L'Alsace a écrit :Ehrhart quitte le navire
Pourtant perçu comme l’œil de Jafar Hilali à la Meinau, le chargé de mission Stéphane Ehrhart a décidé de ne pas solliciter le renouvellement de son contrat de six mois.
Avec un tel patronyme, le jeu de mots est facile : l’Ehrhart quitte le navire. Mais pour facile qu’il soit, il n’est pas tout à fait juste : sollicité en octobre par les propriétaires londoniens, Stéphane Ehrhart, arrivé à l’été 2010 comme entraîneur des U 13 première année (histoire de préparer son Brevet d’État 1 er degré), n’ira tout simplement pas au-delà de son bail de six mois, comme prestataire indépendant chargé de missions ciblées. Il en a informé le personnel du RCS hier par mail.
Devenu « Monsieur Stade » à l’initiative d’un Jafar Hilali désireux à l’automne de relancer la candidature de Strasbourg à l’Euro 2016, S. Ehrhart a d’abord travaillé sur un dossier vite retoqué par la municipalité. Il a aussi participé à la recherche de moyens financiers complémentaires pour le centre de formation, avec plus de succès cette fois. Le Racing a ainsi signé à son initiative des partenariats au Brésil, aux USA, au Canada, au Tchad et en Corée du Sud. En janvier, un espoir sud-coréen, Ji Young Do, testé un mois plus tôt au centre, y est arrivé pour un an. Le club a perçu 20 000 euros, somme de laquelle il convient de défalquer les frais de formation et d’hébergement (1). « La réputation du centre est toujours bonne. Le travail accompli là-bas est de qualité. Bien sûr, ce type de partenariat ne peut pas faire vivre le centre, mais s’il peut apporter un peu d’eau à son moulin, c’est bien. »
« D’accord sur certaines choses, pas sur d’autres »
Autoentrepreneur rétribué comme vacataire (3000 euros mensuels, dit-on), Stéphane Ehrhart ne souhaite donc pas prolonger sa mission. Un geste fort qui - il s’en défend - s’apparente à un désaveu de la politique conduite par Hilali et consorts. « Même si j’estime que la mise en place de projets structurants et développants est essentielle, ces projets n’ont plus lieu d’être tant que les luttes internes qui secouent le club ne seront pas réglées », explique-t-il dans son mail, « À mon sens, l’abandon du statut pro serait une erreur. […] Un dépôt de bilan présente plus d’inconvénients que d’avantages pour les joueurs et salariés. »Son retrait, effectif dès jeudi (2), lui permet en tout cas de remettre certaines pendules à l’heure. Depuis octobre, les salariés ont toujours vu en lui l’œil de Londres. « J’ai été d’accord sur certaines choses, pas sur d’autres, et je ne me suis jamais privé de le dire à Jafar Hilali et aux autres », corrige-t-il, « J’ai consacré mon temps à mes missions et pas au reste. Je fais le constat qu’un projet de développement et de club n’est pas possible en ce moment. Il n’y a aucune visibilité sur l’avenir. Je souhaite que le Racing monte en L 2 et se reconstruise sur des bases saines. Mais il faudra que les deux parties, SASP et association support RCS, qui ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre, fassent des efforts pour se rassembler, dans l’intérêt du club. »En charge du site internet officiel du RCS, en sommeil pendant des mois, Stéphane Ehrhart s’est ainsi opposé jeudi à la publication sur l’organe officiel du club de la lettre adressée par Jafar Hilali à Patrick Spielmann, le président de l’association, dans laquelle le président du foot menace d’abandonner le statut pro et de fermer le centre de formation. « Sa lettre était un message direct. Je lui ai expliqué que le site du club n’était pas le bon endroit pour la publier. »Après le directeur sportif Jean-Luc Witzel, mis à pied depuis quinze jours et en instance de licenciement, l’un des derniers appuis de Hilali en interne s’éclipse à son tour.
(1) « J’ai rapporté au club plus que je n’ai coûté », affirme-t-il. (2) Il continuera néanmoins à entraîner les U 13.
[10/11] Le Fil Rouge
- argueti
- Sélectionneur@InfosRacing

- Messages : 37462
- Enregistré le : 16 mai 2003 23:27
- Localisation : Strasbourg
- Contact :
Re: [10/11] Le Fil Rouge
L'histoire est en marche ...
- argueti
- Sélectionneur@InfosRacing

