DNA a écrit :Comme à  la maison
Solide et appliqué, le Racing a ramené, hier soir, un bon point de son court déplacement dans le Doubs. Rarement mis en danger, plutôt brillants dans la construction, les hommes de Furlan ont paru jouer chez eux. Rassurant.
 
C'est un fait. Le Racing a pris ses aises à  Bonal. Tranquilles, paisibles, les hommes de Jean-Marc Furlan - et non Jean-Michel, comme l'annonçait un peu hâtivement le pathétique speaker... - s'installent dans la partie. A une touche de balle, toujours en mouvement, ils donnent le tournis à  une défense lourde comme un franc-comtois repu de saucisses de Montbéliard.
 A l'image de ce grand pont de cour de récréation, oeuvre de Mouloungui face à  un Pichot transformé en piquet, les Alsaciens s'évertuent à  produire du jeu. Voilà  qui est rassurant. En quinze jours de coupure, matches internationaux obligent, ils n'ont pas oublié leurs fondamentaux. Ceux qui leur avaient permis d'engranger 11 points lors des sept premières sorties.
Cohade, monstrueux dans l'entrejeu
 Dans un schéma en 4-1-3-2 déjà  expérimenté de manière furtive à  Saint-Etienne - l'expulsion prématurée de Lacour avait changé la donne -, le Racing est maître du ballon. Grâce notamment à  Cohade, monstrueux dans l'entrejeu, dont l'abattage défensif et la lucidité offensive permettent d'illuminer la partie. Sochaux, qui reste sur trois défaites de rang à  Bonal, n'existe alors quasiment pas. Si ce n'est à  travers quelques accélérations de Dalmat, homme à  la technique raffinée, et d'Isabey, dont l'une débouche sur la principale occasion doubiste, une frappe de Pancrate que Cassard repousse (7e'). « En première mi-temps, je n'ai pas eu une seule fois à  me lever du banc, savoure Furlan. Je suis satisfait de la solidité et de l'investissement des gars. Nous ne sommes pas venus ici pour bétonner ou fermer le jeu. Il y a eu de la qualité, à  défaut de buts. » Une qualité qui fait visiblement défaut aux Sochaliens, désormais relégables (19es). Comme le reconnaît Frédéric Hantz, sa troupe a été « trop hétérogène pour espérer accrocher la victoire, qui aurait dû prendre forme en début de partie. » Pour le reste, les Lionceaux ont surtout dépensé leur énergie à  parer au plus pressé. Gameiro, dans le dos de la défense, constitue un danger permanent. Même si les situations franches sont plutôt rares, Strasbourg donne l'impression de pouvoir porter un coup de massue à  tout moment. C'est en tout cas suffisant pour dissuader les Sochaliens de partir à  l'abordage. Au retour des vestiaires, ceux-ci tentent bien de hausser le rythme. Cassard voit ainsi le petit Quercia tournoyer dangereusement devant son but (56e'). « On a dû faire la sieste durant la pause, s'amuse l'entraîneur alsacien. J'ai dû les réveiller, parce qu'ils commençaient à  se laisser un peu griser. »
« Se contenter de ce que l'on a pris »
 Revenus à  un schéma plus classique, avec le seul Gameiro en pointe, les Bleus reprennent leur emprise sur la rencontre après un petit quart d'heure de flottement. Paisley et Bellaïd contiennent alors assez facilement les derniers assauts locaux et quittent la pelouse avec le sentiment du devoir accompli. « Même si les joueurs, en particulier les attaquants, ne sont jamais satisfaits d'un 0-0, il faut savoir se contenter de ce que l'on a pris », conclut Furlan. Sur la forme et le fond, le Racing est assurément dans le vrai, du haut de sa 7e place ex aequo. Reste désormais à  renouer avec la victoire, qui le fuit depuis trois journées. Dès samedi, avec la venue du Mans.
L'increvable mister Cohade
Dominateurs en première période, les Strasbourgeois ont souffert du réveil sochalien en deuxième mi-temps. Mais ont pu compter sur un Renaud Cohade omniprésent pour colmater les brèches.
