L'Alsace a écrit :Frau, dossier prioritaire
Autant, sinon davantage que le cas de Jacky Duguépéroux, les négociations avec l'attaquant lyonnais Pierre-Alain Frau ont occupé le devant de la scène hier au Racing.
Le sort de Jacky Duguépéroux n'est pas réglé. Malgré une 8e défaite avant-hier à Lille (la 4e consécutive en championnat), malgré une série d'insuccès de 14 rencontres qui n'a connu qu'un précédent à Strasbourg depuis la création du championnat professionnel en 1932-33, « Dugué » est ce matin encore à la tête du Racing et dirigera l'entraînement de cet après-midi à 15 h 30. Une heure plus tôt, il rencontrera le directeur général Marc Keller et le président Egon Gindorf. Mais ni l'un, ni l'autre ne lui signifiera sa mise à l'écart. « Bien sûr que dans notre position, nous travaillons sur plusieurs axes de réflexion », admet le président, « l'avenir de l'entraîneur en est un. Depuis son arrivée, Jacky a fourni un excellent travail. Une telle série est inexplicable et nous rend perplexes. Mais nous allons prendre une semaine de réflexion. Nous ne pouvons pas faire n'importe quoi. Aujourd'hui, le cas de l'entraîneur n'est pas le dossier prioritaire. Nous avions placé beaucoup d'espoirs sur Lille et l'équipe n'y a pas répondu. Elle a perdu confiance. Nous verrons ce mardi avec Jacky ce qu'il peut changer ou apporter ces prochains jours, comment il compte oeuvrer pour les cinq matches de championnat qui restent avant Noël. Il peut très bien rester jusqu'à la trêve, voire aller au bout de son contrat. » Personne n'est évidemment obligé d'y croire, même si lors d'une réunion hier soir, les actionnaires ont effectivement arrêté le principe d'un délai de réflexion. Mieux, pour soulager encore un entraîneur qui a, jusqu'ici, bénéficié de leur part d'un soutien inédit au RCS en pareilles circonstances, Marc Keller et Egon Gindorf ont travaillé hier au recrutement d'un attaquant appelé de ses voeux par leur technicien depuis des semaines. La tête de liste est déjà identifiée : Pierre-Alain Frau, l'attaquant lyonnais (sous contrat jusqu'en 2008), confiné au banc de touche ou au CFA chez le quadruple champion de France et qui a décidé en fin de semaine dernière d'être prêté. Marc Keller et Egon Gindorf se sont non seulement entretenus avec son agent, Philippe Flavier, mais avec lui. « Notre 20e place ne le fait pas galoper pour venir », doit bien reconnaître le patron du RCS, « Il veut partir de Lyon, mais n'a pas encore choisi sa destination. Etre derniers nous handicape. Mais d'un autre côté, si Frau devait opter pour Lens où il y a déjà cinq attaquants, il ne serait pas certain de jouer tous les matches. Chez nous, il sait qu'il sera titulaire et associé à son ami Mickaël Pagis. S'il nous donne son accord, nous verrons ensuite comment nous entendre avec Jean-Michel Aulas. » Si la condition préalable – le feu vert du joueur — est remplie, le Racing semble disposé à casser sa tirelire pour un prêt onéreux — l'attaquant émarge à 130 000 euros bruts dans le Rhône — mais sans doute moins qu'une relégation en L 2.
« Les discussions se sont bien passées »
De son côté, Philippe Flavier confie que « les discussions entre Marc Keller et Pierre-Alain se sont très bien passées ce lundi. » Suffisant pour convaincre PAF de rejoindre une lanterne rouge qui n'a plus marqué en L 1 depuis 407 minutes, soit près de 7 heures ? « Pierre-Alain est en pleine réflexion », reprend Flavier, « De son expérience à Sochaux, il a gardé de bons contacts avec Francis Gillot (l'entraîneur lensois qui s'occupait alors des moins de 18 ans du FCSM et le courtise assidûment) et Jean Fernandez (le coach de l'OM qui l'a dirigé dans le Doubs et n'est apparemment pas hors course). Mais on ne signe pas dans un club par amitié. Il faut aussi ne pas se tromper de challenge sportif. Pierre-Alain a apprécié ses entretiens avec Strasbourg. Il sait que le Racing est un club bien, avec des gens bien, d'une grande correction avec lui aujourd'hui (hier), mais qui, malheureusement, se retrouve dans une situation très périlleuse. Il y a un peu plus d'un mois (« L'Alsace Lundi » du 26 septembre), Strasbourg l'avait déjà approché, mais le prêt n'était pas encore envisagé. Cette fois, oui. Le Racing fait partie des candidats sérieux. Dans quelques jours au plus tard, Pierre-Alain officialisera son choix. » L'arrivée du Franc-Comtois pourrait indirectement offrir un sursis à Jacky Duguépéroux. L'estimant ainsi paré sur le plan offensif, les dirigeants pourraient alors lui proposer un défi à court terme : « Maintenant que tu as l'attaquant réclamé, tu as jusqu'à Noël pour redresser la barre. » Car comme en convient Egon Gindorf, « les mauvais résultats sportifs nous mettent tous dans l'embarras. » Le président, Marc Keller et les autres actionnaires n'ignorent pas qu'à brûler l'icône qu'ils encensaient il y a six mois à peine, ils risquent un vilain retour de flamme.