DNA a écrit :Presque à  bon port !
Ce matin, le Racing est tout proche de la Ligue 1. Dans une Meinau bouillante, les hommes de Papin, rapidement réduits à  dix, se sont armés de courage pour venir à  bout d'une valeureuse équipe de Reims. Deuxièmes, avec six points d'avance sur le quatrième, le Havre, ils sont presque à  bon port.
Ça fleure pas bon la Ligue 1, là  ? Plus que jamais, messieurs dames. « Donnez moi un R, donnez moi un A, un C, un I, un N et un G. Allez Racing ! » La harangue, micro en main, est signée Jeff Strasser. Face au kop strasbourgeois, le grand défenseur s'improvise animateur de soirée. Le flow est certes basique, minimaliste même. La foule, conquise et bon enfant, reprend en choeur. Hier soir, dans une Meinau bien garnie et entièrement acquise à  leur cause, les Bleus ont franchi un palier, comme aiment à  dire les footballeurs. On ne parle pas là  d'une petite marche, de celles qui sont évoquées à  chaque victoire ou bon point ramené de l'extérieur. Cette fois, il s'agit d'autre chose. A cinq journées du verdict, le Racing a posé un pied, au prix d'une enjambée peut-être décisive, à  côté de ceux des Messins, qui sont d'ores et déjà  en Ligue 1.
« Ça fait plaisir de voir une Meinau pleine »
 « Si on prend cette deuxième place, on ne la lâchera plus », disait Stéphane Cassard à  la veille de la rencontre. Ce matin, la première partie de la prédiction du gardien strasbourgeois s'est réalisée. Deuxième, le Racing ne l'a été qu'à  une reprise cette saison. C'était au soir de la quatorzième journée, à  l'issue d'une victoire « facile » acquise contre de désespérants Istréens. Mais Caen avait repris son dû dès la semaine suivante, après la défaite logique du Racing (2-0) au... Stade de Reims. Aujourd'hui, la situation a basculé en faveur des Alsaciens. Le Havre, quatrième, pointe à  six longueurs. Amiens est encore un point plus loin. Et Caen, à  l'effectif ratiboisé dans ses grandes largeurs, ne met plus un pied devant l'autre. Bref, l'horizon n'a jamais été aussi bleu...  Mieux, les hommes de Papin sont parvenus à  emporter dans leur élan la ferveur du public, plutôt dubitatif jusque-là . A l'image de cette olà  qui a parcouru les travées en fin de partie, les Strasbourgeois ont poussé comme un seul homme derrière les leurs. « Ça fait plaisir de voir une Meinau pleine, savoure un Jean-Pierre Papin en nage dans son costume deux pièces. Les supporteurs nous ont poussés de bout en bout. Grâce à  eux, nous avions derrière nous le onzième homme qui nous faisait défaut sur le terrain. »
 Allusion faite à  l'expulsion prématurée de Bellaïd, auteur d'un tacle rugueux et renvoyé au vestiaire après le premier quart d'heure. Plutôt que de s'apitoyer sur ce sort contraire, les Bleus ont eu la bonne idée de redoubler d'effort. Eric Mouloungui, d'habitude homme enclin à  s'éparpiller dans le dilettantisme, a montré l'exemple. Son exploit personnel, à  la demi-heure de jeu, libère les siens.
« Si nos amis messins font le boulot, on ne sera pas loin »
 « J'ai compris à  ce moment que rien ne pouvait nous arriver, dit JPP. Tenir comme ça à  dix contre onze n'est pas évident. On s'est surpassés. Si on prend un point à  Libourne vendredi et que nos amis messins font le boulot contre le Havre, on ne sera pas loin. Ça commence à  sentir bon, là . » Les effluves de la Ligue 1 parcourent doucement les travées de la Meinau et réveillent la passion des Strasbourgeois, justement le soir où un dernier hommage a été rendu à  Raymond Kaelbel. « 75 ans de passion, l'Alsace perd un champion », disait la banderole. Comme un symbole.
Une volonté de fer
Même réduits à  dix, les Strasbourgeois ont eu le mérite de ne pas plier. Et Eric Mouloungui a porté à  9 son compteur personnel, grâce à  un magnifique but qui ne doit rien à  personne.
CASSARD (). - N'a pas eu grand chose à  faire en première mi-temps. En fin de match, il sauve son équipe de l'égalisation en sortant dans les pieds de Fauré (80e), puis en réalisant une parade incroyable sur un tir lointain de Baléguhé (82e).
DEROFF (). - Malin et rusé, le latéral droit s'est arraché face au très rapide Akouzar, faisant parler sa technique plus que sa vitesse. Il n'a jamais rien lâché, à  l'image de toute la défense strasbourgeoise et sauve son équipe sur la ligne d'un tacle désespéré (81e).
