L'Alsace a écrit :Matz Sels ne s’y retrouvait plus
St.G
Depuis une discussion avec l’un des nouveaux propriétaires du Racing en août à Monaco, Matz Sels subodorait que son futur ne s’écrirait bientôt plus à Strasbourg. Le gardien belge s’en était ouvert un soir d’échec à Reims, le 1 décembre (2-1), deux mois avant son transfert en Angleterre.
Tous deux ont été blessés, au propre ou au figuré, le 1 décembre à Reims où pour la 14 journée, le Racing a concédé sa sixième défaite en treize rencontres (*). Et tous deux s’en sont allés dès le 1 février.
Blessé, Gerzino Nyamsi l’a été physiquement, remplacé dès la 13 minute pour une lésion au muscle pectoral droit. Rétabli un mois plus tard, le défenseur axial, supplanté entre temps par Abakar Sylla, n’a jamais rejoué sous le maillot strasbourgeois.
Comme il ne se voyait pas faire banquette plus longtemps, il s’est engagé jeudi au Lokomotiv Moscou jusqu’en 2028, contre une indemnité de transfert de 3,5 millions d’euros.
Ses espoirs déçus
Au stade Auguste-Delaune, Matz Sels a, lui, été touché mentalement. Ce soir-là, le gardien repousse poliment les sollicitations offcielles en zone mixte. Mais l’international belge, qui pourrait disputer cet été sa première compétition majeure – l’Euro en Allemagne – comme titulaire avec les Diables rouges, va se livrer en “off”, comme on dit dans le jargon journalistique.
Alors que son club flirte avec la zone rouge, lui qui n’a pas pour habitude de manier la langue de bois s’épanche longuement. En cinq années et demie en Alsace, il a rarement tutoyé les étoiles et même vécu deux saisons éprouvantes en 2020-2021 – à cause, aussi, de sa rupture du tendon d’Achille en juillet 2020 – et 2022-2023 (maintien à la dernière, puis l’avant-dernière journée).
L’anachronique exercice 2021-2022 n’a été pour lui qu’une parenthèse enchantée. Le Racing termine 6 , aux portes de l’Europe, son classement le plus brillant depuis 42 ans (5 en 1980).
Rennes se manifeste pour l’enrôler. Le président Marc Keller ferme la porte et lui offre une prolongation de deux ans, jusqu’en 2026, que le Flamand, charmé par le jeu produit par son équipe sous les ordres de Julien Stéphan, finit par accepter. Le portier veut alors croire que le Racing peut lui permettre d’assouvir des ambitions personnelles qu’il avait exportées sans succès à Newcastle en 2016-2017, alors en Championship (D2). D’autant que celui à qui Patrick Vieira a confié le capitanat en 2023-2024 se plaît à Strasbourg.
« Le rajeunissement de l’été dernier n’est qu’un début »
« Quand j’ai prolongé, je sentais que c’était parti comme pour Lens, septième, puis deuxième l’an passé. Mais la dernière saison ne s’est pas déroulée comme prévu », raconte-t-il encore le 10 janvier, à 48 heures du voyage à Marseille. « J’ai eu quelques propositions, mais je me sens bien ici et tous les facteurs n’étaient pas réunis pour un départ. Je suis là depuis cinq ans et demi, mon fils y est né, j’y ai beaucoup de copains. Même si demain, je pars, je reviendrai, car j’y ai passé une grande partie de ma vie. Je vais tout faire pour le club tant que je resterai. »
À Reims un gros mois plus tôt, son discours, moins encadré et donc plus libre, n’est pas aussi apaisé. Sels est inquiet et désappointé. Sa conviction est faite : le club emprunte un chemin dans lequel il ne se retrouve pas. La cure de Jouvence de l’effectif, imposée dès l’été par le nouveau propriétaire, le consortium américain BlueCo, et marquée par l’envol, plus ou moins forcé, de cadres du vestiaire dont il était proche, n’est, selon lui, que la partie émergée de l’iceberg.
« J’ai discuté avec un dirigeant de BlueCo à Monaco (défaite 3-0 le 20 août). Il a été clair : le rajeunissement du groupe initié cet été n’est qu’un début, lâche-t-il en substance, un brin déconfit. Le départ des “anciens” va s’accélérer, l’arrivée de prospects également. Vous verrez l’été prochain. »
Durant cet échange informel en Champagne, ses rares interlocuteurs comprennent que le Néerlandophone, qui, en 2022-2023, a déjà regretté en aparté, à mots certes couverts, sa prolongation de juin 2022, sautera sur la première occasion pour filer et ne sera plus là pour le voir.
Il n’a guère laissé le choix
De fait, quand l’opportunité Nottingham Forest s’est présentée jeudi, son envie de retourner en Angleterre, où il rêvait secrètement d’une seconde chance pour l’un des tout derniers challenges de sa carrière, est devenue irrépressible. Pour les raisons évoquées ci-dessus, il n’a guère laissé le choix à sa direction.
Pour 8 millions (plus 2 de bonus), l’homme aux 164 matches de Ligue 1 sans erreur ayant entraîné un but adverse a rallié les Midlands jusqu’en 2027, revalorisation à la clef. À bientôt 32 ans (le 26 février), le capitaine n’a pas déserté le navire bleu. Il en est descendu parce qu’il s’y sentait moins à sa place. Nuance.
(*) Son match de la 12 journée à Brest, reporté le 12 novembre à la suite de la tempête Ciaran, a finalement été joué le 7 décembre (1-1).
Les reproches de Sels sont les mêmes que ceux qu'on fait depuis des mois. La multitude d'arrivées de jeunes joueurs à fort potentiel sans maintenir une ossature faite de joueurs aguerris est tout sauf rassurant à court terme, surtout quand on a 32 ans.
C'est dommage qu'il n'en dise pas plus sur le "il n'a pas laissé le choix à sa direction" car partant de là, quelle que soit l'issue de cette réunion, le club allait être perdant... mais d'un autre côté nos dirigeants se sont mis eux mêmes face à une telle situation.