dna a écrit :Samedi face à Auxerre, le Racing retrouvera la L 1 au stade la Meinau. Tour d'horizon du club strasbourgeois avec Marc Keller.
- Comment va le Racing sur un plan financier ?
- Après des années de déficit récurrent, nous allons être à l'équilibre, voire même dégager un petit bénéfice sur la saison 2004-2005 tout en ayant clôturé la période IMG avec l'affaire Garay par exemple. N'oublions pas qu'il y a deux saisons, nous présentions encore un déficit de 12 millions d'€.
- Quel sera le budget du club cette saison ?
- Devant la DNCG (Direction Nationale du Contrôle de Gestion), nous avons présenté un budget à l'équilibre de 23-24 millions d'€. C'est une prévision avec une 17e place en L 1, une 17e place en notoriété, une 17e place en passages télévisés et des éliminations précoces en Coupe de France, Coupe de la Ligue et Coupe de l'UEFA. Toute place au dessus ou tout tour passé nous permettra d'avoir un bénéfice...
« Le Racing ne fait plus sourire »
- Vos prévisions sont-elles vos ambitions ?
- (Il sourit). Elles sont autres. A la DNCG, nous avons présenté un budget prudent.
- Mais encore ?
- La Ligue 1 est dominée par 4 ou 5 clubs. Si on termine entre la 8e et la 12e place, c'est que le club aura progressé. Nous aurons fait une bonne saison si nous terminons 8e.
- Avez-vous l'impression que le Racing joue gros cette saison ?
- Il jouait déjà gros les saisons passées. Aujourd'hui, la donne est quelque peu différente.
- En quoi ?
- Le Racing ne fait plus sourire. J'ai l'impression qu'il a retrouvé sa crédibilité non seulement au niveau régional, mais aussi au niveau national.
Maître de son destin
- Le fruit de votre travail ?
- Non, non. C'est le fruit du travail de gens, de tous les salariés du Racing, qui n'ont eu qu'une idée en tête : servir le club. Et il est ambitieux. En plus, avec l'assainissement de ses finances, il est redevenu maître de son destin.
- Vraiment ?
- Quand nous sommes arrivés au club, la situation était préoccupante. On avait des idées et une solidarité. Aujourd'hui, nous n'allons pas, même si ça va mieux financièrement, changer nos méthodes. Le club est désormais organisé pour que les gens le servent.
- Vous dites que le Racing est redevenu maître de son destin. Mais Mamadou Niang est parti...
- On aurait aimé le retenir et faire avec lui ce que nous avions fait avec Ljuboja. Mais, il y a quelques mois, nous lui avions dit que nous le laisserions partir si un grand club se manifestait. Comme l'offre de l'OM était intéressante, il est parti.
- Sans regret pour vous ?
- La vente d'un joueur fait partie de la vie d'un club. (Amusé). Et puis, si on a des propositions, c'est que nous possédons de bons joueurs. Nous nous sommes battus pour conserver Mickaël Pagis et Alexander Farnerud.
- Plus précisément ?
- Il y a 12 mois, ils seraient tous les deux partis. Là , nous avons pu mener des négociations pour les conserver. Notre situation financière nous le permet.
Le juste prix
- Vous étiez réputés pour une politique salariale raisonnable. L'avez-vous reniée ?
- On a fait des efforts, mais la moyenne des salaires versés reste correcte. Notre système reste basé sur les primes. Elles sont très intéressantes, mais elles ne seront versées que si le Racing termine au pire 10e.
- Mamadou Niang sera-t-il remplacé ?
- On s'y emploie, mais pas à n'importe quel prix. Même quand on a bien vendu un joueur, comme c'est le cas avec Mamadou Niang, on veut acheter à un juste prix. Donc, on a des pistes.
- Comme celles qui mènent à Haykel Guemandia ?
- Dans ce genre de situation, on doit être patient. Nous le sommes comme nous l'avons été pour faire venir Niang, Alexander Farnerud, Sidi Keita, Karim Hagui ou Vaclav Drobny. Mais, une nouvelle fois, ce n'est pas parce que nous avons bien vendu un de nos joueurs que nous allons acheter "mal". Notre objectif, c'est de conserver la meilleure équipe possible. On le doit à notre public.
« La valeur d'un club, ce sont ses supporters »
- Justement, vous pourriez franchir la barre des 9 000 abonnés le soir d'Auxerre. Que représente ce nombre record pour vous ?
- En Angleterre, on dit "No fans, no value". Je pense ainsi. La valeur d'un club dépend du nombre de spectateurs, de supporters même, qui remplissent son stade.
Quand je suis arrivé au Racing, on m'avait dit qu'il était impossible de fidéliser le public ici. On a accompli, Pierre Brochet en tête, un gros travail de fond, un travail de proximité. On a pris contact avec 2 à 300 comités d'entreprise, fait des offres auprès des clubs de foot de la région.
Je suis fier de voir un club comme l'AS Munster avoir 40 abonnements. Je peux aussi parler de Schirrhein, de Niederlauterbach ou d'Ittenheim...
« On recherche un équilibre »
- On vous sent fier...
- En quatre saisons, nous sommes passés de 3 000 à 8 500 abonnés aujourd'hui. Et puis, même si je n'en n'ai pas pleinement profité sur le moment, avoir déplacé 25 000 Alsaciens au Stade de France pour la finale de la Coupe de la Ligue est une fierté. Tout y était : le temps, le scénario et la victoire. Sur le plan logistique, ce déplacement a également montré que nous étions à la hauteur.
