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L'Alsace a écrit :« Une usine à gaz »
L’actionnaire minoritaire Dominique Pignatelli a refusé hier de parapher le document que lui ont soumis les repreneurs Sébastien et Bernard Graeff. Si la vente du RCS n’est pas encore à l’eau, elle n’est toujours pas conclue non plus, alors que le club sera auditionné une première fois par la DNCG à 14h30.
Ce matin, Jafar Hilali est toujours propriétaire du Racing. Son rachat par Sébastien et Bernard Graeff, qui devait être officialisé hier lors de l’assemblée générale de la SASP (1), a sinon capoté, du moins été retardé par l’un de ces épisodes rocambolesques qui ont fait la légende du club bas-rhinois. Avec pas loin de quatre heures de palabres, des portes qui claquent ou se ferment au nez de la presse. Bref, un véritable vaudeville.
Alors qu’il était déjà dans le salon des présidents de la Meinau où était prévue l’AG, Dominique Pignatelli, l’un des trois actionnaires minoritaires principaux, a reçu un coup de téléphone de Jacky Kientz. L’ancien président (1990-1992) l’appelait depuis les locaux administratifs où il s’était enfermé avec Sébastien Graeff et son équipe. Objet du coup de fil : la signature immédiate de la cession de créances de 1,114 million d’euros au sujet de laquelle le patron d’Intergraphic et la famille Graeff avaient trouvé la veille au soir un accord de principe.
Avant d’entrer dans la salle, D. Pignatelli décrivait « une forme de soulagement. J’ai envie que le Racing se remette en marche, qu’on en finisse et qu’on reparle du sportif. »
Quelques minutes plus tard, le ton n’était évidemment plus le même, d’autant qu’on lui demandait de signer sur le champ un document de plusieurs pages qu’il n’avait pas reçu, ni donc lu avant l’AG. A telle enseigne qu’après avoir exprimé « une grande fatigue », l’actionnaire minoritaire alsacien a préféré laisser son avocat parler à sa place. « Nous subissons depuis 48 heures des pressions inadmissibles », s’est indigné Me Damien Wedrychowski, « Ce document ne correspond en rien à ce pourquoi Dominique Pignatelli s’est engagé mercredi soir par mail. C’est une usine à gaz monstrueuse où on lui demande de remonter le compte courant qu’il détient dans EuroRacing, la holding de tutelle du club, dans celle du dessus, Racing Investissements. Je ne peux pas conseiller à mon client d’abandonner ainsi son million. Sinon, il renonce à tout. Une des règles de base dans ce genre de négociations, c’est de ne jamais signer dans la précipitation. C’est précisément ce qu’on veut lui imposer. »
La DNCG en juge de paix
A l’évidence lassé, Dominique Pignatelli a finalement accepté de détailler les raisons de son refus : « On exige que je signe un document qu’a paraphé Christophe Cornelie, dont je viens d’apprendre qu’il n’est plus président d’EuroRacing et qu’il a été remplacé par M. Michel Jarry. J’ai dit que j’étais disposé à abandonner mon compte courant, mais sûrement pas à Cornelie et aux Londoniens. Je ne reviens absolument pas sur l’engagement que j’ai pris devant les salariés et l’opinion publique. Mais tout le monde en connaît les termes : j’abandonne 344000 euros sans clause de retour, mais pourrait prétendre à un remboursement de 270000 euros sitôt la remontée en Ligue 2 et un autre de 530000 euros suivant le retour en Ligue 1. Cet accord peut être rédigé en quelques lignes. Pourquoi, alors, un document de cinq ou six pages, avec des astérisques renvoyant à d’autres astérisques en tout petits caractères. Je veux que les gens comprennent bien que je ne suis pas à l’origine du blocage et que je ne veux pas empêcher la vente. Mais ce document doit être étudié sérieusement. »
Si Sébastien Graeff a refusé d’aborder la question, expliquant qu’il s’exprimerait une fois la vente conclue et demandant « un peu de temps », son porte-parole Jacky Kientz a indiqué que ces discussions pour le moins serrées étaient imposées par l’audience de tout à l’heure devant la DNCG (1). « Nous n’avons obtenu qu’une partie du report demandé. » Des propos corroborés par l’avocat de la famille Graeff, Arnaud Schmitt, durant l’AG (« C’est la première fois que la DNCG demande des documents originaux »), mais aussi par Lukas Furrer, futur membre du directoire, sitôt après : « La Fédération veut savoir si le bilan est équilibré. Elle nous a dit : apportez-nous les créances abandonnées par les minoritaires. »
Après l’AG, les négociations se sont poursuivies une bonne heure à la Meinau. Sans aboutir. Mais tard hier, D. Pignatelli et D. Wedrychowski ont soumis leur propre document à la famille Graeff. « Puisque nous ne sommes pas d’accord avec leur version, nous avons décidé d’écrire la nôtre. » On saura ce matin si elle agrée les futurs propriétaires.
