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L'Alsace a écrit :Racing, de la réussite à l'essentiel
En surfant sur la vague porteuse de la chance, le RCS a su atteindre l'objectif qu'il s'était fixé : la remontée immédiate en L 1.
Ce n'était jamais arrivé. Depuis le retour d'une Ligue 2 à 20 clubs, en 1998-99 (avec la victoire à trois points), jamais un promu en L 1 n'avait eu besoin de plus de 66 points. Cette saison, le Racing en a engrangé 70 et il est passé ric-rac, dans le 3e et dernier strapontin vers l'échelon supérieur, juste devant de coriaces Amiénois qui lui ont mordillé les chevilles jusqu'à la 37e journée. Même si Jean-Pierre Papin, l'homme qui restera dans l'histoire du RCS comme celui de la remontée immédiate (comme Ivan Hasek en 2001-2002), et son équipe ont assuré leur accession lors de l'avant-dernier rendez-vous, ils n'ont fini qu'avec une petite longueur d'avance sur les Picards de Ludovic Batelli. En 2001-2002, les hommes d'Ivan Hasek avaient bouclé l'exercice avec 68 points. Deux de moins. Et ils n'avaient eux aussi validé leur ticket d'accession que lors de la 37e journée. À cinq ans d'intervalle, les deux époques ont d'ailleurs plus d'un point commun. À commencer par leur relative inefficacité offensive : 47 buts en 38 matches à chaque fois (1,24 but par match). Cette année, 18 des 47 réalisations strasbourgeoises ont eu pour origine un coup de pied arrêté (dont six penalties pour Renaud Cohade et un pour Yacine Abdessadki). Le 3e de L 2 termine avec la 7e attaque, loin derrière Caen (65 buts), Amiens (57) ou Metz (54), Tours terminant dernier avec 30 buts. Les Strasbourgeois ont bâti leur accession grâce à la conjonction de trois facteurs : leur efficacité défensive (2e défense avec 33 buts encaissés, derrière Metz – 22 – mais loin devant Istres, 20e dans ce domaine avec la bagatelle de 60 buts concédés) ; leur parcours sans faute à la Meinau où ils sont restés invaincus toute la saison (15 victoires, 4 nuls, 49 points sur 57), ce qui fait d'eux la meilleure équipe à domicile (devant Metz, 45), avec une fois de plus la meilleure défense (8 buts contre), mais la – seulement – 11e attaque (27 buts en 19 matches, quand Grenoble, Le Havre et Guingamp ont trouvé 35 fois la faille dans leurs fiefs respectifs) ; et une réussite jamais démentie, surtout pas par des joueurs conscients de leurs lacunes dans le jeu.
Plus d'un point par match à l'extérieur
À l'extérieur, même si le parcours des Bleus a longtemps été jugé erratique, ils ont rempli leur contrat, en récoltant 21 points en 19 déplacements, soit un peu plus d'un point de moyenne. Cinquième équipe hors de ses bases, à distance très respectable de Metz (31), Caen (29) et Amiens (27), alors que Tours n'est allé chercher que 5 malheureux points hors du stade de la Vallée du Cher, le RCS y aura signé quatre succès et neuf nuls pour six défaites, inscrivant 20 buts (4e attaque, derrière Caen, 1er avec 32) pour en concéder 25 (5e défense, Metz, 1er dans ce secteur, en ayant encaissé moitié moins – 12). 2e au nombre de victoires (19, contre 22 à Metz et 6 à Tours, installés aux deux extrémités de la classe), 2e au nombre de défaites (6, derrière Metz – 5 – alors que les Tourangeaux, avec 24 revers, explosent les compteurs), a figuré sur le podium à 24 reprises en 38 journées. En fait, à 24 reprises lors des 26 derniers rendez-vous. Guillaume Lacour et ses partenaires n'en sont très provisoirement descendus – devancés au goal-average par Le Havre – qu'après leurs nuls à Guingamp (1-1, 23e journée) et Châteauroux (1-1, 25e journée). Après la mise en route difficile de l'été (1 point lors des 2 premières rencontres), leur accession participe donc d'une certaine logique mathématique. Et si l'on se réfère aux nombreux coups de pouce de la chance qu'ils ont reçus en fin de partie, d'une certaine irrationalité sportive.
