
Le Centenaire du Racing
- raphou96
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Je suis passé voir l'expo sur le centenaire, c'est sympa de retraver l'ensemble des 100 du racing.
Ils ont une belle maquette du Stade de la Meinau, c'est vraiment pas mal, et ont peut voir tous les anciens maillots durant ces 100 ans.
J'ai aussi profiter pour prendre un billet pour vendredi soir en tribune Nord Haute.
			
			
									
									
						Ils ont une belle maquette du Stade de la Meinau, c'est vraiment pas mal, et ont peut voir tous les anciens maillots durant ces 100 ans.
J'ai aussi profiter pour prendre un billet pour vendredi soir en tribune Nord Haute.
- NéRiK
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- argueti
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DNA a écrit :Nous irons tous au paradis
Le 13 mai 1992, le Racing retrouve la Division 1 à l'issue du barrage retour contre Rennes (4-1). Un match panache pour une montée champagne. Retour sur un moment mythique.
Incroyable, inoubliable, incontournable ! Ce Racing-Rennes (4-1) de la montée en D1, en ce joli mois de mai 1992, demeure le must de la Meinau. Sur le plan émotionnel et passionnel.
Sans doute aurait-il été supplanté par le titre de champion de France 79 si les Bleus avaient été sacrés dans leur jardin alsacien plutôt que sur la pelouse de Gerland?
Pour s'en convaincre, il suffit (pour ceux qui ont eu l'immense bonheur de le vivre) de se remémorer les images de liesse et de folie qui se sont emparées au retour de Lyon de toute une région s'identifiant à la conquête du Graal.
« De toute façon, Dieu ne m'a jamais laissé tomber... »
Mais en ce 13 mai 1992, la Meinau rugissait et rougissait de plaisir. Ce Strasbourg-Rennes qui attira 35 709 spectateurs, malgré la retransmission en direct par les caméras d'Antenne 2, demeure le match référence de toute une génération.
Parce que le système des barrages d'accession à l'époque en match couperet aller-retour (le Racing avait signé un prometteur 0-0 en Bretagne) fait monter l'adrénaline. Parce ce qu'à lui seul le but d'extra-terrestre signé Stephen Keshi avait de quoi inciter à une lévitation collective.
Sacré Stephen ! Ce paquet de muscles était toujours en adéquation avec l'événement, ayant une fâcheuse habitude de snober les petits rendez-vous entre ennemis de la D2 pour n'exprimer son talent que lors des matches à gros enjeu.
« J'ai du mal en 2e division, avoue le stoppeur venu d'Anderlecht. Quand c'est facile, je fais n'importe quoi. Je suis en principe chargé de marquer les avants-centres adverses et au final ce sont eux qui... me marquent. Le monde à l'envers! Je ne me sens qu'à l'aise dans la difficulté. Il me faut sentir la pression. Celle de l'adversaire, de la foule. Là , je suis concentré, motivé. De toute façon, Dieu ne m'a jamais laissé tomber... »
Moins médiatique, plus subtile, mais tout aussi efficace aura également été au cours de ce match la métamorphose de Jacky Paillard. Arrivé du... Stade Rennais en septembre 91 et non considéré comme joker à la suite de sa résiliation de contrat, l'ancien Toulousain et Lavallois qui n'avait pas toujours justifié sa réputation en cours de championnat aura donc attendu cette finale des barrages d'accession pour frapper un grand coup en inscrivant deux des quatre buts strasbourgeois.
« A force de répéter que la 2e division ne m'intéressait pas, j'en oubliais de marquer »
« A force de me répéter que la 2e division ne m'intéressait pas, j'en oubliais de marquer, soulignera Paillard dans les vestiaires. Le président rennais voulait amputer mon salaire de 50%. Le Racing m'a alors accueilli et je crois l'avoir maintenant payé en retour. »
Mais ce jour là , c'est aussi une Meinau à l'unisson derrière ce Racing flamboyant qui a transcendé une équipe strasbourgeoise qui aurait pu être paralysée par l'enjeu. D'autant qu'après avoir été mise sur de bons rails par une tête victorieuse de José Cobos (5e) suite à un centre de Peron, une fusée flottante de Le Dizet, l'entraîneur récemment démissionné du FC Nantes-Atlantique, refroidit l'ambiance après un quart d'heure de jeu (1-1). Jusqu'à ce bijou de frappe lobée signée Keshi (20e) et ce doublé de Paillard (27e et 87e).