De notre envoyée spéciale à  Sochaux 
CASSARD (). A la main ferme à  la 7e, sur le premier tir cadré de Pancrate. De quoi mettre le portier sur de bons rails, que ce soit pour stopper les rapides contre-attaques menées par Quercia ou pour s'envoler sur les coups francs sochaliens.
SZELESI (). S'est montré discret lors des phases offensives pour son deuxième match sous les couleurs strasbourgeoises, mais a fait très peu de fautes défensives. Plus de mal en deuxième mi-temps face à  ce diable de Dalmat.
BELLAID (). Après son périple en équipe de France espoirs, Bellaïd aurait pu revenir émoussé. Il n'en a rien été et le défenseur a été attentif, coupant les quelques ouvertures sochaliennes qui se présentaient. A le pied ferme dans la surface quand il tacle Quercia (40e).
PAISLEY (). N'a pas dérogé à  ses habitudes en étant solide comme un roc. Même acculé dans sa surface comme lors de la percée de Mathis (39e), il n'a pas cédé à  la panique. Plus bousculé en deuxième mi-temps, à  l'image de toute la défense strasbourgeoise.
DOS SANTOS (). Comme à  son habitude, Dos Santos a fait un match propre, sans fioritures, n'hésitant pas à  repasser par Paisley quand le pressing sochalien se faisait trop appuyé, tout en apportant sa qualité de centre quand l'occasion s'est présentée.
RODRIGO (). Seul récupérateur devant la défense, le Brésilien a fait son boulot et a passablement écoeuré Pancrate, qui n'a jamais gagné un duel. Dommage qu'il ait été moins en réussite en relance.
COHADE (). Replacé côté gauche, « Coco » a d'emblée donné une belle ouverture pour Abdessadki, suivi d'un coup franc direct difficilement boxé par Richert (19e). A ensuite ratissé un nombre incalculable de ballons en défense. Increvable et indispensable.
LACOUR (). Pour son premier match au milieu de terrain, le capitaine strasbourgeois a fait des kilomètres et a apporté son abattage habituel en défense, en sauvant notamment sur la ligne un but tout fait de N'Daw (8e).
ABDESSADKI (). Aurait pu marquer dès l'entame, mais son tir trop mou est passé à  côté. A ensuite, comme à  son habitude, gagné quasiment tous ses duels grâce à  une qualité technique qui n'est plus à  démontrer. Plus de déchets en seconde mi-temps. Remplacé par JOHANSEN (80e).
MOULOUNGUI (). Peu en vue en début de match, le Gabonais s'est ensuite réveillé, tentant sa chance quand il le pouvait, comme lors de ce tir en pivot (33e). S'est toutefois montré moins tranchant que lors de ses précédentes prestations. Remplacé par FANCHONE (82e).
GAMEIRO (). Rapide et vif, le jeune attaquant l'est toujours autant et a plusieurs fois mis dans le vent la paire Perquis/Afolabi. A pris de l'assurance au cours du match, tentant même une reprise acrobatique dans la surface. Rate d'un rien le cadre sur une passe de Lacour (60e).
Barbara Schuster et Sébastien Keller
L'Alsace a écrit :Un derby sans histoire
Pas de doute, Strasbourg a réalisé la meilleure opération, hier soir à  Bonal dans ce derby. Face à  des Sochaliens désormais avant derniers, les Alsaciens n'ont encaissé aucun but. Une première à  l'extérieur cette saison.
Quitte à  choisir, le public de Bonal aurait aimé que ce derby soit servi show. Mais pour cela, les hommes de Frédéric Hantz auraient dû afficher d'autres qualités, et surtout se montrer, mal endémique, beaucoup plus réalistes. Les qualités des Strasbourgeois leur ont permis de repartir avec un bon nul en poche.
