L'Alsace a écrit : Pendant ce temps, à Ittenheim…
Alors que les hautes sphères du club sont toujours agitées par les répliques d’un séisme qui dure depuis les 4 décembre, les joueurs et le staff s’efforcent de rester concentrés. Hier matin, ils se sont « exilés » à Ittenheim, à 15 km à l’ouest de Strasbourg.
Ittenheim, son terrain synthétique exposé à tous les vents. Hier matin. Les Strasbourgeois s’entraînent sous les ordres de Pascal Janin et son staff. Seul, parmi les absents de la veille, le jeune défenseur Armand N’Djama a retrouvé le groupe. À une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Strasbourg, les Bleus ne sont dérangés par personne. Sinon - donc - par ce zef glacial du Nord qui congèle les oreilles.
Guillaume Lacour et les autres se sont éloignés de la fureur qui règne autour de leur club depuis la rupture des négociations entre propriétaires londoniens et repreneurs alsaciens. Mais plus que de la tranquillité, c’est surtout un terrain plus souple que ceux gelés de la Meinau qu’ils sont venus chercher dans la campagne bas-rhinoise.
Sans doute, avant la séance de l’après-midi programmée, elle, dans leur stade, ne sont-ils pas mécontents d’évoluer en comité restreint. Désormais, tous sont conscients que le risque d’implosion du groupe est réel. Dans onze matches et deux mois, la saison sera terminée. 17 des 30 membres de l’effectif pro sont en fin de contrat, dans l’attente de réponses à des questions de plus en plus obsédantes.
« Nous essayons de faire le job, mais nous ne pouvons rester insensibles à ce qui se passe en coulisses », reconnaît le coach Pascal Janin. « Autant tout ce qui s’est passé durant la trêve hivernale ne nous a pas trop affectés, autant là, j’ai plus de doutes. C’est la période qui veut ça, parce que nous approchons de la fin. Les joueurs en fin de bail attendent des réponses. Ceux qui seront encore liés au Racing l’an prochain, aussi, parce que pour la plupart, ils n’étaient pas venus avec d’autre ambition que de jouer la remontée. Avec la défaite contre Angers (1-2), notre situation reste inconfortable. Nous ne pouvons pas lâcher, mais ça ne va pas être facile si la situation ne se décante pas définitivement dans un sens ou dans l’autre. »
Lacour : « Une saison pas agréable à vivre »
Les joueurs en sont eux aussi intimement convaincus, à commencer par un Stéphane Pichot qui, en signant deux ans l’été dernier, ne s’imaginait pas tomber dans une telle galère. « Vous pouvez reprendre mot pour mot l’interview que j’avais donnée dans vos colonnes après le déplacement à Arles-Avignon (1) . Rien n’a changé. Il n’y pas de projet, ni à moyen, ni même à court terme, en tout cas rien de commun avec celui qu’on m’avait présenté quand j’ai signé. Si les actuels propriétaires gardent le club, il va falloir qu’ils détaillent un projet clair pour tout le monde : joueurs, entraîneurs, salariés, supporters. Cette saison est longue et usante. C’est la pire que j’ai vécue dans un tel contexte extrasportif. Je crains toujours le risque d’implosion. Plus nous nous rapprocherons de la fin, plus il va nous être difficile de rester concentrés pour sauver ce qui peut encore l’être. »
Son capitaine Guillaume Lacour (neuf saisons au RCS) redoute lui aussi une débandade. « Il y a un risque tant que la situation n’est pas nette. Les joueurs n’ont pas d’interlocuteurs. Notre groupe est sain et solidaire. Mais individuellement, les joueurs - les jeunes en particulier - peuvent être déstabilisés, surtout ceux en fin de contrat. Quand le rendement individuel décline, le collectif s’en ressent forcément. Nous, joueurs, ne pouvons rien faire à la situation extrasportive et n’avons pas le choix. On ne nous a jamais informés de ce qui se passait. Nous traçons juste notre chemin pour faire en sorte de bien finir une saison qui n’est pas agréable à vivre et au cours de laquelle on n’aura parlé que des événements extérieurs au terrain. »
On en oublierait presque ainsi que le maintien n’est pas encore en poche. Et que le programme du prochain mois (déplacements à Vannes dès vendredi, Tours et Istres, réceptions de Brest et Metz) n’a rien d’une formalité.
La phrase
« Nous devons nous concentrer sur ce qui est le cœur de notre métier, bien faire notre job pour que l’on n’ait rien à nous reprocher. Si les résultats sont corrects, tout le monde s’y retrouvera, à Strasbourg ou ailleurs. » De Pascal Janin, l’entraîneur d’un Racing dans la tourmente
Stéphane Godin
(1) Article intitulé Stéphane Pichot : « Un traquenard », paru dans « L’Alsace » du 21 janvier.
DNA a écrit :Le soutien de Thiriez
Sollicité par Roland Ries, le président de la Ligue professionnelle (LFP), Frédéric Thiriez, doit se déplacer à Strasbourg en fin de semaine pour apporter son soutien aux repreneurs locaux.« Il va y avoir une réunion de travail à Strasbourg, avec la LFP, les repreneurs et la municipalité, pour un échange de points de vue », explique une source proche du dossier à la LFP, en évoquant la date de jeudi. Le maire de Strasbourg a été reçu pendant une heure, hier matin à Paris, par Frédéric Thiriez et son directeur général Jean-Pierre Hugues. A la LFP, on se dit « préoccupé » par la situation actuelle et l'on s'interroge « sur la façon dont le club est possédé et géré. »« La Ligue est en phase avec la mairie : le club doit revenir à des mains pérennes, pour que le projet de stade pour l'Euro-2016 puisse être développé. Ce qu'on souhaite, c'est que les actionnaires vendent aux repreneurs que la Ville souhaite et que cela se fasse vite. »
Le Racing a en partie payé
Par ailleurs, la Ville de Strasbourg avait mis la question du loyer de la Meinau dans la balance pour convaincre Alain Fontenla de vendre le Racing. La somme due est néanmoins moins importante qu'annoncée initialement. Avec 19 mois de loyer à régler, le club avait contracté une énorme dette. La municipalité s'est appuyée sur cet argument sonnant et trébuchant pour suspendre deux subventions traditionnellement allouées au Racing. Or, il s'avère que le retard s'élève à huit mois seulement. Alain Fontanel, vice-président de la CUS en charge des questions économiques notamment, l'a précisé hier. « En fait, le club a payé le 2 mars la somme de 450 000 euros, assortis d'une pénalité de 13 500 euros, a indiqué l'élu. On peut donc considérer que tout est payé pour la saison 2008-2009. » En revanche, il reste à régler les loyers de juillet à février 2010. On atteint là le chiffre de 272 000 euros. « On est dans l'attente du titre de recette », explique Alain Fontanel. L'équipe municipale entend poursuivre la contre-offensive pour inciter les propriétaires actuels à faire place nette. « Le maire va faire une annonce avant la fin de la semaine », explique-t-on du côté de la municipalité.
Infirmerie
Celle du Racing est bien remplie. Outre les blessés longue durée, trois titulaires contre Angers l'ont fréquentée en ce début de semaine: Gargorov (cheville) est forfait pour le déplacement à Vannes, Sikimic (béquille) est incertain, Othon (cheville) est jugé apte. Quant à Khiter et Gueye, ils s'entraînent à nouveau normalement.

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