BELLAID (). - A peine le temps de se mettre en jambes et le jeune défenseur central est expulsé pour... sa première faute, un tacle à  retardement sur Ielsch en milieu de terrain (17e). Une faute qui méritait un jaune, mais pas plus. Sévère, très sévère.
STRASSER (). - Le Luxembourgeois a réussi un très bon de match, en dégageant de nombreux ballons de la tête, et en écartant le danger, comme sur ce tacle parfait devant un Fauré parti seul au but (9e) et ou sur cette interception face à  Akouzar (33e). Et n'a pas hésité à  monter à  l'attaque pour apporter sa taille sur corner.
VERGEROLLE (). - Face à  N'Zigou ou Tiéné, deux clients sérieux, le jeune latéral a bien tenu sa place, n'hésitant pas à  monter apporter le surnombre, tout en muselant bien son couloir. Un match sérieux.
COHADE (). - Replacé à  son poste fétiche de milieu récupérateur, Cohade est rapidement entré dans le match, ne laissant que des miettes à  ses vis-à -vis rémois en récupération. C'est lui qui offre la balle de but à  Mouloungui. « Coco » s'est ensuite montré un brin nerveux avec l'arbitrage - certes discutable - de M. Chat. Compréhensible, même si le récupérateur a certainement perdu un peu d'énergie en vaine contestation.
LACOUR (). - Hargneux, précis et inspiré... le capitaine strasbourgeois a prouvé qu'il était toujours un élément essentiel pour huiler les rouages alsaciens. Son apport défensif a été décisif dès que le Racing a été réduit à  dix.
ABDESSADKI (). - Positionné à  droite, le Franco-Marocain a une nouvelle fois fait parler sa technique, notamment sur coups de pied arrêté, offrant à  chaque fois de bonnes balles à  ses attaquants. Et « Yace » a aussi redescendre défendre pour aider son équipe réduite à  dix. Précieux.
JOHANSEN (). - Pour son retour après son match de suspension, le Colmarien a fait son boulot sur le côté gauche, en perdant un minimum de ballons. Et tout comme Abdessadki, il a su apporter une touche technique non négligeable. Ses tirs cadrés, dont une frappe sur le poteau (86e) auraient mérité meilleur sort.
MOULOUNGUI (). - Sa première accélération a donné le ton et son association avec Gameiro semblait prometteuse. Las, le Gabonais s'est rapidement retrouvé seul en attaque, après l'expulsion de Bellaïd. Et son but, marqué en pleine course après un contrôle somptueux, est l'un des plus beaux de l'année. Décidément l'homme en forme de cette fin de saison. Remplacé par MATHLOUTHI (70e), qui a une nouvelle fois fait parler sa pointe de vitesse.
GAMEIRO (). - Trois accélérations et l'attaquant a dû sortir, pour permettre l'entrée du défenseur central WEBER (, 19e) après l'expulsion de Bellaïd. Le jeune joueur de CFA, dont c'était la première apparition à  ce niveau, a su rester au marquage de Fauré sans jamais se laisser déborder et tacle même une balle de 1-1 à  Akouzar juste avant la mi-temps. En bref, une entrée en matière plutôt prometteuse.
3 000 jeunes invités
Le Racing Club Strasbourg, en association avec la LAFA, a invité hier 3 000 jeunes licenciés âgés de moins de 16 ans, venus de toute la région, pour le match opposant Strasbourg à  Reims. En février dernier, la LAFA avait déjà  invitée 2 500 jeunes pour le match du Racing face à  Créteil. Une opération « séduction » qui succède à  plusieurs opérations de ce type organisées par le RCS depuis le début de la saison, comme la soupe aux poix cassés offerte aux supporters lors du match face à  Tours, où l'entrée gratuite offerte aux femmes face à  Ajaccio, à  l'occasion de la Journée Internationale de la Femme. En avril, pour le match face à  Gueugnon, ce sont 2 000 salariés qui avaient été invités à  la Meinau via leur comité d'entreprise.
Sébastien Keller
L'Alsace a écrit :Racing : la belle affaire
Bien que rapidement réduits à  10 après l'expulsion de Bellaïd, les Strasbourgeois ont décroché un succès décisif pour la montée en L1, hier, à  la Meinau, grâce à  un but de Mouloungui (1-0).
