[10/11] Le Fil Rouge

[fab]

Monter ou mourir

Si Guingamp ne perd pas ce soir (20 h) à Rouen, le RCS ne montera pas en Ligue 2. Dans cette hypothèse, ses dirigeants londoniens ont annoncé hier après-midi qu’ils abandonneraient le statut pro, ne joueraient plus à la Meinau, mais qu’ils comptaient tout de même équilibrer leur budget 2010-2011 grâce à… 4,4 millions de vente de joueurs avant le 30 juin. Sans accession, le dépôt de bilan est au bout du chemin.


Ceux qui en doutaient encore peuvent préparer leurs mouchoirs : sauf accession en Ligue 2, le Racing est mort. Si, ce soir (20 h), Rouen ne bat pas Guingamp, le club strasbourgeois ne montera pas en L2 et c’en sera fini du football professionnel à Strasbourg. Convaincu depuis longtemps d’avoir perdu son investissement (5,1 millions), le propriétaire londonien Jafar Hilali est lancé dans une politique de la terre brûlée dont personne ne pourra le détourner.

Aujourd’hui, le scénario des prochains jours est écrit : rétrogradation administrative en CFA après examen des comptes par la DNCG (1), dépôt de bilan dans les jours ou semaines suivants et donc, nouvelle descente d’un cran en CFA 2, voire pire si la liquidation judiciaire est prononcée comme l’a été celle de Gueugnon début avril.

Le conseil de surveillance programmé hier après-midi a encore accouché d’un de ces moments surréalistes dont Jafar Hilali est coutumier depuis sa prise de pouvoir le 4 décembre 2009. Il a beau ne jamais mettre les pieds à Strasbourg, il y occupe en permanence le terrain. Il entend désormais démolir le club pour que personne - et surtout pas un pool alsacien - ne puisse le reprendre dans des conditions décentes. Jafar Hilali tiendra alors la vengeance qu’il fomente depuis des mois contre l’environnement régional, coupable, à ses yeux, de ne l’avoir pas bien accueilli.

Ainsi le conseil de surveillance a-t-il mis en évidence un déficit consolidé 2010-2011 de 7 millions d’euros (sur un budget de 11 millions en dépenses) que l’inconscient (2) propriétaire londonien entend combler par des recettes exceptionnelles (550 000 euros de prêt soldé par l’association support RCS après la vente des bâtiments du centre de formation à la Ville, cession de la plus-value à la revente de Kévin Gameiro à Lorient pour 1,25 million – dont la prime de 250 000 euros due par le club morbihannais pour la première sélection de l’ex-Racingman), mais aussi et surtout par la vente de 4,4 millions d’euros de joueurs avant le 30 juin. Il entend ainsi dégager un excédent de 500 000 euros. Aucune trace en revanche de l’abandon de 3,5 millions en compte courant qu’il avait un temps envisagé.

Dans le même temps, Alain Fontenla, président du conseil de surveillance, et Christophe Cornelie, le directeur général, ont dévoilé les contours du budget 2011-2012, élaboré uniquement dans sa version National. L’hypothèse L2 n’a même pas été envisagée. Quelles en sont les grandes lignes ? L’abandon du statut pro que Hilali s’était pourtant engagé à conserver dans le protocole d’accord qu’il a signé avec l’association support, qui gère le centre, pour obtenir le versement de 300 000 euros il y a quinze jours. S’il abandonne le statut pro, l’association ne lui délivrera pas le numéro d’affiliation à la Fédération. Et le Racing deviendra une coquille vide. En abandonnant ainsi le statut pro, comment peut-il sérieusement prétendre vendre pour 4,4 millions avant le 30 juin des joueurs qui, tous réunis, ne valent pas cette somme et qui, de toute façon, seront libres dès le 1 er juillet (Loïc Damour par exemple) ?

Kientz : « La Ligue 2 ou un enterrement »

Autres décisions radicales : ne plus jouer à la Meinau et bâtir un budget de 2,5 millions. La masse salariale du club (joueurs, staff professionnel et personnel) serait ainsi réduite à 1,22 million, contre 4,445 cette saison (3). Celle des joueurs descendrait à 641 000 euros, en baisse de 73 % par rapport à 2010-2011, soit 22 joueurs à 2600 euros bruts mensuels (moins environ 50 000 euros d’indemnités journalières). Ne resterait plus que 578 000 euros pour le staff professionnel et le personnel, contre 1,8 million cette année. Pour réaliser ces économies drastiques, Cornelie a déclaré hier en substance et sans rire que « beaucoup de salariés nous quitteront volontairement pour ne pas rester dans un club amateur. »

