L'Alsace a écrit :Le piège de Mezzavia
Dans l'antre d'un GFCO Ajaccio, 15e de son groupe de CFA, le Racing part largement favori de son premier match officiel 2007. Mais gare aux chausse-trappes cet après-midi (14 h 30) s'il veut se qualifier pour les 16es de la Coupe de France.
L'air du grand large a aéré la tête des Strasbourgeois. En stage à Hendaye au centre de thalassothérapie de Serge Blanco, les 25 joueurs emmenés mardi par Jean-Pierre Papin au Pays basque n'en ont pas moins travaillé d'arrache-pied. Sauf ceux qui ont connu quelques soucis, entre pépins physiques et maladie, et qui, pour certains, ont regagné l'Alsace hier après-midi. Hervé Tum (aine), Jean-Christophe Devaux (mollet), Pascal Johansen (douleur au pied), Yacine Abdessadki (cuisse) et Eric Mouloungui (adducteurs) sont tous forfait. La plupart par précaution en prévision du déplacement à Montpellier le dimanche 14 janvier (16 h). « C'est exactement ça », convient JPP, « car Montpellier reste à mes yeux le match le plus important. » Pascal Camadini (suspendu), Leyti N'Diaye (toujours convalescent depuis son opération des ligaments croisés du genou en juillet et qui espère obtenir le feu vert du professeur Jean-Henri Jaeger le 17 janvier) et le troisième gardien Régis Gurtner sont également rentrés à Strasbourg où l'Ivoirien Loué, l'Egyptien Abou (absents lors de la reprise de l'entraînement le 30 décembre et sanctionnés) et Nicolas De Géa étaient restés.
« Les moyens d'aller plus loin »
Pour ce match de reprise, l'entraîneur strasbourgeois devra donc innover dans un stade Ange Casanova où il a lui-même évolué une fois : le 10 mars 1990 avec l'OM qui s'était imposé 3-1, grâce à un doublé de Didier Deschamps et un but de l'Uruguayen Enzo Francescoli. « Honnêtement, je n'ai absolument aucun souvenir de ce match », avoue le technicien alsacien, « Pourtant, ce n'était pas tous les jours que Didier Deschamps réussissait un doublé (sourire). Quant au GFCO, je n'ai pas beaucoup d'info à son sujet. Nous voulions aller le superviser à Fréjus, mais le match a été repoussé à mercredi. » Pour autant, l'ancien Ballon d'Or ne s'inquiète pas de cette relative méconnaissance d'un adversaire qu'il n'avait pas l'intention de négliger. « Je l'avais dit le jour du tirage : ce sera un match très difficile. Mais si nous voulons avoir l'occasion d'accueillir une Ligue 1 à la Meinau au prochain tour, nous devons passer. Face à une équipe de CFA, nous avons les moyens d'aller plus loin. Je ne laisserai pas tomber la Coupe. C'est une belle compétition. Ce pourrait être la cerise sur le gâteau de notre saison. Mais comme moi, je pense que les gars ont davantage l'esprit tourné vers Montpellier. L'effectif est riche et la concurrence s'est installée. Ceux qui joueront à Ajaccio savent que s'ils sont bons, ils ont une chance d'être titulaires à la Mosson. »
Ainsi transformé en match laboratoire, ce déplacement à Mezzavia devrait permettre aux deux recrues du mercato, Samy Yachir (ex-Montpellier) et Papys M'Bodji (ex-Lorient), de faire leurs grands débuts en bleu. « Possible en effet », glisse Papin qui assure par ailleurs « ne pas avoir encore arrêté l'équipe de départ de façon définitive. »
Ravi, à titre personnel, de la coupure hivernale (« j'en avais besoin »), JPP ne cache pas que la Coupe de France, qu'il a remportée en 1989 et qu'il n'entend pas délaisser, ne fait toutefois pas partie de ses bonnes résolutions pour 2007. « Mes résolutions pour la nouvelle année ? La montée, c'est tout. Il n'y a que ça qui m'intéresse. » On s'en doutait un peu.
Ajaccio : Un habitué des exploits
C'est un temps que les moins de 20 ans (ou presque) ne peuvent pas connaître. Le Racing n'a plus mis les pieds au stade Ange Casanova de Mezzavia depuis 1991-1992. C'était en L 2, au cours d'une saison qui allait de nouveau le propulser parmi l'élite, sous la férule de Gilbert Gress. Il s'y était imposé 1-0 après y avoir chuté 3-2 l'année précédente.
