqué et s’en est désolidarisé. Un peu plus tard, le nouveau propriétaire a lui-même fait remplacer le terme « négligence » par « exigence », puis a carrément ordonné la suppression du communiqué incriminé. Trop tard. Le mal était fait.

Herzog : « Fontenla n’a pas montré patte blanche »

Président-délégué démissionnaire mis en cause, Jean-Luc Herzog n’a pas mâché ses mots. « Le budget présenté mardi était passé sans encombre le 3 décembre. Il était identique, à la virgule près. Mais la grande différence, c’est que dans le premier cas, la DNCG avait confiance en la capacité de l’actionnaire principal à garantir un déficit (1) et que dans le second, elle ne connaît pas le nouvel actionnaire. Elle a voulu comprendre qui est M. Fontenla, ses capacités financières, ses ambitions pour le club. Fontenla a assuré qu’il avait cette surface financière, mais sans apporter de preuve tangible. Il n’est pas illogique que la DNCG lui réclame une garantie de 3 millions. C’est une façon de lui demander de montrer patte blanche. Il ne l’a pas fait. Je juge son attaque contre notre gestion – qui s’est chaque fois soldée par des avis favorables de la DNCG – infondée et indigne. Elle est diffamatoire. Philippe se réserve le droit de demander réparation (voir en encadré). J’ai accepté de rester trois mois de plus pour aider Julien Fournier. Ça se passe très bien et j’ai un engagement moral avec lui. S’il reste, je ferai tout pour que ça se passe bien pour lui. Mais avec des attaques de cette nature, je me demande si je vais remettre les pieds au club. »

Sans le savoir - ou peut-être en le sachant -, JLH a ainsi fait référence au dossier chaud du jour : la démission de Julien Fournier. Selon nos informations, le PDG l’a présentée à la mi-journée, avant d’y surseoir. Une information qu’il n’a ni confirmée, ni infirmée. « Je n’ai pas à commenter les rumeurs », a-t-il botté en touche, tout en précisant : « J’ai demandé à Alain Fontenla de venir ce jeudi à Strasbourg pour rencontrer les salariés, les joueurs et les supporters pour rassurer tout le monde. »

Sans doute a-t-il besoin de l’être lui aussi, alors qu’une rumeur persistante annonçait encore hier soir qu’il pourrait de nouveau rendre son tablier aujourd’hui.

Ginestet contre-attaque

Dans un communiqué adressé à l’AFP, l’ancien propriétaire du RCS, Philippe Ginestet, est monté hier au créneau pour répondre «aux déclarations inacceptables de M. Fontenla qui tendent à présenter négativement la situation du club alors qu’elle est parfaitement saine et bien connue par ailleurs. Un abandon de compte courant supérieur à 3 millions d’euros m’a été exigé lors de la cession de parts pour tenir compte de l’apport de trésorerie à réaliser par l’acquéreur qui donne l’impression de le découvrir.»

Stéphane Godin

(1) Dès son arrivée en décembre 2005, Philippe Ginestet en avait garanti un à hauteur de 2,43 millions.