Le Fil Rouge

[Kaniber]

Racing : que reste-t-il du rêve américain ?
Alors que le président Marc Keller s’affaire pour attirer des investisseurs américains au Racing, le précédent IMG-McCormack, entre 1997 et 2003, invite à la plus grande prudence. Rappel des faits historiques entre promesses, désillusions et procès.
« L’opportunité de venir à Strasbourg est une chance unique. Nous voulons aider à construire et à développer à partir des merveilleuses fondations et une grande tradition locale. Ce sont autant d’éléments qui nous permettent de faire quelque chose d’important pour Strasbourg et le football ».

Puisqu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, voilà comment Mark Hume McCormack assure, en ce mois de mai 1997, le premier service après-vente à domicile auprès du chaland alsacien.

Venu sur les bords de l’Ill en provenance de Cleveland, Ohio, USA, le président fondateur de l’International Management Group (IMG) – décédé il y a plus de vingt ans – vend du rêve.
« Nous avons été séduits par cette audace, mêlée d’ambition et de réalisme »
Peu importe, finalement, que sa multinationale spécialisée dans le management des golfeurs, tennismen ou pilotes automobile soit totalement néophyte en matière de soccer. Recalé à Marseille, où il a tenté sa chance un peu plus tôt, McCormack veut aider l’équipe strasbourgeoise à devenir « l’une des meilleures au monde ». Rien que ça.

Avant d’essayer de convaincre les supporters, ce pionnier du marketing sportif devenu billionnaire – avec trois zéros de plus qu’un milliardaire, c’est dire qu’il est riche – avait déjà réussi à séduire la ville, propriétaire du club, et sa maire Catherine Trautmann, engagées sur la voie de la privatisation.

Pas une mince affaire, puisque deux autres candidats avaient été auditionnés par l’équipe municipale.

La caution locale était apportée par Roland Weller (1938-2023), président en poste et en pleine réussite qui avait fédéré sous ses airs bonhommes le grand argentier du foot français, Jean-Claude Darmon, et la marque allemande aux trois bandes Adidas. Un dossier au moins aussi bien ficelé que celui porté par Pierre Rapin, porte-parole du leader mondial de la pub Saatchi and Saatchi et du binôme Eurodirect-Gebo.

Le 20 février 1997, tout ce beau monde est poliment éconduit puisque c’est IMG qui est choisi, contre le versement de 800 000 euros, une paille pour un club financièrement sain et européen, à travers le représentant de sa ramification française Patrick Proisy, jusque-là connu pour avoir été finaliste à Roland-Garros en 1972 et accessoirement le beau-frère de l’icône Yannick Noah.

« Nous avons été séduits par cette audace, mêlée d’ambition et de réalisme », explique alors Catherine Trautmann pour justifier son choix.

Des trois termes utilisés par la maire en ce jour d’hiver, seul le premier peut éventuellement s’appliquer a posteriori. On ne parle pas là de hardiesse ou de témérité, mais plutôt de toupet ou de culot.

En coulisses, dès les premiers jours, les assauts contre les actionnaires historiques sont virulents. Le Racing Omnisport, représenté par la figure tutélaire de l’ancien ministre André Bord, vacille sur ses bases.

Proisy, qui a confié le poste de manager général à l’austère Bernard Gardon, tisse sa toile. L’ultralibéralisme a désormais pignon sur rue à la Meinau.

Sur le terrain purement sportif, les premiers noms ronflants lâchés par le nouveau patron – Dejan Savicevic, Jürgen Klinsmann ou Roberto Baggio – pour lancer la campagne de recrutement sont censés illustrer le changement de braquet du Racing dans le peloton.
Du terrain à la rubrique des faits divers
Au lieu des stars, les nouveaux arrivants sont des gregarios ou de parfaits inconnus , à l’image de Jung-won Seo, Denni Conteh ou Christophe Kinet.

Encore portée par la dynamique de la saison précédente, rehaussée par le succès en Coupe de la Ligue, l’équipe performe sur la scène européenne et soulève l’enthousiasme de la Meinau contre les Glasgow Rangers, Liverpool et l’Inter.

