Jafar Hilali

[argueti]

Le champion de l’escalade

Alors que son équipe est plus que jamais en course pour l’accession en Ligue 2, le président Jafar Hilali a une nouvelle fois mis le feu aux poudres hier dans « L’Equipe ». Il se dit prêt à entraîner le club dans sa chute, jusqu’en Division d’Honneur s’il le faut.

C’est plus fort que lui. Invité par Alain Fontanel — l’adjoint aux finances de la Ville de Strasbourg en charge d’une médiation entre les belligérants — à observer une paix des braves durant les négociations, le président Jafar Hilali a rompu hier la loi du silence que s’imposaient les autres protagonistes du dossier Racing, éminemment sensible sur le plan politique.

Dans une interview du patron du RCS — comme il se qualifie lui-même — au quotidien sportif « L’Equipe », l’association support, qui gère le centre de formation et à laquelle il réclame 3,188 millions d’euros (1), et la génération 1979 championne de France, qu’il accuse de lui scier la branche, en prennent pour leur grade.

Alors que depuis trois semaines, Alain Fontanel s’efforce de trouver une sortie honorable à une crise sans précédent, Hilali aurait voulu pourrir l’atmosphère qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Ce que le président de l’association, Patrick Spielmann, interloqué, dénonce : « Si on est animé par une envie sincère d’un dénouement heureux, on ne jette pas ainsi de l’huile sur le feu. » Sauf à être au bout du bout financièrement parlant.

Dans son édition du 18 mars, « L’Alsace » révélait une trésorerie négative de 1,077 million d’euros pour le dernier trimestre de la saison (avril — mai — juin). Un chiffre confirmé ces dernières heures par une source digne de confiance qui établit le manque d’argent frais « entre 1,1 et 1,2 million » d’ici au 30 juin. À peu de chose près donc, le montant disponible sur le compte courant de l’association, qui devra toutefois régler 324 000 euros d’impôts sur la vente des bâtiments du centre de formation à la Ville. « Même le reliquat (Ndlr : les 888 000 euros que réclame Hilali depuis le 11 mars) ne suffirait pas à assurer la trésorerie des pros », met en lumière un administrateur de l’asso. « Une fois de plus, Hilali essaie de tirer la couverture à lui, en se faisant passer pour une victime. C’est raté. Nous avons admis le principe d’assumer les salaires de quatre employés du centre pour 2010-2011 (Ndlr : une charge de 287 000 euros). Mais moins pour aider Hilali que pour protéger les salariés en question. Jean-Marc Kuentz, le directeur, est en fin de contrat. Si nous payons les salaires, nous serons décideurs de son avenir et des autres (2). Je vois mal le centre se passer de quelqu’un d’aussi compétent qui a fait du très bon travail. »

Hilali exploite la faille

Pour la SASP (société anonyme sportive professionnelle), l’étau se resserre un peu plus chaque jour. Et la tonitruante sortie médiatique de Jafar Hilali n’incite guère ses interlocuteurs à lui tendre la main. Même Alain Fontanel, pourtant pas le moins diplomate, semblait hier à la fois circonspect et las. « Je n’ai pas de réaction officielle. Simplement qu’il faut tout faire pour éviter la mort du club, mais ne pas faire n’importe quoi. » Les protagonistes alsaciens et lui « passent beaucoup de temps à la recherche de solutions. » Sans être jusqu’ici parvenus à en dégager une qui agrée toutes les parties et qui semble de plus en plus utopique.

Ardent partisan d’un accord amiable, Patrick Spielmann n’en stigmatise pas moins « les contre-vérités et provocations » du propriétaire londonien. « La moitié de l’effectif pro est issue du centre de formation », rappelle-t-il, « La réaction des salariés du RCS, de son encadrement, de mon environnement aussi me prouve que personne n’est dupe. Je sais bien que les employés souffrent, mais d’un autre côté, la situation est extrêmement compliquée et notre seule préoccupation, c’est la pérennité du club pro et de l’association. »

Jafar Hilali n’a que trop bien compris que ses interlocuteurs ne lâcheront jamais une corde, sur laquelle il tire frénétiquement. La Ville et son maire Roland Ries, présent dans les vestiaires après la victoire contre Beauvais le 19 mars, le lui ont montré très — trop ? — ostensiblement. Depuis, il exploite la faille à l’extrême. Au point de se permettre d’égratigner ceux qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire plus que centenaire du RCS, quand sa présidence en écrit les plus noires.

Specht : « des conneries »

Même s’il invite « à ne pas polémiquer », l’actionnaire minoritaire Léonard Specht (à 20 % en association avec l’industriel Robert Lohr), à la fois membre du conseil de surveillance de la SASP et administrateur de l’association, digère mal les attaques de Hilali contre la génération 79 championne de France dont il fait partie. « Avec des gens comme ça, on se sentirait presque obligés de s’excuser d’avoir été champions. Mais aujourd’hui, l’équipe gagne et il y a des choses plus urgentes à traiter que de répondre à des attaques personnelles visant une génération qui a fait rêver toute une région. Ces attaques de Hilali ne sont qu’un tissu de conneries. Le public le sait bien et connaît la vérité. »

(1) Au titre d’une refacturation de salaires d’employés du centre que la section pro a pris en charge de 2004 à 2010.
(2) Le coach de la réserve François Keller est lui aussi en fin de bail.

