L'Alsace a écrit : Janin attend une réaction
Comme ses joueurs, l’entraîneur strasbourgeois n’a pas compris l’absence de révolte de son équipe vendredi à Istres (2-0). Il s’apprête à faire confiance aux mêmes ou presque pour inverser la tendance vendredi (20 h) à la Meinau contre Dijon.
Hier, les Strasbourgeois se sont offert une petite « récréation ». Comme il est de tradition depuis une dizaine d’années, ils ont délocalisé leur entraînement à Eckbolsheim pour y évoluer devant les jeunes du club local dont le médecin du Racing, Dany Eberhardt, est l’un des membres emblématiques.
Cette rupture avec la routine a permis aux Bleus de se « rafraîchir » mentalement après leur gamelle de vendredi à Istres (2-0) où « une équipe a joué et l’autre, pas », de l’aveu même du milieu récupérateur brésilien Rodrigo.
La déroute a été telle en Provence que le président Jean-Claude Plessis s’est permis de conseiller à Pascal Janin « de bien regarder partout dans notre effectif. » Sous-entendu : de peut-être ressortir du placard ceux qui y sont cantonnés depuis des mois, comme le Brésilien Marcos.
« Marcos ne me convainc pas »
Sans s’offusquer, l’entraîneur assure « comprendre que les dirigeants se posent des questions après la prestation à Istres. » Mais il assume ses choix : « Je pense à tout le monde. Les joueurs, je les regarde et observe. Puis je décide. Je les connais tous. À mes yeux, ils sont tous sélectionnables à partir du moment où ils savent se montrer à leur avantage à l’entraînement ou en match, que ce soit avec moi ou en CFA. Je n’ai par exemple pas choisi un Farez Brahmia. C’est lui qui, par son tempérament, sa volonté et son activité, m’a forcé à le prendre. J’attends que les autres montrent la même chose, qu’ils aient un certain rendement. La défaite à Istres ne m’a pas fait découvrir des garçons dans les placards, notamment pas Marcos. Je l’ai encore récemment vu jouer en CFA. Il ne m’a pas convaincu, pas plus qu’il ne me convainc à l’entraînement. En plus, il refuse assez fréquemment d’aller jouer avec les jeunes en réserve. C’est une position qu’il doit assumer. Il me paraîtrait peu raisonnable d’aller chercher un joueur qui n’a pas évolué en pros depuis six mois, alors que j’ai besoin de relancer, après leurs blessures, Magaye Gueye et Nicolas Fauvergue. » Autrement dit, le duo auteur de 22 buts officiels cette saison.
« Je sais bien que Magaye et Nico ne sont pas à 100 % et que les aligner pénalise peut-être un peu l’équipe pour l’instant », poursuit P. Janin, « Mais il me faut précisément les utiliser pour qu’ils retrouvent le plus vite possible leur véritable niveau. Je n’ai pas eu le temps de les faire passer par la case CFA aussi longtemps qu’il l’aurait fallu dans un programme classique de réhabilitation physique. Mais je reste convaincu que ce choix va s’avérer payant sur la durée, alors que nous sommes lancés dans une fin de saison difficile. Dans quelque temps, ils seront plus près de leur rendement maximum. » Si tel est le cas, le Racing se rapprochera lui du maintien.
 L’appel du président
Comme prévu, Jean-Claude Plessis prendra la parole ce matin devant le groupe strasbourgeois. Moins pour pousser une gueulante que pour générer une prise de conscience.
« Le match de vendredi contre Dijon est très très important. Le risque n’est pas seulement de perdre une rencontre. Ce rendez-vous est capital pour savoir à quel niveau nous évoluerons l’année prochaine. »
Jean-Claude Plessis est on ne peut plus clair. Le Strasbourg – Dijon d’après-demain ressemble à s’y méprendre à un quitte ou double. Car le nouveau patron du RCS, qui a confirmé Pascal Janin pour 2010-2011 (« L’Alsace » du 3 avril), ne cache pas son « inquiétude » depuis la débâcle de vendredi à Istres. « Ces dernières rencontres, y compris contre Metz, je n’ai pas revu l’équipe combative qui avait battu Brest. Dès qu’elle prend un but, elle est incapable de relever la tête. Pendant ce temps, nos concurrents la relèvent. Tous, sauf nous donc. »
Plessis se prépare ainsi à placer les Bleus devant leurs responsabilités. « Je ne vais pas hurler », tempère-t-il, « Mais cette fin de saison est un problème social pour les joueurs. Il est évident qu’en cas de descente en National, nous ne pourrions pas maintenir la structure actuelle du club. Les salariés sont inquiets, c’est logique. Il n’est pas question de paniquer, mais de demander aux joueurs de se comporter en hommes. Je ne veux pas parler de guerriers, parce que c’est un terme que je n’aime pas. »
L’avenir pourrait donc bien être – à court ou moyen terme - conditionné par le résultat de vendredi. « S’il y a descente en National, il n’y a plus d’entraîneur, ni de président », appuie encore le nouveau PDG du RCS, « Les joueurs doivent avoir conscience qu’ils ont l’avenir des salariés dans leurs pieds. »
« Ne pas nous poser de questions »
Pascal Janin ne dit pas autre chose, lui qui s’est adressé à ses troupes dès le décrassage de samedi. « Avant les matches, nos préparations sont bonnes. Nous étions concentrés, solidaires avant Istres, mais ça ne s’est pas traduit sur le terrain. Je n’ai pas de réponse à notre piètre performance là-bas, si ce n’est les absences (Ndlr : Bah, Gargorov, Pichot et Bezzaz notamment) et le fait d’aligner des garçons un peu courts physiquement (Gueye, Fauvergue). J’ai plus parlé aux gars d’état d’esprit et de mentalité que d’aspect tactique. À 1-0 à la mi-temps, il y avait moyen de faire quelque chose, mais nous nous sommes liquéfiés. Face à Dijon, nous allons devoir faire ce que Guingamp a réalisé lundi contre Nantes (2-0) : entrer sur le terrain sans nous poser de questions et montrer ce que nous savons faire de mieux, en particulier sur le plan de l’état d’esprit. Plus que notre qualité, c’est ce qui nous a rapporté des points. »