En championnat, en revanche, tout va de guingois. Et en décembre 1997, après une défaite à Nantes, le Racing de Jacky Duguépéroux est relégable.

Le champion de France 1979 peut préparer ses valises, René Girard est en route pour le remplacer et assurer le maintien. Avant de voir débarquer, durant le fol été où la France descend dans les rues pour célébrer l’avènement d’une équipe black-blanc-beur, l’attelage Claude Le Roy - Pierre Mankowski.

S’il ne parvient pas à se hisser vers les sommets promis, le Racing vit encore des saisons relativement sereines. Mais ses finances sont obérées par une gestion de plus en plus décousue et aventureuse, incarnée par les arrivées de Per Pedersen, Henri Camara, puis Gonzalo Belloso, Mario Haas et, cerise sur le gâteau, José Luis Chilavert.

Le Rubicon a été franchi. On ne parle alors pas encore de soupçons d’abus de bien social, de faux et usage de faux en écriture, d’exercice illégal de la profession d’agent de joueurs, soit tout le vocabulaire juridique qui va faire basculer l’actualité du club dans la rubrique faits divers, mais tous les éléments sont déjà réunis.

Sportivement, l’équipe part à vau-l’eau lors de la saison 2000-2001. La victoire en Coupe de France contre Amiens a un goût amer puisque les Bleus d’Yvon Pouliquen, appelé au relais de Le Roy, finissent bons derniers du championnat. Après une présence continue de neuf saisons dans l’élite, le Racing retombe en Ligue 2…

Au pied du mur, Proisy va enfin prendre des décisions frappées au sceau du bon sens. Sur le banc, l’intransigeant Ivan Hasek est chargé de l’opération “remontée immédiate”. Fort de son expérience en Angleterre, son ex-coéquipier Marc Keller, tout jeune retraité des terrains, est nommé manager général à l’âge de 33 ans.

Sans faire d’étincelles, et en dépit d’un gros coup de mou au sortir de l’hiver, le Racing va reprendre l’ascenseur vers l’étage supérieur au printemps 2002.

Sur la scène hexagonale, l’Olympique lyonnais de Jean-Michel Aulas entame son règne qui va s’étirer sur sept saisons. Le Racing d’IMG-McCormack, lui, est au bord du précipice, plombé par les dettes – 12 millions d’euros de déficit en 2003 – et miné par les procès. De guerre lasse, son public s’est détourné de la Meinau.

Mark McCormak est sur son lit de mort lorsque le club est officiellement vendu au pool réuni autour d’Egon Gindorf (1930-2020) et de Marc Keller, le 16 avril 2003.
Temps judiciaire pour rappeler les micmacs du passé
Vingt ans plus tard, que reste-t-il du rêve américain ? Ceux qui pensaient avoir vécu les années les plus sombres du Racing durant ces six saisons-là allaient devoir réviser leur jugement, lorsque le club a basculé dans le grand-guignolesque avec Jafar Hilali à la présidence, jusqu’au dépôt de bilan à l’été 2011.

En comparaison au passage dévastateur du spécialiste de la finance internationale, la période IMG-McCormack apparaîtrait presque comme vertueuse, s’il n’y avait à intervalle régulier un temps judiciaire pour rappeler les micmacs du passé.

En décembre 2019, à Colmar, la chambre correctionnelle de la cour d’appel a ainsi renvoyé Le Roy, Proisy et quelques autres acteurs de l’époque devant la barre.

Reconnu coupable pour des infractions d’abus de biens sociaux et usage de faux, l’ex-président du Racing s’est pourvu en cassation. Un ultime procès est toujours prévu à Nancy.
Vers une semaine décisive

Depuis que le rideau est tombé sur la saison 2022-2023, en début de mois à Lorient pour une défaite anecdotique (1-2), le maintien en Ligue 1 étant assuré une semaine plus tôt, le Racing est aux abonnés… absents.

Pas encore auditionné par la DNCG, le gendarme financier du football français, inactif sur le marché frémissant des transferts, discret sur ses intentions, muet quant à l’arrivée probable des investisseurs américains réunis autour de Todd Boehly, le patron de Chelsea, le club avance masqué.

