L'Alsace a écrit : « Le temps n'efface rien » 
Mis au ban du Racing pendant quatre mois à  l'été 2001, le Malien Mamadou Bagayoko en est parti en 2003. Après Ajaccio et Nantes, il a atterri à  Nice et revient demain à  la Meinau où il a marqué pour ses deux premiers retours. 
« J'ai toujours de la rancune. Je n'oublie pas la façon dont on m'a traité à  Strasbourg. C'était inacceptable. Je me suis entraîné quatre mois tout seul. Sur une aussi longue durée, je ne sais pas s'il existe d'autres exemples dans le foot français. Si j'avais été plus faible, moins costaud dans la tête, on aurait pu briser ma carrière. Le temps n'efface rien. » Deux ans et demi après avoir quitté Strasbourg où il était arrivé en 1999, sorti de nulle part ou presque (Ndlr : Claude Le Roy était allé le chercher alors qu'il évoluait en DH à  Sens), Mamadou Bagayoko n'a rien oublié de ses années strasbourgeoises. Ou plutôt de la mise à  l'écart prolongée dont il a été l'objet à  l'été 2001, sous l'ère Ivan Hasek. « Au début, nous étions trois ou quatre dans ce cas, mais les autres ont assez vite trouvé un club. Moi non, parce que je ne voulais pas partir n'importe où. Le plus navrant, c'est que quelques mois plus tôt, West Ham avait offert 2 millions d'euros pour s'attacher mes services. Le club avait refusé de me laisser partir. Je ne jouais même pas en CFA. J'ai eu la chance et la force de rebondir. Cette expérience douloureuse m'a endurci.»
« Personne, ici, n'a oublié l'an dernier »
Intersaison 2003. En fin de contrat au Racing, Mamadou Bagayoko s'engage pour deux saisons à  Ajaccio. Dès la première, il inscrit 8 buts (quatre fois plus que lors de son meilleur total à  Strasbourg, la saison précédente). Le club corse en profite pour le transférer à  Nantes, contre 1,5 million d'euros. Avec les Canaris, le Malien, qui a signé quatre ans, va connaître une année 2004-2005 délicate sur le plan collectif, mais honnête individuellement. « Même s'il n'est pas facile de s'adapter au style nantais, j'ai fait une saison correcte, avec sept buts marqués. Mais le club a traversé des moments difficiles, avec la charge de Mickaël Landreau contre le président Jean-Luc Gripont et l'entraîneur Loïc Amisse. Le groupe était solidaire de Micka et cette solidarité nous a sans doute permis d'assurer le maintien lors de la dernière journée. Ensuite, dans le grand flou de l'intersaison, je n'ai pas trop su sur quel pied danser. Le coach (Serge Le Dizet) voulait me garder, mais les dirigeants restaient silencieux. L'attente a été longue. C'était un peu bizarre. Des clubs anglais m'avaient contacté. Nice aussi. J'ai effectué le stage de préparation avec Nantes en Autriche. Le nouveau président, Rudi Roussillon, a alors senti que je voulais partir et m'a donné son feu vert. Sans lui, je serais peut-être toujours à  Nantes. Les dirigeants et le coach niçois m'avaient fait comprendre qu'ils me voulaient vraiment. Leur projet, avec la construction d'un nouveau stade, m'intéressait. On a choisi un prêt avec option d'achat. J'espère rester le plus longtemps possible. » En 14 journées (13 titularisations, 1 suspension), l'ex-Strasbourgeois a inscrit 3 buts au sein d'une attaque niçoise atone, mais tout de même deux fois plus prolifique que son homologue strasbourgeoise (11 buts contre 5). « Même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, ça se passe bien. Le groupe, dans son ensemble, a une grosse marge de progression. Ce qui est rassurant, c'est que nous sommes encore dans une position comptable relativement confortable (14e s avec 17 points) alors que franchement, nous n'aurions pas volé 3 ou 4 points de plus. Comme Strasbourg, nous ne sommes pas à  notre vraie place. Nous ne nous faisons pas trop de soucis et nous pensons toujours pouvoir aller taquiner la première moitié de tableau et réussir un truc dans l'une des deux coupes. » Des objectifs qui passent par un bon résultat à  Strasbourg demain. « Quand je reviens à  la Meinau, j'ai toujours envie d'y briller, après tout ce que j'y ai subi (Ndlr : pour ses deux premiers retours, il y a marqué le 13 septembre 2003 avec Ajaccio, battu 3-2, puis le 2 octobre 2004 avec Nantes, dont le succès 2-0 a condamné Antoine Kombouaré) », rappelle Bagayoko. « Mais au-delà  de ça, toute l'équipe souhaite faire un bon résultat. Ceci dit, attention : quand un club a le couteau sous la gorge, comme Strasbourg aujourd'hui, c'est encore plus difficile. L'an passé, Nice, en s'inclinant 3-1 à  la Meinau, avait relancé le Racing. Nous ne devrons pas commettre la même erreur. Chez nous, tout le monde a encore cette défaite bien présente à  l'esprit. »