- Messages : 37462
- Enregistré le : 16 mai 2003 23:27
- Localisation : Strasbourg
- Contact :
Re: [10/11] Le Fil Rouge
L'Alsace a écrit :« Zéro transparence »
Longtemps chargé des sports, Robert Herrmann, premier adjoint de la Ville de Strasbourg, porte un regard sans concession sur la gouvernance du RCS à la mode londonienne. Il dénonce l’opacité de la gestion du club et juge « scandaleuses » les menaces de Jafar Hilali sur la perte du statut pro et la fermeture du centre de formation.
Robert Herrmann était adjoint aux sports en 1990 (1) lorsque la Ville de Strasbourg a hérité du déficit de 92 millions de francs (14 millions d’euros) creusé par le Racing sous la présidence de Daniel Hechter. Le couturier parti, la municipalité avait dû créer une société d’économie mixte et reboucher ce trou béant sur une demi-douzaine d’années. Lorsqu’elle avait vendu ses parts à la multinationale américaine IMG/Mc Cormack en 1997, le passif était apuré. Désormais premier adjoint de Roland Ries, R. Herrmann suit toujours l’épineux dossier du club phare du football alsacien dont Alain Fontanel, adjoint aux finances, a officiellement la charge au sein de la municipalité. Même s’il avoue ne pas avoir tous les tenants et aboutissants, il ne se prive pas de commentaires acérés et acerbes sur la période ubuesque que traverse le RCS.
Robert Herrmann, il y a vingt ans, les Villes étaient encore autorisées par la loi à présider aux destinées d’un club de foot pro et à le financer. Celle de Strasbourg avait volé au secours du Racing en 1990. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Quel regard portez-vous ce qui se passe au RCS en ce moment ?
Depuis le départ de Philippe Ginestet, un même fil rouge régit la vie du club : les flous artistiques sont permanents. Tous les observateurs ont l’impression qu’aux yeux des nouveaux dirigeants, le mécano financier prime l’aspect sportif. Il y a zéro transparence. Ce qui s’est passé la semaine dernière avec la charge de Jafar Hilali contre le centre de formation ne donne pas confiance. Or, pour l’avoir vécu non pas en politique, mais dans d’autres domaines, si, à un moment donné, on veut avancer, il faut restaurer cette confiance. Là, tous les ingrédients qui font qu’un dossier échoue sont réunis.
La Ville a récemment racheté les bâtiments du centre de formation pour assurer la pérennité de ce dernier. Quelques mois plus tard, on a le sentiment que l’argent du rachat a été détourné de son objectif premier et s’apparente à une subvention indirecte du football professionnel (2). Faites-vous la même analyse ?
En termes de droit, la collectivité doit s’assurer que son intervention financière liée au rachat du centre serve bien le but recherché, à savoir protéger et pérenniser le centre de formation. Or, force est de constater que l’esprit dans lequel cet argent a été utilisé n’est pas complètement celui dans lequel la Ville a racheté le centre. Son usage n’est pas conforme à ce qui était prévu. D’autant moins que ça a débouché sur les menaces de Jafar Hilali à propos de la perte du statut pro et de la fermeture du centre de formation.
Justement, que pensez-vous de ces menaces ?
C’est scandaleux. Le club ne mérite pas ça et les amoureux de ce club, du football aussi, méritent mieux. L’opinion publique est marrie et ne comprend plus rien. La Ville a fait l’effort qu’elle devait faire l’été dernier pour empêcher la relégation administrative en CFA. Elle est peut-être même allée au-delà de ce à quoi elle aurait dû consentir. Personne n’imagine qu’elle puisse de nouveau intervenir dans le capharnaüm actuel, a fortiori maintenant qu’elle est propriétaire de tout, de la Meinau, du centre de formation et du terrain sur lequel il est implanté. Dans un cadre législatif strict, elle doit veiller à ce que l’usage de l’argent public soit conforme à ce qu’elle souhaitait et s’entourer de toutes les garanties pour ça. Ce qui se passe au Racing me fait penser à la centrale nucléaire de Fukushima : tous les matins, une information annonce que ça va mieux. Et l’après-midi, elle est démentie par une autre plus alarmante. Au final, tu éprouves forcément l’impression désagréable qu’on t’a caché quelque chose.
La Ville a-t-elle encore le pouvoir d’intervenir ?
Elle le peut - encore une fois, dans le cadre juridique autorisé - si on lui présente un projet sportif à long terme pour le club, avec des bases transparentes, des objectifs et des méthodes communs. Et ça, que Jafar Hilali ou n’importe qui d’autre soit à la tête du Racing. Mais rien de tout ça n’est réuni aujourd’hui. Le projet de Hilali est-il le même que celui de la Ville pour le RCS ? Je n’en suis pas persuadé. D’où la nécessité absolue de s’entourer de toutes les garanties.
Peut-être aussi pour ne pas prêter le flanc aux critiques de l’opposition municipale sur un dossier politiquement très sensible ?
Pas seulement. Également pour garder une unité dans la majorité. En juillet, lorsque la décision a été prise de racheter le centre de formation, il y a déjà eu un débat au sein de cette majorité. Depuis, la situation du club ne s’est pas améliorée, au contraire. Un nouvel engagement financier, sous quelque forme que ce soit, en susciterait un plus vif encore.
(1) Il a exercé cette responsabilité de 1989 à 2001 auprès de Catherine Trautmann.
(2) Grâce à ce rachat, l’association support RCS, qui gère le centre de formation, a remboursé à la SASP (société anonyme sportive professionnelle) un prêt de 550 000 euros que celle-ci, alors gérée par IMG/Mc Cormack, lui avait accordé en 2000 lors de la construction de l’édifice. Entre 2009-2010 et 2010-2011, le club pro a baissé son aide à la formation de 350 000 euros. Et depuis janvier, elle ne lui paie plus la redevance mensuelle de 59 800 euros qu’elle s’était engagée à verser. À ce rythme, la SASP aura « gratté » plus d’un million sur le dos de l’association cette saison (voir nos informations détaillées dans notre édition du 24 mars).
Stéphane Godin
L'histoire est en marche ...
-
télésupporteur
- Manager général@Directoire

