Jafar Hilali prêt à investir 300 000 euros
L’ancien propriétaire du Racing-Club de Strasbourg s’est dit prêt à aider son ami Alain Dreyfus, président du FC Mulhouse, la saison prochaine. Les deux hommes ont déjeuné ensemble mercredi midi.
Il passe pour être le fossoyeur du Racing-Club de Strasbourg, qu’il a précipité vers la liquidation judiciaire. Mais Jafar Hilali, financier installé à Londres, continue de suivre de près les affaires du football, même en Alsace où il apparaît pourtant comme une persona non grata auprès des supporters.
Il pourrait pourtant effectuer un retour tonitruant, cette fois au FC Mulhouse. Mercredi midi, il a déjeuné avec Alain Dreyfus à Bâle, avant de poursuivre les discussions dans le bureau de ce dernier. « C’était juste une visite de courtoisie, sourit Alain Dreyfus. Il m’amuse beaucoup, il m’a raconté le Racing ».
Mais outre le Racing, le FC Mulhouse a bel et bien été au cœur de leur conversation. « Je n’ai aucune animosité avec qui que ce soit en Alsace, ose Jafar Hilali. Avec Alain, nous sommes amis depuis pas mal de temps. Il essaye de remonter une belle équipe à Mulhouse. Le problème d’un club de foot, c’est l’argent. La démarche, au départ, vient de moi. Je lui ai dit que s’il en a besoin, je suis prêt à l’aider dès la saison prochaine. Je peux lui proposer une aide financière ou au niveau des compétences. Je peux faire venir des joueurs, permettre au FCM d’être un club satellitaire (Ndlr : Jafar Hilali serait entré en négociations pour racheter le FC Nantes). Après plus de dix ans en CFA, le FCM a besoin d’un nouveau déclic. Il lui faut 300 000 euros pour passer un cran au-dessus. Je peux l’aider pour avoir des investisseurs à ce niveau ».
Alain Dreyfus, le président mulhousien, ne cache pas son intérêt. « Aujourd’hui, notre modèle n’est pas tenable financièrement. Avec le niveau des subventions, le coût des sport-études, de nos entraîneurs brevetés, on ne peut plus continuer comme cela. Nous avons moins de sponsors que Belfort, Illzach ou Saint-Louis. Le club ludovicien dispose d’une subvention double à la nôtre, si on prend en compte les joueurs qui sont salariés à la ville. »
Aussi est-il prêt à accueillir à bras ouverts Jafar Hilali, malgré son passé à Strasbourg. « Si un investisseur se présente, il est normal que je fasse feu de tout bois, non ? S’il m’aide, je serais ravi. Pour l’instant, il n’y a rien de concret, pas d’accord entre nous. Juste une discussion. Mais il faut bien comprendre que si le FCM veut grandir, il a besoin d’augmenter sa surface financière ».
Après près de quatre ans à la tête du club mulhousien, Alain Dreyfus se dit « déçu », en reconnaissant qu’il a investi beaucoup d’argent (pas loin de deux millions d’euros d’ici la fin de saison) « à fonds perdus. Je ne récupérerai jamais ma mise. Je suis déçu, car c’est comme si je n’avais jamais rien fait. Je me suis trompé sur des joueurs, mais celui qui ne fait rien ne peut pas se tromper. Il y a malheureusement une réalité économique qui fait qu’on n’avance pas. Mulhouse ne peut pas avoir d’ambition. La Ville veut un opéra et un orchestre, elle n’a pas besoin de sport ».
« L’intérêt de la Ville est pourtant de voir le football remonter dans une ligue professionnelle, estime Jafar Hilali. Le sud de l’Alsace est une terre de football. Je trouve que c’est une erreur de ne pas miser sur le football aujourd’hui. À ce niveau, j’estime que les collectivités doivent mettre au pot plus que tous les autres. En revanche, quand un club arrive au niveau professionnel, ce n’est plus leur rôle ».
En arrivant à la tête du FCM, Alain Dreyfus rêvait de lui redonner ses lettres de noblesse, de le ramener au monde professionnel. Il ne s’attendait pas à ce que ce soit si compliqué et si long. L’apport de Jafar Hilali, même si ce n’est pas du goût de nombreux fans du football alsacien, peut-il lui permettre de franchir un cap ?