L'Alsace a écrit :Afflelou : « Besoin de quiétude »
Le futur président du Racing avait annoncé qu'il serait là . Il a tenu parole. Alain Afflelou s'est même montré beaucoup moins offensif et cassant dans ses propos qu'une semaine plus tôt lors de sa conférence de presse inaugurale. A cinq jours d'un rendez-vous européen de gala à Rome face à la Roma d'Olivier Dacourt, Philippe Mexès et Shabani Nonda (qui jouait hier contre la Juventus de Turin), le lunetier a lancé un appel à la modération : « Le club n'a besoin que de calme et de quiétude, pas qu'on monte les uns contre les autres dans une période sportivement difficile. » Au passage, le prochain actionnaire majoritaire du RCS a confirmé que le club s'était mis en quête de renforts pour le mercato. « Avant, ça s'annonce difficile, car nous voulons prendre des joueurs immédiatement opérationnels et qui apportent une valeur ajoutée à l'effectif. Quatre joueurs (Hagui, Gmamdia, Boka et Hosni) vont partir à la CAN. Keita est encore blessé pour de longs mois. Et si une ou deux blessures viennent s'ajouter à cela, que fait-on ? Il faut recruter en nombre pour densifier le groupe. » En revanche, le nouvel homme fort du RCS n'a rien dévoilé de l'identité des joueurs convoités. Jeudi, il avait laissé entendre qu'un renfort sud-américain pourrait arriver très vite. On murmure en coulisses que le profil du milieu défensif brésilien de Benfica (et ancien Niçois) Everson, qui ronge son frein au Portugal où il est sous contrat jusqu'en 2008 (Ndlr : le Gym l'avait transféré en 2004 pour 1,5 million d'euros), plairait beaucoup à l'homme d'affaires. Dans « L'Alsace » du 8 octobre, celui qui est toujours le président strasbourgeoises, Egon Gindorf, avait déjà admis que l'ancien Aiglon figurait bien sur les tablettes. Lesieur fait le tour du propriétaire. Comme annoncé, le bras droit d'Alain Afflelou, Eric Lesieur, a passé l'après-midi d'hier à décortiquer la gestion du club. « J'ai d'abord visité les installations et été notamment impressionné par la qualité du centre de formation. Ensuite, j'ai procédé avec Alain Plet (le directeur administratif) à un état des lieux précis des finances. Elles sont bien tenues, d'une grande clarté apparente. De toute façon, on s'appelle régulièrement avec Alain et Marc Keller. L'équipe en place est efficace, mais il est normal pour un nouvel actionnaire majoritaire de faire diligence. » Le geste d'Echouafni. Olivier Echouafni, qui a passé deux saisons à Strasbourg (de 1998 à 2000), n'a laissé et gardé que de bons souvenirs de son passage en Alsace. Hier, le milieu récupérateur niçois est, dès son arrivée à la Meinau, allé déposer une gerbe de fleurs au pied de la plaque dédiée dans le quart de virage Nord-Ouest à Jacqueline Schoener, la plus fervente des supportrices du RCS emportée par la maladie en octobre 2003. Un geste accompli en toute discrétion, mais qui l'honore. Un « bronzé » dans les gradins. On le sait,:Vincent Anstett, médaillé de bronze par équipes aux Mondiaux d'escrime, est un fervent supporter du Racing. Qui n'a pas rechigné à encourager les Alsaciens malgré leur mauvais classement et la température glaciale hier soir. Il y a un an, il avait d'ailleurs vibré comme jamais lorsqu'il avait donné le coup d'envoi du match Racing – PSG (3-0) dans une Meinau comble. « Je me rappelle, je tremblais, je me disais : Surtout, ne tombe pas… Au coup d'envoi, j'avais passé la balle à Benachour. C'est sûr, je m'en rappellerai ! » Depuis, pourtant, le sabreur strasbourgeois a donné le coup d'envoi aux basketteurs de la SIG au Rhenus (contre Clermont, il y a quinze jours) et il officiera encore à la remise des récompenses de l'ASPTT Strasbourg natation la semaine prochaine. Mais son chouchou, c'est sûr, c'est le Racing, par tous les temps et même avec des gradins clairsemés…
Un record dans la lanterne
Jamais le Racing n'avait passé quinze journées en L1 sans gagner de match. Malgré un bon dernier quart d'heure face à Nice, la lanterne rouge a concédé un nouveau match nul et sans but (0-0) hier à la Meinau.
