Le pire des scénarios
Pascal Johansen a déjà vécu deux descentes en L 2 avec le Racing. Alors que son avenir risque fort de se poursuivre ailleurs, le Colmarien revient sur la saison décevante des Strasbourgeois.
Caractériel et talentueux sont les deux adjectifs qui correspondent le mieux à Pascal Johansen. Et cette saison encore, le Colmarien a alterné l'excellent (dont ce but incroyable marqué à Lille, ses quatre passes décisives...) et le moins bon, comme ses exclusions du groupe à répétition. Alors qu'il est en passe de vivre sa troisième relégation au sein du club strasbourgeois, le milieu de terrain a accepté de revenir sur cette saison galère.
« On ne veut pas être en Ligue 2 dès samedi »
- Quel est votre état d'esprit avant la réception de Caen ? Après le match à Rennes, vous parliez d'écoeurement, c'est toujours le cas ? - J'ai dit ça après le match, à chaud, parce que c'était une grosse déception. Ça fait maintenant longtemps qu'on ne fait que perdre et ça joue sur notre moral. Mais il y a Caen qui approche et il faut préparer ce match. On a tous envie d'arrêter cette série de défaites pesantes. Que ce soit pour nous, pour le club ou les supporters, il faut vraiment gagner. Au moins pour l'honneur. - Pour l'honneur, parce que l'espoir de se maintenir est désormais très faible... - Mathématiquement, on n'est pas encore condamnés, donc on se doit d'y croire. Après, c'est sûr qu'on a 90% de risques de tomber, surtout qu'on n'a plus notre destin entre nos mains et qu'on finit par une rencontre à Marseille. Mais on ne veut pas être en Ligue 2 dès samedi. - Vous espérez encore une réaction d'orgueil de l'équipe ? - Là , c'est le dernier match de la saison à domicile, peut-être notre dernier match à la Meinau en Ligue 1. Donc peu importe la manière, mais il faut gagner. - Comment le groupe vit cette mauvaise passe ? - Tout le monde est déçu. On a bien démarré la saison, on a engrangé beaucoup de points. Et puis il y a eu un relâchement. Inconsciemment, on s'est mis dans un espèce de confort, on était 6e, 9e, 12e... et on pensait qu'on était sauvés. Mais on n'a pas su franchir la dernière marche. C'est rageant, parce que deux victoires en plus auraient certainement suffi. - Surtout que le Racing a souvent eu l'occasion de faire le break cette saison... - Oui, mais à chaque fois, on a raté ces virages, par manque de courage ou d'envie de jouer le haut de tableau. On n'a pas été assez tueurs, d'une manière générale. Et quand la situation s'est gâtée, on n'a pas réussi à inverser la tendance. A force de rater les virages qui nous permettaient d'atteindre le haut, on a perdu de vue le maintien. Je pense surtout aux mois de janvier, février... Metz et Sochaux, c'étaient des équipes à notre portée. Et ensuite, on n'a pas su gérer cette dégringolade.
« Il nous manque l'efficacité... »
- Et le Racing risque, sauf miracle, de retrouver une L 2 que vous venez tout juste de quitter... - C'est dommage. Quand je vois des équipes comme Valenciennes ou Lorient, je me dis qu'au niveau des individualités, on n'avait rien à leur envier. Pour moi, notre saison est un peu l'envers de celle de l'an passé : on était vilains, on ne prenait pas de plaisir sur le terrain, mais on gagnait toujours, même si c'était 1-0 sur penalty à la 90e. On avait une vraie force mentale. Cette année, on joue bien, mais il nous manque l'efficacité. - On a l'impression que vous êtes touché par cette 3e descente en Ligue 2 ? - C'est le pire des scénarios. Lors des deux autres relégations (NDLR : 2001, 2006) on savait très tôt ce qui nous attendait, on était mal partis dès le départ. Là , on avait l'impression d'avoir les cartes en mains pour être tranquille et finir en milieu de tableau. Et par naïveté, on s'est mis dedans tous seul. Après, on fait un beau métier et ça reste du sport, mais l'an dernier, c'était vraiment galère pour remonter. Et franchement, je ne veux pas revivre ça*...
Propos recueillis par Barbara Schuster
* Pascal Johansen est en fin de contrat avec le Racing et devrait, sauf surprise, poursuivre sa carrière ailleurs qu'à Strasbourg