Un quart d'heure de flottement
Certes, malgré le déchet technique et les approximations, l'ennui a été loin de gagner les travées de Bonal pour ce derby. Le suspense, on se console comme on peut, a suffi à  cacher certaines autres carences. Mais Sochaliens et Strasbourgeois ont laissé l'assistance sur sa faim, avec un goût d'inachevé pour n'avoir pas réussi à  faire trembler les filets dans un match tout de même très ouvert. D'entrée, Abdessadki (1re) a vu le but s'ouvrir devant lui alors que Lacour a sauvé sur sa ligne sur une tête de N'Daw (7e). Les Racingmen, eux, n'ont-ils pas laissé filer leur chance en première mi-temps ? En poussant un peu plus, en croyant en leur étoile, les Bleus d'Alsace auraient certainement pu enfoncer des Sochaliens visiblement engoncés dans leurs incertitudes, lâches au marquage, un peu fébriles derrière. Il est vrai que, d'un autre côté, sans une coupable incapacité à  se mettre en positon de frappe, le FCSM aurait pu, lui aussi, ouvrir le score sur ses longs rushs. Bref, à  la mi-temps, bien malin celui qui pouvait se lancer dans un quelconque pronostic. Frédéric Hantz aurait, lui, peut-être misé un peu plus fort sur sa troupe en revenant des vestiaires. Notamment quand tour à  tour Isabey (50e), Quercia (56e), et Pitau firent monter l'adrénaline dans la surface d'un Cassard irréprochable. « En première mi-temps, nous menions aux points, mais Sochaux nous a bougés durant le premier quart d'heure de la seconde période. Après tout s'est équilibré » a reconnu un Jean-Marc Furlan, visiblement satisfait. « C'est une satisfaction par rapport au contexte. Nous devons faire le championnat d'un promu. Venir partager les points à  Bonal est une bonne opération. » Quand ils finissent à  onze sur le terrain, les Strasbourgeois ne perdent pas à  l'extérieur, et c'est bon signe. « Je me contente de ce que j'ai, poursuit le coach alsacien. Mais du banc de touche, j'ai bien senti que les gars ne s'en contentaient pas. Il a même fallu les freiner à  la mi-temps parce que par moments, ils se grisaient, au point que notre 4-1-3-2 est parfois devenu un 4-1-5. Nous n'avons pas fait 0-0 en "tuant" le match, ni en bétonnant. Je suis satisfait de l'investissement des joueurs. Ils ont montré de la qualité dans la cohérence et dans la construction du jeu. Ce qui se dégage, c'est que l'équipe avance ensemble, qu'elle ne fait rien à  l'emporte-pièce. » 
De bons signes, Frédéric Hantz n'en a, lui, pas vraiment reçu dans ce duel. Le coach doubiste a voulu positiver ce qui pouvait l'être, sans cacher « la déception » qui animait le vestiaire à  l'issue des débats. À l'évidence, le FCSM est encore « trop hétérogène » Et pour n'avoir pas mis suffisamment d'étincelles dans son jeu, malgré un Dalmat toujours convaincant, le FC Sochaux court toujours après une première victoire cette saison. Alors que Strasbourg est solidement installé à  sa 8e place, voilà  Sochaux 19e avant son déplacement à  Rennes. Rien de rassurant.
4 
C'est le nombre de matches, en huit journées de championnat, que le Racing a bouclés sans concéder le moindre but.
Au fil du match
1re : Les Strasbourgeois ne mettent pas longtemps à  mettre le feu aux poudres. Cohade alerte Abdessadki dans la profondeur, mais le Marocain, seul face à  Richert, se précipite et manque sa frappe du droit.
7e : la réplique sochalienne ne tarde pas. Orchestrée par Isabey, elle aboutit à  une bonne frappe de Pancrate que Cassard détourne en corner. Un corner extrêmement dangereux, que N'Daw reprend d'une tête à  bout portant. Lacour, au pied du poteau gauche, sauve sur sa ligne.
17e : décalé par Pitau, Dalmat allume un terrible pétard sur un coup franc de 30 m. Parti du mauvais côté, le gardien strasbourgeois change d'appuis et se couche sur son côté droit pour stopper la balle en deux temps.
19e : là  encore, la réponse du berger à  la bergère, sur coup franc également. Richert ne prend aucun risque et boxe la frappe enveloppée de Cohade.