Ça y est, le Racing 2005/2006 est entré dans l'histoire. Jamais le club phare de la région n'était resté quinze journées de championnat sans remporter de victoire. Hier soir, face à Nice, Strasbourg a décroché ce triste record par manque d'ambition ou de talent pendant une heure, puis, comme d'habitude, par manque de chance pendant un petit quart d'heure de folie offensive. C'était dans l'air depuis le déplacement calamiteux à Lille: pour contrer l'Aiglon niçois, Jacky Duguépéroux choisit de lancer Nicolas Puydebois dans le grand bain – ou le bouillon, c'est selon – de la L1, faisant payer momentanément au seul Stéphane Cassard le pitoyable premier tiers de saison du Racing. Ce changement, prévisible, dans la défense alsacienne est rapidement suivi d'un autre, contraint et forcé : dès la fin du premier quart d'heure, Jean-Christophe Devaux se tient la cheville et doit laisser sa place au jeune Yann Schneider. Qui forme, du coup, avec Habib Bellaïd l'une des plus jeunes charnières centrales de France (20 ans tous les deux). Cette arrière-garde juvénile, largement siglée CFA, ne chôme d'ailleurs pas durant la première demi-heure. Car le Racing est mièvre en attaque, malgré toute la bonne volonté de Le Pen, et léger au milieu de terrain. Il ne parvient pas à surprendre le bloc niçois, qui gère la rencontre à sa guise et se crée la première grosse occasion de la rencontre à la… 39e ! L'ex-Strasbourgeois Mamadou Bagayoko échappe à Bellaïd, sert idéalement Koné dont la frappe passe à quelques centimètres du poteau gauche de Puydebois. Côté strasbourgeois, les « cadres » tant critiqués depuis le début de la saison font encore défaut. Durant le temps réglementaire, les Alsaciens ne se procurent pas une seule occasion digne de ce nom. Il faut attendre le temps additionnel pour voir Arrache gagner son premier duel contre Jarjat, centrer au cordeau pour Pagis qui bute sur Gregorini. Dans la continuité de l'action, Le Pen bénéficie à son tour d'une déviation lumineuse de Pagis, n'ose pas tenter la reprise de volée et voit sa frappe au point de penalty contrée au dernier moment. Il faut bien le reconnaître : un but à cet instant de la partie aurait tenu du hold-up pour un Racing plutôt heureux de regagner les vestiaires sans avoir pris de but.
Pagis et Pontus Farnerud maudits
En deuxième période, l'animation offensive strasbourgeoise est toujours aussi consternante. Sans profondeur ni créativité, les Alsaciens en sont réduits à balancer des ballons au petit bonheur la chance qui ne trouvent pas preneur jusqu'à la 70e. Jusqu'à ce centre de Lacour, repris instantanément par Pagis, d'un cheveu à côté. A l'évidence, l'entrée en jeu de Diané, quelques instants plus tôt, donne de la vie au ballon bleu. L'Ivoirien ose enfin des dribbles, une frappe bien captée par Gregorini (73e). Le portier azuréen est moins serein cinq minutes plus tard lorsqu'il relâche le ballon sur un corner d'Arrache, dans une forêt de jambes strasbourgeoises. Une bévue qui se termine en … contre niçois, interrompu pour un hors-jeu imaginaire de Bagayoko (78e). Mais la température monte enfin devant la cage de Gregorini. Par trois fois, Pontus Farnerud rate la cible. D'abord sur une frappe des 20 mètres (80e), puis sur une tête à la réception d'un coup-franc de Boka (84e), enfin sur une reprise de volée contrée par Traoré (85e). Arrache y va aussi de son occasion, bien servi par Pagis, mais Gregorini effleure son tir qui file en corner (88e). Le Racing continue donc à errer comme une âme sans but(s) en Ligue 1. Seule consolation: le premier relégable (Troyes et non plus Sochaux) reste à sept points. Pas de quoi faire briller la lanterne strasbourgeoise hier soir.
Ce n'est pas faute d'avoir essayé
Malgré un siège permanent des buts niçois durant les 20 dernières minutes, le Racing n'a pas marqué. Ça fait bientôt 7 heures.
On joue la 53e minute. Le Racing vient de franchir le cap des 360 minutes sans but en L1. Depuis l'ouverture du score d'Alexander Farnerud à Troyes le 2 octobre (43e), qui a permis à son équipe de mener pour la première et dernière fois en championnat (durant une demi-heure, avant l'égalisation de Jaziri), les hommes de Jacky Duguépéroux n'ont plus trouvé la faille. Plus d'un mois et demi déjà . Ce samedi matin, nos confrères de « L'Equipe » ont certes publié une statistique qui a de quoi regonfler le moral de Mickaël Pagis et des siens : dans l'histoire du championnat professionnel, dont la création remonte à 1932, une seule équipe, avant le Racing cette sais on, n'avait inscrit que 5 buts lors des 14 premières journées : Lille en 1992-93. Cette année-là , les Dogues nordistes s'en étaient sortis, arrachant à la fois la 17e place et leur maintien. Longtemps hier soir, c'est à peu près tout ce à quoi une amorphe équipe strasbourgeoise a pu se raccrocher. Pendant une bonne heure, les Bleus n'ont pas donné l'impression de jouer leur survie, hormis sur un ou deux éclairs et notamment cette occasion du capitaine Pagis sortie miraculeusement par Grégorini dans les arrêts de jeu de la première période. La barre des six heures sans but a ainsi été franchie sans que les Strasbourgeois ne paraissent en mesure de forcer leur destin et le verrou azuréen. Et puis, à 20 minutes de la fin, les h ommes de Jacky Duguépéroux ont fini par se comporter comme leur coach le leur avait demandé : en hommes révoltés, refusant de céder à la fatalité d'une relégation qui, convenons-en, se dessine chaque match un peu plus.
