L'Alsace a écrit :Le jeu ou l'enjeu ?
Le derby de ce soir (20 h) à Bonal, entre des Sochaliens sous pression et des Strasbourgeois séduisants, promet de belles émotions. Reste à savoir s'il accouchera d'un match enlevé.
A en juger par le classement brut, il n'y a pas photo. Le Racing émarge à une huitième place qui traduit assez fidèlement le niveau de jeu qu'il a proposé depuis l'ouverture le 4 août. Et Sochaux se traîne au 17e rang, ne devançant qu'au goal-average le premier relégable Auxerre. Ce qui fait tout de même un brin désordre pour l'un des représentants français en Coupe de l'UEFA (match aller du premier tour jeudi à 18 h 30 à Bonal contre les Grecs de Panionios). Dit comme ça, le derby de tout à l'heure pourrait sembler déséquilibré. Mais ce serait oublier un peu vite que sur les deux dernières journées, les deux clubs affichent le même bilan : 1 point sur 6 (défaite 2-0 à Saint-Etienne et nul 0-0 contre Lorient pour le RCS, échec 1-2 face à Lyon et nul 2-2 à Caen pour le FCSM). Et que Strasbourg se débattait en L 2 quand Sochaux tutoyait les sommets de l'élite l'an passé. Brillants vainqueurs à Toulouse (3-1), les hommes de Jean-Marc Furlan sont rentrés bredouilles de leurs deux autres déplacements, desservis, il est vrai, par les expulsions de Manuel Dos Santos à Nice (juste après le repos pour un revers 1-0) et Guillaume Lacour à Saint-Etienne (dès la 35e avec, à la clef, une défaite 2-0). « Ce derby est important, parce qu'il va nous permettre de savoir ce dont nous sommes capables à l'extérieur. Evaluons-nous, à condition de terminer à onze », avance un Jean-Marc Furlan dont le nom a circulé cet été du côté de Bonal comme successeur potentiel d'Alain Perrin. « On m'a dit que j'étais sur la short-list du président Plessis, mais je n'ai personnellement pas eu le moindre contact avec Sochaux. »
Furlan : « Je ne suis pas inquiet pour Sochaux »
Parenthèse refermée. L'entraîneur bas-rhinois préfère se concentrer sur un déplacement d'autant plus charnière que le FCSM a chuté trois fois sur trois dans son antre (face au Mans, à Monaco et Lyon). « Le début de saison sochalien me surprend, mais il a des explications. Avec les départs de Karim Ziani (Marseille) et Jérôme Leroy (Rennes), mais aussi la blessure de Sébastien Grax, les Doubistes ont perdu trois éléments majeurs. Mais je ne suis pas inquiet pour eux. Sochaux est un grand club, qui possède en Frédéric Hantz un excellent entraîneur. Il va rebondir. » Le public de Bonal, sevré de victoires, mais surtout saoulé de défaites depuis le début de saison, espère ce rebond dès ce soir. Les Bleus sont prévenus. Sans Wason Renteria, leur meilleur buteur (3 buts), ils s'efforceront de garder le cap. En s'appuyant sur cette base défensive que seuls les coups de pied arrêtés (4 buts sur les 5 encaissés jusqu'ici par Stéphane Cassard, formé dans le Doubs) et un malheureux « autogoal » de Yacine Abdessadki à Saint-Etienne ont mise à mal. Sochaux, qui a concédé la bagatelle de 14 buts en 7 journées et possède la 19e arrière-garde de Ligue 1, juste devant Auxerre (15 buts), n'est en revanche pas un modèle d'étanchéité.Une chose est sûre : les deux équipes sont sur leurs gardes. Seront-elles tentées de les serrer et de faire passer l'enjeu avant le jeu ? C'est possible, sinon probable. Entre un FCSM fatigué de rire jaune dans son fief et un RCS désireux de garder son horizon bleu dégagé de tout nuage, les débats s'annoncent intenses. Mais après tout, c'est l'essence même d'un derby.
Dernière hésitation
Jean-Marc Furlan avouait hier soir n'avoir pas décidé quelle équipe il alignerait à Bonal. « J'hésite entre le 4-1-3-2 utilisé à Saint-Etienne et notre traditionnel 4-2-3-1. » Le second schéma pourrait offrir un rôle de meneur de jeu à Pascal Johansen, Yacine Abdessadki redescendant alors d'un cran. Pour le reste, c'est un peu la bouteille à l'encre. Rendez-vous vers 19 h à la lecture de la feuille de match. A noter que Zoltan Szelesi, rentré de Turquie – Hongrie (3-0) avec une petite tension musculaire, ne s'est pas entraîné hier. Mais la participation du Hongrois n'est pas remise en cause. En face, le jeune gardien bas-rhinois Matthieu Dreyer, originaire d'Ernolsheim-sur-Bruche, figure sur la feuille de match comme doublure de Teddy Richert.
