L'Alsace a écrit : 40 sans fièvre
Grâce à sa neuvième victoire de la saison hier à la Meinau contre Dijon, le RCS, qui remonte à la 14 e place et repousse le premier relégable à six longueurs, a atteint la barre de 40 points (3-1). Si le maintien n’est pas encore en poche, ce succès va lui éviter une semaine sous haute tension avant le duel à huis clos de vendredi à Bastia.
C’était espéré. Les Strasbourgeois l’ont fait. Hier à la Meinau, Guillaume Lacour et ses partenaires ont asséché les perles de sueur froide qui parcouraient l’échine des décideurs londoniens du Racing depuis l’échec sans révolte de l’autre vendredi à Istres (2-0).
En très exactement 47 minutes - les 45 de la première période et les deux de temps additionnel -, les hommes de Pascal Janin ont fait plier des Dijonnais qui ne s’étaient plus inclinés depuis sept journées et entretenaient le secret espoir de venir se mêler à la lutte pour la montée.
Dans le jeu, les Bleus n’ont pourtant jamais surclassé les joueurs de Patrice Carteron. Mais ils ont su faire preuve du réalisme après lequel ils couraient depuis quelques semaines. Comme par hasard, cette efficacité retrouvée coïncide avec la première titularisation commune de leurs deux meilleurs buteurs, Nicolas Fauvergue et Magaye Gueye, depuis le 9 janvier contre Lyon en 32 es de finale de Coupe de France.
Il n’a ainsi fallu que 35 minutes et des poussières aux deux hommes pour frapper une fois chacun. Leurs deux buts - le 12 e pour l’ancien Lillois et le 8 e pour l’international espoirs - sont d’ailleurs en tous points conformes. À l’origine, un centre enroulé du droit de Guillaume Lacour, repositionné latéral droit et double passeur. À l’arrivée, une tête décroisée dans le coin droit d’un Malicki impuissant (4 e et 36 e).
Cerise sur le gâteau, le RCS, privé de Quentin Othon, toujours malade, va ajouter un 3 e but à l’ultime seconde du temps additionnel de cette 1 re période. Sur un coup franc de Gueye, passeur après avoir été buteur, Milovan Sikimic saute plus haut que tout le monde et exécute le portier bourguignon d’une tête puissante à bout portant (45 e + 2). Son 2 e but de la saison, après celui inscrit, de la tête déjà, contre Laval mi-janvier.
« Les garçons avaient envie de bien faire »
De prime abord, l’affaire semble entendue. Mais les Strasbourgeois vont connaître un début de 2 e mi-temps un rien fébrile. Juste ce qu’il faut pour que les Bourguignons, renforcés par Isabey et Carrière à la pause, refassent surface. Sur une ouverture du premier, Kitambala redresse un centre en retrait que Mandanne expédie sur l’extérieur du petit filet gauche (50 e).
Passé ce petit flottement, le RCS retrouve néanmoins ses esprits. Il est même tout près de corser l’addition sur un missile de Fauvergue que Malicki, du bout des phalanges sur une splendide horizontale, détourne sur son montant gauche (64 e).
De fait, le RCS ne va connaître qu’une seule véritable alerte lorsqu’à la 71 e, Sikimic déséquilibre Ribas dans la surface. L’Uruguayen se saisit aussitôt du ballon et se fait justice lui-même, d’un tir puissant sur la droite d’un Cassard pourtant parti du bon côté. Insuffisant pour faire vaciller des Strasbourgeois qui vont conduire leur fin de rencontre plutôt sereinement.
Pascal Janin, entraîneur soulagé, ne boude évidemment pas son plaisir, d’autant que la menace de la zone rouge est aujourd’hui moins pesante qu’hier matin : « Après Istres, nous nous devions et nous devions au public, aux dirigeants et au club de montrer autre chose et de rassurer tout le monde. J’ai senti dans les jours qui ont précédé le match que les garçons avaient envie de bien faire. Je n’en suis pas surpris, même si on n’est jamais sûr de rien. Dans leur tête, ils ont su faire le vide et vraiment effacer ce qui s’était produit à Istres. » Ils ont surtout fait le vide derrière eux et repoussé le premier relégable de quatre à six points. Presqu’un luxe après des semaines d’angoisse.