Afflelou : « Optimiste pour la suite »
Ils ont alors assiégé la surface de réparation niçoise. Pagis, qui avait vainement réclamé en retrait des centres que ses partenaires s'étaient entêtés à mettre au cordeau, rata l'immanquable à six mètres face au but grand ouvert, après une longue transversale de Johansen (70e). La frustration née de ce cruel échec décupla les forces de Racingmen qui les jetèrent entières dans la bataille. En pure perte, une fois de plus, au point que ce matin, Jacky Duguépéroux doit friser la calvitie après s'être arraché les cheveux de dépit à plusieurs reprises. Dans ce baroud d'honneur mâtiné de fierté et d'orgueil, le président Alain Afflelou, premier Strasbourgeois à passer en salle de presse, a cru percevoir l'amorce d'un changement. « Je suis peut-être un doux rêveur, mais je crois effectivement que les choses sont en train de changer. A la mi-temps, je me suis demandé dans quelle galère j'avais mis les pieds tant l'équipe avait douté. Mais à l'issue du match, malgré le résultat, je suis résolument optimiste pour la suite. D'autant que nous allons nous renforcer en quantité avec des joueurs de tempérament. Des joueurs de qualité qui ont envie de venir à Strasbourg, même dans notre situation, j'en croise tous les jours. On explore de nombreuses pistes de qualité. Nous allons gagner à Nantes dimanche, car la vraie place de Strasbourg n'est pas la 20e. » Il n'en reste pas moins que le Racing a établi hier soir un nouveau record dans son histoire en 73 ans de professionnalisme. Le précédent datait de 1951-52 : il avait alors attendu la 15e journée pour signer son premier succès en championnat. Cette fois, il devra patienter au moins jusqu'à la 16e et un déplacement à Nantes dimanche prochain où il n'a plus gagné depuis… 1971. Tout un programme.
Afflelou : « J'ai dit aux joueurs de lever la tête »
Alain Afflelou (futur président du Racing) : «En première mi-temps, les joueurs avaient tellement peur de perdre qu'on avait l'impression qu'ils avaient peur de toucher le ballon. Ils avaient l'air traumatisé. A la fin, Diané a amené un peu de folie, et les joueurs ont montré leur vrai visage. J'ai dit aux joueurs de lever la tête. Je suis optimiste parce qu'on va se renforcer au mercato. Le recrutement de Desailly ? Je n'y crois plus. D'ailleurs, il nous faut des joueurs qui aient une motivation intacte (...). Si le Racing est dans cette situation, ce n'est pas que de la faute des joueurs. C'est la faute de l'entraîneur, des dirigeants qui n'ont pas senti le truc venir, à la 11e journée, et qui continuaient à dire : « Pourtant, on joue bien… » Il ne faut pas invoquer la malchance. La réussite, ça se provoque. Ceux qui marquent, c'est ceux qui le veulent le plus. » Jacky Duguépéroux (entraîneur du Racing) : « Il y a eu deux matches ce soir. J'ai vu un bon début de match, puis l'équipe qui s'est crispée. Et finalement, on a retrouvé nos vertus, nos valeurs en 2e mi-temps. Ce qui m'a fait plaisir, c'est le comportement des deux jeunes (ndlr : Bellaïd et Schneider) dans la charnière centrale. Et le public, qui a été avec nous, debout, en fin de match. Maintenant, on va devoir chercher à Nantes ce qu'on n'a pas pris ici. J'estime que ce n'est pas une mauvaise soirée, parce qu'on ne prend pas de but, et qu'on reprend un point à Ajaccio et Troyes, qui sont des candidats directs à la relégation. Si j'ai hâte d'être au mercato ? J'ai surtout hâte de gagner et de prendre des points avant le mercato ! ». Amara Diané : « En première mi-temps, nous étions un peu tétanisés. A la mi-temps, le coach et le président (ndlr : Afflelou) nous ont dit de nous lâcher, que nous avions beaucoup de choses à gagner. Notre problème, ce n'est pas forcément, les attaquants, parce qu'il n'y a pas que nous qui avons des occasions. Là , c'est Pontus Farnerud qui en a trois, une autre fois, c'est un défenseur. Ce qui nous manque, simplement, ce sont les trois points, ce n'est pas le jeu. Parce qu'on peut gagner des matches en jouant mal.».
Alain Afflelou, finalement optimiste, s'est d'abord demandé ce qu'il venait « faire dans cette galère » du Racing.