Duguépéroux, tête de liste
Sur le banc du Racing trois saisons durant (de 1995 à 1998), Jacky Duguépéroux représente l'alternative immédiate la plus simple et la plus crédible au remplacement d'Antoine Kombouaré. Pour un intérim de quelques semaines. Dans un premier temps du moins.
La question s'est posée dès samedi soir. A la mi-temps du non-match face à Nantes. Quand il est devenu évident que rien ne jaillirait plus du néant, l'idée de remplacer Antoine Kombouaré s'est imposée. En même temps que la nécessité de lui trouver un remplaçant pour transformer cette équipe morte-née en un ensemble sinon conquérant, au moins cohérent.
Profil type recherché : être capable de mener ses troupes à la baguette et de mettre un gros coup de pied dans la fourmilière, disposer d'une conséquente expérience sur le banc, être disponible immédiatement et... ne pas être trop gourmand financièrement. Bref, un profil à la « Red Adair » qui va comme un portrait-robot à Jacky Duguépéroux.
L'un des seuls recours
A 56 ans, l'entraîneur de l'équipe vainqueur de la coupe de la Ligue en 1997 est évidemment en tête de liste depuis hier. Même si, tant que le limogeage d'Antoine Kombouaré n'est pas officiel, personne ne le confirmera. Reste que tout le monde pense forcément à lui comme l'un des seuls recours possibles aujourd'hui.
Parce que dans le club on connaît son intransigeance et son caractère disons... très peu conciliant et que c'est exactement ce qu'il faut à cette équipe-là . Et puis parce que l'homme est dans la place, qu'il connaît l'environnement par coeur et qu'il a déjà un salaire. Beaucoup, beaucoup d'avantages donc.
Recadrage sévère
D'autant que son précédent passage sur le banc a marqué le club. Arrivé, déjà comme intérimaire, dans le sillage d'un Daniel Jeandupeux en guerre ouverte avec certains de ses joueurs (Sauzée, Gravelaine notamment), l'ancien défenseur des champions de France 1979 avait pris l'équipe au lendemain d'un peu glorieux 0-0 face à Lens le 26 mars 1995 qui reléguait les Strasbourgeois à la 11e place du classement.
Une crise morale et non sportive donc, sans rapport avec celle du moment qui est exactement l'inverse. Il n'empêche, à l'époque, il fallait remettre de l'ordre dans la maison et faire rentrer dans le rang des fortes têtes d'un autre calibre que celles d'aujourd'hui. Duguépéroux l'a fait. Pour avoir vécu le recadrage de l'intérieur, Marc Keller s'en souvient mieux que personne.
Les meilleures années
D'autant que durant trois saisons, Jacky Duguéperoux a surfé sur la vague du succès. Avec une finale de coupe de France en 1995 perdue 1-0 face au PSG, une victoire en coupe de la Ligue donc, deux qualifications européennes (11 matches). Sans parler de l'épopée en UEFA marquée par les éliminations des Glasgow Rangers, de Liverpool et par une victoire à la Meinau face à l'Inter de Milan de Ronaldo et Djorkaeff. Les meilleures années sportives du club depuis le titre.
Tout ça est forcément en mémoire, forcément. Même si l'affaire s'est moyennement terminée avec son remplacement par René Girard le 22 janvier 1998 après 1 032 jours à la tête de l'équipe première tout de même. Pas mal pour un « intérimaire ». Depuis d'ailleurs, personne n'a duré aussi longtemps que lui sur le banc à la Meinau.
Alain Perrin comme alternative ?
Duguépéroux donc, comme une évidence. A moins que l'actuel responsable de la cellule recrutement du Racing ne repousse l'offre qui lui sera sans doute faite dans la matinée. Là , ce serait un coup dur pour les dirigeants strasbourgeois qui devraient chercher ailleurs ce qu'ils ont sous la main. Avec le risque que la greffe ne prenne pas. Et les risques, ils n'ont plus trop le temps ni les moyens d'en prendre.
L'hypothèse Hasek tenant difficilement la corde vu que l'ex-capitaine de la sélection tchèque, dont le contrat avec Kobé au Japon a pris fin la semaine dernière, a quitté Strasbourg il y a un an et demi pour se rapprocher de sa famille, Alain Perrin apparaîtrait dès lors comme une alternative crédible. A moyen ou long terme.
Le temps d'arriver
L'ancien coach de l'OM présente en effet le bon profil. Celui de redresseur de torts. Mais il est actuellement aux Emirats Arabes Unis, à Al Aïn. Et même s'il ne demande qu'à en partir, il lui faut tout de même le temps d'arriver. D'où la notion de moyen ou de long terme.
Après, toutes les supputations sont possibles. De Denoueix à Antonetti en passant par Nouzaret, Bernardet, Gili ou Hadzibegic, toute la liste des coaches plus ou moins en rupture (de banc, évidemment) sera passée en revue. Mais ça, ce sera seulement si Duguépéroux décline l'offre.
Ce choix va etre crucial !
DANS LE RETRO «Dugué» a tout gagné
Jacky Duguépéroux était devenu le 35e entraîneur du Racing professionnel lorsque le 27 mars 1995, le président de l'époque, Roland Weller, l'avait bombardé aux manettes de l'équipe, en lieu et place de Daniel Jeandupeux, alors qu'il s'occupait jusque-là des moins de 17 ans. Aujourd'hui peut-être, il pourrait faire l'objet de la 47e nomination en remplacement d'Antoine Kombouaré. Avec le RCS, «Dugué» a tout gagné ou presque. Comme joueur d'abord, puisqu'il est devenu champion de France en 1979 sous la férule de Gilbert Gress. Comme entraîneur ensuite, avec, certes, une finale de Coupe de France perdue le 13 mai 1995 (0-1) contre le PSG et un certain… Antoine Kombouaré, mais avec, surtout, un sacre en Coupe de la Ligue le 12 avril 1997. Au crédit de ce Breton de 56 ans, on portera aussi les deux superbes épopées en Coupe UEFA de 1995 (élimination en 16e s face au Milan AC) et, surtout, de l'automne 1997. Le RCS avait alors successivement sorti les Glasgow Rangers en 32e s et Liverpool en 16e s avant de tomber les armes à la main face à l'Inter Milan de Ronaldo et Youri Djorkaeff (2-0 à la Meinau, 0-3 à San Siro). «J'ai passé d'excellents moments au poste d'entraîneur», se remémorait-il hier soir. «C'est vrai, ça s'est mal fini et j'en ai souffert, mais pour des raisons extrasportives.» Le 22 janvier 1998, après 1033 jours de «règne» — le 3e bail le plus long (1) de l'histoire des entraîneurs strasbourgeois après le recordman Charles Nicolas du 1e r juillet 1948 au 12 avril 1952 et son dauphin Pépé Blum du 1e r juillet 1935 au 30 juin 1938 -, Jacky Duguépéroux est remercié par le président Patrick Proisy. Le Racing est alors 17e, mais «Dugué» se savait en sursis. Proisy, qui ne le jugeait pas assez charismatique, a sauté sur la 1è r e occasion pour l'évincer. Mais prévoyant, le technicien avait, lors de son intronisation en mars 1995, fait ajouter un avenant à son contrat stipulant qu'en cas de départ de l'équipe pro, il prendrait aussitôt la direction du centre de formation jusqu'en juin 2003.
(1) Paul Frantz et Gilbert Gress ont cumulé plus de temps de présence, mais en quatre périodes pour le premier et en deux pour le second.
Raaaaaa ... ca rappelle de bon souvenir quand meme ...