L'Alsace a écrit :L'ivresse des sommets
Dans un stade Saint-Symphorien copieusement garni, le derby de ce soir (20 h 30) entre l'incontestable leader de la L 2, Metz, et le troisième, Strasbourg, fait saliver l'Alsace et la Lorraine.
Ça fleure bon la Ligue 1. Entre deux clubs plus habitués à  évoluer à  l'échelon du dessus, dont ils ont d'ailleurs dégringolé ensemble en fin de saison passée, le derby de ce soir (20 h 30) à  Metz rappellera quelques souvenirs. Rarement bons d'ailleurs pour un Racing qui n'a plus gagné en Lorraine depuis 23 ans en championnat (1-0 le 22 octobre 1983) et jouera finalement plus gros dans le bastion des « Grenats » que les hommes de Francis De Taddeo. Car ces derniers, à  la faveur d'un parcours exceptionnel (une seule défaite, lors de la 3e journée, et une série d'invincibilité en cours de 15 rencontres en championnat), sont tranquillement assis sur un confortable matelas de 9 points sur leur adversaire du soir et de 11 sur le 4e, Dijon. Après un exercice 2005-2006 détestable, le FC Metz a rebâti sur d'autres bases, plus en rapport avec les valeurs séculaires véhiculées par près de 40 années de présidence pour Carlo Molinari. Michel Ettorre, l'entraîneur des gardiens lorrains (après avoir été celui des portiers alsaciens de janvier 1997 à  mai 2001), est un témoin privilégié de ces deux époques, puisqu'il assiste aujourd'hui Francis De Taddeo après avoir été l'adjoint de Joël Muller (promu directeur sportif) l'an dernier. Même si une blessure au genou le prive du terrain depuis quelques semaines, le double vainqueur de la Coupe de France ne cache pas que le groupe messin l'épate. « Le staff est bien, l'ambiance est très bonne, ce qui n'avait rien d'évident après la dernière saison viciée que nous avons vécue. Metz est vraiment étonnant. Même quand l'équipe connaît un passage à  vide comme il y a quelque temps, elle compense par sa générosité, sa force collective et sa confiance forgée à  l'aune des bons résultats. Sa série de 15 matches sans défaite est exceptionnelle à  la sortie d'une saison aussi pourrie que la dernière, tant dans le vestiaire que dans l'environnement. » Metz file donc à  vive allure vers une accession qui lui tend les bras et dont il pourrait se rapprocher en rejetant le Racing à  12 longueurs ce soir. « La force des mecs, c'est de ne pas se voir meilleurs qu'ils ne sont », reprend Ettorre, « Ils ont su tirer les leçons de ce qui s'est mal passé la saison dernière. Aujourd'hui, autour de nous, tout le monde parle de montée. Il faut continuer à  prendre les matches un par un. » 
20000 spectateurs, record de la saison
Devant quelque 20000 spectateurs (record de la saison), deux Strasbourgeois auront une bonne raison de se montrer à  leur avantage : Jeff Strasser, formé en Lorraine et qui y a passé 10 ans, et Hervé Tum, passé cet été du FCM au RCS et qui s'y était révélé au public français en inscrivant 9 buts en L 1 en 2004-2005. « Metz ne m'impressionne pas plus que ça », glisse toutefois l'international luxembourgeois. « Mais Francis De Taddeo sait où il va. Je m'attends à  un match engagé. Quand on joue un derby comme celui-là , moins excitant, c'est vrai, pour Metz que celui contre Nancy, il faut de la saine agressivité. Avant les quatre derniers matches, nous nous étions fixé pour objectif de marquer huit points. Nous en sommes à  deux en deux rencontres. C'est toujours jouable. En ce moment, toutes les équipes avancent moins vite. » Toutes ? Exception faite de Lorrains que les Strasbourgeois vont devoir freiner s'ils veulent effacer l'impression mitigée laissée depuis un mois. Pas simple. Mais ce n'est une surprise pour personne, surtout dans l'antre de Grenats qui ont gagné leurs huit premiers matches à  domicile et possèdent de surcroît la meilleure défense de L 2 (8 buts encaissés) orchestrée par l'ex-Strasbourgeois Malick Diop.
Un seul attaquant ?
Face à  un FC Metz qui devrait, comme souvent cette saison, évoluer en 3-5-2 (Ndlr : deux incertitudes planent toujours sur la participation de Julien François et Stéphane Léoni), le Racing pourrait rompre avec son traditionnel 4-4-2, si l'on en croit la petite opposition de mardi. Jean-Pierre Papin sera peut-être ainsi tenté de confier les clefs de son attaque à  une pointe unique, en l'occurrence l'ex-Messin Hervé Tum. Kevin Gameiro, qui peine à  retrouver tout son jus après sa rupture des ligaments croisés, rejoindrait alors le banc de touche. Dans un schéma plausible en 4-2-3-1, Pascal Johansen devrait distribuer le jeu, Yacine Abdessadki (qui retrouvera son poste de milieu droit) et Eric Mouloungui étant chargés d'animer les côtés. Yves Deroff reviendra sans doute sur le flanc droit de la défense. Jean-Christophe Devaux suppléera Habib Bellaïd, suspendu, dans l'axe. Reste à  savoir qui, d'Ahmed Kantari ou Quentin Othon, occupera le couloir gauche de l'arrière-garde strasbourgeoise. Le premier a pour lui sa densité physique, paramètre important dans le « match d'hommes » prédit par JPP. Le second a, lui, laissé une excellente impression après son entrée en jeu vendredi dernier contre Bastia. Revenu hier de sélection avoir n'avoir joué que la première mi-temps de la victoire des 19 ans tricolores en amical face à  la République d'Irlande en région parisienne (1-0), Othon a marqué des points dans l'esprit du coach. De là  à  penser qu'il pourrait fêter ce soir sa première titularisation, il n'y a qu'un pas qu'il n'est peut-être pas incongru de franchir. De son côté, le club lorrain misera sur son tandem de feu, Babacar Gueye (10 buts) et Papiss Cissé (8). « Babacar, avec qui j'avais une réelle complicité en attaque, ne me surprend pas », commente son ancien comparse de l'attaque lorraine, Hervé Tum. « C'est un jeune joueur pétri de qualités. Quant à  Papiss, il a franchi un cap. » Avec 18 buts sur les 26 inscrits par leur équipe, le duo a grandement contribué à  placer le FCM dans un ascenseur dont il sera bien difficile de le faire descendre.