DNA a écrit :Picards piqués au vif
Candidat malheureux à  la montée voilà  deux ans, face notamment au Racing de Jean-Pierre Papin, Amiens est entre-temps rentré dans le rang. Le club picard, qui peine à  garder la tête au-dessus de la ligne de flottaison, veut croire en l'exploit contre une équipe alsacienne claudiquante.
 C'était un soir d'août 2006, dans la douceur d'un stade de la Licorne coiffé d'une voûte étoilée. Le Racing de JPP y avait vu trente-six chandelles après s'être lamentablement vautré (1-0, 2e journée). Mal engagée, l'opération « reconquête » décrétée par Philippe Ginestet avait heureusement pris un tour plus avantageux, à  la faveur des arrivées de Cohade et de Strasser aux dernières heures du mercato.
Autant de buts contre Ajaccio que lors des six rencontres précédentes
 A cette époque lointaine - Cassard et Lacour sont les seuls rescapés de la dernière virée en Somme -, Amiens naissait timidement aux ambitions. La troupe de Ludovic Batelli, parti cet été pour occuper le banc de Troyes, s'était rapidement prise au jeu. Jusqu'à  venir enquiquiner les Alsaciens dans l'emballage final, n'échouant qu'à  un point d'eux et du podium. Cette aventure grisante n'a connu aucun lendemain. Si ce n'est de ceux qui déchantent. La saison dernière, les coéquipiers de Thibault Giresse ont ainsi passé leur saison à  ferrailler dans les bas-fonds du classement. Leur seul fait d'armes reste une qualification en 16es de finale de la Coupe de la Ligue, décrochée sur le terrain de la... Meinau (0-2). Arrivé en provenance de Sète à  l'intersaison au relais de Batelli, Thierry Laurey n'est visiblement pas parvenu à  insuffler un vent de renouveau. Amiens, 15e à  trois points du premier relégable avec onze joueurs en fin de contrat, est toujours à  la traîne. Son jeu, jugé stéréotypé et fade par les observateurs du club, n'enchante guère les foules. Dans le sillage d'un Heitzmann en perte de vitesse - meilleur buteur avec trois réalisations, en compagnie de Contout -, les attaquants peinent à  faire des étincelles. A preuve, Amiens a marqué autant de buts contre Ajaccio (2-0) que lors des six rencontres précédentes. Et puis il y a eu le camouflet de la Coupe de France. Quand le Racing s'offrait une semaine de répit en passant Sannois Saint-Gratien à  la moulinette (6-0), les Picards chutaient à  Saint-Omer (1-0), une équipe de Ligue. Un peu comme si Reipertswiller s'était offert la tête des Strasbourgeois... En dépit des résultats décevants, l'ASC veut croire en des jours meilleurs. Selon Benoît Haaby, l'Alsacien de la défense amiénoise, son équipe n'a de toute façon « plus le choix. » « Nous avons bêtement laissé filer des points contre des adversaires à  notre portée, dit le garçon de 26 ans formé au FC Mulhouse. On s'est mis tout seul dans une situation délicate. Pour s'en sortir, il faudra se rattraper contre les "gros" du Championnat. »
Peut-être à  guichets fermés
 Et Strasbourg, justement, est considéré comme une pointure. Le fait que le match soit retransmis à  la télé, donc décalé à  un jour indu pour la pratique du football, ne refroidit apparemment pas les ardeurs locales. « Il ne reste plus que 1 500 places de disponibles, poursuit Haaby. Ça ferait plaisir de jouer à  guichets fermés (12 000), avec un public qui nous pousse à  produire du jeu. » La dernière - et seule - fois où Laurey et ses hommes ont eu les faveurs du diffuseur principal de la Ligue 2, ils avaient réalisé leur meilleure prestation de la saison pour accrocher Metz (1-1, 3e journée). Cette fois, il s'agira de franchir un palier supplémentaire, en tentant d'infliger la troisième défaite de rang à  l'ex-leader. Les retours de Maxime Brillault et du capitaine Carl Tourenne, jugés aptes après être passés le week-end dernier par la case CFA 2, pourraient contribuer à  étoffer un secteur défensif au sein duquel le gardien Benoît Benvegnu est le plus en vue. Ce qui est rarement bon signe. « Avec les absences et les suspensions, on a été contraint de bricoler un peu en plaçant des joueurs à  des postes inhabituels, explique Haaby, inamovible titulaire en défense centrale lors des seize premières journées. Petit à  petit, tout devrait rentrer dans l'ordre. » Jean-Marc Furlan peut d'ores et déjà  croiser les doigts pour que le réveil amiénois ne soit pas trop fracassant.
Sébastien Keller