L'Alsace a écrit :Un promu tellement virtuel
Troisième et donc en position de retrouver la L1 en fin de saison, le RCS inquiète à  chaque sortie un peu plus. Pourtant, aidé par une sacrée dose de réussite, il accumule les points. 
Certains esprits taquins en souriront sûrement : en nettoyant la lunette de Catherine à  la 82e avant-hier contre Tours, le Brésilien Joao a décrispé un Racing qui serrait les fesses depuis l'ouverture du score signée Gimbert cinquante minutes plus tôt. Il l'a remis en selle alors que planait l'ombre d'une première défaite à  la Meinau. Après la délicieuse et désormais fameuse soupe d'Egon, offerte par l'ancien président Egon Gindorf et son successeur Philippe Ginestet, les Strasbourgeois ont en effet servi à  leurs supporters une bouillie sans goût. Un condensé de jeu fadasse, seulement relevé par cinq folles minutes en fin de partie. D'aucuns ne retiendront que la cerise posée par Joao (82e) et Tum (85e) sur le gâteau d'une victoire 2-1 arrachée avec les tripes, quand plus grand-monde n'y croyait. Ce serait oublier que le Racing a une nouvelle fois reçu un sacré coup de pouce de la chance. Un coup de main plutôt. Car entre le pouce contre Tours, l'index devant Grenoble (1-0, penalty de Cohade après une première mi-temps maîtrisée par les Grenoblois), le majeur face à  Libourne Saint-Seurin (but de la victoire à  la 95e, alors que les Pingouins aquitains menaient 1-0), l'annulaire contre Amiens (nouveau succès 1-0 sur une boulette du portier picard Merville) et l'auriculaire devant Niort (1-0, tête de Bellaïd sur un coup franc de Cohade), la main des Dieux du foot a poussé un RCS décidément aussi verni cette saison que maudit l'an passé. Sur ces cinq matches, les coéquipiers d'Abdessadki ont « hold-upé » dix points qu'ils ne méritaient pas. Combien, en contrepartie, leur en a-t-on « volé » cette année ? Pas lourd. Sans cette providence qui lui fait sans cesse les yeux doux, le Racing serait aujourd'hui pratiquement hors course. 
5 points en 5 minutes 
A ce titre, la folle soirée d'avant-hier synthétise à  elle seule sa bonne fortune. A la 81e, le club alsacien, en train de se brûler les doigts sur la lanterne rouge tourangelle (0-1 alors), pointe à  trois points du Havre, qui mène à  Caen. A la 87e (en l'espèce, la 57e du derby normand qui a débuté une demi-heure plus tard), il possède deux points d'avance. Entre son retour renversant et l'égalisation caennaise, cinq minutes ont suffi à  valider un différentiel de cinq points entre les deux candidats au podium. Qui sait si la montée ne s'est pas jouée vendredi en 300 secondes ? Avec l'aide de Caen, le soldat Racing a ainsi sauvé sa soirée et, peut-être, sa saison. N'en déplaise à  un coach qui avait décrété le boycott de la presse jeudi, en être conscient ne transforme pas en fossoyeur d'un RCS qui, au train d'enfer où il va – dans le jeu, pas sur le plan comptable – n'aura besoin de personne pour demeurer au purgatoire de la L 2. Ou alors le président Philippe Ginestet, lucide dans son analyse (« Il n'y a pas de quoi être rassuré»), est-il devenu le premier croque-mort de son club? Et les 10.000 personnes sifflant un 3e de L 2 dans son fief, des charognards attendant que la bête blessée trépasse?. Pendant 80 minutes, le Racing, qui s'était muré dans le mutisme médiatique la veille, n'a pas non plus répondu sur le terrain. En coulisses, l'incident du boycott de la presse, qui a répliqué par une grève des interviews d'après-match, n'est pas resté sans conséquence. Soit dit en passant, ce mouvement des journalistes alsaciens, voté à  l'unanimité, est, selon les plus anciens, sans précédent depuis au moins 20 ans. Ce qui en dit long sur le malaise ambiant. La première des conséquences évoquées ci-dessus? Le recadrage des joueurs et du staff par le président Ginestet vendredi midi. Le patron du club leur a rappelé que seuls le directeur général Jean-Luc Herzog et lui-même étaient habilités à  prendre une telle mesure. Une mise au point en forme de désaveu pour le coach, initiateur du silence radio imposé à  l'effectif. « C'est arrivé parce que j'étais en déplacement à  Paris et que je n'en ai été informé qu'après coup. Moi présent, ça ne se serait jamais produit. » Bref, le Racing n'est pas le monde tout bleu des Schtroumpfs qu'on essaie de nous vendre depuis des semaines. Mais un club au bord de la crise de nerfs, alors qu'il est invaincu depuis cinq matches (3 victoires, 2 nuls), vient de récolter 11 points sur 15 et est tout de même en position d'atteindre l'objectif assigné : la montée. Cherchez l'erreur !
Stéphane Godin