L'Alsace a écrit :Mouloungui, retour d'enfer
L'attaquant gabonais, promis au départ cet été après deux saisons blanches, a gagné la confiance de Jean-Pierre Papin. Il est flamboyant depuis son entrée dans l'équipe.
Cédric Hengbart s'en souviendra sûrement. Dimanche, le capitaine intérimaire du Stade Malherbe de Caen a passé une soirée passablement inconfortable à la Meinau. La faute à son vis-à -vis, une fusée insaisissable nommée Eric Mouloungui, qui, après avoir connu un retard à l'allumage de près de trois ans, est en train de se mettre sur orbite. Longtemps blessé, celui qui était considéré comme l'un des grands espoirs du football strasbourgeois a disparu de la circulation pendant plus de deux saisons, après des débuts prometteurs en Ligue 1 (21 matches, 3 buts en 2003-2004). Alors qu'il se révèle plus aux autres qu'à lui-même, le Gabonais retrouvera ce vendredi à Gueugnon des Forgerons auxquels il avait été prêté en janvier. Une expérience de six mois totalement ratée, dont il accepte une part de responsabilité. Retour sur la résurrection d'un attaquant qui assure s'être forgé dans l'épreuve.
Eric, dimanche contre Caen, vous sembliez inarrêtable. Il y a peu, jamais vous n'auriez tenté autant de choses difficiles ...
Quand on est en confiance, on tente tout. Tout ne réussit pas, mais ce n'est pas grave. On se dit que lorsqu'on échoue une fois, ça réussira la prochaine. C'est le discours que le coach nous tient.
Jean-Pierre Papin vous a précisément relancé alors que vous étiez censé quitter le club cet été…
Il m'a aligné une mi-temps contre le Bayern en amical (Ndlr : le club danois d'Odense a, en le voyant évoluer ce jour-là , sollicité son prêt, mais l'affaire a fini par capoter). Et il m'a ensuite dit que si je lui montrais que je méritais ma place, il n'hésiterait pas à me faire jouer. Après mon prêt à Gueugnon, je savais que mon retour à Strasbourg ne serait pas rose, que des recrues arriveraient et que je ne ferais pas partie des premiers choix. Mais je me disais qu'en travaillant dur, j'aurais ma chance. Ce qui m'arrive prouve que Jean-Pierre Papin ouvre sa porte à tout le monde. Du coup, ça oblige ceux qui jouent à se défoncer sur le terrain, au risque, sinon, de se retrouver sur le banc le match suivant.
Quand le déclic s'est-il produit ?
A la mi-août, lors d'un match amical avec ma sélection à Aix-en-Provence contre l'Algérie. J'ai marqué un but, nous avons gagné 2-0. En sélection, je fais partie des leaders, car nous sommes peu à évoluer en Europe. J'y suis épanoui, plus expansif qu'à Strasbourg où je me tiens plus en retrait. Mais je m'ouvre petit à petit ici aussi : quand on se sent bien sur le terrain, les choses vont forcément mieux autour.
« Je reviens de loin »
Vous étiez supposé vous relancer à Gueugnon. C'est le contraire qui s'est produit…
Là -bas, dès le premier jour, je me suis déchiré l'adducteur. Je suis resté trois mois sans jouer. A mon retour, après deux matches comme titulaire, j'ai écopé d'un carton rouge. Ça s'est mal passé, mais c'est aussi sûrement de ma faute. Je ne regrette pas d'être allé à Gueugnon. Comme toutes les épreuves que j'ai traversées, ça m'a endurci. Les moments difficiles font grandir l'homme et le joueur. Je reviens de loin. Mais je ne vais pas m'enflammer aujourd'hui après 3 ou 4 bons matches. S'il y a un bilan à faire, ce sera en fin de saison.
Vendredi, vous risquez de peiner à surprendre vos ex-coéquipiers gueugnonnais pour marquer votre 4e but sur corner, non ?
Bah, là -bas, ils ne me connaissent pas vraiment, puisque je n'y ai rien fait (rires). Ils vont peut-être me découvrir. En tout cas, je ne me mets aucune pression. Je jouerai ce match comme n'importe quel autre.
Recueilli par S.G.