- Un joli bilan, mais un bilan gâché par la non élection de Philippe Ginestet au poste de président lors de l'intersaison, non ?
- Ce n'était pas un problème d'hommes, mais un problème de fonctionnement. Aujourd'hui, c'est réglé. Quand nous avons repris le club avec Egon Gindorf et Patrick Adler, nous avons décidé que tout serait basé sur la collégialité. Elle est garante du fonctionnement et de l'équilibre du Racing. C'est aussi sa force.
- Quel est et quelle sera la politique sur les trois prochaines saisons ?
- On essaye d'avoir un équilibre entre des joueurs d'expérience comme Pagis, Johansen, Le Pen, Cassard et des jeunes formés au club ou ailleurs.
« Brême devra nous indemniser... »
- On voit arriver des joueurs comme Krebs, Bellaid, Sennaoui, Faty ou Schneider...
- La priorité est donnée à notre centre de formation. Les jeunes, qui en sortent et qui en sortiront de plus en plus nombreux, sont notre priorité. Je pense à Gasmi, Othon, Fanchone, Gameiro ou Nkambule. Ils sont notre fond de commerce et nous leur ferons confiance.
- Mais Amaury Bischoff, qui est parti pour Brême, n'est-il pas un contre-exemple de votre politique ?
- Il a pensé qu'il lui fallait partir pour réussir. Je le regrette d'autant plus qu'il est Colmarien comme moi. Il a gâché six ans de travail en quelques mois. On a tout fait pour le retenir, mais il ne nous a pas écouté.
Son dossier a été transmis à la FIFA et s'il veut jouer pour Brême, son nouveau club devra nous indemniser (300 000 €, NDLR). Les intérêts du Racing seront préservés.
« Il n'y a pas d'affaire Hosni »
- Comme dans "l'affaire" Hosni où vous semblez avoir été optimistes ?
- Il n'y a pas d'affaire. Nous avons été précis dans cette histoire, mais son club devait obtenir des autorités militaires égyptiennes son exemption. Son contrat ne sera validé que s'il est dispensé de ses obligations militaires. C'est aussi simple que ça.
- Il est toujours retenu dans son pays. Et vous avez du mal à vous décider, visiblement ?
- On tient à ce joueur à moyen terme. On travaille sur son dossier depuis près de deux ans, nous sommes allés le voir sept ou huit fois. C'est le type même du joueur que nous aimons faire venir. Alors, c'est vrai, nous sommes ennuyés pour prendre une décision définitive.
« Jacky a la gnac »
- On change de sujet. Lors de votre arrivée, vous aviez émis le souhait de travailler avec un entraîneur de votre génération. Après le départ de Ivan Hasek et la mise à l'écart de Antoine Kombouaré, c'est pourtant Jacky Duguépéroux qui a repris le flambeau...
- (Il sourit). Je ne me souviens plus avoir dit ça. Pour dire la vérité, quand Ivan est parti, nous avions déjà pensé à Jacky Duguépéroux. Mais, à l'époque, c'était trop risqué. Il était en charge du recrutement avec Philippe Thys, un poste clé. Nous ne voulions pas affaiblir ce secteur.
- Un risque que vous avez toutefois pris en octobre dernier quand il a fallu trouver un successeur à Kombouaré ?
- Oui. La situation a modifié la donne. Avec Jacky, on se retrouve avec l'esprit et l'image que nous voulions avoir. Il est un serviteur du club.
(Il marque une pause avant de reprendre). Nous avions simplement sous-évalué sa frustration et son désir de revanche. Il a vécu des moments difficiles au Racing. S'il est devenu plus serein, il a su insuffler sa gnac, son envie de gagner. J'ai appris à le connaître et on fonctionne bien ensemble.
« Il faut agir sur nos recettes »
- Peut-on rêver d'un Racing qui vise régulièrement une qualification en Coupe d'Europe ?
- Le club va se retrouver à un tournant en juin prochain, à l'échéance de notre convention de location du stade à la Ville. Si on veut le pérenniser à un certain niveau, cette saison est même capitale...
- C'est-à -dire ?
- Notre redressement s'est fait sur des choix sportifs, avec la maîtrise de nos dépenses. Aujourd'hui, pour pouvoir progresser, il nous faut agir sur nos recettes. Ce n'est pas un désir, mais une vraie obligation.
En gros, 50% de nos rentrées proviennent des droits télé que nous ne maîtrisons pas. Les autres 50% émanent de la billetterie, du merchandising et du marketing. Or, nos loges sont pleines et nos salons sont occupés à 95%. Nous n'avons plus un mètre carré pour accueillir les gens et nos supporters...
« La Meinau est vétuste »
- Vous voulez un nouveau stade, en clair ?
- Il faut réfléchir et vite. Des clubs, qui nous sont comparables, sont en train de nous distancer. Je pense à Nice, à Rennes, à Saint-Etienne et même à Lille dont le projet est bloqué. A Rennes, pour prendre cet exemple, le club dispose de 2 500 sièges pour ses relations publiques. Nous n'en n'avons que 800.
Nous sommes là pour offrir un spectacle, ça passe aussi par des parkings, des boutiques, des restaurants, des espaces où se retrouver et la Meinau est vétuste.
- C'est le futur président du Racing qui parle ?
- Ce qui compte pour moi, ce n'est pas le titre. C'est de continuer à pouvoir travailler sereinement. Et puis, le plus important commence samedi face à Auxerre. Ça, c'est la vérité. Le potentiel et les idées que nous avons ne se matérialiseront que si nous effectuons une bonne saison.