Ginestet : « Je suis flatté »
Honoré de la confiance des cinq autres actionnaires du Racing qui lui ont proposé la présidence, l'investisseur immobilier Philippe Ginestet réserve sa réponse. Le temps d'affiner son projet.
Il avait filé sans piper mot mardi après la réunion des six actionnaires de « Sportinvest », la société propriétaire du Racing depuis mai 2003 et à la tête de laquelle se trouve le président Egon Gindorf jusqu'au 30 juin prochain. Hier, Philippe Ginestet, patron du groupe « Eurinvest », est sorti de sa – passagère – réserve.
“ Philippe Ginestet, serez-vous le président du Racing à compter du 1e r juillet 2005 ?â€
Tout ce qui arrive est nouveau pour moi et peu de gens me connaissent en Alsace, parce que je suis plutôt discret. Je suis flatté de la confiance que les autres actionnaires me témoignent et je les en remercie. Si j'ai demandé un délai de réflexion de 15 jours, ça n'a rien de politique. Je suis un homme de dossiers et de gestion. J'ai un projet en tête et je suis en train de l'affiner. Depuis mon arrivée au Racing, j'ai mis à profit les 18 mois écoulés pour analyser les faiblesses – il y en a – et les forces du club – il y en a beaucoup plus. Si je devais accepter la présidence, ce ne serait pas pour la gloire, mais parce que j'aurais l'intime conviction de pouvoir apporter quelque chose. Ma décision dépendra de cela. Si j'étais déjà certain à 100 % de ma réponse, ce serait oui ou non.
“ On voit mal ce qui pourrait vous empêcher de dire oui ?â€
Une chose est sûre : que les dirigeants réinvestissent alors que la situation sportive est catastrophique est un signe fort. Les actionnaires « historiques » sont des gens sérieux, de bonne moralité et ne sont pas des rêveurs. Personne ne pourra, dans ce contexte difficile, nous taxer d'opportunisme. Aujourd'hui, le club me donne l'impression d'un coureur de demi-fond engagé dans un 5000 m. Il a accompli d'incroyables efforts dans les 4500 premiers mètres et le dernier tour est le plus dur. Marc (Keller) travaille comme un fou depuis près de quatre ans. Si je renforce mon investissement, c'est pour l'aider, lui et le Racing, à franchir la ligne d'arrivée d'une course qui dure depuis trop longtemps, avec trop de vicissitudes. Les six actionnaires ont compris qu'ils avaient un cap difficile à passer. Alors que le classement de l'équipe est terrible, l'actionnariat fait preuve d'unité et montre qu'il n'est pas du genre à quitter le navire à la première voie d'eau.
“ « L'Alsace » estimait hier entre 2 et 3 millions d'euros l'augmentation de capital à laquelle vous procéderez prochainement… â€
C'est dans cette fourchette-là .
“ N'a-t-elle pas été rendue nécessaire par le classement de l'équipe ? â€
Absolument. Nous devons anticiper un creux financier. Si nous étions 10es en ce moment, toutes ces discussions, sauf pour la succession d'Egon dont le départ était programmé, n'auraient pas eu lieu. Elles ont été dictées par les circonstances. Si nous ne terminons pas entre les 10e et 12e places, il y aura un manque à gagner. Mais la saison n'est pas finie.
“ L'investissement de cet automne en préfigure-t-il d'autres plus importants à terme ? â€
Non. Nous espérons tous que nous mettrons la main au portefeuille pour la dernière fois et que nous parviendrons ensuite à trouver un rythme de croisière normal pour atteindre l'équilibre. Les actions de gestion que nous allons mener doivent nous y conduire.
“ Lesquelles ? â€
Je n'entrerai pas dans les détails aujourd'hui. L'urgence, c'est de prendre des points. Avec un peu plus de réalisme offensif, nous pourrions en compter 3 ou 4 de plus. Et la situation serait moins tendue. Je soutiens Antoine Kombouaré. A lui de travailler sur la psychologie des garçons. Leurs qualités ne sont pas en cause, mais ils jouent avec le frein à main. Antoine doit les désinhiber. Il y a un verrou psychologique à faire sauter. Quand j'ai vu mes premiers matches à la Meinau grâce aux billets que m'offrait Eric Vogel (l'ex-pro du milieu des années 1990), je rêvais les yeux grand ouverts. J'aime ce club. Et j'espère que les joueurs vont de nouveau nous faire rêver, nous rendre notre fierté et montrer qu'ils méritent mieux que d'être derniers de la classe.
PHILIPPE GINESTET Né le 26 août 1966. Originaire d'Albi. Marié, père de trois enfants. S'installe à Strasbourg en 1985, après un Bac B avec mention (économie), et investit dans un magasin de vêtements. « Comme simple commerçant », dit-il. Il en ouvrira plusieurs autres par la suite avant de revendre son affaire. Crée en 1993 le groupe Eurinvest, spécialisé dans l'investissement immobilier, qui travaille sur le territoire français et en Belgique et met notamment des murs commerciaux à disposition de grandes enseignes de la distribution (La Halle aux Vêtements, C & A). Achète 5,5 % des parts en mai 2003 lors de l'acquisition du Racing par « Sportinvest ». Actuel vice-président du conseil de surveillance du club.