- Messages : 14292
- Enregistré le : 3 juin 2004 13:56
- Localisation : Mont-de-Marsan - Landes
Re: [10/11] Le Fil Rouge
l'art de dénoncer l'absence de transparence sans (avoir) apporter d'éclaircissement 
- argueti
- Sélectionneur@InfosRacing

- Messages : 37462
- Enregistré le : 16 mai 2003 23:27
- Localisation : Strasbourg
- Contact :
Re: [10/11] Le Fil Rouge
L'Alsace a écrit :Mathlouthi dans le Top 4
Auteur d’un doublé avant-hier à Colombes contre Alfortville, Ali Mathlouthi a porté son compteur personnel à 13 réalisations en 30 matches et est désormais seul 4 e buteur du National. Un total auquel il convient d’ajouter six passes décisives. L’attaquant du RCS a ainsi été directement impliqué dans 19 des 45 buts inscrits par les Bleus depuis le début de saison (42 %). Le Betis Séville, Nice et Dijon suivent sa piste. D’autres clubs de L1 et L2 s’intéressent à lui. Le Franco-Tunisien, libre en juin, a également marqué trois buts dans les deux Coupes, dont deux contre le leader de la Ligue 2, Evian-Thonon-Gaillard. Sur ses 16 buts officiels, cinq ont été inscrits sur penalty.
Fournier veut de la concurrence
C’était un peu plus qu’un appel du pied. Un vrai appel à la mobilisation. Samedi dans les couloirs de Colombes, Laurent Fournier a exhorté « ceux qui étaient sur le banc à se bouger les fesses, pour qu’il y ait encore plus de concurrence dans le groupe » avant le sprint des sept derniers matches. Entre incertitudes en coulisses et sollicitations de plus en plus nombreuses de joueurs en fin de contrat, l’entraîneur du RCS s’efforce de garder tout son monde sous pression. C’est en partie pour cette raison que comme il y a quinze jours (victoire 3-1 contre la FAIG), il a tenu à organiser un match amical entre ses remplaçants et des stagiaires d’une part, Obernai (DH) de l’autre, ce mardi (19h) sur l’un des terrains annexes de la Meinau.
L'histoire est en marche ...
- Its_me
- Sélectionneur@InfosRacing

