DNA a écrit :Joao, central do Brasil
Plutôt discret vendredi contre Niort, Joao Paulo espère monter en régime pour sa deuxième apparition sous le maillot bleu, lundi en Bretagne. Le « central » brésilien compte réussir là  où ses compatriotes ont échoué. Vaste entreprise.
 Quand un attaquant brésilien débarque dans un club de foot, l'attente est toujours immense. A croire que le caryotype de tout Auriverde est marqué de quelques chromosomes spécifiques. Ses pas seraient naturellement guidés par un air de samba, son jeu recèlerait des grigris dignes d'un magicien. C'est peut-être vrai pour les Zico, Falcao ou autre Socrates, qui ont raccroché les crampons depuis belle lurette. Quant aux Ronaldinho, hélas, ils ne courent pas les rues. Pas celles de Strasbourg, en tout cas. Jusque-là , le club n'a pas eu la main heureuse dans sa « touche » brésilienne.
 Les habitués de la Meinau se souviennent ainsi de la « trouvaille » de Daniel Hechter, censée illuminer la nuit alsacienne à  la fin des années 1980. Pita, garçon précédé d'une réputation énorme, constituait à  l'époque une vraie curiosité. Précurseur en la matière, le Racing avait surtout montré aux autres la voie à  ne pas suivre. En provenance direct de Sao Paolo, le roi du coup-franc avait connu les pires difficultés à  s'acclimater et à  la froidure, et aux us alsaciens. Plus de dix ans plus tard, Marc Keller croyait lui aussi avoir déniché sa perle rare. Rien que le nom, en l'occurrence Renivaldo Pereira de Jesus Pena, en jetait. Passé dans les rangs du FC Porto, cet attaquant trapu devait affoler les défenses de l'hexagone. Las, le garçon a surtout usé les patiences et occupé une place de titulaire à  l'infirmerie... Un but en dix-sept matches, plus une blessure à  l'échauffement lors du derby contre Sochaux, voilà  les seules images que retiendront de lui les supporteurs alsaciens.
Arrivé la semaine dernière, Joao Paulo Daniel, dit Joao, ne connaît pas les antécédents brésiliens au Racing. Tant mieux. Débauché aux Young Boys de Berne sur l'insistance de Papin, l'avant-centre aux faux airs de Fred sait ce que l'entraîneur attend de lui. A savoir « marquer des buts, mais surtout aider le club à  monter. » En-dehors de cette phrase toute faite, énoncée dans un français quasi parfait, le garçon âgé de 26 ans tient un discours posé et mesuré. Si sa première titularisation, vendredi dernier contre Niort (1-0), n'a pas été particulièrement brillante, c'est en raison du « manque de rythme. » « Je n'avais plus joué depuis le 9 décembre, ajoute-t-il. Et je dois m'adapter à  la Ligue 2. Je trouve que le jeu est plus physique, les contacts sont plus nombreux. Le ballon n'arrête jamais de courir. En plus, je n'avais pas de repères par rapport à  mes coéquipiers. Ça commence à  venir. » L'intégration est d'autant plus rapide que Joao ne bute ni sur la langue, ni sur le mode de vie. « En trois ans passés en Europe, j'ai pris mes habitudes, poursuit-il. Si le "Brasil" me manque, j'apprécie la vie ici. A Strasbourg, les joueurs m'ont d'ailleurs bien reçu. »
Conscient de la « grande responsabilité » qui lui échoit sur le terrain, en raison du manque de réussite de ses nouveaux compagnons, Joao dit gérer cette pression, « constante pour un attaquant. » Rapidement, il espère briller dans les 16 mètres. « J'aime rester dans cette zone, au plus près du but, explique-t-il. Si je bouge beaucoup, j'ai aussi appris à  défendre en Europe. » Contre Guingamp, où il pourrait croiser son compatriote Eduardo, recruté au Grasshopper Zurich, l'occasion lui est offerte de monter en régime. Couvé cette semaine par Papin, entraîneur dont il a « entendu parler sans l'avoir vu jouer », Joao sait qu'il est entre de bonnes mains. « Il connaît le chemin pour arriver au but », conclut-il dans un large sourire. Joao Paulo Daniel, issu d'une famille « ni riche, ni pauvre, juste normal », garçon qui a sacrifié ses études universitaires pour le football et dont le jeune frère est scolarisé à  Genève, ne marche assurément pas sur les traces de Zico ou de Ronaldinho. S'il parvient juste à  laisser un meilleur souvenir que ces deux prédécesseurs, les Alsaciens devraient être satisfaits. Le central do Brasil a seize matches pour y parvenir.
Si JPP connaissait le chemin du but, on ne serait peut-être pas autant à  la ramasse