DNA a écrit :Attiré vers le haut 
Ce soir, le Racing ambitionne de recoller au haut du tableau. Face à  une surprenante équipe de Châteauroux, jusque-là  invaincue en championnat et même intraitable à  l'extérieur, les Strasbourgeois passeront un vrai test. C'est que, bientôt, viendront les gros bras. 
  
Décidément, le lundi n'est pas un jour pour jouer au football. Cette pittoresque marotte, que la télévision a visiblement empruntée à  la Premier League - là -bas, on joue bien à  Noël et le jour de l'An -, ne ravit personne. Ni les acteurs, ni les spectateurs, dont les habitudes en la matière sont sérieusement chamboulées.
 Le Racing découvre ce soir l'une des contraintes propres à  la Ligue 2. « J'aurais préféré jouer vendredi soir, comme tout le monde, râle Jean-Pierre Papin. Ça fausse beaucoup de choses et on finit par trouver le temps long. Si c'est la télé qui doit régir le championnat, qu'elle nous donne plus d'argent. »
« On a envie de mettre les choses au point »
 Ce décalage dénoncé avec véhémence a au moins un avantage. Celui de clarifier la situation, puisque tous les autres résultats sont déjà  connus. 
 Ainsi, le Racing sait qu'en cas de victoire, il reviendrait à  la hauteur de son adversaire castelroussin, à  la cinquième place. Soit son meilleur classement de la saison.
 « On a envie de mettre les choses au point, martèle l'entraîneur strasbourgeois. Depuis un mois et demi de compétition, ça se met progressivement en place. L'équipe est née à  Niort (2-2 après avoir été menée de deux buts à  la demi-heure de jeu). Elle n'a de cesse de se bonifier. On a envie de recoller au peloton de tête. Ça passe par les trois points. »
 Globalement, Papin estime que la période d'adaptation et d'expérimentation a expiré. Alors que les cadors que sont Grenoble, Metz ou Caen ont adopté leur rythme de croisière depuis belle lurette, les Bleus doivent à  leur tour monter en régime.
 L'arrivée de Jeff Strasser participe à  cette ambition, somme toute logique pour un club qui vise la remontée. Au sortir d'une semaine d'entraînement pleine, le Luxembourgeois est prêt à  entrer dans l'arène. « C'est le joueur d'expérience qui nous faisait défaut, renchérit Papin, quelqu'un dont on avait absolument besoin. »
« On ne va pas se mettre martel en tête avec Châteauroux »
 Son association avec Bellaïd, au détriment du peu rassurant Ekobo, est censé stabiliser l'édifice. Face à  la meilleure attaque du championnat et son feu-follet El Jadeyaoui, le duo pourra d'entrée éprouver sa solidité.
 « C'est vrai que Châteauroux marque beaucoup de buts, analyse Papin. En contrepartie, il en encaisse aussi plein. De toute façon, on ne va pas se mettre martel en tête avec cette équipe. Peu importe l'adversaire, je ne me focalise que sur mes joueurs et leur état d'esprit. »
 Quant à  la qualification, nette et sans bavure, décrochée voilà  deux semaines dans le Berry à  l'occasion du 2e tour de la Coupe de la Ligue (2-4), elle est effacée des esprits. De part et d'autre, les effectifs sont retouchés en profondeur. « De toute façon, il est impossible de rééditer le même match face au même adversaire », sourit Papin.
 Avant de défier Le Havre, Grenoble ou Caen dans les prochaines semaines, le Racing est toujours en quête d'une victoire « référence ». Celle que des adversaires comme Guingamp ou Montpellier, mauvais élèves de L 2, n'ont pas été en mesure de procurer. De quoi trouver, en dépit du bon sens, au moins un intérêt au match du lundi...
Quand la Berrichonne cartonne ... 
  
Attention, la Berrichonne a des fourmis dans les jambes ! Avec 13 buts Châteauroux est la meilleure attaque de Ligue 2. Mais en contrepartie sa défense n'est pas des plus imperméables. 
 
