dna a écrit : Bellegarde, la gauche caviar
Depuis maintenant quatre journées de Ligue 1, Jeanricner Bellegarde (22 ans) s’est installé au poste de milieu gauche au Racing. Sa technique et sa vitesse lui permettent de “régaler” sur le front offensif, même si le dernier geste lui fait encore défaut.
S’il était politicien, on pourrait dire que Jeanricner Bellegarde a retourné sa veste. D’un poste au centre-droit un peu mollasson, sans grandes convictions, il a viré à gauche toute.
On ne parlera pas d’Insoumis, parce que le garçon né à Colombes doit encore un peu “muscler” son jeu, en paraphrasant Aimé Jacquet, et hausser le ton pour se débarrasser de cette timidité naturelle qui lui donne de faux airs de N’Golo Kanté. Quitte à trouver une comparaison, on pourrait parler de gauche caviar pour le lutin (1,72 m) au jeu explosif et à la technique affirmée.
Concernant ses opinions politiques, on ne lui a pas demandé. Et pour ce qui est de sa position sur le terrain, “Jean-jean” ne fait pas grand cas de ces considérations partisanes. « Que ce soit à droite ou à gauche, peu importe, l’essentiel est que je joue et que je puisse apporter quelque chose à l’équipe », tranche-t-il, avant de nuancer du bout des lèvres : « À gauche, j’ai peut-être un peu plus d’automatismes avec mes coéquipiers, je m’y sens plus à l’aise. »
À Lens, où il a débuté en Ligue 2, Bellegarde évoluait dans un rôle plus offensif, sur le côté droit de l’entrejeu. Arrivé à Strasbourg à l’été 2019, il a été repositionné plus bas sur le terrain, en sentinelle devant la défense, poste qu’il partageait la plupart du temps avec Ibrahima Sissoko, son binôme que tout oppose en termes de taille et de vitesse.
S’il l’a acceptée sans rechigner, la mission défensive n’est visiblement pas son atout principal. L’entraîneur du Racing a en tout cas cherché cette saison à minorer son implication en la matière, utilisant d’abord Alexander Djiku puis Jean-Eudes Aholou, revenu en prêt de Monaco, pour densifier le secteur.
Du coup, Bellegarde s’est à nouveau senti pousser des ailes. D’abord sur le côté droit, puis donc désormais à gauche depuis début novembre et le déplacement à Reims. Si le Racing s’était bêtement incliné à Delaune (2-1), le n°17 des Bleus avait relancé le match en perforant la défense et en provoquant un penalty, transformé par Ajorque.
Rebelote à Montpellier, où il avait obtenu un nouveau “péno”, celui de l’égalisation à 2-2, ce qui n’avait pas suffi à empêcher un revers supplémentaire (4-3).
« Je me sentirai dans une période faste quand l’équipe sera sortie du bas du classement »
Toujours est-il qu’une fois lancé, le Franco-Haïtien est difficile à arrêter. Encore plus quand il part de son côté gauche, son enchaînement de crochets courts et sa vitesse d’exécution lui permettant de repiquer dans l’axe et de se présenter en position de force sur son pied droit.
Seul bémol : en dehors de trois penalties provoqués - en y ajoutant celui de la saison passée, contre Nantes (2-1) à la Meinau -, le garçon n’a jamais pu soigner ses statistiques : en Ligue 1, il n’affiche toujours aucun but ni aucune passe décisive. Son seul fait marquant à ce jour avec le Racing est une réalisation à Angoulême, en 16e de finale de la Coupe de France en janvier dernier (1-5).
« Je sais, il y a souvent ma dernière passe qui n’arrive pas », reconnaît-il. « Je continue à bosser dur et j’espère que ça va payer. Là, je suis plus porté vers l’avant, plus présent dans les zones offensives. On m’a souvent dit d’accompagner les actions, j’espère que ça va continuer. »
Surtout, l’ex-international Espoirs veut que son équipe puisse enfin décoller. « Quand je regarde le classement, ça me travaille un peu, mais je ressens des ondes positives au sein du groupe », assure-t-il. « On l’a encore vu contre Rennes : même à dix contre onze en 2e mi-temps, on n’a pas lâché (1-1). Il faut bâtir sur cet état d’esprit pour prendre des points partout où l’on peut. »
Dimanche (15 h) à Nantes, « une équipe qui peut être dangereuse avec son attaquant de pointe en pleine bourre (Randal Kolo Muani), mais qui a aussi des failles en défense », il s’agira d’en récolter. Comment ? « Comme à Brest (victoire 0-3), il faudra être à la fois solide en défense et jouer les coups à fond de l’autre côté ».
Quand on lui dit que le déclic peut venir de ses pieds, parce qu’il est en grande forme, il sourit poliment. « Oui, ce serait bien. Mais franchement, je me sentirai dans une période faste quand l’équipe sera sortie du bas du classement. »
Il y a encore du chemin à parcourir, à la fois pour le Racing et Jeanricner Bellegarde, avant de vivre le grand soir.