En séance, tous les Alsaciens ont voté contre cette parodie de budget. « C’est intenable, à pleurer même », regrette Michel Wild, représentant de l’ex-président Egon Gindorf, « ça devient lassant et surtout, ça fait mal au cœur. J’ai de l’amertume. »

« Ou le Racing monte en L 2 ou il faut se préparer à son enterrement », lui fait écho l’ancien président Jacky Kientz. « Je ne vois pas de solutions. La DNCG ne pourra pas laisser passer un tel budget. À mon avis, c’est mort. Nous aimerions tant avoir tort. »

« Même en L 2, il faudrait réinjecter de l’argent », prédit M. Wild, tandis que Léonard Specht ne voit pas davantage d’issue : « Sauf si l’actionnaire majoritaire met les 4 millions qui manquent, le club est condamné au CFA, voire plus bas. La situation est très difficile, presque impossible. Même si Hilali vendait le club pour un euro symbolique, ce serait injouable sans garantie de passif. Lundi, lors du prochain conseil de surveillance, les commissaires aux comptes, qui ont lancé une procédure d’alerte, vont annoncer aux actionnaires qu’ils doivent mettre 4 millions. Sinon, le club mourra. »

Le Racing est déjà mort, à moins que Rouen ne le ressuscite ce soir en battant Guingamp. Le roi Jafar 1 er, comme il se surnomme lui-même, s’en lave les mains. Mieux : il se les frotte…

( 1) Direction nationale du contrôle de gestion.

(2) Ou bien trop conscient sans doute…

(3) En fait, 6 millions toutes charges comprises.

[urotsukidogi]

Donc enterrement de 3ème classe très bientôt, vous êtes tous conviés à un buffet froid évidemment dès demain soir à Rouen (surement parce que c'est trop cher de l'organiser à la Meinau)

[Tenor]

tu ne vas pas me dire que Fournier a été invité à Rouen au buffet froid de 3ème classe

[urotsukidogi]

Invité non tu rêves comme tous les déplacements depuis quelques temps, c'est lui qui le paye!!

[télésupporteur]

je commence à me poser la question si la montée était salvatrice pour le racing
sachant que le seul objectif, et pour plusieurs années, ne serait que le maintien, ne vaudrait'il pas mieux jouer le " j'efface tout et je recommence"

[Tenor]

Telesup : depuis le temps que je le dit

[Pinon]

Condamné à rester en National après la victoire de Guingamp, qui file vers la L2, à Rouen hier soir (3-1), le RCS se trouve aujourd’hui confronté à une alternative : l’abandon du statut pro et un probable dépôt de bilan ou une vente qui pourrait intervenir avant mercredi à un trio Jérôme de Bontin, Eric Gousset et José Cobos.

Le Racing est mort. Vive le Racing ! C’est ainsi que pourrait se résumer la soirée d’hier soir qui a permis à Guingamp, victorieux 3-1 à Rouen, de valider son ticket pour la Ligue 2 et de laisser le club strasbourgeois sur le quai, à la 4 e place du National, la médaille en chocolat autour du cou.

Grâce à deux buts du Cronenbourgeois Alharbi El Jadeyaoui et un autre de Mathieu Scarpelli, contre un seul du Rouennais Pierre Vignaud sur coup franc juste avant la pause qui avait ramené le score à 2-1, les Guingampais ont retrouvé la Ligue 2 un an après l’avoir quittée. Le Racing, lui, est resté au pied du podium, malgré un formidable cycle retour. « Ma conclusion après cette saison où on échoue d’un rien ? On a manqué de stabilité », constate un Laurent Fournier qui a préféré ne pas se rendre à Rouen, après l’invraisemblable polémique qu’avait déclenchée depuis la veille le président Jafar Hilali en proposant une prime exceptionnelle de 200 000 euros aux Rouennais s’ils battaient les Guingampais (voir ci-dessous). « A-t-on cette saison entendu les présidents d’Amiens, Bastia et Guingamp parler à tort et à travers sur leur équipe ? Non. Je veux bien qu’on me mette tout sur la gueule, mais je ne suis pas un bouffon. Je n’ai pas oublié que j’ai été viré fin janvier et que ma femme et ma fille ont quitté Strasbourg pour regagner Paris dès février. »

Après l’annonce avant-hier en conseil de surveillance par les propriétaires londoniens de l’abandon du statut professionnel et un passage devant la Direction nationale du contrôle de gestion (1) qui s’annonce musclé le 9 juin, surtout après l’éclatante sortie d’Hilali grand gagnant de la « prime à la bêtise » en cette fin de semaine, le football professionnel est-il mort à Strasbourg ? Sur le papier, oui. Pour boucler son budget 2010-2011, Hilali a en effet besoin de vendre avant le 30 juin pour 4 millions des joueurs libres dès le 1 er juillet s’il persiste dans son intention d’abandonner le statut pro (« L’Alsace » d’hier). Totalement irréaliste.