Les confettis du bonheur pouvaient tomber du ciel, les supporters pouvaient envahir pacifiquement et chaleureusement la pelouse, la Racingmania pouvait frénétiquement et fusionnellement se répandre à travers les rues de la ville. Et dans la chaleur de cette nuit de printemps (il faisait encore 30° au coup d'envoi), la place Kléber fut l'artère principale de cette opération à coeur ouvert...
« Qui en Alsace peut procurer de telles émotions ? »
Le lendemain, les flonflons de la fête à peine dissipés, Gilbert Gress et le président Jacky Kientz se penchaient déjà sur la saison de la remontée. « Que les joueurs aient fêté leur victoire, c'est très bien. Qu'ils soient bons copains, c'est bien. Mais j'ai connu deux cracks : Di Stefano et Puskas. Ils ne se parlaient pas dans la vie, mais sur le terrain quelle entente et quel régal ! Voilà ce qui compte », s'exclamait l'entraîneur du Racing.
« Ce match là est devenu un spectacle parce ce que les entraîneurs l'ont voulu, que les deux équipes ont respecté le football et que la correction l'a emporté sur l'enjeu, se félicitait encore Gilbert Gress. Qui en Alsace peut procurer de telles émotions ? Est-ce que l'on se rend compte de ce que nous avons fait pour la promotion de la région en une heure et demie ? »
Le Racing venait de réussir son immense pari. Et Gress aussi : « La pression au fil des semaines est montée de façon incroyable. C'est la première que j'y étais à ce point soumis. Jamais, je crois, on n'a autant attendu d'un entraîneur. Il y a eu la Coupe d'Europe déjà , mais en Coupe, si vous chutez, il vous reste la D1. Là en cas d'échec, c'était le néant. Jamais, l'an prochain, nous n'aurions eu 30 000 personnes au stade... »
José Cobos (à gauche) avait ouvert la voie dès la 5e minute.
Bain de foule pour un Marc Keller ému.
La Meinau envahie et en liesse. (Photos DNA - Christian Lutz-Sorg)
Patrick Schwertz
Merci, Monsieur Keshi
En s'imposant 4-1 face à Rennes dans une Meinau pleine comme un oeuf, le Racing, aidé par le coup de patte magique de Stephen Keshi, retrouve enfin sa place en première division. Une victoire dignement fêtée dans les rues de Strasbourg.
Il est 16h. Avec mes potes Mimi, Claude et Mayeul, on a déjà le nez collé aux grilles qui entourent la Meinau. A 16 ans, pas trop de soucis pour être à l'heure au stade.
Habituellement, se pointer à 18h suffit pour trouver une place correcte dans le kop, mais là , on a décidé de venir le plus tôt possible. A côté de nous, une centaine d'autres supporters sont déjà là . Drapeaux, tambours et bouteilles d'eau. Le tout, en bleu et blanc s'il vous plaît.
J'ai pris un pull bleu rayé blanc, faute d'avoir un vrai maillot du Racing et j'ai mon écharpe siglée RCS enroulée autour de la tête. Certains ont maquillé leur visage à la peinture. Mais malgré cette ambiance de fiesta, personne n'est euphorique. Loin de là .
Tout le monde a encore en tête les barrages de la saison passée. Après une victoire 3-1 face à Nice, nos héros s'étaient effondrés au stade du Ray et Sansone avait encaissé six buts. La honte...
Ce soir là , on jouait au foot dans la cour du Marie-Curie, à l'Esplanade avec les potes du lycée. La radio à fond, pour suivre le match. Et on avait tous pleuré tandis qu'Eric Sold égrenait les buts niçois. On y avait tellement cru à ce retour en première div', que la déception avait été à la hauteur de nos espérances.
Cobos, chouchou des filles de la Meinau, marque le premier but
Alors, devant les grilles de la Meinau ce 13 mai, personne ne fait vraiment le malin. Et deux heures plus tard, alors qu'on entonne tous le désormais traditionnel « les Bordelais sont tous des enc... » dans le quart de virage, la tension reste palpable.
Une tension qui a mis un certain temps à descendre. Rien à faire, même après le premier but du « chouchou » Cobos, le noeud à l'estomac est toujours là .
