L'Alsace a écrit :Le train de la dernière chance
En deux rendez-vous d'affilée à la Meinau, ce soir (20 h) contre le PSG, puis samedi face à Ajaccio, le Racing peut espérer attraper le dernier wagon en partance vers le maintien. Les Bleus jouent leur avenir en 72 heures.
C'est l'heure de vérité. Dans les rangs strasbourgeois, tout le monde s'accorde à le reconnaître. « C'est un peu la semaine de la dernière chance », prédit Amara Diané. Après avoir si souvent reculé sans jamais pouvoir sauter, le Racing n'a ce matin plus le moindre joker. À 14 matches du baisser de rideau 2005-2006, le challenge qui se présente devant lui paraît insurmontable : comment une équipe qui affiche 15 points après 24 rencontres pourrait-elle en engranger 25 sur 42 lors des 14 dernières ? À force de laisser filer des points qui leur tendaient la main et qu'ils méritaient sur la qualité d'un jeu louée par la France entière, les Strasbourgeois n'ont jamais réussi à se sortir des sales draps dans lesquels ils se sont mis dès l'été. « On est au fond du trou », doit bien admettre un Diané qui annonce « deux matches à domicile capitaux contre Paris (ce soir) et Ajaccio (samedi). Il nous faut six points. Nous en sommes arrivés à un point où il n'y a plus à se poser de questions. Je n'avais jamais connu une saison comme celle-là , individuellement et collectivement. Mais je fais partie des gens qui y croient encore. À Lens, nous avons repris un petit coup au moral. Mais nous n'allons pas pleurer sur notre sort. »
Le bilan mitigé du PSG, version Lacombe
Les Bleus auront tout le temps pour ça s'ils n'enchaînent pas deux succès face à des Parisiens qui se cherchent toujours malgré le remplacement à Noël de Laurent Fournier par Guy Lacombe et des Ajacciens qui, en quatre matches sous la férule de leur nouveau coach, José Pasqualetti (successeur de Rolland Courbis), ont récolté sept points. Les Corses les ont même engrangés lors de leurs trois dernières sorties, avec deux victoires à François-Coty sur Marseille (3-1) et Auxerre (1-0), entrecoupées d'un nul à Nancy (0-0). Ils n'ont plus que 5 longueurs de retard sur le premier non-relégable, Troyes (un match de moins, à disputer à Nantes). A Paris, le rocambolesque changement d'entraîneur, qui a alimenté les gazettes à la trêve hivernale, n'a pas produit l'effet escompté. Les Parisiens, qui émargeaient à un point de la seconde place avant Noël, en sont ce matin distancés de huit. Le bilan de Lacombe est tout juste équilibré : deux victoires à domicile (3-1 contre Sochaux et 2-1 face à Troyes grâce à un but de Pancrate à la 90e), un nul (2-2 samedi au Parc contre Saint-Etienne, avec une égalisation du même Pancrate à dix minutes de la fin) et deux défaites à l'extérieur (1-0 à Toulouse, puis à Nice sur un but du Niçois Sammy Traoré à la 88e). Pas de quoi pavoiser avant deux voyages consécutifs, à Strasbourg aujourd'hui, puis à Lille dimanche. Après le nul des siens face aux Verts, Guy Lacombe a provisoirement remisé un discours ambitieux. « Les joueurs ont besoin de revenir à l'essentiel, le jeu. J'ai l'impression que l'enjeu les paralyse. » L'enjeu pour Pauleta et les autres - une remontée à la 4e place - les tétanisera-t-il encore ? Le Racing en est à l'espérer, lui qui n'a pas grand-chose à envier à la plupart de ses rivaux de L 1, excepté leur réalisme. 15 buts en 24 matches : les chiffres parlent d'eux-mêmes. En s'imposant en soirée, les Bleus pourraient envisager de passer Ajaccio samedi et d'effectuer un spectaculaire rapproché. « Dans ma projection jusqu'en fin de saison, j'ai programmé six points sur ces deux matches », ne cache pas Jacky Duguépéroux, « Samedi, nous saurons. Deux succès nous offriraient une grosse lueur d'espoir, pour peu que Troyes s'incline ce week-end à Monaco. » Tout à l'heure, le train de la dernière chance fera un arrêt à la Meinau. Le Racing a tout intérêt à ne pas le rater s'il ne veut pas composter son ticket pour la Ligue 2.