Perquis « J'ai tourné la page »
Si les trois parties (Saint-Etienne, le Racing et lui-même) étaient tombées d'accord mi-juillet, Damien Perquis serait strasbourgeois aujourd'hui.
Les négociations ont traîné et Jean-Marc Furlan, qui souhaitait recruter le défenseur stéphanois qu'il avait dirigé à Troyes, a changé d'option. Mais pas d'avis sur un joueur qu'il apprécie. Alors qu'il cherchait à l'origine un concurrent à la paire Bellaïd - Paisley, il s'est, rassuré par les performances haut de gamme de sa charnière, mis en tête de lui trouver un complément. Perquis ne correspondait plus au profil. Il a ainsi repris le travail à Saint-Etienne et seule une offre de dernière minute de Sochaux l'a fait quitter le Forez. Arrivé dans le Doubs en prêt avec option d'achat, il assure, au matin du derby, avoir tourné la page de son arrivée avortée en Alsace.
Damien, avec le recul, comment analysez-vous l'échec de votre venue à Strasbourg ?
Je ne suis fâché contre personne. Jean-Marc Furlan a fait un choix. S'il était content du rendement de sa défense centrale, il était normal qu'il la conserve en l'état. J'y ai cru jusqu'au jour où mon agent m'a informé que c'était fini. Deux jours plus tard, je me suis replongé dans le travail. Après avoir discuté avec Laurent Roussey, il n'était plus vraiment question que je parte. Mais l'opportunité sochalienne est arrivée en fin de mercato.
N'éprouvez-vous aucun regret ?
A part celui de n'avoir pas retravaillé avec Jean-Marc, aucun. A Sochaux, j'ai été formidablement accueilli. Mon intégration se passe bien et je joue (Ndlr : il était titulaire contre Lyon – 1-2 – et à Caen – 2-2 – lors des deux dernières journées de championnat), alors que je ne jouais plus à Saint-Etienne. Je n'ai pas perdu au change.
Comprenez-vous les raisons qui ont poussé Jean-Marc Furlan à ne pas vous enrôler?
Honnêtement, je n'en ai plus rien à faire. Aujourd'hui, je suis Sochalien. Strasbourg est un match que j'ai envie de gagner pour prendre les trois points, c'est tout.
Le FCSM n'est-il pas en proie au doute ?
Franchement ? Non. Car nous savons que nous valons largement mieux. Il n'y a pas photo entre le classement actuel de l'équipe et la qualité des joueurs qui la composent.
Ressentez-vous une forte pression autour de vous, en raison du contexte toujours particulier d'un derby et de la précarité de votre situation?
Le derby, on ne m'en a parlé qu'hier. Et ça n'a rien à voir avec un Lyon – Saint-Etienne. Pour le reste, je viens d'arriver et j'avoue que je n'ai pas trop fait attention à tout ce qui se dit autour.
Suspendu : Sène (Sochaux).
Absents : à Sochaux, Bréchet (hernie), Grax (ménisque), Dramé (reprise), El-Bounadi (malade), Erding, Nogueira, Maurice-Belay (choix de l'entraîneur) ; à Strasbourg, Alvaro Santos (accord particulier entre Sochaux et Strasbourg), Renteria (retour tardif de sélection), Gmamdia (reprise), Ducrocq, Gasmi, Kantari, Loue, Schneider, Weber, Schneiderlin, Gurtner, Othon, Zenke, Bah (choix de l'entraîneur).
Stéphane Godin
DNA a écrit :Repartir du bon pied
Après quinze jours de coupure, le Racing remet ce soir le pied à l'étrier. Face à une équipe sochalienne engoncée dans ses doutes, les Strasbourgeois ont, eux aussi, quelques incertitudes à lever. Serait-ce le derby de vérité ?