- Messages : 20237
- Enregistré le : 11 févr. 2003 20:07
- Localisation : Strasbourg
Re: [10/11] Le Fil Rouge
DNA a écrit :L’espoir est bleu
En signant une sixième victoire d’affilée, les hommes de Laurent Fournier ont pris place pour la première fois sur le podium du National. Les rêves de remontée en Ligue 2 se matérialisent un peu plus. Il reste sept matches pour concrétiser une issue longtemps improbable.
La petite souris planquée dans un coin du vestiaire du stade Yves-du-Manoir n’aurait pas perçu la spécificité du week-end alsacien. Comme d’habitude depuis plus d’un mois et le poussif succès décroché face à Gueugnon, déjà moribond (2-1), le Racing a gagné.
Pour la première fois depuis 34 journées, les Strasbourgeois sont troisièmes. Après Cannes, le Paris FC, Alfortville (mais oui, mais oui, après la première journée), Créteil, Beauvais, Niort, Luzenac, Bastia, Fréjus-St-Raphaël, Amiens et Guingamp – par ordre chronologique –, ils constituent la 12 e équipe du National à prendre place sur le podium. On connaît moment moins inspiré dans la saison.
« La première qualité qu’il faudra avoir, c’est l’humilité »
Alors qu’il leur reste sept rencontres à jouer, ils ont dépassé les Bretons à la faveur de leur treizième match sans défaite, la dernière en date remontant au déplacement à Cannes (1-0), en janvier.
Mais non, et tant pis pour la petite souris, les auteurs de cette montée en puissance, presqu’au bout d’un long tunnel, n’ont pas fait plus les malins que ça.
« Les joueurs ont bien bossé, mais c’est vrai, il n’y a pas eu d’explosion de joie », a remarqué Laurent Fournier, dans les couloirs du stade de Colombes.
Ce n’est pas pour déplaire à leur entraîneur. En dehors d’un quart d’heure un peu agité au retour des vestiaires, ses protégés ont fait dans la sobriété. Ils ont bien mené leur barque, donnant une leçon de maîtrise « sur un terrain difficile » généralement dévolu aux rugbymen du Racing… Métro en Top-14, sachant être efficace, s’appuyant sur leurs points forts, comme les coups de pied arrêtés.
« Mais la première qualité qu’il faudra avoir, poursuit le successeur de Pascal Janin, c’est l’humilité. On est troisième, mais avec un match en plus. Notre performance, il faut la bonifier face à Créteil et à Luzenac. »
D’un point de vue purement comptable, le Racing reste effectivement en danger. S’il bénéficie d’un goal average particulier favorable sur Guingamp, crucial en cas d’égalité de points, il sera exempt pour la dernière journée quand l’En Avant jouera à Rouen.
Ce qui est sûr, c’est qu’avec la victoire du week-end, Sikimic, Gurtner et les autres ont repoussé le reste de la concurrence. Voilà Rouen (5 e) à cinq points, Beauvais (6 e) à huit. Les dix-huit unités récoltées en un mois ont fait de vrais dégâts. Étant donné que Bastia est à 99 % en L 2, il ne reste a priori plus que trois équipes pour deux places dans l’ascenseur.
Désormais, les Strasbourgeois doivent naturellement nourrir le souci de ne pas quitter leur place. Les trois matches à venir s’annoncent cruciaux.
Enfoncer le clou face à Créteil, à Luzenac et face à Orléans s’apparente à une nécessité. Derrière, des voyages à Amiens et à Rouen seront assurément périlleux.
« Il reste du chemin, constate Stéphane Noro, décisif sur les trois buts en initiant à chaque fois les mouvements, Maintenant, il faut absolument accroître l’avance. »
Pour sa première titularisation de l’année, auteur d’une première mi-temps poussive, d’une seconde plus consistante, Farez Brahmia est au diapason dans les commentaires : « En face, ce n’était qu’Alfortville, pour un match-piège. On est heureux de notre victoire, de notre classement, on prend le faux pas de Guingamp comme une bonne chose. Mais on sait aussi qu’après, il y aura sept matches, sept batailles, sept finales à gagner. »
Pour envisager un improbable grand Chelem, le Racing peut s’appuyer sur une (petite) marge. Dans le contenu, il a proprement réglé le problème francilien.
« On a rectifié le tir à la mi-temps, en revenant à deux récupérateurs, car sur notre côté gauche, les joueurs d’Alfortville réussissaient à prendre l’intervalle. », explique Fournier.
Un coin de ciel estival semble apparaître sur le pré vert
Sûrs en défense, les Strasbourgeois peuvent s’appuyer sur un milieu à la capacité d’adaptation de plus en plus acérée.
Et comme l’attaque, autour de Noro et de Mathlouthi, n’a rien d’une femme à lunettes vantant les opérations de la myopie, l’idée d’une issue sportive riante fait son chemin.
Sans qu’il fasse grand bleu, un coin de ciel estival semble apparaître sur le pré vert, dans la grisaille d’une tempête extra-sportive toujours inquiétante. Les joueurs strasbourgeois entretiennent les espoirs de tout un club.
"Il n'est pas concevable que Strasbourg, capitale européenne, n'accueille pas l'Euro-2016" (Roland Ries, Jacques Bigot, juillet 2009)
-
Tenor
- Manager général@Directoire

