DNA a écrit :Doux rêve, belle utopie
Jusque-là , le Racing n'est jamais parvenu à prolonger ses exploits européens en championnat. Vainqueurs de Lovech (2-0), mercredi en Bulgarie, les Alsaciens ambitionnent carrément de s'imposer ce soir au Stadium. En voilà une drôle d'idée.
Têtes brûlées et joueurs invétérés, à vos carnets de chèques ! Ceux qui décideraient, aujourd'hui au saut du lit, de miser leur fortune sur le maintien du Racing en Ligue 1 caressent un rêve complètement fou. La cote, en tout cas, est immense.
La probabilité de faire sauter la banque est à peu près aussi élevé que de voir un percheron coiffer les purs-sangs les plus racés sur le poteau du Prix d'Amérique. Autant dire qu'elle est nulle. Mais il y a aura toujours quelques âmes joueuses, ou facétieuses, pour croire en l'exploit.
Pour les combler, le Racing doit dorénavant filer au triple galop. Sur les douze rencontres qui jalonnent le calendrier de fin de saison, il lui faudrait au moins en remporter huit. Sachant que les Bleus n'en ont gagné que deux en vingt-six journées et que les deux dernières rencontres les mènent à Marseille puis Auxerre, on cerne mieux l'ampleur de la tâche. Mais passons.
« J'ose espérer que personne ne va lâcher »
Tant que mathématiquement, le verdict ne sera pas tombé, les Strasbourgeois continueront d'y croire. Les mauvaises langues diront qu'ils font semblant. Une hypothèse à laquelle Jacky Duguépéroux refuse de souscrire.
« J'ose espérer que personne ne va lâcher, dit l'entraîneur. Moi, ce que j'attends déjà de ce déplacement à Toulouse, c'est déjà que les joueurs se comportent en pro. Je ne tolérerai aucun manquement à ces obligations. Il y a suffisamment de joueurs qui reviennent de blessure pour écarter ceux qui n'ont plus envie. »
Il est vrai que la relégation imminente va forcément aiguiser les velléités de départ. D'où l'intérêt de se montrer sous son meilleur jour, malgré la situation désespérée. « Il faut savoir que les recruteurs sont attentifs au comportement des joueurs quand l'équipe est en difficulté, poursuit Duguépéroux. C'est là que l'on mesure la force de caractère. »
Tout ça pour dire que le Racing devra tenter de briser les habitudes, ce soir à Toulouse. Une jolie ville que les Bleus ont pourtant quitté la tête basse plus souvent qu'à leur tour - 17 défaites contre 2 victoires. « L'objectif est de prendre trois points parce qu'il nous faut des points », tranche Duguépéroux.
« Je serai revanchard. Ils ont commis une erreur »
Dans le vestiaire, l'entraîneur aura trouvé au moins un relais pour étayer son discours. Yacine Abdessadki, revenu en Alsace après six mois d'expérience douloureuse en Haute-Garonne, a les crocs. « Je serai revanchard, dit le droitier. Je ne vais pas ressasser cette histoire, qui m'a plus renforcé que blessé. Je veux montrer sur le terrain qu'ils ont commis une erreur d'appréciation à mon sujet. »
Remonté comme un coucou, Abdessadki espère entraîner dans son élan tout le groupe strasbourgeois, rentré épuisé de son séjour en Bulgarie. C'est que ce cinquième match en deux semaines risque, à un moment ou un autre, de peser sur les organismes. Toulouse finira peut-être par en profiter. Le percheron, lui partira même avec un handicap sur la piste de Vincennes...
Diané, l'homme du moment
Amara Diané n'arrête plus de marquer. Mercredi en Bulgarie, l'attaquant ivoirien a inscrit son troisième but en autant de rencontres. Flanqué du petit Gameiro, il tentera de forcer le verrou toulousain.
BADABOUM. - Longtemps pointée du doigt en raison de son inefficacité chronique, l'attaque alsacienne est enfin sortie de sa léthargie. Avec six buts inscrits lors des quatre dernières rencontres, les flèches bleues ont fini par trouver leur cible.
Amara Diané, intenable sur son aile droite, est le principal instigateur de ce renouveau. Mais l'apport d'un Gameiro, qui se bat comme un lion seul en pointe, ou d'un Le Pen sur le flanc gauche, sont tout aussi précieux. Le Racing marque donc des buts. En voilà , une bonne nouvelle.