Il est assurément perfectionniste. Peut-être aussi éternellement insatisfait, et de nature un brin anxiogène. Toujours est-il que Jean-Marc Furlan ne cesse de ressasser en boucle toute une série d'interrogations :
« Que valons-nous vraiment ? Que valent exactement les autres ? Qui peut dire aujourd'hui quelles seront les équipes qui joueront le titre et celles qui seront en lutte pour le maintien en mai prochain ? »
La vérité du mois d'août ne préjuge pas de l'avenir
A priori incapable d'y répondre, le technicien réserve ses réponses pour plus tard. « A l'issue du cycle aller, les grandes tendances vont se dégager, assure-t-il. D'un point de vue statistique, c'est quasiment immuable. Tu prends tes points à la trêve, et tu les multiplies par deux pour obtenir ton total en fin de saison. » Bref, la vérité d'un mois d'août pourtant dense ne préjuge pas de l'avenir. Tout juste peut-on y déceler quelques indices. Ceux qui concernent le Racing sont plutôt encourageants. Même si la fin de cycle - un point pris sur les 6 derniers mis en jeu, à « Sainté » et contre Lorient, aucun but marqué -, incite à la prudence. Mais si ça se trouve, Nancy, surprenant leader après avoir disputé une rencontre de moins (6) que le gros de la troupe, sera retombé dans l'anonymat d'ici au printemps prochain. A contrario, les cancres de l'été se retrouveront peut-être près des premiers rangs à l'heure du dernier bulletin. En ce qui concerne Sochaux, justement, Furlan se montre des plus élogieux. Les trois pauvres petits points glanés de-ci de-là , loin de Bonal, la propension à déjouer chez eux - quand même trois défaites en autant d'apparition -, qui débouchent sur une inquiétante position en queue de tableau (17e) ne seraient nullement rédhibitoires.
Désormais attendu au coin du bois
« Non, je ne m'inquiète pas pour eux, dit Furlan. C'est un très grand club, bien structuré qui bénéficie d'un gros budget. De plus, ils ont un très bon entraîneur (Frédéric Hantz). A tout point de vue, ils ont de quoi faire une bonne saison. » C'est peut-être vrai, sans doute un peu exagéré, mais la dithyrambe est surtout très habile. En rappelant le vainqueur de la dernière Coupe de la Ligue à ses obligations, Furlan ôte à ses propres hommes autant de pression. Une tactique qui avait plutôt bien fonctionné lors de la première partie de championnat, Marseille ou Toulouse se laissant abuser par excès de suffisance face à une formation étonnamment joueuse et complice. Pas sûr, toutefois, que d'autres tombent encore naïvement dans le panneau. Passé l'effet de surprise, le Racing va être attendu au coin du bois. Furlan reconnaît avoir « préparé » spécifiquement ses hommes pour les sept premières journées, avec la réussite que l'on sait. Il devra désormais oser, innover, surprendre. Pas évident, quand on connaît la profondeur limitée du banc, donc le manque d'alternative sûre et efficace. En l'absence de Renteria, rentré fatigué de son périple en Amérique du Sud avec la sélection colombienne, Alvaro Santos aurait pu sauter dans la brèche. Mais comme le Brésilien prêté par Sochaux, plutôt impressionnant cette semaine à l'entraînement, s'est vu ajouter une amusante clause de non-participation au derby dans son contrat...
Deux expulsions à l'extérieur
Si les hommes restent donc les mêmes - même si Fanchone signe sa rentrée après un mois de convalescence -, reste à savoir si l'équipe parviendra à s'inscrire dans la dynamique qui lui a permis d'enquiller trois victoires de rang au coeur du mois d'août. Voilà encore une autre question qui tarabuste Jean-Marc Furlan, « en manque de repères » hors de la Meinau. A deux reprises, son équipe a rapidement été réduite à dix - Dos Santos expulsé à Nice, Lacour à Saint-Etienne - et s'y est à chaque fois inclinée. « A l'extérieur, nous avons fini un seul match à onze (à Toulouse, victoire 3-1), ce n'est pas suffisant pour dégager des certitudes », plaide-t-il. Enclin à reconduire le système initial vu à Geoffroy-Guichard - avec le seul et indispensable Rodrigo devant la défense, un milieu à trois unités et deux attaquants de pointe -, l'entraîneur strasbourgeois espère que le déroulement des événements ne sera pas à nouveau contraire. Histoire, certainement, de ne pas être renvoyé à une autre montagne de questions sans réponses.
Lacour de retour
Guillaume Lacour a purgé son match de suspension et devrait retrouver une place de titulaire au sein d'une équipe strasbourgeoise organisée en 4-1-3-2. Mais si le Strasbourgeois reste sur le flanc droit, il remonte d'un cran, au milieu de terrain, où il devrait occuper le poste d'ailier habituellement dévolu à Cohade ou Fanchone. L'autre changement côté strasbourgeois est la titularisation de Gameiro aux côtés de Mouloungui en attaque, comme à Saint-Etienne, Renteria étant laissé au repos après être rentré tardivement de Colombie.
Pancrate d'attaque ?
Les Lionceaux sochaliens récupèrent le latéral droit Stéphane Pichot, revenu de blessure. Frédéric Hantz devrait aussi titulariser Fabrice Pancrate seul en pointe. Pour l'attaquant du PSG, arrivé en toute fin de mercato à Sochaux, il s'agira du premier match sous ses nouvelles couleurs au stade Bonal.
Sébastien Keller
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