L'Alsace a écrit :Une production pas nulle
L’équipe de François Keller a aligné son 5 e match sans but encaissé, mais pas son 5 e succès hier à Saint-Germain-en-Laye face à une réserve du PSG très joueuse (0-0). Il ne lui a manqué qu’un soupçon d’efficacité pour donner davantage de relief à une prestation ciselée.
Dans pareil cas, il y a toujours, d’un côté, les impatients qui prétendent sur un ton péremptoire que lorsque l’on se crée autant d’occasions chez l’adversaire, on n’a pas le droit de ne pas gagner. Et il y a, de l’autre, les pragmatiques qui arguent que lorsque la réussite et le succès se dérobent, il faut d’abord savoir ne pas perdre.
On ne sait dans quelle catégorie le Racing se classera ce matin, au lendemain de son frustrant nul vierge à Paris. Mais une chose est sûre : même si le score ne le traduit qu’imparfaitement, l’équipe de François Keller continue « à monter en régime », comme le soulignait son coach hier au Camp des Loges. Elle peut aussi légitimement estimer qu’un nul dans l’antre de la réserve du PSG, qui n’a perdu qu’un seul de ses huit matches domestiques et restait sur un exploit chez le leader mulhousien, est un résultat positif. Surtout s’il est le fruit de ce que Stéphane Noro qualifiait après-coup de « prestation consistante », appelant à la confirmer dès vendredi à Jura Sud.
« Aux points, nous l’aurions emporté »
Alors, oui, c’est vrai, le RCSA aurait peut-être pu ou dû signer sa 9 e victoire à Saint-Germain-en-Laye. Car, oui, c’est vrai, les Bleus s’offrirent une palanquée d’occasions. Il suffit de répertorier les parades d’Alphonse Areola pour s’en rendre compte. L’excellent portier parisien stoppa avec une belle assurance trois frappes cadrées de Julien Perrin - une reprise instantanée du droit à la 20 e, un tir croisé à l’entrée de la surface à la 55 e et un scud de 35 bons mètres à la 88 e - et gagna deux duels avec Anthony Sichi (22 e et 51 e). Sans compter qu’un missile hors cadre de Yann Bénédick (49 e) et une tête insuffisamment précise de Perrin (50 e) auraient elles aussi pu connaître un meilleur sort.
Dans le premier quart d’heure de la seconde période en particulier, les Bleus connurent une spectaculaire poussée de fièvre, à rendre exsangue plus d’un adversaire. Mais le PSG semblait immunisé. Il laissa Sikimic et les autres redescendre en température et faillit même les piquer lorsque Malick Rouag, qui avait enrhumé l’arrière-garde bas-rhinoise, fut « mouché » par un Guillaume Gauclin une nouvelle fois décisif dans ses buts et qui, en remportant son face-à-face, épargna aux siens une cruelle désillusion (58 e).
Ce thriller à suspense aurait en effet tout aussi bien pu se terminer, comme dans le « Psychose » d’Hitchcock, par un coup de poignard dans les dos alsaciens, comme ne l’élude pas Gauthier Pinaud. « Aux points, nous l’aurions emporté, c’est évident. Mais sur deux ou trois coups, notamment le duel que gagne Guillaume, les Parisiens auraient pu prendre l’avantage. Dans l’ensemble, c’était un bon match et ces deux points pris sont de bons points, même si seules les victoires font vraiment avancer. Si nous gardons cet engagement et cette solidarité du bloc, nous ne serons pas loin à l’arrivée. »
Hermétique depuis plus de cinq matches, soient 7h48’, le RCSA a développé hier un jeu plus probant que lors de certaines de ses récentes victoires. François Keller en convient, mais rumine quand même les deux points abandonnés à Paris et, par ricochet, à un FC Mulhouse net vainqueur à Sarre-Union et toujours solide leader. « Avant le match, le nul aurait été un bon résultat. Après, on ne peut s’empêcher d’être déçus. Car la réalité, c’est que nous sommes en déficit de points et qu’il nous faut engranger les victoires. Le reste, c’est de la littérature. »
Que le technicien se rassure : si son équipe rend de prochaines copies aussi soignées que celle de ce samedi, elle finira par associer littérature et chiffres. Le compte ne devrait alors pas être loin d’être bon.