L'Alsace a écrit :« La proie devient chasseur »
Ejecté du podium lors de la 23e journée de Ligue 2, le RCS est désormais lancé sur les traces du trio de tête. Première étape d'une longue marche de quinze journées ce vendredi (20 h) à la Meinau contre la lanterne rouge Tours.
La perspective du déplacement du Havre à Caen ce vendredi a sans doute atténué la déception du Racing. Tout comme sa propre production, encore une fois mitigée, avant-hier soir à Guingamp (1-1). Il n'empêche : pour la première fois depuis le 27 octobre, les hommes de Jean-Pierre Papin ont quitté – à la différence de buts certes – un podium de Ligue 2 sur lequel ils devront impérativement figurer fin mai pour accéder à la Ligue 1. Paradoxalement, le RCS, qui n'a plus perdu depuis 4 matches (2 courtes victoires 1-0 contre Amiens et Niort et deux nuls 0-0 à Montpellier et 1-1 à Guingamp), a lâché du lest sur un HAC qui s'impose aujourd'hui comme son principal rival, si l'on considère que Metz et Caen sont pour le moment hors de portée, respectivement 7 (*) et 5 points plus haut. Amiens, Reims et Grenoble, repoussés à huit longueurs, paraissent hors course. Dijon aussi, à qui sa défaite à domicile vendredi face à Libourne (0-1) a fait faire un grand pas en arrière. « Nous avons repris un point aux Dijonnais », calculait à chaud Jean-Pierre Papin à Guingamp. « Ça en fait six. » Châteauroux est bien revenu à quatre unités, mais les partenaires de Teddy Bertin semblent trop inconstants pour combler ce handicap. Encore que le prochain déplacement de JPP et sa troupe les conduira le dimanche 18 février au stade Gaston-Petit… Dans ce combat de catch à quatre qui se dessine, personne ne sait donc encore qui sera éjecté du ring. Mais les Bleus d'Alsace, qui recevront vendredi la lanterne rouge Tours, apprécieraient que Le Havre laisse quelques plumes à d'Ornano dans le choc au sommet de Normandie. Car malgré leurs 8 points récoltés lors des 4 dernières journées, le HAC leur en a repris 7 en 6 rencontres (16 contre 9).
L'attaque souffre de la comparaison
« La pression est sur les autres, qui vont devoir nous battre lorsqu'ils nous recevront », argumentait encore récemment l'entraîneur strasbourgeois. C'était avant que le Racing ne descende du podium et ne rende une nouvelle copie tout juste passable hors de ses bases. Entre le penalty oublié pour une faute de Deroff sur Eduardo (81e) et le tir sur le poteau de Rivière dans les arrêts de jeu, le RCS a autant frôlé à Guingamp sa 4e défaite que sa 3e victoire à l'extérieur. Sans doute un brin contrarié, le président Philippe Ginestet s'efforçait de garder le sourire avant de prendre le chemin du retour. « Nous étions la proie. Le Havre l'est à son tour et nous sommes dans la peau du chasseur. » Sans doute. Sauf que pour ne pas rentrer bredouille, un chasseur a besoin de bons fusils. Malheureusement pour elles, les deux nouvelles gâchettes du Racing, il est vrai peu alimentées en ballons exploitables, ont souffert de la comparaison avec les deux artilleurs guingampais fraîchement arrivés. Le Brésilien Joao a bien gagné en impact par rapport à sa première prestation face à Niort, mais sans être décisif. Quant à Papys M'Bodji, il n'a, pour sa 5e rencontre en Bleu, sauvé sa pâle prestation que par une passe décisive sur le but d'Abdessadki. Un bonus insuffisant pour lui éviter un remplacement avant même la remise en jeu. En face, le Brésilien Eduardo et l'ex-Bastiais Christophe Meslin, associés pour la première fois, ont laissé filtrer de belles promesses et permis à Guingamp de repasser au-dessus de la ligne de flottaison. Ce matin, le constat s'impose : les deux recrues hivernales n'ont pas - encore ? — remédié au déficit de percussion du RCS. Preuve, peut-être, que ce dernier n'est pas le seul fait des attaquants. Ce qui est au moins aussi alarmant que la perte provisoire du statut de promu virtuel.