Sans parler de l'égalisation de Serge Le Dizet, qui a douché un stade prêt à exploser. En fait, il a fallu attendre ce but venu d'ailleurs de Stephen Keshi pour qu'enfin tout le monde se mette à respirer, à hurler, à en profiter. Et à commencer à y croire.
Avec un but aussi extraordinaire, marqué des 35 m avec une telle nonchalance par un Nigérian voué à défendre, on savait que plus rien ne pouvait arrêter la marche en avant de nos Meinau boys. « Et but de Stephen.... », a commencé le speaker. Et 30 000 personnes ont hurlé un « Keshi ! ! ! » qui ressemblait à un grondement venu des enfers.
On a embrassé la moitié de la tribune en hurlant comme des débiles
Mayeul, lui, a disparu dans le quart de virage, aspiré par la foule en liesse. On l'a retrouvé dix minutes plus tard, toujours debout, le sourire aux lèvres... mais quatre étages plus bas. Pendant ce temps, on avait du embrasser la moitié de la tribune avec Mimi, tout en hurlant comme des débiles.
Le reste du match est passé comme dans un rêve. Jacky Paillard a alourdi l'addition, réalisant le match de sa vie. Et le seul drapeau breton visible, agité dans les tribunes Nord, a enfin été remballé. Ne manquait plus, au coup de sifflet final, qu'un petit tour sur la pelouse, après avoir escaladé les grilles.
Un brin d'herbe mythique dans la poche, restait encore à célébrer cette montée, tant attendue depuis mon premier match à la Meinau en 1989. Direction la place Kléber, son concert de klaxons et ses bouteilles de Champagne partagées au goulot.
Cette nuit-là , un allumé avait escaladé la statue de Kléber pour tenter d'y accrocher le seul et unique drapeau qui méritait vraiment d'y flotter ce soir là : celui des bleus et blancs.
Une fête qui est restée dans les mémoires des supporters. Parce qu'elle a été, jusqu'à présent, la dernière de cette ampleur. Ni les victoires en Coupe de la Ligue (1997), ni celle obtenue en Coupe de France (2001) et encore moins la remontée en 2002 n'entraîneront ensuite une telle liesse dans les rues de Strasbourg.
Même vu et revu, ce boulet de Keshi reste un ovni
Comme beaucoup, j'avais enregistré le match sur VHS. Parce que faut bien l'avouer aussi, à force de chanter, de sauter et d'agiter drapeaux et écharpes, on ne voyait jamais grand-chose à ce qui se déroulait sur le terrain.
Alors ce match, il a usé le magnétoscope de mes parents. A commencer par le soir même. Deux fois. Ensuite, la cassette a été tellement vue et revue que la bande finissait par ne plus tourner à la bonne vitesse. Mais même repassé une dizaine de fois, ce boulet de Keshi reste un ovni.
Et on a beau avoir vu ensuite des victoires plus prestigieuses, comme face à Liverpool, des étrangers plus talentueux, comme ce diable de Mostovoï, ce match face à Rennes reste le summum. Une équipe, un public, une montée. Et ce but venu de la planète Mars. Merci monsieur Keshi.
La fête a duré toute la nuit dans les rues de Strasbourg après la victoire face à Rennes, qui assure la remontée du club en première division. (Photos Archives - Bernard Meyer)
La fête a duré toute la nuit dans les rues de Strasbourg après la victoire face à Rennes, qui assure la remontée du club en première division. (Photos Archives - Bernard Meyer)
Barbara Schuster
L'atout Coupe
Coupe de France, Coupe de la Ligue, Coupe d'Europe : ce Racing des années 90 aimait les matches couperet.
L'année de la montée avec Baills, Hughes, Bouafia, Farina en renfort, le Racing flirte longtemps avec la Coupe d'Europe (8e), mais la saison sera surtout entachée par le bras de fer que se livrent Gilbert Gress et le président Jean Wendling autour du transfert de José Cobos au PSG. De guerre lasse, l'ancien défenseur des sixties se retire sans solliciter un nouveau mandat et c'est Roland Weller qui prend les rênes du Racing.
