dna a écrit : Sanjin Prcic, l’été du renouveau
Le changement d’entraîneur à l’intersaison a marqué un nouveau départ pour Sanjin Prcic. Relancé dans le cœur du jeu par Julien Stéphan, le Franco-Bosnien âgé de 27 ans devrait enchaîner une troisième titularisation, ce dimanche (15h) contre Brest. Avec une seule priorité : défendre le collectif.
Pour trouver trace de deux titularisations de rang en championnat avec le maillot du Racing sur son dos, il faut remonter loin dans le temps. En mai 2019, pour être précis – à Dijon et contre Rennes –, soit plus de deux ans, quand il n’était encore que prêté en seconde partie de saison par le club espagnol de Levante.
« Toujours croire en soi, travailler, être patient »
Alors, forcément, revoir Sanjin Prcic commencer deux matches de suite, l’autre samedi à Paris (défaite 4-2) et dimanche dernier contre Troyes (1-1), constitue un événement. Et une forme de renaissance pour le milieu de terrain que Thierry Laurey avait fini par visser sur le banc de touche la saison dernière, avec 36 convocations dans le groupe pour… trois titularisations.
En garçon poli et respectueux, le natif de Belfort ne s’était jamais plaint. Peut-être parce que depuis le centre de formation, puis ses débuts en Ligue 1, à l’âge de 19 ans avec le FC Sochaux, il a connu pas mal de « moments difficiles », notamment à cause d’un corps fragile et de blessures à répétition. Mais l’international bosnien s’est toujours relevé.
« Ce qui m’a fait tenir dans la difficulté, c’est la passion, parce que j’aime profondément le football, dit-il. Je m’investis beaucoup dans mon travail, je ne lâche pas. Il faut toujours croire en soi, travailler, être patient. »
Son attitude exemplaire, au sortir d’une saison 2019/2020 plombée par des maux de dos puis interrompue par le Covid, n’avait donc pas suffi à convaincre Thierry Laurey. Une injustice à ses yeux ? « Je n’ai pas envie de voir les choses comme ça, répond-il avec sagesse. Ce sont des périodes qui me font gagner en maturité. L’essentiel est de rester concentré sur l’objectif. »
« Retrouver le rythme que j’ai perdu »
C’est tout de même avec soulagement que Sanjin Prcic a vu débarquer au début de l’été Julien Stéphan, l’ex-coach de Rennes que le joueur avait côtoyé de loin dans le club breton. « Il entraînait les U 19 quand je suis arrivé (en 2014/2015) puis la réserve à mon retour de prêt en Italie (de 2016 à 2018) , dit-il. Mais il ne m’avait jamais coaché. Je suppose qu’il a dû se demander, en arrivant à Strasbourg, pourquoi je ne jouais plus. » Durant la préparation, le technicien redonne du temps de jeu et des responsabilités à son milieu de terrain. Jusqu’à cette double titularisation et une probable troisième cape, ce dimanche contre Brest, étant donné que Jean-Eudes Aholou traîne toujours sa blessure au psoas (lire ci-contre).
L’intéressé juge ce retour en grâce comme « la suite logique des choses quand tu donnes le maximum à l’entraînement ».
« Je prends du plaisir, j’essaye tous les jours de monter en puissance pour gagner en impact et retrouver le rythme que j’ai perdu, précise-t-il. Ça fait du bien physiquement et moralement, mais il faut continuer et évoluer. »
Alors que son contrat arrive à échéance en fin de saison, le Franco-Bosnien ne se pose pas mille questions. « Je prends les choses comme elles viennent, je donne le maximum pour moi, pour l’équipe aussi sans regarder mon contrat. Parce que je suis un joueur de collectif, mes objectifs sont collectifs. »
Celui qui a soulevé la Coupe de la Ligue en mars 2019 mais n’a toujours pas remporté le moindre match de championnat avec le Racing en 18 titularisations veut désormais être acteur du premier succès de la saison.
« Dans une bulle positive »
« On n’a pris qu’un point, mais on voit une évolution sur nos trois matches, dit-il. Il y a une bonne dynamique qui s’est installée, des principes de jeu que l’on arrive petit à petit à reproduire en compétition, des joueurs à l’écoute du staff et aussi le retour du public. Tout ça fait que l’on est dans une bulle positive. On peut croire en quelque chose de bien. »
Dès dimanche, il s’agira de « valider le travail qui est fait depuis deux mois ». Même s’il s’en défend et refuse de « mettre trop de pression sur le résultat », Sanjin Prcic sait aussi qu’une victoire contre Brest aurait valeur de renaissance personnelle. Après avoir tant souffert en silence, il mériterait bien de retrouver la lumière dans une Meinau en joie.
France-Bosnie, un « match spécial »
Pour Sanjin Prcic, le France-Bosnie en éliminatoires au Mondial-2022, mercredi prochain (20h45) à la Meinau, est forcément un « match spécial » qui fait « parler dans toute la famille depuis de longs mois ». « Je suis né en France, j’ai grandi ici, mes amis vivent ici, mais mes parents m’ont aussi ouvert à la culture de la Bosnie, où je passe pas mal de temps », précise-t-il. Le milieu du Racing a porté « avec beaucoup de fierté » à huit reprises le maillot bosnien entre 2014 et 2018 sous les ordres de Safet Susic, Mecha Bazdarevic et Robert Prosinecki, « des ex-joueurs extraordinaires ». Il sera dans les tribunes mais aurait préféré « être convoqué dans le groupe pour participer à cet événement ».