- Messages : 14229
- Enregistré le : 26 janv. 2008 18:21
- Localisation : HAGUENAU
- PoY
- Manager général@Directoire

- Messages : 12233
- Enregistré le : 9 nov. 2003 21:26
- Localisation : 45
Re: [10/11] Le Fil Rouge
C'est quoi le rapport ?
- Jeter
- Recruteur@Staff

- Messages : 888
- Enregistré le : 22 févr. 2008 22:42
- Localisation : New-York
Re: [10/11] Le Fil Rouge
je me suis pose la meme question ?
-
Tenor
- Manager général@Directoire

- Messages : 14229
- Enregistré le : 26 janv. 2008 18:21
- Localisation : HAGUENAU
Re: [10/11] Le Fil Rouge
PUB VINCI : stade, ponts etc 
- argueti
- Sélectionneur@InfosRacing

- Messages : 37462
- Enregistré le : 16 mai 2003 23:27
- Localisation : Strasbourg
- Contact :
Re: [10/11] Le Fil Rouge
DNA a écrit :« Un risque de disparition »
L’adjoint au maire, Alain Fontanel, est plongé dans l’inextricable dossier Racing depuis de longs mois. Alors que la section professionnelle, soit la SASP présidée par Jafar Hilali, et l’association en charge de la section amateur et du centre de formation sont en guerre ouverte, l’élu tire la sonnette d’alarme. Selon lui, le scénario catastrophe pour le club plus que centenaire n’est pas à exclure.
Alors que le Racing est toujours lancé dans l’opération remontée, en dépit du coup d’arrêt subi samedi soir aux dépens de Créteil (1-1) à la Meinau, les coulisses du club strasbourgeois restent extrêmement agitées. Alain Fontanel évoque une situation qui ne cesse de l’inquiéter.
– Vous avez mené une étude détaillée de la situation actuelle du Racing. Quelles sont vos conclusions ?
– La réalité est malheureusement aussi paradoxale que simple. Alors que le club est aux portes de la L 2, il risque de disparaître. Il est confronté à deux problèmes. Le premier a trait à la convention qui lie la SASP et l’association. Elle a été dénoncée. L’équipe pro ne sera pas autorisée à jouer la saison prochaine si une nouvelle convention n’est pas signée avant le 1 er mai. Ce type de conflit n’est pas nouveau, il a déjà existé à Strasbourg avec Patrick Proisy et l’omnisport ou, plus récemment, à Nîmes.
La Meinau fermerait tout simplement ses portes
Le deuxième problème est d’ordre financier. La SASP est structurellement déficitaire. Alors que ses recettes sont comparables à celles d’un club amateur, ses dépenses sont encore celles d’un club de première moitié de Ligue 2. Il y a un risque réel de dépôt de bilan avant même la fin de saison. Dans ce cas le club serait relégué en CFA2 sous réserve toutefois de trouver un repreneur. Mais qui investirait au 5 e échelon national ? Faute de repreneur, le Racing serait déchu de tous ses droits sportifs et pourrait, au mieux, recommencer en DH. Même la marque Racing Club de Strasbourg tomberait dans le domaine public et n’importe qui pourrait s’en emparer. Dans les deux cas, le centre de formation disparaîtrait lui aussi. Il ne serait plus agréé par l’État, les collectivités ne pourraient plus le financer. Le stade de la Meinau, quant à lui, fermerait tout simplement ses portes. Difficile d’imaginer plus désespérant.
– Vous brossez un tableau très alarmiste. Avez-vous présenté des solutions aux entités actuellement en conflit ?
– J’ai consulté tous les acteurs concernés. J’ai parlé à la DNCG (*), à la Ligue d’Alsace, aux anciens présidents du club, à tous les actionnaires, aux dirigeants de l’association et aux représentants de la génération 1979, qui ont fait beaucoup pour le club et continuent de le soutenir avec force. Tous souhaitent éviter l’irréparable et nous demandent d’aider à une solution. Un dépôt de bilan n’en sera jamais une, il peut juste être une conséquence. Il faut tout faire pour l’éviter mais ne pas faire n’importe quoi, il y a des règles à respecter.
