DNA a écrit :Abdessadki à bout de nerfs
Recruté par les SRC pour apporter toute son expérience, Yacine Abdessadki (34 ans) n’a pas joué le moindre match officiel avec Colmar. Trois mois après avoir signé sa licence, le milieu n’est toujours pas qualifié et manquera donc les retrouvailles avec son ancien club, le RC Strasbourg, demain à la Meinau. Sa patience a des limites.
Il se faisait une joie de relever le défi colmarien, trois ans et demi après avoir disputé son dernier match officiel, sous le maillot de Fribourg, en Bundesliga. Yacine Abdessadki n’a pourtant pas mis un pied sur une pelouse de National, depuis le coup d’envoi du championnat début août.
La raison ? Inconnue ! Les versions varient d’un interlocuteur à l’autre. « La Fédération française de football ne peut pas valider ma licence tant que mon certificat international de transfert n’est pas arrivé, explique le milieu de terrain. Du côté de la ligue allemande, on me répond que mon dossier n’est pas complet car les SR Colmar n’ont pas effectué l’intégralité de la saisie informatique. Et maintenant, j’entends dire que ce sont les dirigeants de Fribourg, mon ancien club (2009-2012) , qui ne transmettent pas un document et font traîner les choses... »
Yacine Abdessadki ne serait pas surpris que cette dernière hypothèse soit fondée. « Ça serait mesquin, mais ça ne m’étonnerait pas d’eux. À l’époque, ils avaient été irrespectueux et avaient tenté de me licencier abusivement pour faire des économies. Ils étaient en tort et avaient été contraints de trouver un accord avec moi pour ne pas que je porte l’affaire en justice. »
« J’ai l’impression que je deviens fou, tellement ce qu’on me raconte est confus ! »
Faute d’éléments tangibles, le joueur continue à se demander qui est réellement « fautif » dans cette histoire. « J’appelle partout, mais j’ai l’impression que je deviens fou, tellement ce qu’on me raconte est confus ! Tout le monde se renvoie la balle. Qui a raison ? Qui a tort ? C’est impossible à savoir... » Trois mois après s’être engagé avec les SRC, le Franco-Marocain n’en peut plus d’être privé de compétition. Et presse son club de tout mettre en œuvre pour débloquer la situation.
« À un moment, il va falloir que quelqu’un se bouge et se révolte. Sinon, je vais m’en occuper personnellement, car c’est moi qui en pâtis. Ce n’est pas normal que ça traîne autant. À chacun son métier et ses responsabilités. Quel que soit le niveau, un club se doit de remuer ciel et terre pour qu’un joueur puisse exercer sa passion. Fribourg, c’est tout près de Colmar, quelqu’un pourrait se déplacer, si le téléphone ne suffit pas... Actuellement, je ne peux pas pratiquer le football, même en D1 départementale ! C’est quand même incroyable et scandaleux. »
« Je suis en train de perdre mon temps »
L’absence de Yacine Abdessadki prend une résonnance toute particulière en cette semaine de derby. Si tout s’était passé comme prévu, le milieu aurait refoulé une pelouse qui lui est chère : celle de la Meinau, où il a écrit quelques-unes des plus belles pages de sa carrière (1998-2002, 2003-2005, 2006-2008), en L1 comme en L2, avant de s’expatrier outre-Rhin.
« Ce jardin-là, je le connais bien et le retrouver, ça m’aurait bien plu, s’efforce de sourire l’ancien professionnel. À Strasbourg, la ferveur est grande. J’apprécie énormément le club et la ville. J’ai conservé beaucoup d’amis en tribunes : des supporters et même certains actionnaires... »
Mais « le plus frustrant », précise-t-il, « c’est de ne pas pouvoir aider mes coéquipiers sur le terrain ». « Je me lève tous les matins pour m’entraîner sans but ni perspective, déplore la recrue colmarienne. J’étais censé apporter mon vécu, mon expérience et ma vision du jeu. Mais aujourd’hui, je ne sers pas à grand-chose. Je suis en train de perdre mon temps. »