[11/12] Le Fil Rouge

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Un nouveau chapitre s’ouvre

Alors qu’on s’attendait à une liquidation pure et simple, le RCS a été placé en redressement judiciaire hier par le Tribunal de grande instance de Strasbourg. Les grandes manœuvres de reconstruction ont démarré dans la foulée, avec l’annonce du soutien financier de Frédéric Sitterlé.

Ce matin, il serait certainement malvenu de se réjouir. Mais, étant donné le marasme dans lequel est plongé le Racing Club de Strasbourg depuis de trop longs mois maintenant, le nouvel épisode de sa triste saga qui s’est joué hier au Tribunal de grande instance de Strasbourg est sans aucun doute le plus constructif du feuilleton.

Ça tombe bien, c’est de reconstruction dont on va essayer de parler ces prochains temps du côté du stade de la Meinau. Le maître d’œuvre a désormais un nom : Claude-Maxime Weil, administrateur judiciaire, nommé hier à la tête de la maison bleue par la présidente de la 1 re chambre commerciale du TGI, Martine Rivet, « avec pour mission d’assurer seul, entièrement, l’administration de l’entreprise ». Peu après 12 h, dans la salle 43 du Palais de justice provisoire de la place d’Islande, la magistrate a en effet déclaré la SASP (1) Racing Club de Strasbourg en état de cessation de paiement en date du 18 janvier 2010 (2) et l’a placée en redressement judiciaire, avec une période d’observation d’un mois. M. Weil - un ancien de la maison (3) - a précisément jusqu’au 22 août (date à laquelle le tribunal réexaminera la situation du club) pour remettre sur pied le soldat Racing, financièrement, sportivement et peut-être bien moralement.

« Il faut aller vite »

« La mission de Claude-Maxime Weil est de faire tourner le club jusqu’à la prochaine audience, décrypte M e Bernard Alexandre, avocat du Racing Club de Strasbourg, qui a été entendu hier matin à 9 h par le TGI, de même qu’Eric Moerckel, représentant des salariés du RCS, et M e Damien Wedrychowski, avocat de l’association support. Il doit faire en sorte que le club puisse participer au championnat de CFA qui commence le 6 août, mais aussi susciter les offres de repreneurs potentiels. Il a conscience qu’il y a urgence. »

« Il va falloir que ça aille vite, confirmait l’intéressé peu avant de partir à la rencontre des salariés à la Meinau (lire ci-dessous). Mais c’est certain qu’il va falloir adapter la structure à la nouvelle dimension du RCS, à savoir le championnat de France amateur. » Sous-entendu : il va falloir tailler dans les effectifs de la SASP, qui compte encore à ce jour 55 salariés. Un nombre évidemment démesuré pour un club qui vient de perdre son statut professionnel, 78 ans après.

Mais dans la foulée de ce redressement judiciaire inattendu, le « plan B », auquel travaillaient depuis plusieurs semaines la Ville de Strasbourg et l’association support RCS Football, a soudainement dévoilé son visage.

Par le biais d’un communiqué, Frédéric Sitterlé, patron de la société myskreen.com, maintes fois éconduit dans ses tentatives de rachat du club depuis un an, a annoncé qu’il avait décidé « d’apporter dès à présent à l’association les moyens financiers nécessaires pour préparer au mieux la saison qui s’annonce. »

Un apport de plus d’un million d’euros

« Il y aura un apport de plus d’un million d’euros, précise à ce sujet Henri Ancel, qui a plusieurs fois joué le rôle de médiateur entre les investisseurs alsaciens de 2010 et l’ex-actionnaire majoritaire Jafar Hilali, et qui a négocié le partenariat entre l’asso et Sitterlé. Cet argent servira dès demain (aujourd’hui, Ndlr) à faire venir des joueurs pour monter une équipe capable de remonter immédiatement en National, mais aussi de maintenir le centre de formation. »