« Chacun doit assumer ses responsabilités, les dirigeants en tout premier »
Le club ne pourra pas être sauvé à n’importe quel prix. Chacun doit assumer ses responsabilités, les dirigeants en tout premier. Celles de la ville sont de tenter de rapprocher les acteurs pour trouver une solution acceptable par tous. En juillet 2010, l’intervention du maire a permis une remontée in extremis du club en National après sa relégation en CFA par la DNCG. Le Racing a été le 21 e et dernier club qualifié en National. Sans cette intervention, et bien sûr sans les joueurs et l’entraîneur, nous ne pourrions pas aujourd’hui espérer remonter en L2. Mais de nouveaux dangers sont devant nous et le chemin sera long.
– Au-delà de tous ces éléments juridiques, comment percevez-vous le comportement des gens aux affaires au Racing ?
– C’est un dossier complexe avec beaucoup de passions. L’instabilité du club est récurrente avec sept présidents pour les seules deux dernières années. Mais ceux qui rêvent de le devenir sont bien plus nombreux encore. Il faut être prudent et modeste face à ce dossier. L’histoire nous y invite. L’aventure Mac Cormack a été choisie, elle a mal tourné avec cinq ans de présidence de Patrick Proisy. Nous ne pouvons plus comme par le passé choisir l’actionnaire/président du club.
« Faire le choix responsable du club, pas celui du président »
L’actuel président est là et bien là. Il a investi 7M€ dans le Racing dont 2,5M pour éviter la relégation. Il partira quand il décidera de vendre ou en cas de dépôt de bilan, avec toutes ses conséquences. Pour nous, aider le Racing c’est faire le choix responsable du club, pas celui d’un président.
– Jafar Hilali ne manque pas d’exprimer son hostilité à l’égard des responsables du centre. Quel est votre sentiment à son sujet ?
– Son mode de gestion laisse plus que circonspect. Il semble préférer les conflits permanents au dialogue constructif. Le message que je lui adresse, c’est : « Halte au feu ! » Le club n’est pas loin de la L 2 mais il est aussi au bord du précipice. Il est plus que temps que l’on nous propose un véritable projet sportif dans lequel le centre de formation aura nécessairement une place importante, comme dans tous les grands clubs.
« Difficile de renoncer à un tel patrimoine »
Le lien avec les supporters doit aussi être renoué. La seule perspective ne peut pas être de vendre les meilleurs joueurs de la saison pour équilibrer les budgets.
– Pourquoi vous impliquez-vous tant dans un dossier, qui, dans le fond, concerne une entreprise privée ?
– Le Racing, c’est des salariés et des familles, des jeunes en formation mais aussi le socle du foot et du sport pro à Strasbourg, comme le rappelle souvent Serge Oehler. Il n’y a pas si longtemps, « l’OM de l’Est » rassemblait 30 000 supporters à la Meinau et apportait de grands joueurs à l’équipe de France. Le club porte le nom de la ville et contribue à son rayonnement. Centenaire, il est fortement enraciné dans notre région et son histoire tourmentée. Le club a successivement évolué dans les championnats d’Allemagne et de France, il a même joué une saison à Périgueux après l’évacuation de la ville. Difficile de renoncer à un tel patrimoine.
Propos recueillis par Fr.N.
(*) Direction nationale du contrôle de gestion, le gendarme financier du foot qui examine les comptes des clubs pros
L'histoire est en marche ...

Les inscriptions au forum sont rouvertes