Stéphane Godin

[argueti]

Merci au stub pour le scan

[PoY]

Merci Ginette

[argueti]

Hilali revisite l’histoire

Jafar Hilali a fait fort hier dans les colonnes de « L’Equipe ». Quitte à détourner quelque peu - un euphémisme - la vérité, autant y aller franco. Plus c’est gros, plus ça passe. Voici quelques exemples de contre-vérités flagrantes dans ses déclarations à.

1. « A chaque fois que je suis venu au stade, il y avait des pancartes ‘’Dégage !’’ ». Comment peut-il l’affirmer ? En bientôt un an et demi, depuis qu’il a racheté le RCS, le nouveau président n’a pas assisté à la moindre rencontre à la Meinau. Il n’a été vu qu’à Orléans, Colmar et Gap.

2. « Le problème, c’est le travail de sape monstrueux de la génération 1979 […]. Ils ont réussi à faire fuir Hechter, Mc Cormack, Afflelou. Qu’ils le veuillent ou non le patron, c’est moi. C’est la différence entre Afflelou et moi : s’ils veulent récupérer leur club par la force, ils le récupéreront en DH. » Le seul membre de la génération dorée de 1979 présent au club est Léonard Specht (voir sa réaction par ailleurs). « Et on sait tous que Léo n’est pas le plus vindicatif des hommes », disait il y a quelque temps l’ancien président Jean-Claude Plessis. Les autres ne s’expriment quasiment jamais, en tout cas très rarement en public. Daniel Hechter a quitté le club en 1990 en laissant une ardoise de 92 millions de francs effacée par la mairie en une demi-douzaine d’années. La multinationale IMG/Mc Cormack a d’elle-même jeté l’éponge en 2003 après avoir investi quelque 30 millions d’euros à fonds perdus. Elle a d’ailleurs licencié le patron de sa filiale en France, l’ancien tennisman Patrick Proisy, président du club de 1997 à 2003. Enfin, lors de l’épisode Alain Afflelou à l’automne 2005, aucun ancien de 1979 ne faisait partie du cercle décisionnaire.

3. « J’ai déjà mis 7 millions d’euros. Je ne suis pas une pompe à blé. » Les actionnaires ont en réalité injecté 7,2 millions. Mais Jafar Hilali omet de préciser qu’ils ont déjà fait remonter 700 000 euros à Londres en août et septembre après les transferts de Franck Dja Djedje à Arles-Avignon (100 000 euros) et de Mamadou Bah à Stuttgart (600 000 euros). Les actuels soucis de trésorerie du Racing sont en grande partie imputables à ce retrait. Indépendamment de cela, l’autre actionnaire Alain Fontenla avait adressé le SMS suivant à la rédaction de « L’Alsace » il y a quelques mois : « J’ai investi 3,2 millions d’euros. Ce n’est pas bien de m’oublier. » Il a du reste abandonné 1,5 million en compte courant avec clause de retour à meilleure fortune l’été dernier. On est donc loin des 7 millions que Hilali prétend avoir personnellement investi.

La phrase

« Venir en aide à Jafar Hilali aujourd’hui, c’est l’assurance de reculer pour moins bien sauter demain. » D’un acteur très proche du dossier Racing, doté d’un sens aiguisé de la formule.

[NéRiK]

Quel enfoiré ce type.

[lolo]

... et l'Alsace se permet de revisiter la vérité à SA manière... faut bien flatter le lecteur alsacien, acquis à la cause des "locaux"...

Bref, sur le coup, et quitte à me faire l'avocat du diable, je suis assez en phase avec Hilali. Le Racing est gangréné depuis de trop nombreuses années, par la "génération 79" et "assimilés... qui manoeuvrent habilement en sous-main depuis toujours...

[urotsukidogi]

Je suis relativement d'accord avec toi tout du moins dans le fait que l'environnement du club est depuis 30 ans responsable de de la situation aujourd'hui et qu'il faut s'en affranchir et assainir. Par contre, les pratiques de Mr Hilali ne sont pas acceptables non plus et ne promettent pas des lendemains qui chantent. Si il ne veut pas se faire du pognon sur le dos du racing pourquoi se foutre dans la merde en récupérant le pognon de la vente de Gueye et de Bah? Pourquoi aussi se foutre à dos une section amateur qui doit être positive en terme de finances (et qui le cas échéant doit être financée par la section pro) et surtout pourquoi compter sur la vente de Gameiro qui se fera sans vente en fait.
Bref avec les anciens on était mal barrés, là on va droit dans le mur. On ne passera pas la DNCG.

[fan_racing]

Qu'est-ce que la génération 79 vient faire dans cette histoire ? Qui représente une menace parmi ces "anciens" ? Bord du haut de ses 80 balais dépassés ? Schilles depuis son plateau de télé en Suisse ? Duguépéroux depuis sa campagne ? Il a osé dire que le club ne s'était pas bien comporté avec Abadie, bouh. Les autres : Tanter, Piasecki, Specht et son poste honorifique ? Je ne les ai pas en tous en tête, je parle peut-être de quelque chose que je ne connais pas suffisamment. Mais à part Gemmrich, qui c'est vrai à un poste important dans le milieu du football alsacien, qui est-ce qu'il y a dans la génération 79 qui puisse faire du tord à un actionnaire comme Hilali ?

[argueti]

Je vous invite à écouter le podcast de l'émission de ce soir avec Stéphane Godin.

Ca laisse très peu d'espoir pour la suite, même en cas de L2.

[silex57]

Franchement, ça donne pas trop envie d'écouter ....