L'Alsace a écrit :Ledy l'a fait
À 22 ans, l'Aspachois est l'une des rares satisfactions du RC Strasbourg en ce début de saison. Auteur de deux passes décisives et de son premier but en Ligue 2 en cinq journées, le Haut-Rhinois, professionnel depuis l'été 2008, creuse doucement son sillon.
Jeudi, il en rigolait presque : « J'espère que ce premier but en L 2 va enfin arriver. Depuis le temps que je l'attends… Avec un peu de chance, ce sera pour demain contre Sedan. »
David Ledy a été exaucé de ce souhait prémonitoire. Vendredi, alors que le Racing était mené 1-0 à la Meinau, l'Altkirchois de naissance, mais Aspachois d'origine a égalisé juste avant l'heure de jeu. « Sur un centre puissant de Stéphane Pichot, Magaye Gueye se jette au premier poteau et gêne le gardien sedanais (Benoit Costil). Le ballon arrive très vite sur moi. Je suis surpris. Le but est grand ouvert et sur le moment, j'avoue avoir eu un doute. Mais j'ai réussi à la mettre au fond, même si elle a été déviée par un défenseur ardennais. »
Pour son 12 e match en L 2 (7 l'an passé, déjà 5 cette saison, dont 2 titularisations), le Haut-Rhinois a donc enfin trouvé l'ouverture. Son 2 e but officiel en pros après celui du 7 e tour de la Coupe de France contre l'Entente Sannois-Saint-Gratien le 22 novembre 2008 (6-0). « Ce but m'avait fait plaisir, puisque c'était mon premier officiel chez les pros. Mais c'était le sixième et il était anecdotique. L'égalisation contre Sedan avait une tout autre signification. La joie était plus forte. »
Ce but de renard des surfaces qu'il est moins aujourd'hui a mis fin à une longue frustration. « L'an passé, j'avais eu une sacrée occase à Boulogne, mais le gardien avait réussi un gros arrêt. Cette saison, j'en ai aussi eu contre Arles et en fin de première période contre Sedan. J'avais marqué en Coupe, en amical (contre Colmar le 15 juillet), mais je commençais vraiment à me demander si ça allait venir en championnat. »
S'il a adapté son registre selon les exigences de Pascal Janin qui lui demande de prendre les espaces autour d'une pointe (Nicolas Fauvergue ou Marcos), celui qui a débuté le foot à Aspach (en poussins et benjamins 1 re année), puis passé onze ans au FC Mulhouse reconnaît qu'il « reste un buteur. » Son nouveau rôle lui impose pourtant de diversifier sa palette. « Au début, ça ne correspondait pas à mon profil. Mais ça me convient. Je touche beaucoup plus de ballons. Quand tu te contentes entre guillemets d'un rôle de renard des surfaces, tu dois être là au bon moment. Si tu ne marques pas, tu es frustré. Moi, en ce début de saison, je me suis découvert des talents de passeur. Mais je reste attiré par le but. »
Le déclic avec Jean-Marc Furlan
Arrivé en 2006 à Strasbourg avec une convention amateur de deux ans, David Ledy a depuis franchi les échelons : un premier bail pro d'un an signé au printemps 2008, une prolongation de deux saisons (jusqu'en 2011) paraphée à l'automne suivant et des débuts en L 2 sous la férule de Jean-Marc Furlan le 7 novembre contre Tours. « La confiance qu'il m'a témoignée augmenté la mienne, surtout en fin de saison. »
Apparu quatre fois lors des cinq dernières journées 2008-2009, il enchaîne en 2009-2010. « Avec le dispositif en 4-4-2 mis en place par Pascal Janin, je suis plus utilisé. » Peut-être aussi parce qu'en trois saisons, il assure « avoir pris du volume. Quand je suis arrivé à Strasbourg sans être passé par le cursus normal d'un centre de formation, j'ai souffert physiquement. Il a fallu que je me hisse au niveau. Aujourd'hui, je progresse et j'enchaîne les matches. Même si l'équipe connaît des difficultés, ça marche bien pour moi. J'espère que ça va continuer, que je vais réussir une saison pleine. J'ai 22 ans et c'est le moment d'exploser. »
Vendredi, il a surtout explosé de joie sur son premier but en L 2. « Mes parents et ma copine, qui viennent souvent, étaient là . Ma sÅ“ur et d'autres membres de ma famille aussi, qui, eux, viennent moins régulièrement. C'était un moment spécial. Je le leur ai dédié. »
Après avoir enchaîné les matches, il rêve désormais d'enfiler les buts. « C'est comme ça. Il faut que je marque. »
Stéphane Godin