Le nouvel homme fort du club strasbourgeois, dont la gouaille, le franc-parler et les interventions inopinées dans les vestiaires font désormais partie du livre d'or du RCS, mène le club comme son entreprise, « l'Alsacienne de restauration ». Une main de fer dans un gant de velours. Il aime son Racing, il adore ses joueurs. Qui le lui rendront bien.
Au bout du ... dix-huitième tir
Conduits par Jacky Duguépéroux , les Bleus d'Alsace se hissent jusqu'en finale de la Coupe de France le 13 mai 1995 face au Paris St-Germain. Par manque d'audace, Strasbourg s'incline 1-0 sur une frappe de Le Guen. Et pourtant, ce Racing-là n'a peut-être jamais été aussi séduisant sur le papier : Vencel, Baills, Leboeuf, Pouliquen, Garde, Djetou, Sauzée, Mostovoï, Gravelaine, Keller étaient de l'aventure du Parc, alors qu'Ismà¤el et Dacourt patientaient dans l'antichambre.
Dès lors le Racing va se mettre à construire l'Europe. Une première saison pour voir, via la « Coupe à Toto », comme aimait en plaisanter Frank Leboeuf. Avec en novembre 1995 une élimination sans rougir devant les stars du Milan AC (Panucci, Costacurta, Baresi, Maldini, Desailly, Boban, Savicevic, Baggio, Simone, Weah).
D'une Coupe à l'autre, il n'y a qu'un pas que le Racing franchit le 12 avril 1997. La bande à « Dugué » s'empare de la Coupe de la Ligue après la séance de tirs au but face à Bordeaux (0-0). Au bout du... dix-huitième, c'est Stéphane Collet qui offre le précieux trophée annonciateur d'une magnifique campagne européenne contre les Rangers, Liverpool et Milan.
Quant à Roland Weller, il quitte la scène sur un triomphe, laissant à contrecoeur ce précieux héritage à McCormack...
David Ginola évite le tacle de Frank Leboeuf et le PSG vole vers la victoire en Coupe de France.
Et Stéphane Collet délivra le Racing (Photos DNA)

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C'est clair je suis vraiment nostalgique des années 90 au racing!
C'était génial!!!
Que de joueurs marquants, souvent dans la première partie de tableau, une Meinau imprenable, un président qui adorait son club, un entraineur emblématique...
J'aimerais tant revivre ça au racing!!!
C'est mal barré pour le moment au niveau des résultats, espérons que l'état d'esprit soit là en coulisses par contre!
			
			
									
									C'était génial!!!
Que de joueurs marquants, souvent dans la première partie de tableau, une Meinau imprenable, un président qui adorait son club, un entraineur emblématique...
J'aimerais tant revivre ça au racing!!!
C'est mal barré pour le moment au niveau des résultats, espérons que l'état d'esprit soit là en coulisses par contre!

Faire aisément ce qui est difficile aux autres, voilà le talent; faire ce qui est impossible au talent, voilà le génie...
						- argueti
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DNA a écrit :McCormack, les années micmacs
Le 20 février 1997 est l'une des dates les plus importantes de l'histoire du Racing. Ce jour-là , à l'Hôtel de Ville de la place Broglie, Catherine Trautmann annonçait la cession du club au groupe américain IMG-McCormack. Le RCS quittait, pour la première fois, le giron de la ville. La suite, on la connaît.
Cette année, la justice avait un peu d'avance sur le calendrier. En mettant en examen la semaine dernière Patrick Proisy, Claude Le Roy et deux cadres de la société IMG-McCormack*, Jean-Baptiste Poli a, malgré lui, lancé avec huit jours d'avance les festivités du centenaire du club.
Surtout, le juge d'instruction strasbourgeois a brutalement replacé sous les feux de l'actualité une période qui a bien failli se terminer par la liquidation pure et simple du Racing Club de Strasbourg, en cessation effectif de paiement au moment de sa revente en 2003. Au bord de la disparition, donc.
Mais, le 20 février 1997, quand est annoncé le nom du repreneur, on n'en est évidemment pas encore là . Sous les lambris de l'Hôtel de Ville, c'est plutôt grands sourires et claques dans le dos du côté des vainqueurs. Soupe à la grimace et aigreurs d'estomac chez les perdants par voie de conséquence.