Dans ce cas, le club franchira-t-il ensuite avec succès l’obstacle de la DNCG ? C’est là la question principale. Car Lukas Furrer l’a admis hier soir : un échec devant le gendarme financier de la FFF remettrait en cause l’accord entre la famille Graeff et Jafar Hilali.
Stéphane Godin
L'Alsace a écrit :« Une catastrophe »
Alain Fontanel (adjoint aux finances de Strasbourg) : « La DNCG vient de sanctionner pour la deuxième fois en quinze jours la gestion de M. Hilali. Un sauvetage du Racing a été tenté en appel dans le cadre d’une reprise du club. Un repreneur, avec le soutien des actionnaires minoritaires, a proposé in extremis des solutions. La DNCG s’est montrée implacable, probablement échaudée par les soubresauts de la saison écoulée. Il faut maintenant réfléchir rapidement aux conséquences de cette décision. »
Patrick Spielmann (président de l’association support RCS) : « Bastia était dans la même situation l’an dernier, mais a gagné son recours au CNOSF, a été réintégré et est aujourd’hui en Ligue 2. Sébastien Graeff va consulter ce week-end son avocat. Personnellement, j’ai accueilli la nouvelle avec une énorme tristesse. Je ne m’y attendais pas. »
Léonard Specht (champion de France 1979 et actionnaire minoritaire) : « Je suis surpris. Avec l’abandon des comptes courants et l’apport de Sébastien, il y a quelque chose de bizarre. Je me dis que ce n’est pas possible. On se retrouve en CFA, vous vous rendez compte. Maintenant, il faut savoir pourquoi. Je pensais que la Ville, les repreneurs et les minoritaires avaient fait ce qu’il fallait pour que l’obstacle soit franchi. On se retrouve de nouveau dans nos petits souliers. On va suivre l’évolution de la situation ces prochains jours. »
Jacky Canosi (entraîneur intérimaire) : « Les joueurs et le staff avons été avertis par M. Kientz après l’entraînement de l’après-midi. Il nous a dit que la rétrogradation était entérinée, que le club était maintenu en CFA et qu’il attendait d’en connaître les raisons. MM. Bernard et Sébastien Graeff vont voir, en concertation avec Jafar Hilali à qui le club appartient toujours, s’ils saisissent le CNOSF ou non. J’ai maintenu l’entraînement ce samedi matin, mais je ferai vraiment light pour ne pas risquer de blesser un joueur dans une situation aussi difficile. Je suis triste et déçu de cette sanction pour les joueurs et les salariés. Les gens qui travaillent au club sont fatigués. Mais à mon niveau, que puis-je faire, sinon le boulot jusqu’au bout ? »
Milovan Sikimic (ex-capitaine du Racing, qui devait rempiler pour deux saisons) : « Je ne comprends pas pourquoi il y a eu cet accord avec les minoritaires pour partir à Paris et se faire descendre. On m’a dit de refuser toutes les offres que j’avais pour rentrer à Strasbourg et signer deux ans. Résultat : je vais pouvoir jouer tout l’été au tennis. »
François Keller (entraîneur de la réserve, pressenti pour devenir coach de l’équipe professionnelle) : « Ma réaction est la même qu’après la non-vente à Frédéric Sitterlé. J’étais très étonné que Jafar Hilali ait refusé de vendre à M. Sitterlé, parce qu’il m’avait semblé que sa proposition était correcte et son projet, cohérent. J’ai une pensée pour les gens qui étaient prêts à mettre de l’argent et la sensation que tout a été fait pour nous sauver. J’ai envie de jeter le pavé sur la personne qui nous a emmenés jusque-là, mais pas sur ceux qui, depuis deux mois, ont tout tenté pour faire vivre le club, MM. Spielmann, Sitterlé, Specht, Pignatelli et, depuis quinze jours, Graeff. J’en veux terriblement au dernier propriétaire (Jafar Hilali). »
