L'Alsace a écrit :Rousselot tend la main
C'est Jacques Rousselot qui a pris l'initiative : samedi, le président de l'AS Nancy-Lorraine a empoigné son téléphone et joint Marc Keller. « Je reviens vers le Racing », confesse le dirigeant lorrain, « parce que je suis plus un rassembleur qu'un diviseur. Nous nous retrouverons un jour sur un terrain de foot et je préfère que ce soit autour d'une bonne bouteille que face à une longue procédure. D'autant que Marc Keller est un dirigeant que j'apprécie. Entre hommes de bonne volonté, on doit pouvoir trouver un accord. »
« La lettre de garantie change tout »
Le président nancéien a donc mis un terme aux interventions musclées des huissiers qu'il avait mandatés. Une décision guidée par un élément nouveau. « Je n'avais pas connaissance de la lettre de garantie de Strasbourg », avoue-t-il sans se dérober. « Elle change tout. Philippe Ginestet, que je ne connais pas, a joué les Caliméro et fait passer Nancy pour le vilain petit canard dans une affaire où l'ASNL a pourtant été lésée. Depuis quatre ans et demi que le club est en L 2, il a bien fallu faire bouillir la marmite. Ces derniers jours, je crois surtout qu'il y a eu un gros malentendu. » Le patron de l'ASNL a retrouvé sa mesure et ne cache pas son désir d'apaisement. « Le Racing peut très bien gagner en appel ou, au contraire, devoir payer encore plus que les 2,1 millions d'euros auxquels il a été condamné. Nous devons dégager un accord qui permette à Strasbourg d'abandonner son appel et à Nancy de récupérer une partie du préjudice subi. Tout le monde a intérêt à enterrer définitivement ce dossier. Si je suis prêt à revoir à la baisse l'indemnité due par le Racing ? Je suis au moins disposé à faire un effort sur les intérêts. Pour le reste, il faut voir. Un accord, ça se discute. » Marc Keller et Jacques Rousselot ont convenu de se recontacter aujourd'hui.
Vers l'apaisement
Le battage médiatique de la fin de semaine passée autour du différend entre le Racing et Nancy devrait conduire à une rapide solution négociée.
Des huissiers, d'acides échanges verbaux, un ton qui monte: les soubresauts de l'affaire Diego Garay (1) ont sensiblement détérioré les relations entre le Racing et l'AS Nancy-Lorraine en fin de semaine passée. A l'initiative du président lorrain Jacques Rousselot, deux huissiers et un commissaire de police ont tour à tour saisi les comptes du RCS et la recette de la boutique (environ 2500 euros), procédant même vendredi à un inventaire détaillé du mobilier et du parc informatique des locaux de la Meinau. Cette descente sans préavis a provoqué l'indignation des dirigeants strasbourgeois. Condamné à verser à Nancy 2,1 millions d'euros (plus les intérêts), dont 1,3 million à effet immédiat, le Racing avait en effet aussitôt interjeté un appel dont l'examen n'a pas encore été fixé et demandé un sursis à exécution mis en délibéré le 6 janvier. Mais le président Rousselot a choisi de mener une offensive sabre au clair sans attendre cette date, alors que le club bas-rhinois avait pourtant produit une lettre de garantie (pour 1,3 million) en cas de rejet de sa requête de sursis. Une lettre que l'avocat de l'ASNL a... oublié de transmettre (voir par ailleurs). D'où le coup de sang de l'homme fort lorrain. Depuis, la tempête médiatique générée par l'épidermique réaction du président délégué strasbourgeois Philippe Ginestet a rappelé tout le monde à la modération. Vendredi encore, le manager général nancéien Gérard Parentin soulignait que la rupture des négociations incombait au Racing: « Nous avons toujours dit aux dirigeants alsaciens que nous étions prêts à discuter. Ils ont refusé. » Conscient que son attaque frontale n'a pas servi l'image de l'ASNL dans le microcosme du foot hexagonal, Jacques Rousselot a dès samedi contacté Marc Keller. « Le conflit avait pris des proportions très dures », glisse ce dernier.
Une indemnité minorée ?
En coulisses, on murmure que le RCS, rassuré par l'augmentation prochaine des droits télé après la manne consentie par Canal + pour la période 2005-2008 (600 millions d'euros par an), serait disposé à s'acquitter d'un montant qu'il jugerait acceptable. « On préfère toujours une bonne transaction à un mauvais procès », consent d'ailleurs Keller. « On en a marre de ces histoires qui s'éternisent », observe un proche du dossier. « En appel, Nancy peut certes tout perdre. Mais le Racing peut aussi être contraint de payer encore plus. Le risque existe. Souvenons-nous qu'à l'origine, l'ASNL réclamait 15 millions. Il faudrait alors aller en Cour de cassation. L'affaire durerait des années. » Strasbourg va ainsi tenter de négocier un dédommagement inférieur aux 2,1 millions prévus (autour de 1,5 million?), assorti d'un étalement des versements. La main tendue par Jacques Rousselot (voir ci-dessous) peut laisser espérer un dénouement rapide. Encore faudra-t-il convaincre IMG/Mc Cormack, ancien propriétaire du club que Marc Keller n'a pas réussi à joindre ce week-end, d'accepter le marché. Quand on connaît l'obstination juridique de la multinationale américaine, 3emaillon d'un « dossier compliqué » (Keller), ce n'est pas couru d'avance. IMG et le RCS doivent participer respectivement à hauteur de 80 et 20 % de la provision de 1,3 million d'euros, une proportion qui passe à 50-50 pour la condamnation globale de 2,1 millions. Si cet accord voyait le jour, le club bas-rhinois retirerait aussitôt son appel. Et l'un des derniers épineux dossiers (avec le procès Chilavert) de l'ère Mc Cormack trouverait enfin son épilogue.
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