EFFICACITE. - La mauvaise nouvelle, c'est que Strasbourg en prend aussi beaucoup trop, des buts. Coupe d'Europe mise à part, la défense se montre bien trop laxiste. Lens, Paris et Ajaccio en ont profité dans les grandes largeurs ces deux dernières semaines, faisant vibrer à cinq reprises les filets.
« Maintenant que nous avons des occasions, il nous faut retrouver notre efficacité défensive », argue Jacky Duguépéroux. Pour espérer gagner un match, mieux vaut en effet suivre cette recommandation. Et garder quelque part en mémoire la triste issue du match aller, où Toulouse s'était régalé à la Meinau (2-4).
TURN-OVER. - Avec l'accumulation des rencontres - la onzième ce soir depuis la reprise le 4 janvier -, Duguépéroux pourrait être tenté de faire tourner son effectif. L'entraîneur alsacien n'entend toutefois pas chambouler l'équipe qui s'est imposée mercredi en Bulgarie.
Seuls deux joueurs pourraient être invités à souffler. Rentré la semaine dernière de la Coupe d'Afrique des nations, Karim Haggui paye seulement aujourd'hui les efforts fournis en Egypte. Si le Tunisien ne recouvre pas ses moyens, il sera remplacé par Devaux dans l'axe central. L'autre changement pourrait s'opérer entre les frères Farnerud, Alex prenant la place de Pontus.
SERIE. - Toulouse ne perd plus. C'est un fait. Après avoir longtemps cru pouvoir décrocher des victoires en faisant la part belle au jeu offensif, Erick Mombaerts est revenu à des desseins moins ambitieux. Un milieu renforcé, à vocation défensive, s'articule désormais autour de Dieuze.
Résultat des courses, Toulouse n'a encaissé que deux buts lors de ses six dernières sorties. Alors qu'ils flirtaient avec la zone de relégation avant la trêve, les Hauts-Garonnais visent désormais le premier tiers du tableau. Il n'y a pas de secret.
RICHESSE. - Mombaerts peut voir venir. Contrairement à son homologue strasbourgeois, l'entraîneur toulousain dispose d'un banc à rallonge. A tel point que des garçons comme Taïder ou Emana, pourtant jugés opérationnels, restent dans les tribunes. Du banc, Santos et Mansaré sont prêts à bondir. Bref, les ressources ne manquent pas.
SOUVENIRS. - Le Racing n'a rien vu venir. Au Stadium, la saison dernière, Pagis, Niang et les siens semblaient tenir le bon bout, avec des occasions à la pelle et de l'ambition plein les pieds. Au final, Toulouse s'impose 2-0 face à des Strasbourgeois réduits à neuf en fin de rencontre... Un vrai cauchemar.
LE PROGRAMME. - Aujourd'hui (20h) : Nice - Monaco (17h15, Canal +), Ajaccio - Bordeaux, Paris SG - Le Mans, Rennes - Lens, Saint-Etienne - Lille, Sochaux - Auxerre, Troyes - Nancy. Dimanche (18h) : Metz - Marseille(Canal + Sport).
L'Alsace a écrit :Pour la beauté du coup
Virtuellement relégué en Ligue 2, le Racing n'a plus grand-chose à perdre, sauf l'honneur. S'il veut croire en l'improbable miracle, il doit s'imposer ce soir (20 h) à Toulouse.