Depuis, l'eau a coulé sous les ponts et le Gazélec d'Ajaccio a vécu plus de bas que de hauts. Il a ainsi essuyé le refus de la Ligue de le laisser remonter en L 2 en 1999, au prétexte qu'une ville de moins de 150000 habitants ne pouvait disposer de deux clubs professionnels. L'équipe alors emmenée par un certain Mickaël Pagis (17 buts cette saison-là en National) avait pourtant gagné son billet pour l'étage supérieur sur le terrain. Pendant que l'ACA, voisin et rival, poursuivait son ascension jusqu'en L 1, le GFCOA, pénalisé par un règlement abrogé depuis, a suivi une trajectoire sinusoïdale, dont les pics de bonheur ont souvent coïncidé avec ses exploits en Coupe de France. En 45 ans d'existence, le club populaire d'Ajaccio disputera tout à l'heure son 23e trente-deuxième de finale. Jusqu'ici, il s'est qualifié 11 fois sur 22 pour les 16es, atteignant même les quarts en 1992 contre Monaco. Ses victimes de marque ne se comptent plus. Nice, alors en L 2, fut en 2000 son dernier trophée de chasse, avant que cette même saison, l'AS Saint-Etienne ne mette péniblement un terme à l'aventure corse en 32es, avec une victoire 3-2 après prolongation à Mezzavia. Son dernier 16e remonte à 2004 et à une défaite 3-1 à Mezzavia face au Stade brestois (National) d'un inconnu nommé Franck Ribéry. Bref, le GFCO est un habitué des exploits dont Yannick Rott et Yannick Kamanan (les deux ex-Strasbourgeois) ont porté le maillot dans un passé pas si lointain. Un Racingman de l'effectif actuel, Jean-Christophe Vergerolle, fut tout près de s'y engager à l'été 2005.
Vergerolle était presque Ajaccien
Faute d'avoir été conservé par le RCS, le latéral gauche avait effectué un essai concluant en Corse et s'apprêtait à y signer. Mais il ne se plaisait pas sur l'àŽle de Beauté et il répondit avec empressement au rappel du RCS, après la défection imprévue de Yannick Imbs. Un an et demi plus tard, il sera aujourd'hui titulaire dans le onze alsacien, contrat pro de trois ans en poche. Après ses succès à Vesoul (CFA, 3-1) et contre Ostwald (Excellence du Bas-Rhin, 6-0) aux 7e et 8e tours, le club alsacien s'attaque à un troisième adversaire de niveau inférieur : un GFCOA certes toujours classé 15e de son groupe de CFA, mais invaincu depuis 13 matches toutes compétitions confondues. Dans une enceinte limitée à 3000 places, le club corse, emmené par son meilleur buteur Madimoussa Traoré (7 buts en CFA), mais privé de son second fer de lance, le Camerounais Samuel Ojong (6 buts), a l'occasion de revenir sur le devant de la scène, lui dont la saison 2005-2006, abordée en National avec l'ambition de retrouver la L 2, s'était soldée par une calamiteuse relégation en CFA, avec une dernière place à la clef.
En pensant à Montpellier
Jean-Pierre Papin pourrait reconduire cet après-midi à Ajaccio le 4-3-3 qu'il avait expérimenté avant la trêve. En raison des nombreuses absences, Eugène Ekobo serait ainsi titularisé dans l'entrejeu aux côtés de Guillaume Lacour et Renaud Cohade. Nicolas Puydebois profitera – ça, c'est une certitude — une nouvelle fois de la règle de l'alternance dans les Coupes pour défendre les buts du RCS. Le trident offensif sera bien sûr totalement inédit. Et pour cause ! Les deux recrues du mercato, Samy Yachir et Papys M'Bodji, devraient débuter sous leurs nouvelles couleurs en compagnie du Bulgare Dimitar Rangelov. Seul secteur peu touché par les remaniements : la défense, au sein de laquelle Habib Bellaïd, blessé en décembre, retrouvera toutefois sa place dans l'axe aux côtés de Jeff Strasser, en remplacement de Jean-Christophe Devaux, ménagé pour une contracture au mollet. Un secteur charnière, que cette défense centrale, où la compétition fait rage entre les trois hommes. « Cette concurrence avec deux « anciens » comme Jeff et Jeannot ne peut que me faire progresser », assure l'international espoirs qui n'a plus joué avec les pros depuis son expulsion contre Bastia le 1er décembre. « Je suis désireux d'effacer un mois de décembre en demi-teinte et de reprendre la place que j'ai laissée vacante. Je ne me fais pas de souci. J'ai réalisé une bonne première moitié de saison et le coach sait ce dont je suis capable. Mais au-delà de mon cas personnel, c'est la montée en L 1 qui nous préoccupe. Cette semaine, nous avons réalisé un bon petit stage à Hendaye, dans un cadre idéal et une belle ambiance. Un stage sympa dans un endroit sympa, durant lequel nous avons davantage bossé pour préparer Montpellier que ce match à Ajaccio. Sur les 18 journées qui restent en L 2, dix victoires nous assureraient l'accession en L 1. C'est un objectif à atteindre le plus vite possible. Sans perdre de vue non plus qu'un bon petit parcours en Coupe pourrait nous offrir une ou deux affiches intéressantes. Mais je le répète : ce n'est pas la priorité. »
Ajaccio : Abrial – Paoli, Antona, Zakari, Moretti – Saladini, Cristofari (cap) – Keita, Beneforti, Traoré, Diawara. Remplaçants : Fiori, Cau, Géhin, Osturk, Lombard (g). Entraîneur : Patrick Leonetti.
Strasbourg : Puydebois – Deroff, Bellaïd, Strasser, Vergerolle – Cohade, Ekobo, Lacour (cap) – Yachir, M'Bodji, Rangelov. Remplaçants : Gasmi, Gameiro, Kantari, Gargorov, Mathlouthi, Cassard (g). Entraîneur : Jean-Pierre Papin.
Les inscriptions au forum sont rouvertes 