Sitterlé ne va pas s’arrêter là. « J’ai demandé à Henri Ancel, en accord avec l’association, de proposer au Tribunal de commerce un plan de reprise de la SASP dans le cadre des procédures en vigueur », déclare encore le Blodelsheimois. Dès demain, Henri Ancel écrira donc à Claude-Maxime Weil pour lui faire part des intentions du Haut-Rhinois. L’administrateur judiciaire lui indiquera alors dans quelles conditions celles-ci devront être formulées. L’offre définitive devrait ensuite être déposée officiellement entre le 5 et 15 août. « Quel investissement ? Quel budget prévisionnel ? Il est trop tôt pour le dire, explique Henri Ancel. Mais Frédéric essaiera de garder un maximum de salariés, parmi ceux qui le voudront, par rapport à ce qu’un club de CFA peut se permettre. »

« Dans le cadre d’un plan de cession, soit un plan d’apurement du passif est proposé, mais c’est ici tout simplement irréalisable, soit un repreneur propose un plan de reprise des actifs, indique de son côté M e Bernard Alexandre. A priori, c’est celui qui préserve le plus d’emplois et qui semble le plus sérieux qui a le plus de chances d’être retenu. M. Weil garantira la bonne tenue des discussions, mais c’est le tribunal qui aura le dernier mot. »

Alors que d’aucuns évaluaient il y a quelques jours encore à 15 ou 20 millions le montant du chèque à parapher pour payer les salaires, faire face aux procédures prud’homales actuellement en cours, évacuer les cadavres des placards et monter une équipe digne de ce nom pour la saison prochaine, les compteurs sont donc quasiment remis à zéro. De quoi inciter d’autres candidats à la reprise à se signaler dans les prochains jours.

( 1) Société anonyme sportive professionnelle

(2) Cette date correspond à quelques semaines près à l’arrivée de Jafar Hilali et de ses acolytes à la tête du club.

(3) Il y a 21 ans, en mai 1990, Claude-Maxime Weil avait été nommé administrateur judiciaire provisoire du Racing après la démission du président Daniel Hechter. « Il n’y avait alors pas de problèmes financiers, explique-t-il. À l’époque, la problématique était de monter de 2 e en 1 re division. C’était plus difficile. »

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Un grand écart dans l’urgence

Avec un administrateur judiciaire à sa tête, le Racing se plonge dans les joies du CFA. Il a évité une liquidation. En coulisses, Frédéric Sitterlé a clairement indiqué son désir de participer à la reconstruction d’un club désormais versé dans le monde amateur.

L’irrésistible tube de Stromae, sorti à l’été 2010 en France, va finir par contenir le substantifique art de vivre à la mode Racing. « Quand y en a plus, ben y en a encore », chante l’artiste belge.

Le redressement judiciaire prononcé hier par le TGI strasbourgeois apparaît comme une surprise. Sorte de zombie sous assistance respiratoire empoisonnée, le Racing a obtenu un nouveau répit. Plutôt qu’une liquidation qui l’aurait envoyé parmi l’élite régionale au mieux, le voilà, a priori, en CFA, soit le 4 e niveau hexagonal. La bonne affaire pourrait faire se gausser certains.

Être en position de monter pour ne pas descendre

Le moindre mal objectif – deux échelons au-dessus dans la hiérarchie – se double de contrariétés significatives. En premier lieu, avec le dépôt de bilan prononcé, le Racing devra être en position de montée pour ne pas descendre, au printemps 2012, la Fédération sanctionnant d’une relégation ce type d’épisode dans la vie d’un club. La poignée de supporters rassemblée au tribunal a d’ailleurs affiché une moue dubitative.

Plutôt qu’une page blanche ou presque, en tout cas une situation économique et juridique qui aurait fait table rase d’une histoire parfois ridicule, en tout cas pathétique depuis dix-huit mois, les rares amoureux du club seront contraints de vivre avec la crainte de voir réapparaître quelques cadavres sortis des placards. Les dépenses, pour l’heure, sont seulement gelées. Les dettes ne sont pas effacées.