Roi du paradoxe, sorte de Docteur Jekyll en Coupe de l'UEFA (5 victoires, 2 nuls, 16 buts inscrits, 3 encaissés) et Mister Hyde en championnat, le Racing peut-il réussir là où on ne l'attend plus ? En d'autres termes, raviver, en gagnant ce soir à Toulouse, un espoir qu'Ajaccio, venu chercher le nul samedi dernier à la Meinau (2-2), a emporté dans l'avion du retour vers la Corse, sans en laisser une miette aux Alsaciens ? De nouveau relégué à dix points de Troyes et Sochaux qui, journée après journée, se refilent la toujours enviable place de premier non-relégable et reçoivent respectivement Nancy et Auxerre en soirée, les Bleus sont, à près de trois mois du baisser de rideau en Ligue 1, non plus condamnés à un exploit pour s'en sortir, mais à un miracle. Et forcément, la tentation d'un relâchement collectif pour ne garder en tête que l'aventure européenne est sous-jacente. « Ce serait une erreur, un manquement aux devoirs de tout joueur professionnel », tranche Jacky Duguépéroux qui espère profiter de l'émulation née de la Coupe UEFA et des différents retours (de la CAN et de blessures) pour maintenir son groupe sous pression. « Si nous devions descendre en L 2, beaucoup de joueurs auraient envie de s'évader. Et le meilleur moyen pour eux d'y parvenir est encore de se montrer à leur avantage. Si je rêve d'un redressement ? J'ai appris à ne plus rêver, mais à être réaliste. Aujourd'hui, nous sommes en grosse difficulté et la petite marge d'espoir qui nous reste passe par un succès à Toulouse. » Toulouse ? Le Racing en garde un souvenir douloureux. L'an passé, il s'y était incliné 2-0 et avait terminé le match à neuf, après les expulsions de Pagis et Deroff. « Nous avions donné les bâtons pour nous faire battre. Tout ce que j'attends de ce déplacement au Stadium, ce sont les trois points. Notre principal souci reste notre efficacité et notre concentration défensives, car depuis quelque temps, nous nous procurons des occasions et marquons à chaque match. »
11 buts de moins que l'an passé
Les Strasbourgeois ont en effet trouvé la faille à huit reprises lors de leurs six dernières rencontres de L 1. Mais cette récente embellie ne suffit pas à accréditer la thèse défendue ci-dessus par Duguépéroux. La preuve : alors qu'il n'a inscrit que 18 buts en 26 journées, le RCS en avait marqué 29 la saison dernière à pareille époque. Le rendement de la défense (35 buts encaissés contre 32 en 2004-2005) est en revanche sensiblement le même. Force est néanmoins de constater les progrès du compartiment offensif. Amara Diané a signé à Lovech son 6e but officiel (le 3e lors des trois derniers matches). Kevin Gameiro, qui en est à 5 depuis son doublé contre Belgrade le 14 décembre, s'est mué en passeur en Bulgarie. Et le trio Diané – Gameiro – Le Pen trouve peu à peu sa complémentarité, maniant l'art du contre avec une technique éprouvée. En face, les Toulousains, privés de leur gardien et capitaine Christophe Revault, de Siriex, Congré (blessés), Lièvre, Emana, Taïder et Aubey (en reprise), ont longtemps patiné dans la choucroute (pardon, le cassoulet !), plombés par une atmosphère générale peu propice à l'épanouissement individuel et collectif. Mais ils sont en train de refaire surface. Si leur meilleur buteur, Daniel Moreira, n'a plus marqué depuis cinq rencontres, les Bas-Rhinois ont appris à leurs dépens à se méfier de l'ancien international. Sur ses 64 buts en L 1, l'ancien Lensois en a inscrit 7 contre le RCS (11 %). Il avait d'ailleurs marqué à l'aller à la Meinau où le Téfécé était venu s'imposer 4-2. Pour les Bleus, qui, cette saison, ont, parfois contre le cours du jeu, essuyé camouflet sur camouflet, le moment est peut-être venu de ne plus tendre l'autre joue. Question de fierté. « Jouez, qu'avez-vous encore à perdre ?», serait-on tenté de les apostropher ce matin si, depuis fin juillet, ils n'avaient pas si souvent joué et presque aussi souvent perdu.
Une bataille tactique
Jacky Duguépéroux n'est pas le seul à être devenu un adepte d'un schéma en 4-1-4-1, avec un milieu récupérateur - l'Ivoirien Loue- basé devant sa défense et une pointe unique - le feu follet Kevin Gameiro- soutenue par quatre milieux. Erick Mombaerts y a aussi recours depuis six matches. Et ce réaménagement tactique a aussitôt porté ses fruits. Le Téfécé n'a encaissé que deux buts lors de ces six dernières rencontres de Ligue 1 et n'en a pas perdu une seule. Avec trois nuls et trois victoires sur la période (12 points sur 18), le club de la Ville Rose pointe même à la 4e place du cycle retour. Ses 34 unités au compteur lui valent d'avoir aujourd'hui pratiquement renouvelé son bail en L 1. Un minimum pour un club qui nourrit de grosses ambitions, derrière son patron, l'homme d'affaires Olivier Sadran. Pour contrer une machine toulousaine qui semble avoir trouvé la bonne carburation, l'entraîneur strasbourgeois ne touchera donc pas au fameux système qui a rééquilibré son équipe, même si les résultats (défaites sur le fil à Bordeaux et Lens notamment) n'ont pas toujours récompensé les bonnes prestations strasbourgeoises. Hier, moins de 48 heures après le succès européen à Lovech (2-0), « Dugué » a pu constater combien son groupe était fatigué, entre retour de Bulgarie et accumulation de matches. La séance programmée en matinée n'a guère duré plus d'une demi-heure. Au onze victorieux dans les Balkans, il ne devrait guère apporter de modifications. Excepté, sans doute, en défense centrale où Jean-Christophe Devaux, de retour après avoir assisté lundi aux obsèques de son père, devrait suppléer Hagui. « Karim a un peu de mal, il peine à digérer la Coupe d'Afrique des Nations », relève le coach qui semble désireux de laisser souffler son international tunisien. A Toulouse, l'équipe qui est allée chercher le nul dimanche à Marseille (0-0) ne devrait pas non plus beaucoup bouger. La blessure de Siriex au Vélodrome (victime d'une fracture du péroné et dont la saison est terminée) entraînera toutefois une redistribution des cartes. Bergougnoux et Akpa Akpro devraient occuper les couloirs, en soutien du poison Daniel Moreira.