Roi du suspense
Même si tout n'a pas toujours été rose pour lui, le RCS a tout de même signé deux jolies séries d'invincibilité qui lui ont permis, pour la première, de revenir sur le podium (12 matches entre la 3e et la 14e journée), puis pour la seconde, de s'y maintenir (11 rencontres entre la 20e et la 31e journée*). Cette saison restera surtout marquée par la propension de Guillaume Lacour et ses coéquipiers à aller chercher des victoires ou des nuls improbables en toute fin de partie : succès à la 95e contre Libourne (2-1), à la 85e contre Tours (2-1), à la 95e encore face à Gueugnon (2-1, sur un penalty imaginaire transformé par Yacine Abdessadki) ou à la 88e à Bastia (2-1). Sans parler des victoires étriquées sur coups de pied arrêtés : 1-0 contre Grenoble (penalty de Cohade), face à Niort (tête de Bellaïd sur un coup franc du même Cohade). Ni de celle arrachée contre Amiens grâce à une énorme boulette du gardien picard Cyril Merville (1-0). Quand on songe que Strasbourgeois et Amiénois ont fini la saison séparés d'un malheureux point, ça fait froid dans le dos. * Le déplacement de la 29e journée à Grenoble a été reporté et s'est déroulé après la défaite à Istres lors de la 32e journée.
Affluences : 15569 spectateurs de moyenne
C'était la grande crainte des dirigeants : que la descente en L 2 ne plombe la fréquentation populaire de la Meinau. En pratiquant des tarifs attractifs, notamment en matière d'abonnements, le Racing a limité la casse. De 18983 spectateurs en L 1 en 2005-2006, l'affluence moyenne est descendue à 15569 à l'échelon inférieur. On l'a dit : la politique tarifaire, qui a permis de conserver 8500 des 11000 abonnés de la saison précédente, n'y est pas étrangère. Les bons résultats de l'équipe dans son antre non plus. Même si le jeu a souvent laissé à désirer, le Racing n'a pas concédé la moindre défaite devant son public. Seules deux rencontres ont franchi la barre des 20000 entrées : contre Reims le 23 avril (21355) et, bien sûr, lors du derby contre Metz (27102), record de la saison en L 2 et premier match disputé à guichets fermés à la Meinau depuis plus de deux ans. Le 9 avril 2005, la réception de Marseille s'était elle aussi jouée à guichets fermés. Mais c'était en L 1 et avec « seulement » 26631 spectateurs. La plus petite affluence date du 26 janvier contre Niort, avec 10914 spectateurs. Au total, 295826 personnes ont assisté aux 19 rencontres de L 2 sur les bords du Krimmeri. Un chiffre qui, on le sait, englobe les invités et ayants droit. La fréquentation moyenne (15569 spectateurs donc) est la deuxième de L 2, derrière Caen (16202), mais loin devant le voisin messin (12287). Le taux de remplissage du stade est toutefois moins satisfaisant, avec 53,69 %, alors que Caen et Reims culminent à plus de 70 %. Un constat à relativiser toutefois : la capacité de la Meinau est nettement supérieure à celles des stades d'Ornano et Auguste-Delaune (en pleins travaux durant plusieurs mois). Le RCS se situe bien au-dessus de la moyenne nationale, qui s'établit à 6813 spectateurs par match.
Sanctions : Bellaïd en tête
Le Racing a récolté 76 cartons jaunes et 5 rouges en 38 journées de Ligue 2 (chiffres officiels de la Ligue de Football Professionnel). Habib Bellaïd est le seul Racingman à avoir été expulsé deux fois (contre Bastia et Reims). Yves Deroff (à Metz), Pascal Camadini (à Châteauroux) et Jeff Strasser (contre Créteil) ont également été exclus. Sur un total de 15 suspensions, le Luxembourgeois a purgé quatre matches, contre trois à Deroff et Bellaïd, deux à Johansen et Camadini et un à Gasmi. Deroff a collectionné 10 avertissements, ce qui fait de lui le joueur le plus sanctionné du RCS. Le latéral droit strasbourgeois a souvent payé un certain retard dans ses interventions défensives. A ce classement dont il ne tirera sans doute aucune gloire, il devance Abdessadki et Bellaïd (8), Johansen (7), Strasser (6), Lacour (5), Cohade, Tum, Gasmi et Ekobo (3), Cassard, Mouloungui, Mathlouthi, Devaux, Abou, Kantari et Boka (2), Vergerolle, Camadini, Rangelov, Gameiro, Joao et Schneiderlin (1).
Joueurs : La fiabilité de Cassard
Le portier du RCS, élu meilleur gardien de L 2, a disputé 37 des 38 journées d'une saison au cours de laquelle Jean-Pierre Papin a fait appel à 32 joueurs.