Hagui et Gmamdia en taxi
Après avoir atterri hier peu avant midi à Paris, Haikel Gmamdia et Karim Hagui se sont retrouvés bloqués par la grève des contrôleurs aériens à Orly. Dans l'impossibilité d'attraper leur correspondance, les internationaux tunisiens du Racing, éliminés en quarts de finale de la Coupe d'Afrique des Nations contre le Nigeria, se sont résolus à prendre un taxi pour rallier Strasbourg. Ils sont naturellement arrivés trop tard pour participer à l'entraînement avec leurs coéquipiers, mais ont eu droit à une séance spéciale concoctée par le préparateur physique Michel Dufour. Hagui, auteur du but égalisateur face au Nigeria, sera titularisé ce soir dans l'entrejeu à la place de Loué. Le Tunisien, dont les premières expériences dans ce rôle n'ont pas été très convaincantes, aura pour mission d'apporter sa densité physique. Le troisième Strasbourgeois présent à la CAN, l'Ivoirien Arthur Boka, en disputera vendredi la finale contre l'Egypte (en compagnie du Parisien Bonaventure Kalou) après le succès des Eléphants face au Nigeria hier en demi-finale.
Pauleta, l'arme fatale
Si un chiffre devait rassurer le Racing, ce serait celui du PSG en déplacement dont le bilan le situe à la 14e place de la L 1, avec 2 victoires (dès la 2e journée à Sochaux – 1-0 - début août, puis à Bordeaux – 2-0 – le 20 novembre), 3 nuls et 6 défaites. Sur leurs quatre dernières rencontres hors du Parc des Princes, les coéquipiers de Pauleta ne sont allés chercher qu'un point sur 12 (1-1 à Ajaccio). Plus inquiétant en revanche est le taux de réussite des Parisiens à la Meinau : 5 succès, 2 nuls et 1 seul échec lors de leurs 8 dernières visites en Alsace. Un revers qui remonte d'ailleurs à la saison passée quand Niang, Pagis et Abdessadki avaient permis au Racing de faire un pas décisif vers le maintien (3-1). Sur le papier, le groupe de Guy Lacombe a pourtant de quoi donner quelques sueurs froides à bien des adversaires, même amputé, comme ce soir, de Jérôme Rothen et Bonaventure Kalou. Avec ses 112 buts en cinq saisons et demie de L 1 (dont 5 contre Strasbourg), Pedro Miguel Pauleta, qui en a déjà inscrit 15 cette année et caracole largement en tête du classement des buteurs, est lancé à la poursuite du meilleur réalisateur en activité dans l'élite française, le Bordelais Lilian Laslandes (120 buts). Il pourrait bien le dépasser avant la mi-mai. « C'est un buteur redoutable », lâche un Jacky Duguépéroux admiratif, « si nous parvenons à le neutraliser, nous aurons fait 50 % du chemin. »
Pancrate, l'associé
L'international portugais sera évidemment à surveiller comme le lait sur le feu. Mais il ne sera pas le seul : un Fabrice Pancrate, que son ex-entraîneur à Guingamp – Lacombe — a relancé, pète précisément le feu. Et l'Uruguayen Carlos Bueno devrait compléter ce soir le trident offensif du PSG. Dans les rangs strasbourgeois, Karim Hagui, rentré tardivement de la CAN, Yacine Abdessadki et Szilard Nemeth remplaceront respectivement Gnoleba Edgard Loué (malade), Pontus Farnerud (suspendu) et Kevin Gameiro (entorse de la cheville) dans le onze de départ.
Haggui en 6 ...DNA a écrit :La peur du vide
Paris n'est pas vraiment magique. Le club de la capitale n'en reste pas moins un sacré client pour un Racing chancelant. Pourtant, les Alsaciens sont tenus de s'imposer, ce soir, dans ce match en retard. Sans quoi le vide les aspirera irrémédiablement.
A la Meinau, ces derniers temps, le fond de l'air est frais. Et pas seulement à cause des températures, somme toute de saison. Au siège du club, les sourires sont crispés, les rares paroles lourdes de sous-entendus. Depuis que Pierre Brochet, le directeur du marketing, a été mis à pied par le président Ginestet (lire nos éditions précédentes), l'ambiance est devenue pesante, pour ne pas dire oppressante.
Au sortir des vestiaires, aussi, les joueurs semblent moins concernés, presque absents quand il s'agit d'évoquer les déboires sportifs. A croire que plus grand-monde, sous le maillot bleu, ne se sent concerné par l'hypothétique maintien.
« La semaine la plus importante de la saison »
L'épisode rocambolesque du « rapatriement » manqué de Haggui et Gmamdia illustre ce flottement général. Les deux Tunisiens, éliminés depuis samedi de la Coupe d'Afrique des nations, n'ont rallié Strasbourg que hier à la nuit tombée. Bloqués à Orly par une grève aérienne, ils sont rentrés de Paris en... taxi. On a connu des veilles de match plus sereines.
C'est dans ce climat pernicieux que le Racing s'apprête donc à disputer la « semaine la plus importante de la saison », comme le rappelle à juste titre Jacky Duguépéroux. Ce soir contre Paris et sa terreur Pauleta puis samedi face à Ajaccio, concurrent direct au maintien, les Strasbourgeois n'auront pas le droit à l'erreur.