« Séduits par cette audace, mêlée d'ambition et de réalisme »
C'est qu'en choisissant la multinationale du management sportif et ses quelque 1,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour mener le club strasbourgeois vers les sommets, Catherine Trautmann, en tailleur saumon ce jour-là , avait fait des malheureux. Bientôt des martyrs.
A commencer par Roland Weller, le président sortant, venu présenter sa candidature avec un bilan solide (une victoire en coupe de la Ligue et une trésorerie excédentaire), une expérience, un pool d'investisseurs régionaux et le soutien d'un grand groupe (ISL, donc Darmon le grand argentier du foot français) doublé de celui d'Adidas. Pas rien.
Déception à peine moindre chez « Saatchi et Saatchi », leader mondial de la pub, associé au ticket Eurodirect/Gebo et qui présentait un dossier chapeauté par Pierre Rapin. Pas de la petite bière non plus.
Recalés tous pourtant. Comme avant eux ISP, gestionnaire des droits télés de la Bundesliga, comme Leo Kirsch. Comme TF1 aussi, qui avait été contacté à un moment. « Il s'agit sans doute d'un choix audacieux, dira alors le maire de Strasbourg. Mais nous avons justement été séduits par cette audace, mêlée d'ambition et de réalisme ». A l'époque, le projet « papier » d'IMG est excitant, c'est vrai.
Le grand vainqueur est donc McCormack qui s'adjuge le bébé pour... 800 000 €, et Patrick Proisy, son directeur général en France. Jusqu'alors plus connu pour être le beau-frère de Yannick Noah, le finaliste de Roland-Garros en 1972 se révèle alors aux yeux du grand public en costume-cravate.
Affable et intelligent. Impitoyable, dur et procédurier aussi
Homme affable et intelligent, entré chez McCormack en 1981 après un passage chez Darmon, il apparaît rapidement novice pour ne pas dire naïf dans le monde du foot et balance des noms prestigieux (Baggio, Klinsmann, Savicevic comme recrues potentielles) à l'emporte-pièce parce qu'il faut bien dire quelque chose. Sans imaginer qu'ainsi il sape déjà son image et entame un peu de son crédit.
Il se révèle aussi impitoyable, dur, ambitieux et batailleur en affaires. Procédurier également. Ne cédant, par exemple, pas un pouce de terrain dans l'embrouillamini juridique qui suivra le rachat du club et le bras de fer immédiatement engagé avec les autres actionnaires historiques. Dont l'Omnisport, qui a bien failli perdre sa chemise dans cette histoire.
L'arrivée d'IMG à Strasbourg s'est faite dans le chaos et l'incompréhension. Car, dès le début, un énorme malentendu a accompagné le débarquement du groupe américain à Strasbourg.
Alors que Catherine Trautmann voyait dans le géant américain une formidable chance pour le club soudain doté, croyait-elle croyait-on, d'une puissance financière sans beaucoup d'équivalent, McCormack n'imaginait le Racing que comme une simple tête de pont. Il n'y a aucune faute de frappe dans la phrase précédente.
Pour Mark Hume McCormack - le fondateur visionnaire de cet empire qui s'étendait sur plus de 30 pays et comptait dans son écurie les plus grandes vedettes du sport, mais aussi de la politique ou de la culture -, la prise de contrôle du club strasbourgeois n'était qu'un moyen d'accéder aux droits télés faramineux du foot.
Sa très grande faute aura été de se tromper d'hommes
Il n'y a pas eu tromperie sur la marchandise. En fait, personne ne parlait de la même chose. « Donnez-moi un point fixe et un levier et je soulève le monde », proposait Archimède. « Donnez-moi un club de foot et j'en ferai un levier pour soulever des fonds », proposait en fait McCormack.
Il avait tenté le coup à Marseille, mais s'était fait blackbouler. Alors, il s'est rabattu sur Strasbourg parce que la place était chaude, c'est aussi simple que ça.
Aussitôt intronisé, Patrick Proisy mènera d'ailleurs ses premières batailles ailleurs que sur les terrains. Contre Marie-George Buffet d'abord, la ministre communiste des sports.
Il ferraillera inlassablement pour obtenir l'entrée en bourse des clubs français, militera pour la distribution de dividendes aux actionnaires, pour les contrats d'image, pour la réduction des charges sociales etc. N'aura de cesse de se faire élire au conseil d'administration de la Ligue, aussi, pour faire avancer ses idées ultra-libérales, ce à quoi il parviendra. Avant de s'en faire éjecter fin mai 2002.
