DNA a écrit :« Jaf », la saison déplaisir
Ce devait être l'année de la confirmation. Las, Jean-Alain Fanchone, élu meilleur latéral gauche de Ligue 2 en mai dernier, s'est perdu en cours de route. A l'entame du sprint final, le jeune Mulhousien espère encore sauver les meubles en contribuant à assurer le maintien.
Jean-Alain Fanchone a en partie retrouvé sa joie de vivre. Certes, son sourire est encore timide, parfois un peu crispé. Au moins n'affiche-t-il plus cette mine renfrognée et boudeuse qui l'accompagnait depuis août dernier et l'échec de son transfert vers Lille.
Il en voulait alors à la Terre entière
Autre signe de détente : « Jaf » s'est remis à parler. Ces derniers mois, le défenseur âgé de 21 ans était plongé dans un profond mutisme. De peur, peut-être, de déverser son aigreur sur la place publique, il a préféré ne plus rien dire. L'épisode de la deuxième tentative d'un départ vers le Losc, qui avait achoppé le 1er février, au dernier jour du marché hivernal, en raison du refus poli de Nicolas Fauvergue de lever son option d'achat, l'avait profondément déstabilisé. Il en voulait alors aux journalistes, aux supporteurs, aux dirigeants, à la Terre entière. « Je me voyais parti dans un grand club de Ligue 1, j'ai eu du mal à m'en remettre, reconnaît-il. Le plus dur à accepter, c'est que les gens aient pu penser que je n'avais plus envie de jouer au Racing. C'est faux. Je suis ici depuis neuf ans, mais je ne voulais pas laisser filer une si belle opportunité. Après cette histoire, il n'y a pas eu grand monde pour me remettre en confiance. » Fort heureusement, Pascal Janin a pris le Mulhousien par la main et accepté de tirer un trait sur ses errements de la première moitié de saison, quand il ne mettait plus un pied devant l'autre sur le terrain. « En décembre, déjà, il a su trouver les mots pour me faire rebondir, précise « Jaf », qui avait été mis au placard six semaines durant, au lendemain d'une piètre prestation à... Nîmes (2-1). Ma famille m'a aussi bien poussé. J'ai compris que c'était à moi de bien travailler pour retrouver mon niveau. »
« J'ai l'impression d'avoir perdu une année »
Fanchone se remet donc au boulot. Redevenu un titulaire indiscutable depuis février, il s'acquitte sobrement de sa tâche défensive, à défaut de briller dans son couloir gauche. « L'an dernier, on jouait le haut du tableau parce qu'on pratiquait un bon football, dit-il. Là, on est en bas parce qu'on a beaucoup plus de mal. On défend aussi plus qu'on n'attaque. Cela me convient nettement moins. Mon jeu, c'est de déborder, percuter... » On l'aura compris, la rancoeur est toujours à fleur de peau. « Honnêtement, j'ai l'impression d'avoir perdu une année, ajoute celui qui est en contrat avec le Racing jusqu'en 2013. Je n'ai pas progressé, si ce n'est au niveau du mental. » L'équilibre reste toutefois fragile, le risque de rechute n'étant jamais totalement à exclure. Fin mars, après la défaite à Tours (2-0), le garçon ne se présente pas à une séance de soins. Janin l'écarte du groupe l'espace d'une semaine et se passe de lui pour le derby contre Metz. Depuis cette incartade, « Jaf » n'a plus fait parler de lui. Si ce n'est sur la pelouse, où il espère assurer au plus vite le maintien. « A Bastia, on a été nuls et il va falloir vite se ressaisir pour éviter la catastrophe, martèle-t-il. Dans les vestiaires, les gars sont encore à s'interroger sur le pourquoi du comment de cette défaite. Moi, ça me saoule de regarder derrière moi. Devant, il y a Nîmes et c'est tout ce qui compte. On devra tous se bouger le c... »
« De bonnes vacances pour me changer les idées »
A travers ces mots crus et fleuris transpire la détermination d'un garçon qui s'est écarté du droit chemin. Il lui reste désormais quatre journées pour sauver ce qui peut encore l'être. « Après, j'aurai besoin de bonnes vacances pour me changer les idées », conclut celui qui n'a pas encore abandonné l'idée de marcher sur les pas d'un ancien compagnon du centre de formation, Kevin Gameiro. Dans la capitale alsacienne, la Ligue 1 n'a jamais paru aussi loin. A Fanchone de faire en sorte qu'elle ne s'éloigne pas encore plus.
Séb.K.