Jean-Marc Kuentz (directeur du centre de formation) : « Je ne sais pas quoi dire. J’ai du mal à exprimer ce que je ressens. Je pense surtout à tous les salariés du club, à mes collaborateurs de la formation et à tous les parents et les jeunes du centre qui attendaient depuis des mois un dénouement positif. »
Thierry Wendling (actionnaire minoritaire, responsable de l’enseignement au centre de formation) : « Je suis sur le c… Je ne peux pas dire autre chose. Pour les gamins, Jean-Marc Kuentz, François Keller et le centre que j’ai toujours défendus, c’est la catastrophe. Je ne trouve pas les mots. Tout le travail fait par Jean-Marc, François, toute la politique d’excellence que nous avons mise en place – avec dix bacheliers reçus sur onze candidats pour l’instant, dont sept avec mention, et un onzième au rattrapage - tombent à l’eau. On est mort à cause d’un mec qui a joué avec le club, l’humain, les gamins. Je suis anéanti pour eux plus que pour moi dont le sort ne dépend pas du Racing. On paie à cause de lui. La DNCG a pris cette décision parce qu’elle en avait ras-le-bol de ce clown (Jafar Hilali). L’avocat de Sébastien Graeff, Arnaud Schmitt, avait indiqué jeudi en AG que la partie n’était pas gagnée. Nous l’avions trouvé pessimiste. On comprend pourquoi. »
Jean-Luc Witzel (ancien directeur sportif) : « C’est un coup de massue, un coup de tonnerre pas possible. Avec l’AG de jeudi, l’effort incroyable de Dominique Pignatelli qui a accepté ce vendredi matin de tirer un trait sur son argent personnel - ce qui a aidé à débloquer la situation -, je pensais que le passage devant la DNCG ne serait qu’une formalité. Il s’avère qu’elle frappe fort cette année et que le Racing en fait les frais. C’est un tout : la communication de cette année, certainement des erreurs de gestion aussi. »
dès lundi à la 1ère heurelolo a écrit :C'est pas lundi ou mardi que le tribunal peut prononcer le dépôt de bilan, voire la liquidation?
Sans statut pro plus de centre de formationTenor a écrit :dès lundi à la 1ère heurelolo a écrit :C'est pas lundi ou mardi que le tribunal peut prononcer le dépôt de bilan, voire la liquidation?
ce qui est embêtant dans cette affaire, je n'ai jamais douté que le racing morde la poussière jusqu'au dépot de bilan, mais comment peut-on faire croire à la DNCG que le problème s'est réglé à la dernière minute...c'est du rafistolage pur et dur !
que les membres influents du racing aient perdu leur pognon ne me gêne guère, par contre si le dépôt de bilan est prononcé, non seulement on ne démarre pas en CFA mais dans une division qui reste à préciser. Si ces messieurs pouvaient nous accorder une dérogation pour reprendre en CFA directement, le club aura son avenir assuré dans la minute qui suit.
Plus de dettes à court et moyen terme, procès à venir aux oubliettes, centre de formation conservé....que demande le peuple.
C'est cette position qu'il faut impérativement défendre et rien d'autre. Des présidents vont se manifester à la pelle sans les dettes et les joueurs également...mais je pense que je rêve