Abdessadki le revanchard
Revenu il y a un mois à Strasbourg, l'international marocain espère contribuer ce soir à la chute de son ancien club, Toulouse.
Le ton est calme, presque trop. La fatigue pèse sur ses épaules et celles de ses coéquipiers. Yacine Abdessadki qui, jeudi matin, affirmait pourtant haut et fort que les Bleus avaient récupéré de leur expédition à Lovech, ne peut réprimer un sourire vingt-quatre heures plus tard: « Oui, bon, aujourd'hui (hier), c'est plus difficile. » Le milieu relayeur du RCS est, comme ses partenaires, « carbonisé ». « Une nuit de sommeil et un samedi tranquille permettront de récupérer », lâche-t-il, l'épaule encore ankylosée par une douleur qui le handicape depuis quelque temps. « Même si je dois me présenter sur le terrain avec le bras en écharpe, je jouerai à Toulouse », martelait-il dès mercredi soir en Bulgarie. Car «Yaz » n'aurait raté pour rien au monde cette expédition en Haute-Garonne. Hier, comme les 16 autres Strasbourgeois retenus par Jacky Duguépéroux, il s'est envolé vers la Ville Rose. « Ce match me tient à coeur. J'ai passé six mois à Toulouse et ça va me faire bizarre d'y retourner. J'ai deux objectifs : le premier, le plus important, est collectif. Nous n'avons pas le choix, il nous faut la victoire. Un point ne suffirait pas. Le second est plus personnel : j'ai envie de montrer que certains se sont trompés à mon égard, qu'ils ont commis des erreurs d'appréciation. Mon histoire là -bas appartient au passé, mais j'y vais revanchard. Dans un coin de ma tête, il y a des choses qui ne m'ont pas plu et que je n'ai pas oubliées. De cette expérience malheureuse à Toulouse, je ne suis pas sorti blessé, mais renforcé. » Recruté l'été passé par le Téfécé après avoir refusé une prolongation de trois ans à Strasbourg (qu'il estimait financièrement insuffisante), Yacine Abdessadki a joué le début de saison avec une douleur récalcitrante à une cheville. Ses prestations s'en sont parfois ressenties, même s'il avait été très bon à l'aller à la Meinau (succès toulousain 4-2), délivrant notamment une passe décisive à Batlles dès la 3e minute. Il a fini par disparaître du groupe, au point de résilier son contrat avec le TFC voici un mois et de signer dans la foulée au RCS « Une nouvelle passe décisive ce samedi, mais cette fois pour Strasbourg ? C'est tout le mal que je me, que je nous souhaite. Avec, surtout, les trois points au bout. Notre succès à Lovech confirme que nous sommes dans le vrai. Il met en lumière un Racing dont on ne parle pas en bien en termes de classement et de résultats, mais dont personne ne dit du mal sur le football qu'il pratique. Ce résultat nous remet dans une spirale positive, même si tout n'avait pas été négatif lors de nos derniers matches. Seul le plan comptable n'avait pas suivi. »
« Toulouse va vouloir voir plus haut »
Le Racing se déplace toutefois au Stadium à un moment où les Violets retrouvent un jeu et un classement plus conformes aux exigences de leur ambitieux président Olivier Sadran. « J'avoue que je m'intéresse moins à Toulouse depuis que j'en suis parti. Des changements ont été opérés dans l'équipe et les bons résultats ont suivi. On connaît le potentiel et la qualité de ce groupe. Les Toulousains sont en train de trouver leurs marques et de se révéler. Et tel que je connais les dirigeants, ils ne vont pas se contenter de cette bonne spirale. Ils vont vouloir voir plus haut pour montrer que leur laborieux début de saison était un accident. Mais nous pouvons les perturber en restant concentrés sur ce que nous avons à faire. Je le répète : nous n'avons pas d'autre choix que la victoire.»

 
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