DNA a écrit :« On va y aller, en Ligue 1 »
A presque vingt-et-un ans, Habib Bellaïd a déjà endossé la tunique de taulier. Le défenseur du Racing, élu meilleur joueur du mois de janvier par les supporteurs, est persuadé que son équipe parviendra à ses fins. Il le martèle avec force et conviction.
« C'est vous, Abdessadki ? » A la question candide de l'écolier, venu jouer hier matin avec ses petits camarades de Rosheim aux apprentis reporters, Habib Bellaïd répond en esquissant un beau sourire. « Abdessadki ? Ah ! non, il est tout petit. Moi, je suis grand. » Après avoir formellement identifié leur interlocuteur, les enfants du CM 1 se lancent dans une mini-interview soigneusement préparée. Des tribunes, fin janvier pour la venue de Niort (1-0), ils avaient vu le « grand » placer une tête victorieuse. Invité à revenir sur ce but, le deuxième de sa carrière, Habib Bellaïd supplée même Grégoire Spitz, le maître d'école à l'initiative du projet. « Cette tête, elle vaut la victoire. Non, "vaut", ça s'écrit "v-a-u-t"... », rectifie-t-il prestement en plongeant son nez dans le cahier du garçonnet.
« Quand même la 3e meilleure défense du championnat »
« Ça, ce sont les aspects chouettes de notre métier, sourit Bellaïd après en avoir terminé avec la dernière salve d'autographes. Gamin, j'étais comme eux. Je traînais souvent au Camp des Loges, au PSG. » Il est vrai que cette petite visite, guillerette et roborative, tranche avec le climat plutôt tiède qui entoure les dernières sorties strasbourgeoises.
Bellaïd, lui, préfère faire « abstraction des éléments extérieurs » et rester concentré, tout à son affaire. Malgré les critiques qui s'abattent avec véhémence sur son équipe, il rappelle que le Racing dispose « quand même de la troisième meilleure défense du championnat », derrière Metz et le Havre. Sans préciser que son implication y est pour beaucoup. « Avec Jeff (Strasser), on est actuellement costauds, précise-t-il. C'est bien que l'on puisse se reposer sur une bonne assise. »
« Même si on n'est pas bons, on joue avec le coeur »
Toutefois, Bellaïd reconnaît sans peine que le Racing traverse « une mauvaise passe. » L'international espoirs comprend ainsi l'inquiétude des supporters, au regard des dernières prestations poussives. Ce qui le chagrine, en revanche, ce sont les sifflets qui tombent des tribunes, comme vendredi dernier contre Tours. Pour un peu, il privilégierait la thèse du complot. « Il y a des gens qui nous mettent des bâtons dans les roues, soutient-il. Qui ? Je ne sais pas. L'Alsace est une région de foot. Nous, on la représente. Tout le monde devrait être à fond derrière nous. Les sifflets, l'autre jour, on n'a pas compris sur le coup. Peut-être les gens préfèrent-ils que chaque match se termine par un 4-3, même si on perd... » La qualité du jeu, source de toutes les critiques, ne l'inquiète pas outre mesure. Parce que le « groupe est solide » et que la « force de caractère est énorme », les jours meilleurs vont finir par venir. « On donne tout, insiste-t-il. Même si on n'est pas bons actuellement, on joue avec le coeur. » Désormais persuadé que la lutte pour l'accession concerne exclusivement les quatre premiers, à savoir Metz, Caen, Le Havre et le Racing, Bellaïd sait aussi qu'une équipe restera à quai. «Il ne s'agira pas de nous, martèle le défenseur central. Les oppositions directes seront décisives. On peut, on va gagner au Havre ou à Caen. La différence se fera dans les têtes. On ne lâchera pas. » Vexé par la déroute subie à Metz (1-4), match auquel il n'a pas participé en raison d'une suspension, Bellaïd a déjà échafaudé son petit synopsis. « Pour l'avant-dernière journée, on accueillera les Lorrains, dit-il. Le stade sera plein et on fêtera tous ensemble la montée en les battant. On va y aller, en Ligue 1. Et on oubliera tous cette saison. » Une prédiction que tout le monde aimerait voir se réaliser, des enfants de Rosheim aux caciques de la Meinau. Puisse-t-il seulement dire vrai.
Sébastien Keller