Mathlouthi forfait contre Tours
Le jeune attaquant du Racing Ali Mathlouthi a ressenti une pointe à la cuisse gauche sur une accélération avant-hier à Guingamp. Il passera une IRM demain pour déterminer la nature exacte de sa blessure, mais est d'ores et déjà out pour la réception de Tours ce vendredi. Idem pour Jean-Christophe Vergerolle. Le latéral gauche est en délicatesse avec un genou et a subi un arthroscanner hier en soirée. Il est également sur le flanc pour la venue des Tourangeaux, tout comme Kevin Gameiro qui passera une échographie de contrôle cet après-midi pour évaluer la cicatrisation de sa lésion à la cuisse.
Abdessadki en sélection
À peine rentré de Guingamp, Yacine Abdessadki a rejoint la sélection marocaine qui affronte la Tunisie ce soir à Rabat en amical. Mais le capitaine du Racing y fera surtout acte de présence. 48 heures après le déplacement en Bretagne et 48 avant le match contre Tours, il ne devrait pas jouer.
Tours : Kanté et Mandanne suspendus
Le milieu de terrain Koly Kanté et l'attaquant Christophe Mandanne, meilleur buteur du TFC avec 5 buts, purgeront un match de suspension vendredi et ne seront pas du déplacement à la Meinau.
Doukantie revient à Strasbourg
Strasbourgeois de 2000 à 2002 (il a plus participé à la remontée en Ligue 1 qu'à la relégation en L 2), le désormais ex-capitaine tourangeau, Vincent Doukantie, reviendra vendredi à la Meinau pour la première fois depuis son départ. « Le club a beaucoup changé, mais j'aurai plaisir à revoir Pascal Camadini, Pascal Johansen, Jeannot Devaux, Yacine Abdessadki et Guillaume Lacour avec qui j'ai joué. Je n'oublie pas que Strasbourg est le club qui m'a permis de toucher du doigt le football professionnel (Ndlr : il était arrivé du Red Star, alors en National). » Alors que la lanterne rouge tourangelle relève la tête (4 points lors des deux derniers matches), le milieu de terrain estime que le maintien se jouera entre Brest, Créteil, Istres, Niort et Tours. « Mais pas Guingamp qui est certes 17e, mais joue à mon sens trop bien au ballon pour ne pas s'en sortir. »
Debes s'interroge
En fin de contrat en juin, le gardien alsacien de Guingamp Thierry Debes s'interroge sur son avenir. L'ancien Strasbourgeois, qui fêtera ses 33 ans le 13 juillet, se voit bien « jouer au moins deux saisons encore. Le président Noël Le Graët m'a dit que nous nous reverrons en mars, quand le maintien sera assuré. Mais au train où vont les choses, ce maintien pourrait bien se jouer en mai. Alors, on verra. Je ne me prends pas trop la tête avec ça. À Grenoble, j'avais resigné quatre ans. Mais le club a connu des soucis financiers et Guingamp lui a proposé de m'acheter. Résultat : un mois après avoir prolongé, j'étais parti. Alors… »
(*) Les Messins joueront un match en retard à Libourne Saint-Seurin, à une date restant à fixer.
Stéphane Godin
DNA a écrit :Sur la corde raide
Toujours aussi inconstant dans le jeu, incapable de tenir un résultat face à un mal-classé, le Racing a logiquement quitté le podium de la Ligue 2.
Un sérieux avertissement, s'il le fallait, à quinze matches du dénouement.
