Les absents ont-ils toujours tort ?
Blessés ou convalescents, certains des titulaires d'hier sont peut-être en train de rater le bon wagon alors que le Racing démarre vraiment.
Jacky Duguépéroux ne cesse de le répéter : sa priorité est de dégager une équipe type. Une mission inconfortable lorsque l'on sait que l'infirmerie strasbourgeoise est assidûment fréquentée par quelques titulaires indiscutables ou présumés tels. Oui, mais voilà , en deux matches, ceux qui n'étaient a priori que des solutions de rechange (Abdessadki, estampillé arrière droit par Antoine Kombouaré, mais milieu de formation), des jokers de luxe (Arrache) ou des joueurs en devenir (Keita) ont pris du galon. Sans compter les « disgraciés » de l'ère Kombouaré qui, comme Deroff, ont retrouvé une légitimité. Alors que ce mois d'octobre est placé sous le signe du changement (de président, d'entraîneur, de capitaine et même de pelouse), il n'est sans doute pas recommandé de manquer le bon wagon au moment même où le train Racing trouve, peut-être, sa vitesse de croisière. Blessé depuis fin août, le gardien Rémy Vercoutre a ainsi vu sa doublure Stéphane Cassard « se comporter comme un n° 1 », aux dires mêmes de Jacky Duguépéroux. L'ex-capitaine Christian Bassila, out depuis un mois, a encore pu observer avant-hier que la concurrence, incarnée par un Sidi Yaya Keita (19 ans) qui n'a pas froid aux yeux et sera difficile à déloger, s'annonçait féroce. Idem pour Ulrich Le Pen, en dedans depuis le début de saison et à qui la prestation haut de gamme de Salim Arrache sur le flanc gauche, n'a pu échapper. La remarque vaut aussi pour Pascal Camadini, out pour pas loin d'un mois et, à un degré moindre, Karim Hagui, encore absent pour longtemps après sa fissure du 5e métatarse du pied droit. Sans rien revendiquer, Arrache reconnaît ainsi qu'en l'absence longue durée de son « rival », Ulrich Le Pen, il aura « une carte à jouer sur la durée pour la première fois. »
« Recruter ? Ce serait me désavouer »
Les absents ont toujours tort, dit le dicton. Ce pourrait être particulièrement vrai au Racing si le groupe façonné par Duguépéroux tient le rythme qui est le sien depuis deux matches. « Je ne me vois pas changer une équipe qui tourne », lâche le coach, « ç'a toujours été comme ça. Mais les blessés ne sont pas condamnés pour autant. Dans une saison, tu as toujours besoin de tout le monde. Et je préfère avoir des choix à faire que de ne pas en avoir. » Déduction logique : l'effectif ne devrait guère varier avant le mercato d'hiver, ses recrues potentielles se trouvant en son sein, à l'image d'un Mamadou Niang redevenu lui-même. « Sauf coup intéressant, comme Martin Djetou pour lequel j'ai beaucoup d'estime et dont je sais que c'est réciproque, il n'y a pas de raisons de prendre quelqu'un d'autre », acquiesce Duguépéroux. « Ne faisons rien dans l'urgence. Et je ne dis pas ça parce que nous avons battu Nice. Quand j'ai repris l'équipe, j'ai dit aux gars que je venais sans a priori et qu'avant de songer à aller chercher quelqu'un d'autre, je leur ferais confiance. Recruter d'autres joueurs serait, quelque part, une façon de me désavouer, puisque j'ai participé, pour tous les membres de l'effectif, soit à leur prolongation de contrat (Fahmi, Deroff et Arrache notamment), soit à leur recrutement. La moindre des choses, maintenant que je suis en place, c'est de leur donner leur chance. Question de cohérence. » Cohérence ou cohésion : le Racing a affiché les deux samedi contre Nice. Pour « Dugué », la gageure consistera dans quelques semaines à maintenir ces vertus quand l'heure des choix cornéliens sonnera.