Sous sa présidence, le Racing n'a, en fait, jamais quitté les pages justice des journaux et, épisodiquement, le ventre mou du classement. En cinq ans, ce fils de notaire d'Evreux aura ainsi du faire face à une trentaine de procédures judiciaires. Du jamais vu ni ici, ni ailleurs. « Dans les autres clubs, on transige. Moi, je ne transige pas », dira-t-il aux DNA le 7 octobre 2002.
Mais la très grande faute de Proisy aura été, jusqu'à l'arrivée de Keller, de se tromper d'hommes. En confiant les clés à Gardon d'abord, après avoir pensé à Patrice Clerc (le directeur de Roland-Garros) qui pratiquera la politique de la terre brûlée et dézinguera à tout-va, allant jusqu'à jeter dans une benne à ordures les trophées du club. En le remplaçant par Claude Le Roy ensuite, avec lequel il a grandi à Evreux et à qui il n'adresse plus la parole aujourd'hui.
De ces choix erratiques, le club a failli ne pas se relever. Financièrement, on le sait, puisque de recrutements exotiques et hasardeux (Chilavert, Haas, Garay, Belloso, Njanka,...) en commissions hors normes perçues ou en procès perdus, les comptes ont été méchamment plombés année après année.
Au bord de la cessation de paiement en 2003
En 2003, le déficit était ainsi de 12 M €. Et le Racing au bord de la cessation de paiement, de la liquidation judiciaire.
Sportivement aussi, il a souffert, fatalement. Retombant dans la plus basse communauté après quelques années tout de même fastes. Et la coupe de France gagnée en 2001, l'année de la descente, ne changera rien à l'impression de malaise qui n'est pas prête de s'effacer.
En fait, il ne reste qu'un point positif de ces années de petite géhenne : le centre de formation. Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un groupe qui ne s'est, au fond, jamais préoccupé de l'avenir du club, Proisy et IMG ont investi dès leur arrivée dans un centre de formation qui commence à porter ses fruits depuis deux ans.
C'est peu, mais dans ce contexte, cela fait tout de même figure de Balthazar.
Sous le charme d'Ecosse
L'espace de deux saisons, David Zitelli s'est essayé avec joie aux rudes joutes du championnat écossais. L'ex-attaquant du Racing sait parfaitement ce qui va attendre les Bleus, cet après-midi, dans l'enfer de Hampden Park.
De l'Ecosse, de sa capitale Edimbourg, de son club catholique d'Hibernian, David Zitelli ne connaissait rien. Au faîte de son talent à la fin des années 1990, le gaucher enchantait les foules de la Meinau et désarçonnait les défenseurs du championnat de France.
L'arrivée de Claude Le Roy a mis un terme à cet état de grâce. Du jour au lendemain, le Lorrain est devenu persona non grata à Strasbourg. « Avec lui, j'étais définitivement barré, rappelle Zitelli. J'avais 31 ans et encore envie de jouer. »
L'idée lui est soufflée par son pote Franck Sauzée, parti à Hibernian un an plus tôt. « Durant l'été, je suis allé chez lui en vacances, poursuit Zitelli. Je suis parti sur un coup de tête. Si le président Weller était resté, j'aurais terminé ma carrière à Strasbourg. »
« Quand ils voient un beau tacle, ils applaudissent »
A cette époque, la Scottish Premier League fait les yeux doux aux Frenchies, à grand renfort de livres sonnantes et trébuchantes. Dans le sillage de Sauzée, les laissés pour compte du championnat hexagonal grossissent les rangs de clubs dont ils ignoraient parfois même l'existence.
« On était plusieurs à tenter l'aventure, rappelle Zitelli. Marc Libbra, Didier Agathe, Gilles Rousset et d'autres encore. En foot, les Ecossais sont des connaisseurs. Quand ils voient un beau tacle, ils applaudissent. J'ai découvert un jeu assez rude, engagé, à l'anglaise avec beaucoup de ballons aériens. Mais ça a commencé à changer, avec l'arrivée des joueurs étrangers. »
En s'ouvrant vers l'extérieur, l'Ecosse a pu étoffer son fonds de jeu et opérer sa mue. Le traditionnel kick and rush, assorti de quelques coups de coude dans les omoplates, si besoin est, appartient aujourd'hui au passé.
