Comme une envie de rugir 
Sevré de succès depuis maintenant plus de deux mois, le Racing joue très gros, ce soir (20h45), face à  un Olympique lyonnais lancé sur la voie d'un troisième titre consécutif. Haut les coeurs, petits Bleus ! 
Ça devait juste être un sympathique match de gala. Le premier d'une série de trois avec, à  suivre, les venues du PSG et de Monaco. Quand le Racing menait grand train, voilà  quelques mois, ce triptyque royal devait constituer la cerise sur le gâteau d'une saison présentée comme celle de la reconquête.
 Oui, mais voilà , tout est entre-temps allé de guingois. Le doute d'abord, le désespoir ensuite, l'affliction pour finir après la dernière gifle à  domicile, contre Rennes (0-3), ont fini par déboulonner les Strasbourgeois de leur piédestal.
 A trop s'enferrer dans des certitudes éculées, les voilà  dépouillés. Presque nus, sans ramage ni plumage, alors que la bataille pour le maintien fait rage. Du coup, le programme si alléchant s'apparente à  l'ascension du Calvaire, avec trois stations douloureuses à  appréhender. Et si le Racing devait mettre un genou à  terre ce soir, devant des Lyonnais obnubilés par l'acquisition d'un troisième titre consécutif, il peut s'attendre à  côtoyer l'enfer.
« Rien à  calculer »
 « Il n'y a rien à  calculer, assène Ulrich Le Pen. Lyon joue le titre. Nous, c'est le maintien. Si on veut renouer avec la victoire, il faudra déjà  être solide en défense. Tous doivent être prêts au combat, quitte à  être cuit au bout d'une heure. Les gars sur le banc peuvent prendre le relais. C'est la solidarité qui permettra de nous en sortir. »
 La solidarité. Une vertu que les Bleus ont recouvré la semaine dernière à  Bordeaux (1-1). Même si la victoire, un temps espéré, a fini par se dérober, ils ont brisé la spirale des défaites - trois à  la suite - qui les a poussés sur la pente fatale.
 La réaction vue en Gironde a en tout cas conforté Kombouaré dans ses convictions. Enfin à  même de faire jouer la concurrence, le technicien strasbourgeois ne se prive plus de mettre la pression sur les épaules de ses joueurs. Un nouveau "groupe commando" de seize unités a ainsi été convoqué jeudi pour une mise au vert, laissant sur le bord de la route des garçons comme Chapuis, Deroff ou encore Fernandez.
« Qu'une idée en tête »
 « Ceux qui ont été sur le terrain à  Bordeaux m'ont donné satisfaction, justifie Antoine Kombouaré. Il faut que chacun laisse ses états d'âmes de côté et se recentre sur ce match-là . Pour avoir été à  Gerland mercredi soir (2-2 contre Porto), je peux assurer que Lyon n'a plus qu'une idée en tête, à  savoir regoûter à  la Ligue des Champions. Ils viennent à  Strasbourg pour prendre les trois points. »
 Comme cette saison, des équipes moins déterminées ont quitté la Meinau avec la totalité de la mise, il y a de quoi s'inquiéter. D'autant que le double champion de France a l'occasion de reprendre la main sur Monaco qui a concédé, hier, le nul à  Lens (0-0).
« En profiter »
 « Strasbourg a quelques difficultés à  domicile, on va essayer d'en profiter, dit Paul Le Guen, l'ex-coéquipier de Kombouaré et actuel entraîneur de l'OL. On a un objectif qui est de terminer dans les deux premiers. Si on veut l'atteindre, il faut continuer à  gagner à  l'extérieur. »
 Battus à  domicile par Marseille (1-2) puis éliminés de la Ligue des Champions par Porto, Luyindula et les siens n'ont pas l'habitude de courber éternellement l'échine. Encore un élément, à  l'instar des chiffres et des statistiques, que Strasbourg devra complètement éclipser.
 Pour renouer avec un indispensable succès qui le fuit depuis début février et la venue du Mans, le Racing devra en partie basculer dans l'irrationnel et cultiver ce grain de folie idoine aux exploits. Pourvu que les petits hommes bleus puissent tout donner et, à  la fin, rugir de joie.
DNA
Battez-vous comme des lions !  