« Bonne nouvelle »
L’égalisation tardive de Nantes à Châteauroux offre au RCS six points d’avance sur des Castelroussins premiers relégables, à cinq journées de la fin.
Pascal Janin est encore en train de répondre à la presse lorsque le nul de Nantes - mené 2-0 à 20 minutes de la fin - à Châteauroux lui parvient aux oreilles. « C’est une bonne nouvelle », réagit-il immédiatement. « Mais sur le fond, ça ne change rien. Si mon équipe est capable de reproduire le genre de match qu’elle vient d’accomplir, elle peut s’en sortir sans l’aide de personne. En fin de saison, il vaut toujours mieux avoir son destin entre ses mains. »
En s’imposant hier pour la 9 e fois, le Racing est resté maître du sien. D’autant que les Castelroussins ont laissé échapper sur la fin deux points qui risquent de leur coûter cher et qui, par ricochet, en offrent six d’avance sur le premier relégable aux Bleus de Pascal Janin. Un coach heureux d’avoir retrouvé son duo de buteurs, Magaye Gueye et Nicolas Fauvergue : « La vérité du foot se joue dans les 16 mètres. Marquer, tout le monde ne sait pas le faire. Il n’y a pas de secret : quand vous disposez de garçons plus adroits, vous êtes efficaces. Quand ils ne sont pas là, vous marquez moins. »
Le technicien moustachu évoque même volontiers la notion de « match accompli » et se « contente largement et du score et de la prestation. Mener 3-0 à la mi-temps ne nous est pas arrivé souvent. Il nous faut continuer à tracer notre chemin, prendre le plus de points possible, nous relancer sur une série positive et enfin accrocher quelque chose à l’extérieur. Mais le prochain match va être difficile, parce que Bastia est très mal maintenant et aura besoin de trois points. »
La crise qui couvait dans les esprits de quelque Londonien depuis la débâcle istréenne est - au moins provisoirement - évitée. Buteur pour la 12 e fois en L 2, Nicolas Fauvergue est le premier à convenir que « si nous avions perdu, nous aurions été mal barrés. À Istres, nous avions disputé un non-match. Toute cette semaine, nous nous étions dit qu’il fallait se retrousser les manches. Depuis quelque temps, nous avions perdu cette rigueur et cette force qu’on affiche à domicile. Les retrouver passait par un esprit de guerrier, de chien. Nous avons 40 points, mais le championnat est tellement bizarre qu’il va peut-être falloir finir à 44 ou 45. Quand on voit la qualité de notre équipe, notamment ce soir (hier), on se dit qu’on aurait peut-être pu faire une tout autre saison. Maintenant, on doit se contenter de ce qu’on a. Il y a un maintien à aller chercher, c’est tout. »
Ce maintien, Dijon l’a assuré il y a quelque temps déjà. Mais hier, les Dijonnais ont enterré leurs derniers espoirs de montée, pour la plus grande colère de leur coach Patrice Carteron, très chafouin. « C’est la défaite la plus importante de la saison, celle qui veut dire qu’à un mois de la fin, nous n’avions pas d’autre potentiel que de nous maintenir et nous en contenter. Pour moi, c’est une énorme déception. J’étais très fier des joueurs la semaine passée et là, on a lamentablement gâché une fin de saison qui aurait pu être sympa. »
La phrase
« La décision a été prise de bâtir une nouvelle tribune d’un coût compris entre 2 et 3 millions d’euros et d’une capacité de 800 à 1 000 places. Le Racing devrait pouvoir en disposer fin 2010. » De Serge Oehler, adjoint aux sports de la Ville de Strasbourg dans « L’Alsace » du 5 juin 2009.
En jeu
Cassard 5,5. Lacour 6. Maire 6. Sikimic 6. J.-A. Fanchone 6. Rodrigo 7. Baning 6. Ledy 5,5. M. Gueye 6,5. Brahmia 6,5. Fauvergue 6,5.
Stéphane Godin