« Les garçons qui sont en équipe nationale, comme Caldwell, étaient des gamins qui apprenaient à nos côtés, explique Zitelli. Cette équipe se construit tout doucement. Elle n'a pas abandonné son fighting spirit, c'est même sa principale force. Mais elle affiche désormais d'autres atouts. Ceci dit, on reste favori. Avec son expérience, l'équipe de France doit logiquement s'imposer. »
« Un souvenir impérissable »
Reste encore à ne pas se laisser inhiber par l'ambiance de Hampden Park, l'un des monuments du football. « J'ai eu la chance d'y disputer deux finales de coupe, avec Hibernian, raconte Zitelli. On les a hélas toutes deux perdues. Mais c'est un souvenir impérissable. Quand on a joué le Celtic, qui a les mêmes couleurs que nous, tout le stade était en vert et blanc. Ça vous donne des frissons. »
De cette expérience outre-Manche, David Zitelli, qui en termine gentiment, à presque 38 ans, avec le football dans un petit club belge, n'en garde que des bons souvenirs. « J'ai vécu une superbe expérience, dans une ville et un pays magnifiques. J'y ai laissé quelques amis, et j'y retourne de temps en temps. J'aurai bien voulu être à Glasgow ce samedi. Ça va être un sacré match. » Si c'est lui qui le dit...
Classé confidentiel
Gardon se voyait entraineur...
Quelques jours avant le limogeage de Jacky Duguépéroux (le 22 janvier 1998) Patrick Proisy fait part de sa décision à son manager Bernard Gardon. L'ancien Stéphanois lui propose immédiatement de prendre le poste d'entraîneur dès le match suivant à Bordeaux. Ce sont les joueurs qui s'opposent en bloc à son arrivée et menacent de faire grève.
... et sera viré sans le savoir
Surnommé « Léon » ou « le nettoyeur », le premier manager du Racing version McCormack a lui même été victime de ses méthodes radicales.
Le 9 mai 1998, Patrick Proisy toujours, qui a bien noté l'hostilité de ses troupes envers Gardon et compte en tirer profit, leur apprend - le jour du match décisif pour le maintien contre Montpellier (3-0) - que Gardon ne restera pas au club. Problème, Gardon n'est pas au courant.
Le lendemain, quand Proisy vient lui annoncer officiellement la nouvelle, il l'attend très remonté. Une scène assez « sanglante » dit-on aurait suivi dans la salle de petit-déjeuner d'un grand hôtel strasbourgeois.
Tiburce Darou, déjà
On se souvient du court et mouvementé passage à Strasbourg de Tiburce Darou au coeur de l'hiver dernier. Ce n'était pas le premier.
En décembre 2000, le futur gourou de la Star Ac avait déjà fait des vagues sans le vouloir.
Le 2 décembre, à son arrivée à Monaco, le staff technique découvre ainsi que Proisy a décidé de réagir à sa manière à la méforme persistante de Chilavert. Et qu'il a engagé Darou pour le remettre en forme en trois semaines sur la Côte d'Azur.
Enorme colère de Pouliquen et ses adjoints (Ettorre, Quetin et Kuentz) qui voient là un désaveu. De retour à leur hôtel, le Bella Vista, ils se heurtent à Proisy jusqu'à 3h30 du matin. Et posent un ultimatum à leur président : s'il persiste, ils démissionnent le lendemain.
Proisy s'incline. La décision de se séparer de Pouliquen aurait été prise ce soir-là .
L'affaire du brassard
Le 14 novembre 2000, Patrick Proisy qui a Bertin dans le collimateur depuis un moment, autant pour des histoires de contrat que pour ses déclarations après l'arrivée de Chilavert, l'appelle pour lui dire qu'il ne portera plus le brassard.
Dans la foulée, il contacte Martins pour lui proposer de reprendre le bout d'étoffe dont Le Roy l'avait dépossédé en août 1998 et téléphone à son entraîneur pour l'avertir de la situation.
Le Roy, qui ne décide alors plus rien dans l'équipe, ne pipe mot. A 23h, il conseillera à Bertin, en larmes, de rendre de lui-même le brassard.
Pascal Coquis

- D520
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