Gousset avec Cobos et De Bontin

Mais lui qui, dans des mails répétés à « L’Alsace », affirme avoir « un plan », a-t-il préparé sa sortie en cédant le club avant la probable relégation administrative du club en CFA ? Selon nos informations, la piste du duo José Cobos - Jérôme de Bontin (ex-président de l’AS Monaco) aurait pris de l’épaisseur. Le tandem serait accompagné du 3 e homme qu’évoquait l’ancien défenseur du RCS dans nos colonnes le 17 mai : Eric Gousset, membre du conseil de surveillance de l’AS Saint-Etienne, pressenti pour devenir le prochain directeur administratif. Le trio serait disposé à payer une somme non dévoilée à Hilali pour reprendre un RCS pourtant perclus de dettes et menacé par une quinzaine de litiges aux Prud’hommes. À telle enseigne que les joueurs se préparent à prendre la poudre d’escampette. Présent hier au stade Robert-Diochon, le milieu récupérateur Yohan Betsch, qui ne bénéficiait d’une prolongation d’un an qu’en cas de montée, a annoncé qu’il choisirait dans la semaine entre les deux propositions qui lui sont parvenues : Cannes et Rouen.

Les autres suivront sans doute. À moins que la vente du RCS ne soit actée avant mercredi, comme le bruit courait hier soir. Dans tous les cas de figure, les jours de Jafar Hilali à Strasbourg semblent comptés.

Sur ce sujet, on laissera le mot de la fin à l’entraîneur guingampais, Jocelyn Gourvennec, sans pitié pour le sinistre président du Racing. « On ne peut pas en vouloir aux Alsaciens. Ce n’est l’affaire que d’un homme qui ne sort de nulle part et a un comportement dramatique pour sa ville et son club. C’est un type complètement à côté de la plaque. Des gens comme ça ne devrait plus pouvoir exercer dans un club. » Les prochains jours pourraient donner raison au coach breton.

[fan_racing]

je commence à me poser la question si la montée était salvatrice pour le racing
sachant que le seul objectif, et pour plusieurs années, ne serait que le maintien, ne vaudrait'il pas mieux jouer le " j'efface tout et je recommence"

Il faut que la DNCG nous achève et qu'on en finisse pour tout recommencer comme tu le dis. Je préfère mille fois reprendre en CFA avec une gestion saine qu'en National (puisque c'est mort pour la L2) avec un effectif de CFA et des déficits budgétaires à n'en plus finir ! Faut que tout ça s'arrête tant qu'il en est encore temps ; à moins qu'un repreneur vraiment très riche se pointe, il n'y a plus rien à faire, si ce n'est finir comme Gueugnon à force de tirer sur la ficelle !

[D520]

DNA

Alain Fontanel, vice-président de la CUS, qui officie comme médiateur entre la Ville et le Racing, est revenu hier sur l’avenir du club.

« Ce que la Ville souhaite, c’est un projet sportif motivant, dans le cadre d’un projet crédible, qui respecte l’identité du club, qui développe le centre de formation et donne sa place aux supporteurs , a rappelé hier Alain Fontanel.

Avant d’ajouter que « différents scénarios permettent de répondre à cet objectif ».

Mais l’adjoint au Maire tient aussi à souligner que pour l’instant, c’est « Jafar Hilali, le propriétaire du club, qui a les clés en mains ».

Concernant le dossier de revente éventuel du club, Alain Fontanel se montre très prudent. « Pour que cela se fasse, il faut un vendeur, un acheteur et un accord sur un prix, rappelle-t-il. Or pour l’instant, je ne suis pas certain qu’on ait un seul de ces trois éléments ».

Seule certitude pour le représentant de la Ville : « Comme la saison commence en juillet, les choses devront se régler rapidement ». Ba. Sch.

[D520]

DNA

Quels scénarios pour l’avenir ?
Les supporteurs ne veulent plus de Jafar Hilali. Mais ce dernier est toujours propriétaire du club. (Photo DNA – Michel Frison)

Repreneurs

C’est le scénario dont toute l’Alsace rêve. L’arrivée d’un mécène, prêt à injecter de l’argent frais pour relancer le club.