20e : Cohade à  l'ouverture (bis). Cette fois, Gameiro enchaîne contrôle de la poitrine – volée du gauche, mais n'attrape pas le cadre.
29e : au bout d'une action personnelle, Gameiro décoche une bonne frappe sans angle dont Richert se saisit sans trembler.
56e : un long centre enroulé de N'Daw prend à  revers toute la défense alsacienne. Mais Quercia, esseulé au 2e poteau, expédie sa demi-volée du droit dans les nuages.
61e : en position inédite d'ailier gauche, Lacour adresse un centre au cordeau dont Gameiro coupe la trajectoire d'un extérieur du droit. Richert regarde avec soulagement le ballon frôler sa lucarne droite.
En jeu Du bon boulot, Coco !
Au sein d'un Racing solide, Renaud « Coco » Cohade a joué une partition de très haute tenue, tantôt chef d'orchestre, tantôt soliste.
Cassard (6). L'ex-Sochalien a passé une soirée plutôt tranquille. Parfait sur les deux arrêts qu'il a eu à  effectuer. Rassurant sur ses prises de balles aériennes. Du Cassard pur sucre.
Szelesi (4,5). C'est manifeste : depuis son arrivée, le Hongrois s'applique à  bien faire son boulot défensif. Face à  un Dalmat des grands soirs, il n'en a pas moins souffert. Et comme son apport devant est quasiment nul, sa deuxième apparition sous le maillot bleu ne restera pas dans les annales.
Bellaïd (6,5). Une superbe intervention dans les pieds de Quercia qui filait seul au but (40e), d'autres tout aussi soignées et un match globalement propre : l'international espoirs, qui jouait son 11e match officiel en moins d'un mois et demi, maintient son haut niveau de performance. 
Paisley (6). Son dégagement raté de la 69e, qui permit à  Pitau de frapper juste au-dessus, aurait pu coûter cher. Mais ce petit égarement mis à  part, le défenseur s'est encore montré solide. Il n'est pas étranger à  l'étanchéité bas-rhinoise.
Dos Santos (6). Les dédoublements de Mickaël Isabey et Stéphane Pichot, laissé libre par Mouloungui, lui ont parfois posé problème. Mais le latéral gauche a signé un match plein.
Rodrigo (5,5). On se demandait ces derniers temps à  quand remontait son dernier ballon perdu. Sans doute quand il était poussin. Hier, le râtisseur strasbourgeois, toujours efficace à  la récupération, s'est souvent montré imprécis dans sa relance. Inhabituel.
Lacour (5,5). Un sauvetage sur sa ligne à  la 7e sur une tête de N'Daw a lancé son match. Le capitaine du RCS, de retour de suspension, a beaucoup couru. Régulier, comme d'hab.
Abdessadki (6). L'international marocain a été fidèle à  lui-même, s'appuyant sur une grosse activité et une aisance technique à  faire tourner les Lionceaux en bourriques. Il a toutefois baissé de pied en 2e période et fini par céder sa place à  Johansen (80e).
Cohade (8). Une première mi-temps « mammouthesque ». Deux de ses ouvertures auraient pu être décisives sans les ratés d'Abdessadki (1re) et Gameiro (20e). Ses tacles rageurs l'ont été pour anéantir les attaques doubistes. Bref, « Coco » a été partout. Moins en vue après la pause, comme toute son équipe, il a néanmoins varié intelligemment le jeu. Une production haut de gamme.
Gameiro (5,5). Le lutin strasbourgeois a beaucoup appelé le ballon et proposé de solutions. Il a eu le mérite de la persévérance, même s'il n'a pas été récompensé.
Mouloungui (4,5). Positionné dans l'axe en première période, le Gabonais a peiné à  se situer. Il a d'ailleurs signé son action la plus tranchante sur le côté gauche, entre un grand pont sur un Pichot scotché et un centre repoussé par la défense sochalienne. Insuffisant cependant pour un joueur de sa stature. Remplacé par Fanchone (82e).
Stéphane Godin et Gilles Santalucia