Comme après sa victoire au Havre au début du mois de mars, le groupe de Jean-Pierre Papin se retrouve avec une confortable avance de 6 points sur la maudite 4eplace et, ce matin, le chemin qui conduit à  la L1 semble un peu plus dégagé. « Cela serait une belle avance », soulignait d'ailleurs, dimanche, l'entraîneur strasbourgeois en évoquant une éventuelle victoire. Au regard du sérieux, de la solidité et de l'expérience exprimés pour s'adjuger un succès aussi précieux qu'étriqué, on peut affirmer qu'il a glissé quelques orteils supplémentaires à  l'échelon supérieur. Le début de la rencontre n'a néanmoins pas permis d'anticiper la bonne opération comptable du RCS. Atone, voire décevant, il a d'abord bafouillé son football un bon quart d'heure. Reims en a profité pour s'essayer à  quelques escarmouches : une percée inachevée de Fauré (7e) et un rush sans conséquence d'Akouzar (13e). Dans le même temps, les Strasbourgeois ont privilégié de décevantes solutions individuelles au détriment d'une démarche collective. Et puis, dans un paradoxe propre à  la discipline, la lumière est venue d'une décision sévère de Monsieur Chat, qui a débloqué l'attitude jusque-là  soupe au lait des Alsaciens. Ieslsch s'en est allé dans une farandole de crochets, Lacour l'a chargé, Cohade l'a raté et Bellaïd l'a taclé de plein fouet ce qui a conduit le jeune défenseur à  rejoindre peut-être sévèrement la douche avant tout le monde (17e). Et, à  dix, emporté par les sifflets du public jugeant injuste la sanction de l'homme en noir, le Racing s'est réveillé. Alors que Weber venait d'étrenner ses galons chez les pros, une volée anodine et croisée de Mouloungui, profitant d'une approximation de Jeannel, a initié le changement de tendance (20e). Tourenne a été contraint de dégager en catastrophe un petit coup franc d'Abdessdki que quelques Strasbourgeois sollicitaient dans son dos. Et c'est au meilleur buteur strasbourgeois cette saison qu'est revenu le soin de consacrer le bon quart d'heure local. Cohade a dégagé d'un retourné, le Gabonais a parfaitement contrôlé pour se lancer dans une chevauchée de 40 mètres et conclure d'une frappe sèche qui a fait mouche (1-0, 30e). 
La défense a tenu
Dès lors, il s'est agi de chloroformer les débats. En dehors d'un coup franc de Balde, que Jeannel a envoyé sur le dessus de la transversale, le Racing s'en est bien sorti jusqu'à  la pause. En menant quelques offensives au retour des vestiaires, il a su repousser les velléités champenoises. De subtils redoublements au milieu ont permis à  Johansen une frappe des 20 mètres stoppée par Liébus (51e), Mouloungui, finalement contré par Balde, a été à  deux doigts de reprendre un centre de Johansen (69e), le portier rémois a repoussé en boxant une frappe de Lacour (81e) et a été sauvé par son poteau sur une tentative inspirée de Johansen (89e). Toutefois, la fin de la seconde période a surtout correspondu à  une résistance alsacienne et les visiteurs ont eu nombre occasions de rétablir l'équilibre. Fauré n'a fait que pousser mollement un bon centre de Nzigou au grand soulagement de Cassard (74e), une incursion de Baleguhe a fait craindre le pire, mais Deroff a sauvé sur sa ligne (85e). Et, hurlant à  chaque ballon aérien capté par Cassard ou en la Meinau a chanté tout son bonheur de voir la perspective de renouer avec la Ligue 1 se rapprocher un peu plus.
Réactions Jean-Pierre Papin « On était à  11 contre 11 »
Jean-Pierre Papin (entraîneur du Racing) : « Je ressens une grande fierté après ce succès. Ce soir, on était à  11 contre 11, parce que l'on avait un super public. On ne s'est jamais senti en infériorité numérique. Ce qu'a sauvé Deroff sur la ligne est sans doute important. Les 3 points sont essentiels pour la suite. Quand j'ai vu que l'on a réussi à  marquer, je me suis dit qu'il ne pouvait rien nous arriver. Les Caennais vont avoir un peu plus la pression. Si on peut tuer rapidement le championnat, il ne faudra pas se gêner. Je retiens les 3 points, le gros cÅ“ur dont on a su faire preuve. Les joueurs ont peut-être senti le bon coup. Néanmoins, on ne va pas s'enflammer. Avoir six points d'avance sur Le Havre, c'est bien. Maintenant, on compte sur nos amis messins pour les battre. L'arbitrage, quand on gagne, je n'en ai rien à  faire ».
Renaud Cohade (milieu de terrain du Racing) : « C'est une victoire que l'on est allé chercher au fond des tripes. Le plus dur reste à  faire. Le championnat n'est pas fini. Il reste cinq rencontres à  négocier du mieux possible. On ne sera pas arrivé tant que mathématiquement on ne sera pas en Ligue 1. Il est vrai que nous avons de la réussite, mais nous savons surtout la provoquer ».
Thierry Froger, entraîneur de Reims : « On n'a rien montré du tout sur cette rencontre et je crois que mes joueurs on clairement a subi l'environnement. L'ambition, ce n'est pas seulement des paroles, cela se montre sur le terrain. On n'arrête pas d'être dans l'alternance, on ne doit pas se contenter de réussir à  domicile et de perdre à  l'extérieur. Par rapport au match aller, j'ai le sentiment que le Racing Strasbourg a évolué dans quasiment tous les secteurs du jeu, alors que nous, c'est pas sûr ».
François Namur