DNA a écrit :Coup de froid sur la Meinau 
  
A la Meinau, il devait y avoir un match hier soir. Mais M. Derrien, l'arbitre de la rencontre, a décidé que la pelouse de la Meinau était impraticable. Et personne n'a compris. 
Donc, voilà . Il est 20h20 hier soir et M. Derrien a, comme il le dit lui-même, assumé. Il a, comme la tradition le veut, renvoyé les 22 acteurs du match au vestiaire et les 17 000 personnes présentes à  la Meinau dans leurs foyers. « Pour moi, le terrain est gelé sur certaines zones, sur le côté gauche et dans la surface de réparation. Ma mission première est la sécurité des joueurs », expliquera Bruno Derrien.
 Après avoir téléphoné à  un délégué de la Ligue mardi pour s'inquiéter de l'état de la santé de la pelouse, puis être venu sur place à  10h30 et 18h30, il a pris sa décision. « Je ne veux pas d'un accident et d'une parodie de football. Le terrain était jouable en milieu d'après-midi, il ne l'est plus maintenant. »
« Le chef a décidé »
 En un sens, il contredit son collègue de sifflet M. Piccirillo qui, le 21 décembre dernier et quelques degrés de moins (-1° contre -7° contre Lille au coup d'envoi et -10° lors de la séance des tirs au but) sur une pelouse dure comme le béton de ma maison, avait fait jouer Racing - Lille dans des conditions aberrantes. « Je n'ai pas à  commenter vos pensées, j'assume mes décisions », reprendra M. Bruno Derrien.
 Sans chercher des noises à  qui que ce soit (hum, hum), on est surpris de voir la Ligue Nationale fixer autant de rencontres un mois de janvier. « Avec des matches à  20h30 à  jouer dans le Nord de la France en plein mois de janvier, on s'expose à  ce genre de mésaventure, s'avance Didier Deschamps. Ce soir, le chef à  décidé. Et le chef, c'est M. Derrien. Il respecte la santé des joueurs et c'est tant mieux. Au revoir l'Alsace et à  bientôt. »
Le précédent Le Garrec
 Et, à  notre sens, le terrain était jouable, le sol même pas gelé en profondeur. « Ce que je pense, je le garde pour moi. Mais si le match était jouable contre Lille, il est jouable ce soir », dira simplement Stéphane Cassard, qui s'est échauffé dans la surface de réparation mise en cause par M. Derrien. « C'est jouable 10 000 fois, enchérit Mickaël Pagis. Cette histoire va complètement chambouler notre calendrier. »
 Côté monégasque, Pontus Farnerud hausse les épaules. « Je ne vois pas où le terrain est gelé. Il l'est peut-être à  rares endroits, mais c'est exagéré de remettre le match. »
 Ce qui est certain, c'est que la grave blessure (fracture d'un tibia) de Stéphane Le Garrec, le 14 janvier dernier lors de Lorient - Montpellier sur une pelouse très dure, a incité M. Derrien à  la plus extrême des prudences. D'autant que l'arbitre (M. Castro) de cette rencontre avait été menacé d'un dépôt de plainte par l'actionnaire principal du club breton. Sans suite pour l'instant.
Et la santé des 17 000 spectateurs ?
 Alors, une nouvelle fois, le débat sur la praticabilité du football en hiver revient à  la surface. Et devra enfin être posé. Et, pour une fois, la France d'en haut (celle du Nord) est la pauvrette de l'histoire par rapport à  la France d'en bas.
 « Une fois de plus, ce problème survient, regrette Marc Keller. Au mois de janvier, il est risqué d'organiser des rencontres. A Strasbourg, mais aussi à  Metz, à  Lens, à  Lille, etc. Contre Monaco, nous aurions attiré 25 000 personnes à  la Meinau au printemps. Ce soir, nous n'en avions que 17 000 et elles sont rentrées à  la maison sans rien voir. Je suis désolé pour elles. Il est bien qu'on ne fasse pas courir de risques aux joueurs, mais on fait courir des risques à  17 000 personnes en leur faisant utiliser des routes difficiles, parfois verglacées. »
Et Saint-Etienne ?
 Le jour où la Ligue Professionnelle de Football de chez nous aura l'idée de copier certains pays étrangers qui allongent leur trêve (Allemagne), qui jouent le plus souvent l'après-midi (Angleterre, Italie et Espagne) ou qui pratiquent le football de mars à  novembre (Russie ou Suède), on applaudira des deux mains. Pour saluer l'effort, plus pour se réchauffer.
 Au fait, mardi prochain, le Racing reçoit Saint-Etienne en Coupe de la Ligue et la météo devrait encore se dégrader. On fait venir 20 000 personnes à  la Meinau et on remet ça ?
argueti a écrit :Et la santé des 17000 ou plus qui sont déplacés dans le froid, ca on y pense pas trop ... De rien c'est gratuit 
Meme reflexion que notre cher J-C Pasqua  
 
 
L'Alsace a écrit :Attention, terrain glissant! 
 