La paire De Bontin/Cobos tient la corde et négocie le rachat du club avec Jafar Hilali depuis plusieurs semaines (DNA du 16 mai). Ont-ils les reins assez solides ? Cela reste encore à voir, car jusqu’à présent, les négociations achoppent sur le montant du passif, dont la fourchette varie entre 2 et 12 millions d’euros.

« Si quelqu’un veut reprendre le club aujourd’hui, il faut au bas mot qu’il mette 15 millions d’euros sur la table. Et cette somme suffira juste à faire la saison et couvrir les dettes », pose Thierry Wendling, administrateurs historique du club.

Bref, une belle somme pour un club en National… et un sacré pari pour ceux qui se lanceraient là-dedans.

Sans oublier un facteur important : la versatilité d’Hilali. « Il vend, il ne vend plus… On ne sait jamais ce qu’il veut faire », lance Wendling, qui sait de quoi il parle, puisque l’administrateur faisait partie du projet de rachat mené par Frédéric Sitterlé, l’an passé.

« Le plus dur pour un repreneur sera de se mettre d’accord avec Hilali, ce n’est pas gagné », assure un proche du club dans la même veine. Et d’ajouter : « Franchement, si un repreneur fait un audit, il va partir en courant… » À suivre, donc…
u Dépôt de bilan

Jafar Hilali, qui ne veut plus mettre un euro dans le club, avait annoncé qu’il était prêt à déposer le bilan, quitte à perdre dans l’affaire les 7 millions d’euros investis. Acte qui représenterait une sorte de vengeance pour celui qui estime avoir été mal accueilli en Alsace.

Dans cette configuration, les dettes disparaissent, mais l’équipe subit dans le même temps une relégation administrative. Concrètement, cela veut dire que le Racing repartirait la saison prochaine en CFA ou en CFA 2, si un repreneur se manifeste.

« Et là, il faut compter un minimum de cinq ans pour retrouver le haut niveau, expose Thierry Wendling. L’avantage est que cela coûterait beaucoup moins cher à un éventuel repreneur, mais il faut alors se projeter sur le long terme. »

Et avoir un projet sportif cohérent. Histoire d’éviter un scénario à la FC Mulhouse, qui végète depuis des années au niveau amateur.
u Liquidation judiciaire

Si Jafar Hilali ne dépose pas le bilan et refuse de vendre le club, c’est la DNCG qui risque de dire « stop ».

Début juin, le président du Racing doit passer devant le gendarme financier du foot professionnel. Et au vu du budget annoncé jeudi soir par le directeur général Christophe Cornelie au conseil de surveillance (DNA d’hier), tout le monde sait que le club va droit dans le mur.

« Le budget sera retoqué par la DNCG, à coup sûr… Hilali table sur 4,4 millions d’euros de recettes, en vente de joueurs. C’est complètement surréaliste ».

Quand bien même le Racing récupérait 4 millions en vendant Damour, Othon ou Fanchone (sic), le problème ne serait pas réglé, « car la DNCG veut un équilibre des comptes sans comptabiliser les ventes de joueurs », souligne encore Wendling.

Hormis la DNCG, Jafar Hilali va aussi devoir faire face à la procédure d’alerte lancée par les commissaires aux comptes (dont Brice de Turckheim) concernant les finances du Racing. Procédure d’alerte qui sera étudiée par le conseil de surveillance de la SASP, qui se réunit lundi après-midi.

Cette procédure d’alerte permet de voir quel est l’état financier exact du club (passif, avoirs…). Un administrateur judiciaire peut ensuite éventuellement être nommé et à terme, cette action peut mener à une liquidation judiciaire.

Liquidation qui serait, sportivement parlant, le pire des scénarios, puisque le club serait relégué… en Excellence départementale.
u Statut pro

Un dépôt de bilan ou une liquidation judiciaire serait synonyme de perte du statut pro. Ce qui aurait des lourdes conséquences sur l’équipe – tous les joueurs étant alors libérés de leur contrat – tout comme sur le centre de formation… qui disparaîtrait, purement et simplement.

Mais le statut pro peut aussi être abandonné par Jafar Hilali même si l’équipe reste en National. Sauf que s’il fait cela, Jafar Hilali risque de retrouver la section amateur devant le tribunal, puisque le président de la SASP s’était engagé à garder le statut pro en échange des 300 000 euros donnés par l’Association.

Ba. Sch.