Ce vendredi à la Meinau, le Racing boucle contre Tours sa série de quatre rencontres face aux mal lotis. S'il vient à bout de la pâle lanterne rouge, comme il faut vivement l'espérer, son bilan sera somme toute présentable. La cadence d'une victoire à domicile - Niort, en attendant cette fin de semaine - pour un nul à l'extérieur - Montpellier (0-0) et Guingamp (1-1) - permet aux hommes de Papin de se rapprocher de leur objectif. A condition, bien sûr, de ne pas lever le pied d'ici au mois de mai prochain.
Secoués comme un vulgaire prunier
Voilà toute la subtilité d'une logique implacable que l'entraîneur strasbourgeois a fait sienne. Vérifié aux dépens d'équipes du bas du tableau, en attendant d'être avéré contre Tours, le raisonnement doit encore être éprouvé et validé face aux gros bras. Et c'est justement là où l'affaire se corse. Car si le Racing n'est pas capable de dominer Montpellier ni de tenir un résultat à Guingamp, que va-t-il se passer dans les prochaines semaines, quand il s'agira d'aller défier tour à tour Châteauroux (5e), le Havre (3e), Grenoble (7e) et Caen (2e) ? En fait, le seul élément de réponse dont on dispose n'est guère rassurant. Lors du cycle aller, les seuls déplacements chez une équipe du premier tiers du classement - à Reims et à Metz - se sont soldés par deux dérouillées douloureuses. Sans parler de la défaite à Amiens, qui est intervenue trop tôt dans la saison - 2e journée - pour tirer un quelconque enseignement. Quant aux six nuls ramenés de leurs déplacements, ils ont souvent été acquis dans la douleur. Au Roudourou, lundi soir, les Bleus ont encore été secoués comme un vulgaire prunier lors d'une première mi-temps à sens unique. Les déficiences en termes de construction, d'organisation et même de simple réflexion ne cessent d'inquiéter. Soit autant de questions de fond qui ne sont jamais abordées de front. Le manque de lucidité, ou plus certainement l'art de l'esquive ou la méthode Coué, dictent un discours convenu. Comme souvent cette saison, Papin s'est ainsi dit « relativement satisfait du point pris, c'est pas mal. » Que les Havrais aient repris l'ascendant en les délogeant du podium, même si ce n'est qu'à la différence de buts, ne semble pas plus constituer un problème insoluble. « Il reste quinze matches, c'est très long, ajoute JPP. Pour l'heure, je suis bien où je suis. » Pascal Camadini, homme d'expérience s'il en est, reconnaît au moins que le problème existe. « Souvent, on n'est pas dedans en première mi-temps, avance le milieu corse, perplexe quand il s'agit d'avancer une explication. Pourquoi ? je ne sais pas. Il faudra y réfléchir, tous ensemble. Il doit y avoir une raison. »
« Il faudra aussi montrer autre chose »
L'une des explications tient dans le rendement très insuffisant des attaquants. Le Havre s'appuie sur une doublette efficiente Lesage - Traoré qui capitalise vingt-quatre buts, équitablement répartis. Gueye et Cissé en sont à vingt du côté de Metz, alors que Gouffran et Samson en ont inscrit dix-huit sous le maillot caennais. Au Racing, le milieu de terrain Renaud Cohade a transformé... six penaltys. Point barre. Les recrues ardemment désirées ont encore tout à prouver. Joao Paolo doit certainement avoir quelque chose pour lui. M'Bodji, en cinq titularisations, a laissé dubitatif. A tel point que les rentrées de Tum et de Gameiro sont attendues avec impatience. Ça fleure le retour à la case départ. Maintenant qu'il est délogé du podium, le Racing devra se faire violence pour y remonter. « C'est un sprint qui démarre, ajoute Camadini. Je suis confiant, oui, mais il faudra aussi montrer autre chose, faire moins d'erreurs et savoir conserver un résultat jusqu'au bout. En particulier à l'extérieur, parce que l'on ne va pas tout gagner non plus chez nous. » Il ne manquerait plus que des failles apparaissent dans les solides murs de la Meinau. Pas contre les Tourangeaux, quand même...
Sébastien Keller
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