LOI DU MILIEU. - Si la Berrichonne a terminé le mercato en boulet de canon en engageant Jean-Hugues Ateba, l'ancien défenseur de Nantes et du PSG, puis l'attaquant Hassan Ahamada (Nantes, Bastia, Beira Mar, Belenenses), c'est surtout la double absence de Vandenbossche (suspendu) et Grauss (blessé) qui risque de porter préjudice ce soir à  Châteauroux. « Ces deux joueurs apportaient l'équilibre au milieu de terrain castelroussin. Leur absence risque de peser lourd », estime Jean-Pierre-Papin. Au Racing d'en profiter...
QUI AVEC TUM ? - Jean-Pierre Papin hésite encore sur l'identité de son attaque à  deux têtes. Si Hervé Tum qui a débloqué son compteur face à  Guingamp devrait être titularisé dès le coup d'envoi, la seconde place se joue entre Perbet qui a lui aussi marqué face à  l'En Avant et Rangelov, le bourreau de... Châteauroux en Coupe de la Ligue (2-4) qui avait réalisé le doublé. Psychologiquement, et même si ce match de championnat n'aura rien de comparable, l'avantage pourrait profiter au buteur bulgare.
L'AUTRE DIMENSION. - « On manque de lucidité dans les moments cruciaux. On n'arrive pas à  tenir un résultat », regrette Cédric Daury, l'entraîneur berrichon dont l'équipe a tout de même réussi un sans faute à  l'extérieur (2 matches, 2 victoires à  Créteil et Ajaccio). « Strasbourg, c'est une autre dimension, celle de la L1. En Coupe de la Ligue, on n'avait pas réussi notre meilleur match. On y va pour les bousculer et pour faire un résultat qui validerait notre début de saison. » 
MEILLEURE ATTAQUE. - En six journées, Châteauroux a déjà  trouvé à  13 reprises le chemin des filets, soit deux fois plus que le Racing. Grâce à  El Jadeyaoui, le meilleur buteur de L2 (5 buts), mais aussi grâce à  Jacob Mulenga, auteur d'un doublé contre Ajaccio. L'international zambien qui n'a découvert le ballon rond qu'à ... 19 ans (« Je ne jurais que par le moto-cross, car dès l'âge de 9 ans j'éprouvais mes premières sensations derrière un guidon », dit-il) est un joueur imprévisible. A surveiller de près. Et dire que l'ancien lavallois Mauricio, meilleur buteur de L2 en activité, n'a marqué qu'une seule fois...
RETROUVAILLES. - Ce sera le cas pour Vincent Fernandez, héroïque à  Ajaccio (2-3), et Teddy Bertin, M. penalty (bien qu'il en ait manqué un face au Havre), qui reviendront en pays de connaissance à  la Meinau. Alharbi Jadeyaoui, qui a fait un passage éclair au Racing, aura lui aussi une petite idée derrière la tête. Surtout qu'il a marqué à  chaque match sauf face à  Istres (0-0). Un autre Strasbourgeois de naissance aurait pu lui aussi respirer l'air natal, mais Antoine Grauss, transféré de Clermont cette saison, s'est rompu le ligament du genou contre... le Racing en Coupe de la Ligue.
El Jadeyaoui : « Comme à  domicile » 
  
Meilleur buteur de Ligue 2 sous le maillot de Châteauroux, avec cinq réalisations, le Strasbourgeois Alharbi El Jadeyaoui est impatient de découvrir la Meinau. Côté pelouse.
- A l'époque, vous ne manquiez aucun match à  la Meinau. Là , vous allez passer de l'autre côté de la barrière. àŠtes-vous impatient ?
- Je dois reconnaître que c'est une drôle de sensation. Gamin, à  Cronenbourg, je rêvais un jour de jouer sur cette pelouse. Dans ma tête, c'était sous le maillot de Strasbourg. La vie en a décidé autrement. Alors, j'essaye de me convaincre que c'est un match comme un autre, avec trois points au bout.
- Vous allez quand même ressentir un petit pincement au coeur, non ?
- Forcément. Mon téléphone n'arrête pas de sonner. Je sais que toute ma famille sera présente dans les tribunes. Il y aura aussi mes potes du quartier, et certainement quelques curieux qui auront entendu parler de moi et voudront voir ce que je vaux. C'est un peu comme si je jouais à  domicile. C'est vraiment très bizarre...
- Hormis la dernière sortie contre Istres, vous avez inscrit un but à  chaque match. àŠtes-vous surpris par votre réussite ?
- Je ne me pose pas de questions. Marquer n'est pas une obsession. Quand je monte sur le terrain, c'est pour donner le meilleur de moi-même, apporter quelque chose à  l'équipe, faire jouer mes partenaires. S'il y a un but au bout, tant mieux.
- Châteauroux cinquième de la Ligue 2, ça vous inspire quoi ?
- Je peux vous dire que ça n'est pas immérité. Il y a encore des points à  améliorer. Comme on est joueur, on marque beaucoup de buts. En contrepartie, l'équipe se "déforme" et on en encaisse pas mal, aussi. Je ne sais pas si on va gagner à  Strasbourg. Le but est déjà  de préserver notre invincibilité.