L'Alsace a écrit :L’heure des négociations
Enfin sorti de son silence, Jafar Hilali, patron de Carousel Finance, a confirmé qu’Alain Fontenla, le propriétaire du RCS, a rencontré hier à Paris le médiateur nommé par la Ville et représentant du dossier de reprise alsacien, Henri Ancel. Même si les divergences sont grandes, les négociations sont ouvertes et vont se poursuivre.
Le public alsacien n’attend sans doute que ça : que les acteurs majeurs du dossier de rachat du Racing sortent à la fois de l’ombre et du mutisme dans lequel ils restent enfermés depuis bientôt un mois et demi et la visite du nouveau propriétaire Alain Fontenla à Strasbourg les 10 et 11 décembre.
Hier, le nouvel actionnaire minoritaire, Jafar Hilali, plaque tournante dudit dossier, a enfin décroché son téléphone. Son entreprise Carousel Finance vient de prendre une participation de 15 % dans le capital de Racing Investissements (« L’Alsace » d’hier), la société rachetée par Fontenla à Philippe Ginestet (après l’épisode de l’Estonien Roman Loban). « Au jour d’aujourd’hui, les exigences de la DNCG (Ndlr : déposer 3 millions d’euros sur le compte courant du Racing avant mardi) ont été satisfaites pour moitié. Elles le seront pour l’autre moitié lundi. Mais le plus important, c’est que nous souhaitons ouvrir le capital à des acteurs locaux. Nous sommes en discussions avec le représentant de la Ville (Ndlr : Henri Ancel, chargé de défendre le projet de rachat des actionnaires alsaciens). »
Alors que la défiance de l’environnement (élus, supporters, actionnaires minoritaires) à l’égard des repreneurs ne cesse de croître, que les salariés vivent dans la crainte et les joueurs dans l’ignorance, Jafar Hilali balaie d’un revers de la main l’idée d’un départ de la nouvelle équipe dirigeante. « Il faut trouver une issue », ouvre-t-il toutefois la porte, « que les discussions avec la mairie soient constructives parce que la situation devient critique pour l’équipe. Il faut absolument qu’elle se maintienne en Ligue 2. Maintenant, tout dépend de l’approche de la Ville. »
« L’accueil nous a épuisés »
Hilali préconise ainsi une entrée minoritaire des Alsaciens dans le capital. « Pour l’instant, leur seule offre, c’est le rachat de nos actions. Ils doivent proposer une deuxième stratégie. L’accueil que nous avons reçu nous a épuisés, alors que nous voulons nous appuyer sur un fort ancrage régional. Notre modèle dans ce milieu, c’est Lorient. La fausse annonce de vente faite par Alain Fontenla le 17 décembre était destinée à convaincre les investisseurs locaux de travailler avec nous. Pourquoi, d’ailleurs, n’ont-ils pas racheté le club entre sa mise en vente par Philippe Ginestet début juin et l’achat par Fontenla début décembre ? »
Peut-être parce que la situation n’était pas aussi critique qu’aujourd’hui où la greffe Fontenla, avec l’incessant défilé de personnages aux motivations absconses, les limogeages et les démissions, suscite un tel rejet en Alsace que même le dépôt des trois millions sur le compte du club ne suffira pas au propriétaire pour se refaire une virginité. Alain Fontenla le sait et tarde peut-être pour cette raison à y remettre les pieds.
« Aujourd’hui, la stratégie des régionaux est d’éjecter du club des types soupçonnés d’être venus faire un coup financier », dénonce Jafar Hilali, « Mais croyez-vous que les mêmes types, qui se font massacrer depuis bientôt deux mois, sont enclins à lâcher comme ça ? Je répète que nous sommes ouverts à la discussion pour définir un mode de gouvernance, le choix du conseil de surveillance et même du président. D’ailleurs, au jour d’aujourd’hui, je n’ai aucune idée de l’identité du futur président (Ndlr : pourtant en principe désigné dès jeudi prochain lors de l’assemblée générale de la SASP). Nous avons demandé à Alain Fontenla d’ouvrir le capital aux minoritaires, avec un pacte d’actionnaires pour définir ce président. »
L’amorce de discussions hier entre les patrons du RCS et Henri Ancel est une première étape. Mais à en croire le médiateur de la Ville, la montagne n’a pas encore été franchie.
Stéphane Godin