 En perdition en 2004, malgré son nul rapporté de Bordeaux l'autre samedi (1-1), le Racing tentera à  20 h 45 à  la Meinau de museler un Olympique lyonnais en quête d'un troisième titre consécutif. 
0-3 en 2000-2001, puis 0-4 en 2002-2003 à  la Meinau, 0-5 en 2000-2001, 1-2 en 2002-2003 et 0-1 en 2003-2004 à  Gerland : les cinq derniers résultats du Racing face à  Lyon, tous synonymes de défaites, ont de quoi « filer les pétoches » à  l'heure où la troupe d'Antoine Kombouaré s'apprête à  recevoir, à  20 h 45, celle de Paul Le Guen, son grand pote des années PSG, auréolée de ses deux titres de champion de France et de son superbe parcours en Ligue des Champions (élimination mercredi en quart contre Porto). Un OL lancé à  toute vapeur dans la conquête d'un 3e sacre consécutif et qui, comme ces deux dernières saisons quand il était venu coiffer Lens, puis Monaco, compte bien chausser ses bottes de sept lieues lors des sept dernières journées. Depuis le 2 février 2000 et un triomphe à  la Meinau (4-2, dont un triplé de Peguy Luyindula, aujourd'hui dans le camp d'en face) en championnat, sans oublier, quelques semaines plus tard, l'éclatant quart de finale de Coupe de France remporté par les Strasbourgeois dans leur fief (3-0), les Bas-Rhinois ont toujours baissé pavillon face aux Rhodaniens. Avec, à  la clef, quelques claques cinglantes, le 0-3 encaissé à  la Meinau le 25 novembre 2000 ayant par exemple précipité le limogeage de Claude Le Roy dès le lendemain.
« Mettons-nous minables »
Difficile, en effet, de ne pas se faire de cheveux blancs en se penchant sur le passé, lointain avec les 5 défaites évoquées ci-dessus ou plus proche avec les parcours respectifs des deux clubs dans le cycle retour. Le Racing n'a récolté que 7 points sur 36 en 12 journées, reste sur 8 matches sans victoire et n'a inscrit, durant ces 8 rencontres, que 4 buts (dont deux penalties de Le Pen et un but du Nantais Yepes contre son camp). Dans l'intervalle, l'Olympique lyonnais a augmenté son capital de 28 unités (toujours sur 36, malgré son revers à  domicile l'autre samedi contre Marseille – 1-2). Après sa défaite à  Monaco le 9 janvier (3-0), l'OL comptait 10 points de retard sur les Monégasques. Il a comblé ce lourd déficit en 10 rencontres, revenant à  la hauteur des hommes de Didier Deschamps après son succès sur Nantes lors de la 29e journée (1-0). Bref, malgré son coup d'arrêt face à  l'OM et son élimination en Champions'League, Lyon va fort et n'a plus qu'une idée en tête : garder son titre. « Même chez nous, nous sommes outsiders et Lyon, archi favori », prévient Antoine Kombouaré, « j'étais à  Gerland mercredi et j'y ai vu une équipe ovationnée par son public. Les Lyonnais ont atteint leur objectif dans cette compétition et joueront ici l'esprit libéré. D'ailleurs, ils ont tous déclaré qu'ils venaient à  Strasbourg chercher les trois points. Ils sont dans la dernière ligne droite et veulent finir au sprint. A Bordeaux, nous avons montré des choses intéressantes, mais un tout autre match nous attend face à  l'OL. Comme en Gironde, la clef sera d'être solides, intransigeants et de gagner les duels, même si devant notre public (20000 spectateurs attendus), nous sommes supposés produire plus de jeu. Nous devons nous bagarrer avant de penser à  jouer. La première condition est de ne pas prendre de buts face à  une équipe de Lyon disposant de terribles atouts offensifs. » « Il faut que les titulaires se mettent "minables" sur le terrain, donnent tout, quitte à  être cuits au bout d'une heure, et que les remplaçants qui leur succéderont en fassent autant », clame Ulrich Le Pen, « Nous devrons bousculer les Lyonnais. » En clair, leur montrer les dents et leur rentrer dedans pour un drôle de safari. Sinon, les Bleus risquent fort d'être mis « minables » par les doubles champions de France. Une fois de plus.
 
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