Quand Rolland Courbis parle, il ne faut surtout pas le prendre au pied de la lettre. L'entraîneur d'Ajaccio, incomparbale râleur à la gouaille pagnolesque, est un vieux renard qui manie l'esbroufe comme personne. Méfiance, méfiance.
Rolland Courbis est un personnage. Peut-être même l'un des derniers représentants d'une époque révolue. Le football contemporain, qui laisse si peu de place au hasard ou à l'improvisation, ne « fabrique » en tout cas plus d'acteur de cette trempe-là .
Il y a bien Guy Roux, autre mastodonte en voie de disparition. Mais le Bourguignon n'est pas du même monde. Le bon sens paysan et les certitudes des hommes du terroir constituent à la fois sa réussite et son fonds de commerce. Une recette inépuisable, eu égard à sa longévité.
De port en port
Chez Courbis, tout est question de spontanéité et d'instinct. Un vrai Marseillais au sang chaud, qui navigue de ville en ville, de port en port. Son parcours sinueux, jalonné d'étapes improbables - la pétrolifère Al-Wehda ou la slave Vladikavkaz ont dernièrement vu débarquer le bonhomme joufflu au regard perçant -, ne répond à aucune logique sportive.
Courbis va là où souffle le vent. Alléché par l'odeur de l'argent, diront ses détracteurs. Motivé par un coup de coeur, rectifient ses admirateurs. On l'a connu râleur, hâbleur ou bonimenteur. Il est toujours joueur et charmeur. Depuis la fin de l'été et son retour sur l'Ile de Beauté un an après l'avoir quittée, il a été promu sauveur.
« Plus difficile que prévu »
« Je savais que ça allait être difficile en arrivant, dit celui qui avait mené le club corse en L 1 voilà trois ans. C'est encore plus difficile que prévu ! Surtout que le petit coup de pouce du destin nous fait défaut. Les rebonds, les poteaux, les décisions des arbitres, rien ne nous est favorable. Bah ! ça va peut-être finir par tourner... »
Rolland Courbis n'oublie rien. Et d'énumérer, dans une longue litanie, tous les coups du sort qui ont émaillé la saison. Des points injustement perdus aux longues blessures - Chapuis et Fauconnier -, des expulsions sévères aux déboires de la légion étrangère recrutée au Brésil, aucun détail n'est négligé.
« Largement supérieur »
Bizarrement, Courbis passe assez rapidement sur la série de quatre matches sans défaite (1V, 3N) qui permet aujourd'hui à Ajaccio de conserver une once espoir. Ni des deux petits points qui séparent son équipe, premier relégable, du Racing...
En revanche, l'homme devient plus prolixe quand il s'agit de louer les qualités de son adversaire. « Strasbourg nous est largement supérieur, lance-t-il. Son quatuor offensif est l'un des plus redoutables du championnat. Que ce soit contre Saint-Etienne, Caen ou Paris, il a prouvé ses qualités. Non, je ne considère pas cette équipe comme un possible relégable. »
Pas l'heure de l'olifant
Ce n'est donc pas face à Duguépéroux - « mon collègue qui m'a privé de Coupe de la Ligue quand j'entraînais Bordeaux » - que Courbis compte prendre des points. C'est du moins la version officielle. Celle à laquelle les Strasbourgeois ne devront en aucun cas souscrire.
« Bon, maintenant, un match reste un match, rectifie celui qui manie l'esbroufe comme personne. En 90 minutes, Ajaccio peut passer devant le Racing. C'est arithmétique, non ? » Comme dans la chanson de geste, l'ami Rolland n'est pas encore disposé à sonner l'olifant.
DNA
Ce roland, s'il existait pas, faudrait l'inventer!!!!
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