C'est un record, du moins depuis plus de dix ans : jamais un entraîneur du Racing n'avait eu recours à autant de joueurs en championnat. En 2002-2003, Ivan Hasek en avait aligné 31 en L 1. Cette saison, Jean-Pierre Papin en a utilisé 32 en L 2. Preuve que le Ballon d'Or 1991 a longtemps tâtonné, ce qu'il ne nie d'ailleurs pas. JPP a dû emprunter des chemins de traverse avant de se faire une religion sur son ossature. Personne ne s'en étonnera lorsque l'on se souvient que l'effectif avait été modifié en profondeur l'été passé. Quatorze des 32 joueurs en question ne portaient pas le maillot bleu en 2005-2006. Sans parler des jeunes, Ali Mathlouthi, Romain Gasmi, Quentin Othon, Morgan Schneiderlin et Anthony Weber, qui ont tous effectué leurs débuts professionnels en 2006-2007. Seuls 10 joueurs ont disputé plus de la moitié des rencontres, dont un Mathlouthi qui n'a pas compilé plus de 598 minutes de jeu. Stéphane Cassard, laissé au repos lors de l'ultime rendez-vous à Dijon, a joué les 37 autres journées dans leur intégralité. Le dernier rempart, qui a reçu cette saison le trophée UNFP de meilleur gardien de L 2, aurait pu devenir le premier Strasbourgeois à signer le grand chelem en championnat, depuis Teddy Bertin en 2002-2003. Il arrive évidemment en tête du classement des joueurs les plus assidus dont voici le détail : Cassard 37 (3330), Lacour 35 (3042), Cohade 35 (2090), Deroff 34 (2806), Abdessadki 31 (2598), Mouloungui 30 (2179), Tum 29 (2271), Strasser 26 (2289), Johansen 25 (1712), Mathlouthi 22 (598), Ekobo 18 (1220), Gameiro 17 (799), Vergerolle 16 (1363), Camadini 16 (1156), Rangelov 15 (635), Gasmi 14 (669), Devaux 13 (973), Joao 13 (902), Abou 11 (905), Kantari 8 (606), Perbet 7 (375), M'Bodji 6 (366), Boka 5 (423), Loue 3 (117), De Gea 3 (103), Yachir 3 (87), Othon 2 (107), Gargorov 2 (74), Schneiderlin 2 (63), Puydebois 1 (90), Weber 1 (71), Locatelli 1 (1).
Buteurs : Mouloungui en tête
Eric Mouloungui est le seul Strasbourgeois à avoir marqué dans les trois compétitions hexagonales. Meilleur buteur du RCS en L 2 (11 réalisations), il a aussi inscrit un doublé en Coupe de France à Vesoul et un but en Coupe de la Ligue à Châteauroux. Il clôt 2006-2007 avec 14 buts officiels au compteur. De loin le meilleur total de sa carrière. Mais le chiffre très réduit de ses passes décisives (2 seulement, dont 1 en L 2) témoigne des progrès qu'il a encore à accomplir sur le plan de l'altruisme. Au contraire d'un Yacine Abdessadki (7 passes décisives en L 2) qui confirme qu'il reste un pourvoyeur de ballons hors pair et termine meilleur passeur de la saison, devant Pascal Johansen et Renaud Cohade (6). En 44 rencontres officielles, le Racing a inscrit 64 buts (1,45 par match).
Les classements détaillés
Ligue 2 - Buteurs : 1. Mouloungui 11 ; 2. Cohade 8 ; 3. Tum 7 ; 4. Abdessadki, Gameiro, Joao 3 ; 7. Boka, Rangelov, Bellaïd 2 ; 10. Ekobo, Perbet, Johansen, Gasmi, Strasser et Mathlouthi 1. Passeurs : 1. Abdessadki 7 ; 2. Tum et Cohade 4, 4. Camadini 3 ; 5. Lacour, Gameiro 2, 7. Rangelov, Yachir, M'Bodji, Mathlouthi, Mouloungui, Boka, Gasmi, Johansen 1.
Coupe de France - Buteurs : 1. Tum et Gameiro 3 ; 3. Mouloungui, Johansen 2 ; 5. Cohade, Gasmi, Perbet 1. Passeurs : 1. Johansen 5 ; 2. Cohade 2 ; 3. Gameiro, Ekobo, Mouloungui 1.
Coupe de la Ligue - Buteurs : 1. Rangelov 2 ; 2. Locatelli et Mouloungui 1. Passeur : 1. Gargorov 1.
Toutes compétitions confondues - Buteurs : 1. Mouloungui 14 ; 2. Tum 10 ; 3. Cohade 9 ; 4. Gameiro 6 ; 5. Rangelov 4 ; 6. Abdessadki, Johansen, Joao 3 ; 9. Boka, Bellaïd, Gasmi, Perbet 2 ; 13. Ekobo, Strasser, Mathlouthi, Locatelli 1. Passeurs : 1. Abdessadki 7 ; 2. Johansen et Cohade 6 ; 4. Tum 4 ; 5. Gameiro et Camadini 3 ; 7. Lacour, Mouloungui 2 ; 9. Ekobo, Rangelov, Yachir, M'Bodji, Mathlouthi, Boka, Gasmi, Gargorov 1.
Stéphane Godin
vivement l'an prochain!