Il faut croire que la décision n’a pas contrarié tout l’environnement du club. Durant le week-end, on s’est réuni pour lui construire un avenir. Dès la fin de l’après-midi, hier, Claude Weil, l’administrateur, n’a pas manqué de commenter les premiers échos. « J’ai effectivement appris qu’un accord serait intervenu entre l’association (qui gère toute la structure amateur du club, ndlr) et Frédéric Sitterlé, a souligné l’administrateur. Il est clair que si un repreneur devait s’engager, il devrait avoir l’aval des joueurs, des salariés et de l’environnement. »

Le chef d’entreprise avait négocié le rachat du Racing avec Jafar Hilali, avant que le processus ne s’interrompe, il y a un mois. Il s’est fendu hier soir d’un communiqué explicite. « J’ai décidé d’apporter dès à présent à l’association les moyens financiers nécessaires pour préparer au mieux la saison qui s’annonce, indique-t-il. J’ai d’ores et déjà demandé à Henri Ancel […] de proposer au tribunal de commerce un plan de reprise. »

La justice s’étant à peine saisie de la gestion du Racing, l’idée d’une reconstruction s’est donc rapidement fait jour. Frédéric Sitterlé n’a pas l’assurance de décrocher la timbale puisque son projet sera mis en concurrence avec d’autres éventuels. Il bénéficie au moins d’un accueil favorable de la municipalité.

« Le projet de reprise […] devra être conduit par un dirigeant crédible, ayant la capacité de mobiliser les financements nécessaires et de rassembler autour du club tous les supporters et les principaux partenaires », prévient le maire, Roland Ries.

« Il faudra être attentif au choix du repreneur afin d’éviter que le club reste durablement bloqué en CFA comme c’est par exemple malheureusement le cas pour le FC Mulhouse, considère son adjoint en première ligne sur le dossier, Alain Fontanel. […] Nous allons continuer à travailler avec conviction avec les instances régionales et nationales du football, l’administrateur qui vient d’être nommé […], ainsi que l’association support et son nouveau partenaire, Frédéric Sitterlé. »

Le temps presse. Si moult salariés sont dans l’incertitude, rares sont les joueurs susceptibles de porter le maillot dans quelques semaines. Et Claude Weil, entre justices sportive, commerciale et sociale, doit organiser des charrettes de licenciements dans les bureaux en même temps qu’envisager des recrutements pour le terrain.

Le Racing n’aura pas à jouer à Boulogne vendredi

« Au 23 août, une nouvelle société devra être créée, explique l’administrateur. On ne peut pas penser que quelqu’un va reprendre la société avec ses passifs et ses casseroles. On choisira le meilleur projet d’un point de vue social, sans privilégier aucune piste, sachant que Sitterlé est le mieux placé. » Une forme de grand écart s’esquisse, dans l’urgence.

« Les joueurs sont des salariés et cherchent un job, poursuit Claude Weil. Je ne peux pas trouver de joueurs. On les gérera au cas par cas. On verra avec l’association. » Patrick Spielmann, son président, devrait vite apparaître en première ligne pour que le Racing puisse seulement aligner une équipe à la reprise du championnat, programmée a priori le 6 août.

Du groupe pro de la saison passée, ils n’étaient que quatre à la Meinau hier (Tchato, Donzelot, Brahmia et Othon, de retour de prêt). Cela fait peu pour envisager un match. Au moins, le Racing n’aura pas à jouer vendredi, à Boulogne. La LFP a prononcé la qualification du club de la Côte d’Opale pour le 2 e tour de la compétition qu’elle organise. La Coupe de la Ligue est réservée aux clubs pros.

Une catégorie que le Racing n’est pas prêt de réintégrer.

[argueti]

En tout cas un mois c'est super court pour gérer cette affaire !

Rien que les licenciements ...

[Its_me]

Sauf si les choses ont déjà été évoquées officieusement.

[PoY]

la magistrate a en effet déclaré la SASP (1) Racing Club de Strasbourg en état de cessation de paiement en date du 18 janvier 2010

Est-ce que cela voudrait dire que tous les litiges après cette date sont non avenus ?

[argueti]

La juge est surtout remontée au maximum des 18 mois.

Pour le reste, que c'est compliqué ...

[Manu]

[lolo]

Déjà posté par it's me dans le topic "la mort du Racing".

Putain mais merde, suis un peu, bordel! C'est pas avec des supporters comme ça que le RCS va s'en sortir...

[supppourtjs]

C'est déja plus clair.

[silex57]

Ouais et en particulier le fait que pour des repreneurs éventuels genre Sitterle c'est plus intéressant maintenant vu que comme m'explique très bien Weil c'est le futur qui est a garantir et non plus le passif ...