« Si on gagne ces deux matches, on passe devant Ajaccio, poursuit Duguépéroux. Si on est devant les Corses, c'est que le premier non relégable, Troyes, ne sera plus très loin. Si tel est le cas, une grosse lueur d'espoir resurgira... Bon, il y a beaucoup de "si" là -dedans. Mais je crois sincèrement que contre Paris et Ajaccio, le coup est jouable. »
Il ne resterait que des larmes et des cendres
S'il est donc encore un homme à croire au maintien dans ce club, il se nomme Jacky Duguépéroux. Les coups durs, les baffes prises de-ci de-là , dont la dernière, retentissante, à Lens, n'ont pas suffi à briser sa foi. Le « pompier » de la saison passée croit peut-être qu'il est encore en mesure d'éteindre l'incendie. A moins que tout cela ne soit déjà plus qu'un discours convenu et rabattu.
C'est quand même insensé, quand on y repense. Vainqueur de la Coupe de la Ligue et fier onzième du championnat au printemps dernier, le Racing est ce soir au bord du précipice, prêt à basculer dans le vide. C'est incroyable, mais cette équipe resplendissante sur le balcon de l'hôtel de ville, trophée à bout de bras, risque de voler définitivement en éclats.
Les lézardes sont déjà profondes et les fondations chancelantes. Si Paris venait à gagner ce soir, il ne resterait que des cendres. Des larmes et des cendres. Oui, on en est désormais là . C'est fou, mais c'est comme ça.
Pauleta, Monsieur 50%
Au sein d'un Paris Saint-Germain qui continue de se chercher et de lâcher des points précieux un peu partout, un buteur hors du commun parvient à s'exprimer : Pedro Pauleta, auteur de la moitié des buts du PSG en Ligue 1 (15 sur 30).
RACE. - Le PSG compte dans ses rangs un attaquant racé, de classe internationale : Pedro Pauleta. Meilleur buteur de Ligue 1 avec 15 réalisations à ce jour (dont seulement 1 penalty), il a également inscrit deux buts en Coupe de France et un en Coupe de la Ligue. L'international portugais a encore marqué samedi dernier, trompant Janot, le portier stéphanois, d'une petite merveille de pichenette. Surnommé l'Aigle des Açores, Pauleta est un buteur d'instinct, toujours en mouvement... Jacky Duguépéroux en est convaincu : « Si nous parvenons à le neutraliser, nous aurons fait la moitié du chemin. »
EMPàŠTRE - A mi-championnat (au soir de la 19e journée), à l'heure où Laurent Fournier a été limogé, le Paris Saint-Germain pointait à la 6e place de Ligue 1 avec 31 points au compteur, à seulement 1 point de Lens, alors 2e. En cinq matches, le PSG de Guy Lacombe n'a pris que 7 points, et se trouve désormais à 8 longueurs du 2e, Bordeaux. En outre, tous les observateurs dressent le même constat : rien n'a vraiment changé dans le jeu de Paris.
DECHIRE. - Jérôme Alonzo, titularisé en lieu et place de Lionel Létizi samedi dernier dans le but parisien, a passé une sale soirée contre Saint-Etienne, grillant deux jokers en une mi-temps. Une faute de main devant Piquionne à la 17e', puis un placement hasardeux sur une espèce de centre-tir de Postiga à la 34e' ont marqué son retour en grâce. Guy Lacombe, bon prince, lui renouvellera néanmoins sa confiance ce soir à la Meinau. Duguépéroux, lui, n'aura pas le choix. Même s'il n'est pas exempt de reproches sur le but de Khiter, marqué dans un angle impossible à Bollaert, c'est Puydebois qui officiera, Cassard étant convalescent.
COMPLIQUE. - Le Paris Saint-Germain a utilisé samedi dernier au Parc des Princes un tout nouveau ballon, lequel n'a pas fait l'unanimité chez les gardiens, c'est le moins que l'on puisse dire. Selon Guy Lacombe, Jérôme Alonzo avait prévenu ses coéquipiers avant le match contre Saint-Etienne : « Il faut frapper au but, c'est un ballon compliqué. » Il faut croire que ce conseil avisé est arrivé jusqu'aux oreilles de Postiga. Mais qu'Alonzo se rassure : à la Meinau, on utilise le « Teamgeist », le ballon officiel de la prochaine Coupe du monde, dont les réactions sont un peu moins imprévisibles...
TIMORE. - Le Paris Saint-Germain voyage mal. Depuis sa victoire du 20 novembre à Bordeaux (0-2, 15e journée), il n'a pris qu'un petit point à l'extérieur, sur le terrain d'Ajaccio. Et en onze déplacements, Paris n'a trouvé qu'à cinq reprises le chemin des filets. Faiblard.

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