Maintenant si Sochaux lui offre un contrat en or, ce qui m'étonnerait, à la limite je comprendrait qu'il aille signer la bas
Mais franchement il n'a rien a espérer à Sochaux sportivement parlant
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dna a écrit :Le tailleur de diamant
S’il peut compter sur un buteur efficace, avec Khalid Boutaïb, auteur de 18 buts cette saison, le Racing a aussi dans sa manche un atout maître en termes de passes décisives, Dimitri Lienard.
Il vient de tout en bas, et pas seulement parce qu’il est originaire de Franche-Comté. Mais Dimitri Lienard rend de sacrés coups de main pour un Racing aux portes de la Ligue 1. Ou plutôt de sacrés coups de pied, du gauche en général. Pour sa 4e saison au club, l’ailier gauche n’apparaissait pas comme un élément indiscutable à l’été dernier.
Lui pouvait nourrir la joie simple de découvrir le monde pro à 28 ans révolus, un bonheur lié au seul fait d’être là. Il faut bien admettre que l’enfant de Belfort n’en finit pas de bluffer son monde et peut-être de s’épater lui-même. À deux semaines des comptes (quasi) définitifs (*), l’intéressé pointe parmi les meilleurs passeurs décisifs du championnat, dix caviars à son actif.
« Un vrai nain de jardin, un gringalet »
On ne l’attendait pas à pareille fête. « C’est sûr, se retrouver à la lutte avec Nivet et Darbion ( les expérimentés Troyens, huit passes décisives chacun ) , Court (le milieu du Gazélec Ajaccio) , ça fait quelque chose, souligne-t-il dans son savoureux accent du Doubs. Je suis juste derrière Savanier ( le Nîmois, onze passes au compteur ), mais lui, il en a réussi dix sur coup de pied arrêté. Moi, c’est cinq sur dix et cela prouve que je participe au jeu. »
Il ne ménage effectivement pas ses efforts et ne se contente pas de botter corners et coups francs. Le garçon s’efforce aussi de contrarier les relances adverses même si, en la matière, il a dû se faire violence. « Depuis que je suis tout petit, dans tous les clubs où je suis passé, à Belfort, à Mulhouse, j’ai toujours pu m’appuyer sur ma patte gauche, explique-t-il. Et j’avais plutôt intérêt. À 20 ans, je n’avais aucune puissance, un vrai nain de jardin, un gringalet. »
Il a su prendre du volume, sans perdre de sa fraîcheur. Dimitri Lienard assume son côté brut de décoffrage, en joue et brille. Mais à mesure que le niveau s’élève… « Longtemps, j’étais zéro pointé en tactique, constate-t-il. J’avais un peu travaillé la chose avec Laurent Croci, mais je me dis aussi que je dois garder un peu mon grain de folie. Je me souviens d’un match face au Poiré/Vie (en décembre 2013) où je m’étais fait engueuler parce que je traînais sur le côté droit. Eh bien finalement, j’avais envoyé un ballon dans la lucarne pour revenir au score. »
Décisif à quatorze reprises cette saison (dix passes mais également quatre buts), Lienard sait néanmoins que les choses sont un peu plus sérieuses à trois matches de la fin, lorsqu’on pointe en tête du championnat de Ligue 2. Mais le profil du Racing nourrit une forme de confiance.
« Franchement, si je suis bien placé dans ce classement des passeurs, c’est aussi parce que les attaquants que j’ai devant n’ont pas les pieds carrés, apprécie-t-il. On a des grands gabarits qui peuvent s’imposer sur mes coups de pied arrêtés. Il y a aussi le style de jeu de l’équipe, plutôt offensif. Et sur le terrain, je suis un peu plus en retrait, face au jeu, d’où je peux débloquer des situations. »
Il se prend au jeu de la rivalité dans les hauteurs, constatant que le Nîmois Savanier lui répond à chacune de ses passes décisives, depuis deux mois ou presque, appréciant la forme de liberté que lui a accordée Thierry Laurey, son coach. « Il me laisse gérer ma sauce, explique Dimitri Lienard, qui admet qu’il n’y a pas vraiment de combinaison sur les corners et les coups francs. Je dois juste être concentré, dans mon assiette, sachant que j’ai quand même un style un peu original et que je frappe souvent fort. Je pourrais peut-être varier un peu mais comme ça marche... Comme le dit l’entraîneur, j’ai encore une marge de progression et c’est appréciable à presque trente ans. »
« Je veux que ça continue »
Il ne boude pas son bonheur d’avoir laissé une empreinte chez quelques-uns, dans le passé, et d’envisager la suite en grand, à l’échelon du dessus.
« J’ai tout connu, le championnat de district, la DH, le CFA2, le CFA, le National…, sourit celui qui conserve un regard de gamin sur le monde auquel il participe. La satisfaction, c’est que des joueurs adverses, en National, disaient la saison dernière que je les faisais ch... avec mes coups francs. Là, je veux que ça continue parce que cela voudra dire que je suis décisif pour l’équipe. Pourquoi pas en trouvant Kadou ( Kader Mangane ) ? Avec ses deux mètres ( en fait, 1m93 ), il peut quand même nous en mettre un de la tête avant la fin de saison. »
Lienard n’a pas perdu ses plaisirs d’enfant à taper dans le ballon. Il reste un ovni qui ne manque pas de rentrer du bois, à l’orée de chaque hiver, pour s’organiser quelques douillettes flambées à la maison. Le joueur à part compte encore réserver quelques braises, pour les Sang et Or lundi. Pour lui, à presque trente ans, c’est loin d’être fini. C’est même un peu comme si à chaque match, ça recommençait en même temps que réapparaît la possibilité de jouer un joli tour de garnement. Le tailleur de diamant est une pépite.
* : au soir de la 38e journée de L2 sera connue l’identité du 3e amené à disputer un barrage avec le 18e de L1 en un match aller-retour les 25 et 28 mai.