Les seules nouvelles sont distillées de temps à autre par les joueurs, sous forme de cartes postales exotiques diffusées sur leurs réseaux sociaux.

Mais à désormais deux semaines de la reprise de l’entraînement – fixée au lundi 3 juillet par Frédéric Antonetti, technicien qui est resté au demeurant assez évasif au sujet de son avenir proche –, le temps de passer à l’action est venu.

La semaine qui s’ouvre devrait ainsi être décisive pour l’avenir à court et moyen termes de la “maison bleue”. Pour Marc Keller, il s’agira de clarifier la situation.

Si les Américains arrivent, quel sera le nouvel équilibre actionnarial ? Le président envisage-t-il de garder le contrôle ou alors compte-t-il passer la main ? À quelle échéance ?

Quelles que soient les réponses à venir, les supporters du Racing maintiennent leur confiance au président qui a su redresser la barre depuis 2012 et qui va permettre à leur équipe de vivre en août une septième saison de rang en Ligue 1.

Surtout, l’expérience de l’ex-international, 55 ans, déjà présent comme manager général sur les deux dernières saisons de la période IMG-McCormack (1997-2003), doit suffire à éviter les erreurs du passé. Tout le monde a hâte de savoir, désormais.

Séb.K.

[Matt67]

Les choses vont se préciser, passage à la DNCG demain, une partie de l'avenir du Racing à court terme va se jouer la bas, s'en suivra ou pas des changements dans l'actionnariat d'ici au 30 Juin.

[Gotcha]

ouais mais en attendant, le temps défile, et il ne se passe strictement rien ce qui va nous mettre dans une merde noire pour la prochaine saison.

[Matt67]

Gotcha, le président n'est pas un débutant, les choses se font en coulisses comme d'habitude, pas d'inquiétude à avoir.

[Kaniber]

Pour la DNCG je ne me fais pas de souci.

[Gotcha]

C'est pas la DNCG qui m'inquiète, mais la prochaine saison : y'a de quoi être inquiet quand tu sais que l'entrainement reprend dans 10 jours, et qu'on n'a pas l'ombre d'une recrue pour remplacer les tauliers partis en fin de contrat.

on sent bien que le processus de rachat bloque tout le reste.

[Matt67]

Partis ??
Mince j'ai pas vu d'annonce , tu peux me mettre l'article stp.
Encore une fois, tout est imminent, le mercato débute à peine, et dans les départs, vente des joueurs, rien n'est officiel, comme pour les recrues.
Encore une fois, tout le monde est impatient, mais pas d'inquiétude, le président a du métier !!

[Celticmen]

Article très inquiétant aujourd'hui dans " l'équipe " au sujet de Chelsea, Boehly et de ses implications avec l'Arabie Saoudite.
Dans moins de 2 semaines, l'entraînement reprend !
Avec quels joueurs ? Quel entraîneur ? Quel direction ?
V
Mais pas de soucis, Keller gère !

[Stan]

Encore une fois, tout le monde est impatient, mais pas d'inquiétude, le président a du métier !!

Je trouve que ce discours était audible il y a 1 an, je l'avais d'ailleurs moi-même tenu l'été dernier.

Par contre, avec la très mauvaise saison qu'on vient de faire, et surtout le début de championnat cataclysmique qu'on a réalisé, j'aurais pensé qu'on s'y prendrait autrement cette intersaison, avec davantage d'anticipation.

Tout ça pour dire qu'aujourd'hui on a déjà fait confiance à Keller un été, ça a été catastrophique, alors j'ai du mal à comprendre ceux qui déclarent ne pas être inquiets alors que rien ne bouge à l'horizon. Faudrait vraiment s'activer dans les prochains jours !!

[Matt67]

Chaque homme ayant le minimum d'intelligence apprend de ses erreurs Stan, l'impatience des supporters est la, et à force chacun devrait savoir maintenant que le président ne s'étale pas dans les médias et que forcément les rumeurs ne vont pas bon train, ce n'est pas pour cela que les employés de la Meinau son au chômage technique......