Après avoir jugé dangereuse la pelouse, l'arbitre Bruno Derrien a reporté Strasbourg - Monaco, hier. Sa décision n'a ravi ni les deux clubs, ni les 17.000 spectateurs qui ont dû rebrousser chemin à  10 minutes du coup d'envoi. 
Il est 20 h 20. Bruno Derrien, l'arbitre de Racing - Monaco, prend la décision: «Le match est reporté. La mission de l'arbitre est d'assurer l'intégrité physique des joueurs et de tout faire pour qu'on ne joue pas une parodie de football. Je comprends que les spectateurs soient déçus, mais ils ont précisément droit à  autre chose qu'une parodie. Je ne voulais pas en être complice. J'étais venu à  la Meinau ce matin (hier) à  10 h 30. C'était jouable. Je rends d'ailleurs hommage aux employés du club de Strasbourg qui ont tout fait pour que la rencontre se joue. Mais, à  mon arrivée à  18 h 30, la situation s'était détériorée. Et elle menaçait de se détériorer encore. Le terrain est gelé sur sa partie gauche, notamment dans la surface de réparation. Le centre se dégrade. J'ai pris la responsabilité d'annuler. Je ne vois pas l'intérêt de commencer un match si c'est pour l'arrêter au bout d'un quart d'heure. Je peux comprendre la déception des deux clubs. Mais ils ont des échéances importantes et l'arbitre doit veiller à  la protection des joueurs. Sur une telle pelouse, le risque de blessure était accru. J'avais arbitré Sochaux - Caen en Coupe de la Ligue le 22 décembre. Si la pelouse n'avait pas été chauffée, le match ne se serait jamais joué. Dans l'Est de la France, les clubs devraient être équipés. Après la polémique née lors du récent Lorient - Montpellier, j'assume la responsabilité de ma décision.» Le 14 janvier, lors de ce fameux Lorient - Montpellier disputé sous des trombes d'eau (1-2) alors que les joueurs avaient demandé le report, le gardien lorientais Stéphane Le Garrec s'est fracturé le tibia dans un choc avec l'attaquant montpelliérain Fodé Mansaré. Sa saison est terminée. L'actionnaire majoritaire du club breton a menacé de porter plainte contre l'arbitre Alexandre Castro, mais y a finalement renoncé. «Il ne faut pas chercher loin l'explication de notre report», lâche le portier strasbourgeois Stéphane Cassard. «Pourtant, on a joué contre Lille le 21 décembre en Coupe de la Ligue dans de bien pires conditions.» Une réflexion à  laquelle M. Derrien apporte une réponse imparable: «Chacun prend ses décisions en son âme et conscience. Il est possible que des matches se soient joués dans de pires conditions. Mais il faut poser la question à  l'arbitre concerné.» Fin décembre, M. Hervé Piccirillo avait maintenu Strasbourg - Lille sur une pelouse en partie verglacée.
De l'incongruité du calendrier
Venu en vain avec son équipe, l'entraîneur monégasque Didier Deschamps s'est montré fataliste. «Il n'y en a qu'un qui décide, c'est l'arbitre et il faut respecter sa décision. Je l'accepte, mais ce n'est pas une bonne chose quand même. L'événement de Lorient a influencé beaucoup de choses. Est-il raisonnable de jouer des matches à  20 h 30 en janvier dans l'Est de la France? Je ne vois pas combien comment Strasbourg va pouvoir recevoir Saint-Etienne mardi en Coupe de la Ligue. Quelque part, les reports faussent le championnat. Sans compter de la difficulté de refixer le match - alors que nous sommes engagés sur quatre tableaux - et que la logique est bafouée, puisque certains joueurs qui étaient suspendus pour cette rencontre ne le seront pas quand elle sera refixée.» Les Strasbourgeois Pascal Johansen et Mamadou Niang purgeront ainsi leur match à  Lens samedi, alors que le défenseur international monégasque Gaël Givet sera lui suspendu contre le PSG à  Louis II dimanche. Le calendrier, qui, sans le report d'hier, aurait imposé 9 matches en 29 jours aux Strasbourgeois et aux Monégasques, est évidemment dans le viseur du directeur général du RCS Marc Keller, qui pose clairement le débat: «Le problème de calendrier se pose, et pas seulement pour Strasbourg. Fixer autant de matches en janvier dans un grand quart Nord-Est de la France, à  Sochaux, Metz, Lens, Lille, Sedan, Troyes ou Nancy, n'est pas raisonnable. Ce n'est pas faute de l'avoir déjà  dit. Nous allons être obligés d'en parler. Ce soir, alors que nous attendions 27.000 spectateurs, ils n'auraient été que 17.000. Et les 17.000 en question ont appris à  10 minutes du coup d'envoi qu'ils devaient rentrer chez eux. Tout comme Monaco qui s'était déplacé. Les joueurs doivent être protégés, mais nos supporters, qui viennent en voiture sur des routes dangereuses, ne prennent-ils pas des risques aussi?» Même si personne ne contestera l'argumentaire étoffé de M. Derrien, le résultat est là : sa décision d'hier n'a fait que des frustrés. Et comme le dit Marc Keller, les instances du football français vont bien devoir se pencher un jour sur les incongruités du calendrier.
« Cent mille fois jouable » 
Tandis que le coach du RCS, Jacky Duguépéroux, est passé devant la presse en observant un mutisme qui… en disait long, certains se sont exprimés de façon plus virulente. À l'image d'un Mickaël Pagis cherchant vainement à  comprendre la logique entre le maintien d'un Racing — Lille à  l'extrême limite du jouable et le report d'un Strasbourg — Monaco dont beaucoup s'accordent à  penser qu'il aurait pu se dérouler dans des conditions à  peu près normales. « C'est jouable cent mille fois jouable. Faut arrêter les conneries. Déjà  que le calendrier est chargé, mais là , il va y avoir de nouveaux chamboulements. » Si, à  l'évidence, le précédent Lorient — Montpellier a pesé dans la décision de M. Derrien, comme celui-ci l'admet d'ailleurs implicitement, tous ne partagent pas sa façon de voir les choses. Le Suédois de Monaco — et ex-Strasbourgeois — Pontus Farnerud ne s'en cache pas. « L'arbitre a un avis. Ce n'est pas tout à  fait le mien. Comme la plupart des joueurs, je pense que c'était jouable. » Seul Didier Deschamps trouve finalement matière à  se réjouir, un sourire ironique en coin : « On reviendra en Alsace par des températures plus agréables. »
 